Le boom des infrastructures pourrait faire barrage à la restauration des populations de tigres en Asie

Un jeune tigre photographié grâce à une caméra piège<br />© WWF-Indonesia / Tiger Survey TeamFace aux grands plans d’infrastructures menaçant les écosystèmes et la récente augmentation des populations sauvages de tigres, le WWF appelle les gouvernements d’Asie à adopter une approche durable dans la planification et la construction des infrastructures sous peine de conduire l’espèce à l’extinction.
 
C’est ce qui ressort d’une nouvelle analyse du WWF « The Road Ahead: Protecting Tigers From Asia’s Infrastructure Development Boom » (Chemin à suivre : protéger les tigres du développement incontrôlé d’infrastructures).
 
Publiée à mi-parcours de l’ambitieux plan mondial de doublement des populations de tigres sauvages, le Tx2 (2010 – 2022), cette étude, réalisée par Dalberg Global Development Advisors pour le compte du WWF, met en lumière la menace sans précédent que représente un vaste réseau d’infrastructures planifiées à travers le continent.
 
Près de 11 000 kilomètres de routes, de chemins de fer, de nouveaux canaux, d’oléoducs, de gazoducs et de lignes électriques sont ainsi prévus. Partie d’un programme d’investissement de 8 000 milliards d’US dollars dans les infrastructures en Asie de 2012 à 2020, ce projet va malheureusement contribuer à l’accroissement de la fragmentation des habitats des tigres sauvages existants, du braconnage et des conflits homme/animal.
 
« La coopération internationale pour atteindre l’objectif d’un doublement des populations de tigres sauvages a positivement bouleversé leur protection et donné à l’espèce une vraie chance de survie. Mais l’échelle des plans d’infrastructures actuels dans la région pourrait anéantir toutes les avancées récentes ainsi que tout espoir d’avenir pour les tigres sauvages », explique Mike Baltzer, à la tête de l’initiative Tiger’s Alive du WWF. « Ces infrastructures sont essentielles au développement de l’Asie mais nous devons veiller à ce qu’elles soient construites de la manière la plus soutenable et qu’elles ne soient pas déployées au dépens des écosystèmes et des espèces sauvages ».  
 
Publiée à l’occasion du 6eme anniversaire du Sommet du Tigre de St Pétersbourg – au cours duquel les dirigeants du monde entier et les représentants des 13 gouvernements des pays de l’aire de répartition de l’espèce s’engageaient à travers l’objectif Tx2 à doubler les populations de tigres sauvages d’ici 2022 -, cette nouvelle analyse souligne les nouveaux défis à relever pour la protection de l’espèce et de la richesse du patrimoine naturel d’Asie, essentielles à la survie des millions de personnes à travers le continent.
 
Les gouvernements doivent agir dès à présent pour ne pas risquer de voir tous leurs efforts réduits à néant. En 2010, il n’y avait que 3 200 tigres à l’état sauvage alors qu’ils étaient environ 100 000 un siècle plus tôt seulement. Au cours des 6 dernières années, des populations de tigres ont montré des signes de rétablissement dans plusieurs pays importants grâce à une meilleure gestion des aires protégées, à une approche régionale « zéro braconnage », à de meilleures capacités de surveillance et à des efforts plus soutenus en matière de lutte contre le trafic de tigres.
 
« Aujourd’hui ces populations sauvages sont estimées à 3 890 individus et connaissent notamment une augmentation en Inde, en Russie, au Népal ou au Bhutan. La situation reste toutefois précaire. Ainsi, cette année, l’Inde a déjà perdu 76 tigres victimes du braconnage. La Chine, le Myanmar, la Thaïlande et la Malaisie regroupent ensemble moins de 500 tigres et pourraient les perdre à jamais au cours de la prochaine décennie, notamment si le feu vert est donné à des projets de construction mal conçus », souligne Isabelle Autissier, présidente du WWF France. 
 
Ce rapport démontre qu’à travers la protection des habitats naturels, les gouvernements protègent également leur capital économique et environnemental bénéficiant aux communautés locales sur le continent, notamment aux peuples indigènes.
 
« Les pays concernés doivent placer la protection des écosystèmes comme une priorité de leur plan de développement. Des solutions existent et il n’est pas trop tard. Elles doivent cependant être mises en œuvre dès aujourd’hui sous peine de devoir faire face à des dommages irréversibles », ajoute Mike Baltzer.
 
Aussi, le WWF appelle-t-il les Etats de l’aire de répartition des tigres à prendre en compte leur protection et celle de leurs habitats dès la phase d’élaboration de plans d’infrastructures. Les Etats doivent identifier ces habitats essentiels et les placer hors d’atteinte de ces futures constructions tout en préservant des corridors indispensables aux déplacements de l’espèce.
 
Les gouvernements doivent par ailleurs renforcer et appliquer les mesures de protection de l’environnement mais aussi intégrer la restauration des habitats naturels, les lignes directrices « zéro braconnage » et la surveillance des espèces sauvages à leurs plans d’infrastructure et de construction.
 

Manifeste AnimalPolitique : 30 propositions pour mettre la condition animale au cœur des enjeux politiques

Rassemblées au sein du collectif AnimalPolitique, 26 organisations de protection animale, dont l’ASPAS, ont présenté aujourd’hui à la presse les 30 propositions de leur « Manifeste ». L’objectif est clair : imposer la […]

Cet article Manifeste AnimalPolitique : 30 propositions pour mettre la condition animale au cœur des enjeux politiques est apparu en premier sur ASPAS : Association pour la Protection des Animaux Sauvages.

Le WWF salue le nouveau plan de gestion des populations d’espadon en Méditerranée mais reste inquiet

Espadon en Méditerranée <br />© Rene HeuzeyAu lendemain de la clôture de la 20ème réunion spéciale de la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l’Atlantique (CICTA) à Vilamoura, au Portugal, le WWF salue les efforts des parties contractantes pour convenir d’un plan de gestion de l’espadon méditerranéen sur les 15 prochaines années. Pour cette espèce, victime de la surpêche depuis plus de 30 ans, cette décision constitue une première étape essentielle, même s’il reste encore beaucoup à faire.

« La mise en place d’un plan de gestion incluant une réduction des captures de 15 % au cours des 5 prochaines années, des fermetures temporaires de pêche et d’autres mesures plus techniques sur les engins de pêche, afin de réduire l’impact sur les juvéniles, constitue un nouveau pas dans la bonne direction. À long terme, ce plan de gestion devrait contribuer à assurer l’avenir des pêcheries d’espadon et des communautés de la région méditerranéenne qui en dépendent », a déclaré Giuseppe Di Carlo, directeur de l’Initiative Marine de Méditerranéenne du WWF.

En accord avec une proposition de la Commission européenne, les parties contractantes de la CICTA ont convenu d’une limite de capture fixée à 10 500 tonnes en 2017 et d’une réduction progressive des captures de 15% sur 5 ans, le volume de pêche passera ainsi de 10 185 tonnes en 2018 à 8 925 tonnes en 2022. Il y a quelques mois, le comité scientifique de la CICTA (le SCRS) recommandait une réduction substantielle immédiate des captures d’espadon en Méditerranée, notamment une réduction de 70% des captures de juvéniles (moins de 3 ans).

« Nous restons cependant préoccupés quant à l’avenir de l’espadon méditerranéen puisque les quotas fixés par la CICTA pour 2017 sera supérieur aux captures rapportées en 2015, alors que l’espèce était déjà fortement surexploitée. Il est maintenant crucial que les parties contractantes de la CICTA appliquent pleinement les mesures de contrôle, de suivi et de traçabilité, coopèrent avec les scientifiques pour procéder à une évaluation rigoureuse des stocks et d’assurer de la nouvelle définition de la taille minimale de protection des juvéniles », ajoute Giuseppe Di Carlo.
 
La clôture de la réunion de la CICTA coïncidant avec la Journée mondiale des pêches, le WWF reconnaît également les progrès accomplis sur d’autres espèces critiques telles que le thon d’Atlantique Est et le thon rouge méditerranéen, dont les plans de rétablissement, en ligne avec les recommandations scientifiques, resteront quasiment inchangés jusqu’à l’évaluation complète l’an prochain.

Les nouveaux plans de gestion établis pour le thon albacore de l’Atlantique Nord, intégrant la définition des règles de contrôle des pêches, devraient parallèlement donner l’exemple pour le reste des pêcheries de la CICTA, notamment pour les thons tropicaux.

Les parties contractantes de la CICTA ont afin adopté pour la première fois une limite de capture pour les requins bleus de l’Atlantique Nord, fixée à 39 102 tonnes. Cette décision historique pourrait servir de base à un plan de gestion des pêches pluriannuel robuste afin d’assurer à long terme la pérennité de l’espèce.

À l’issue de la réunion, le WWF appelle les parties à faire preuve d’un engagement similaire pour parvenir à un accord sur les ailerons de requin et le stock des requins bleus de l’Atlantique Sud, qui a également besoin de protection.

La CICTA compte 51 parties contractantes, dont les États-Unis, le Japon et l’Union européenne.

[Tribune] COP22 : de plus en plus d’engagements pour un monde neutre en carbone

Pascal Canfin, Directeur Général du WWF France<br />© F.StijepovicLa COP22 a fermé ses portes ce week-end à Marrakech. La première leçon à en tirer est que le monde y a réussi son premier test de résistance face à l’effet Trump. En effet, le nouveau président climato-sceptique a annoncé dans son programme vouloir retirer les Etats-Unis de l’accord de Paris. Même s’il n’a pas réitéré cette volonté depuis son élection, il fait peu de doute que la nouvelle administration américaine sera très nettement moins engagée que la précédente sur ces sujets. Dans ce contexte, les discours des chefs d’Etat et de gouvernement étaient très attendus.

Tous, sans exception, ont confirmé leur soutien à l’accord de Paris. Ce scénario n’était pas gagné d’avance. On aurait en effet pu imaginer que la Chine ou l’Inde, par exemple, annoncent que si les Etats-Unis se retiraient, ils ne joueraient plus le jeu de l’action collective. Mais cet « effet domino » ne s’est pas produit. C’est au contraire une forme de digue que les Etats du monde ont souhaité instaurer à Marrakech pour contenir l’énergie négative suscitée par l’élection d’un président climato-septique. La Chine a ainsi réaffirmé officiellement son engagement dans l’accord de Paris.
 

Les entreprises montent au créneau

Cette résistance est aussi venue des entreprises. 360 d’entre elles, américaines ou présentes sur le marché américain, ont signé un appel demandant que l’accord de Paris soit appliqué. C’est un signe important qui montre que de plus en plus d’entreprises considèrent qu’elles ont intérêt à une action plus ambitieuse contre le dérèglement climatique, qu’un monde à 4 ou 5 degrés de réchauffement n’est pas un monde où la prospérité est possible, y compris la leur.

 

La grammaire de l’action climatique s’aligne sur les objectifs de l’accord de Paris

Sur le plan de la bataille autour du climat, la COP 22 est donc un signal de plus vers l’irréversibilité de la mise en œuvre de l’accord de Paris. Mais, on le sait, les engagements actuels pris par les Etats, les villes ou les entreprises ne sont pas encore suffisants pour respecter l’objectif de ne pas dépasser les 1,5 à 2 degrés de réchauffement. C’est pour cela que de nouveaux engagements étaient attendus à Marrakech. Plusieurs pays ont annoncé leur plan vers la neutralité carbone en 2050 comme l’Allemagne ou le Mexique. Et 48 pays dont les plus vulnérables aux chocs climatiques ont annoncé se fixer un horizon de 100 % d’énergies renouvelables à atteindre le plus rapidement possible. Enfin, 200 entreprises ont annoncé qu’elles se fixaient une trajectoire d’émissions compatibles avec le respect des 2 degrés. Soit presque 100 de plus que lors de la COP21 il y a un an.

Autant d’engagements qui montrent que peu à peu la grammaire de l’action climatique s’aligne sur les objectifs de l’accord de Paris et sur notre « nouvelle frontière » collective, à savoir inventer un monde neutre en carbone dans la deuxième moitié du siècle. Un défi de civilisation que nous n’avons pas le droit de rater.

Pascal Canfin, directeur général du WWF France
 

Chasse au pigeon ramier en Ardèche : les associations interpellent le préfet

Monsieur le Préfet, vous avez réuni, le 12 octobre 2016, à la demande de la Fédération Départementale des chasseurs de l’Ardèche, la Commission Départementale de la Chasse et de la […]

Cet article Chasse au pigeon ramier en Ardèche : les associations interpellent le préfet est apparu en premier sur ASPAS : Association pour la Protection des Animaux Sauvages.

L’Accord de Paris passe son premier test de résistance à la COP22

Manuel Pulgar-Vidal, directeur du programme international Climat et Energie au WWF <br />© Soledad Cisneros

Réaction de Manuel Pulgar-Vidal, Directeur international Energie & Climat au WWF

« Si les négociations onusiennes sur le climat font toujours l’objet de rebondissements, elles ont permis à la COP22 d’aboutir au résultat auquel on pouvait s’attendre : donner corps à la promesse de l’Accord de Paris afin qu’il soit pleinement mis en œuvre. Le travail mené à Marrakech ne restera pas dans les annales mais il représente une étape nécessaire pour dérouler l’Accord.

Cette semaine, après les résultats des élections américaines, l’adhésion des pays à l’Accord de Paris a passé son premier test de résistance. Les pays ont clairement rappelé à la COP qu’ils continueraient dans cette voie à long terme.

La réalité est que le monde avance sur le sujet. Cette dynamique irréversible va continuer à prendre de l’ampleur à mesure que les signaux des marchés et les engagements à travers tous les secteurs de la société foisonneront.
 

A la conclusion de la COP22, 111 pays ont ratifié l’Accord de Paris soulignant son importance historique. Certains d’entre eux ont aussi commencé à remettre leurs stratégies de décarbonation à long terme.

Pourtant, il reste du travail. L’écart entre ce que préconise la science pour éviter les pires impacts du changement climatique et les engagements pris par les pays vers la COP21 ne cesse de se creuser. Réduire au plus vite les émissions et se préparer aux impacts du changement climatique est essentiel pour l’avenir de l’Humanité, son bien-être et sa sécurité.

A Marrakech, les pays se sont engagés à faire le bilan de leurs efforts d’ici deux ans et à tout mettre en place pour présenter d’ici 2020 des objectifs et des plans d’actions plus ambitieux. L’objectif : réduire au plus vite cet écart grandissant des émissions. Ce résultat clef obtenu à la COP22 vient renforcer les progrès sur l’Accord de Paris.

Alors que les pays cherchent encore à préciser le fonctionnement de l’Accord de Paris d’ici 2018, prochain rendez-vous international politique majeur, il reste à clarifier la mise en cohérence du format des engagements des pays ces prochaines années. De plus, il reste des lacunes en ce qui concerne les financements et l’adaptation, malgré quelques annonces faites ici à Marrakech sur le financement de l’adaptation et le renforcement des capacités. Nous attendons des pays développés qu’ils redoublent d’efforts en terme de financements et autres soutiens, au-delà des projections réalisées. Nous accueillons favorablement les annonces de la Chine et des autres pays en matière de coopération Sud-Sud.

Ce travail a été conforté par le Climate Vulnerable Forum, groupe d’environ 50 pays qui se sont engagés à revoir et à améliorer leurs objectifs de réductions d’émissions en 2018 et à passer à 100% d’énergies renouvelables dès que possible.

Ici à Marrakech, COP dite « de l’action »,  les négociations étaient centrées sur les règles de mise en œuvre de l’accord et l’accélération de l’action. Nous avons besoin que les prochaines négociations aboutissent sur la finalisation de ces règles et la relève de l’ambition, ouvrant la voie à la revue à la hausse des engagements des pays, améliorant la résilience à domicile et apportant les soutiens financiers nécessaires en ligne avec la science et l’équité.

Ces prochaines années, nous espérons voir les tendances de réduction des coûts des renouvelables et l’intensification des efforts par tous les acteurs – secteur privé, villes, investisseurs, et par les gouvernements – accélérer la transition vers un développement bas-carbone et résilient. »