Loi sur la biodiversité : de réelles avancées, malgré des occasions manquées

 <br />© naturepl.com  / Laurent Geslin / WWFCe mercredi 20 juillet 2016, 40 ans après sa grande sœur dite « Loi de protection de la nature », la loi pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages est enfin adoptée par l’Assemblée nationale.

La naissance fut difficile : il a fallu quatre ans pour que ce texte soit enfin approuvé, après un parcours gouvernemental et parlementaire semé d’embûches, sous la pression constante des lobbies agricoles, agrochimiques, industriels, cynégétiques, sans oublier celui de la pêche maritime. Si elle ne remet pas en cause un modèle économique à courte vue qui hypothèque l’avenir de la biodiversité et donc de nos sociétés modernes, cette loi contient de réelles avancées.

Depuis 1976, nombre de politiques publiques françaises et européennes sont venues conforter les actions de protection et de restauration de la biodiversité. Pourtant force est de constater que l’érosion continue, et s’accélère même pour un trop grand nombre d’espèces.

La loi-cadre sur la biodiversité, promise par le candidat François Hollande et actée par la feuille de route pour la transition écologique de septembre 2012, a logiquement généré une attente forte de la part de tous ceux qui suivent, étudient, combattent cette perte majeure pour la planète et pour l’humanité. Ainsi seule la refondation des politiques sectorielles intégrant la préservation de la biodiversité peut permettre une réelle transition écologique. Cette loi n’y répond pas.

Précédé de trois mois de débats régionaux et d’une cinquantaine de réunions de concertation, le projet présenté en conseil des ministres le 26 mars 2014 aura été discuté pendant 27 mois. Malgré ses manques, la nouvelle loi votée aujourd’hui comporte suffisamment d’éléments novateurs, de nouveaux principes et de mesures concrètes pour que nos organisations soulignent les progrès obtenus.

Cette nouvelle loi, avec ses avancées et malgré ses limites, doit permettre d’ancrer davantage les objectifs de protection du vivant dans la culture publique et la pratique, que ce soit au niveau national ou dans les territoires.

Le cadre législatif est une chose, mais ce sont les politiques publiques, les budgets et les décisions quotidiennes qui diront si la France est capable de relever dans la durée, ces enjeux essentiels pour l’avenir. Une étape importante est franchie aujourd’hui grâce aux nouveaux cadres et outils fournis par cette loi sur la biodiversité. Mais il reste encore beaucoup à faire pour reconquérir la biodiversité, la nature et les paysages. Nos organisations seront toujours là pour porter cette ambition au service de l’intérêt général.

[Tribune] Le charbon européen tue et détruit le climat

Pascal Canfin, Directeur Général du WWF France<br />© F.StijepovicPrès de 10 milliards d’euros d’argent public viennent encore, chaque année, subventionner l’industrie du charbon. Comment justifier que le contribuable soutienne cette industrie qui à la fois pollue l’environnement et contribue aux décès de plusieurs milliers d’Européens ?

Le 5 juillet, le WWF, le CAN, l’Alliance pour la santé et l’environnement (HEAL) et Sandbag publiaient le tout premier rapport révélant le véritable coût humain du charbon en cartographiant le déplacement des poussières de charbon émanant des centrales européennes et l’impact de cette dispersion de pollution atmosphérique sur notre santé.

La pollution atmosphérique liée au charbon et ses impacts sur la santé ne s’arrête pas en effet aux frontières des pays qui l’exploitent. Il est désormais impératif et urgent que chaque pays de l’Union européenne prenne ses responsabilités et renonce à cette énergie polluante datant d’un autre siècle.

En 2013, leurs émissions étaient responsables de plus de 22 900 décès prématurés et de dizaines de milliers de problèmes de santé allant des maladies cardiaques aux bronchites. Ce qui représente au total des coûts sanitaires évalués à plus de 62,3 milliards d’euros chaque année, qui ne sont bien sûr pas payés par les entreprises charbonnières mais par tous les contribuables !

Parmi les pays les plus impactés par la pollution issue des centrales à charbon figurent l’Allemagne avec 3 630 décès prématurés, l’Italie avec 1 610 décès prématurés, et la France où 1 380 personnes sont décédées en 2013 en raison des particules liées à l’exploitation de charbon.

Sortir du charbon rapidement est donc une priorité de santé publique. C’est aussi une priorité climatique car le charbon est la source de production d’électricité la plus émettrice de gaz à effet de serre.

C’est pourquoi la réforme actuelle du marché européen du carbone est essentielle car l’introduction d’un prix minimum du carbone autour de 20 à 30 euros la tonne de CO2 aurait comme conséquence de renchérir le coût de production des centrales à charbon et de les rendre moins compétitives rapidement, diminuant ainsi les émissions nocives pour le climat et notre santé.

Le rapport que j’ai remis le 11 juillet à Ségolène Royal, ministre de l’Environnement, de l’Energie et de la Mer, chargée des Relations internationales sur le climat, avec Alain Grandjean et Gérard Mestrallet va dans ce sens. Il propose un corridor carbone européen qui garantisse que le prix du carbone ne descendra pas en dessous de 2030 euros la tonne dès 2020 pour arriver à un minimum de 50 euros la tonne en 2030.

Sans attendre cette réforme, la France a décidé d’instaurer un prix minimum du carbone sur l’électricité produite à base de charbon dans notre pays. Un tel dispositif proposé dans notre rapport et repris par Ségolène Royal aura pour effet de diminuer fortement la compétitivité des quelques centrales françaises restantes et d’accélérer la fin définitive du charbon en France et son remplacement par des énergies moins carbonées.

Mais le vrai débat se situe bien sûr dans les pays ayant encore massivement recours au charbon et notamment en Allemagne, pays leader dans le monde sur les renouvelables  mais qui demeure en même temps un pays charbonnier. La réforme du marché européen du carbone est l’occasion pour l’Allemagne de prendre les décisions de sortie progressive du charbon. Un sujet politiquement sensible mais qui ne doit pas oublier qu’il y a déjà aujourd’hui cinq fois plus d’emplois dans les renouvelables en Allemagne que dans l’industrie du charbon.

Que ce soit pour protéger notre santé ou pour protéger notre planète, la transition écologique doit s’accélérer. Et le pouvoir citoyen doit prévaloir sur tous les lobbies qui défendent leurs intérêts particuliers !

Pascal Canfin, Directeur Général du WWF France
 

Signature d'un protocole d'accord entre la Mairie de Cayenne, le Conservatoire du littoral, et le WWF France pour la préservation et la valorisation des îlets Dupont.

Dauphins de Guyane<br />© Michel Roggo / WWFL’archipel des îlets Dupont est constitué de trois îlots rocheux en face de la Pointe Montjoyeux sur la commune de Cayenne. Son intérêt est paysager mais aussi écologique. Il offre un reposoir aux oiseaux littoraux (nombreuses sternes et limicoles) et on y compte une colonie nicheuse d’ardéidés. Par ailleurs, ces eaux sont fréquentées par les lamantins notamment durant leur cycle reproducteur.

Au-delà de cette richesse significative, c’est surtout la présence du dauphin de Guyane Sotalia guianensis qui mobilise une attention particulière. Il existe actuellement peu de données sur ce dauphin dont l’habitat est restreint.

Suite aux premiers inventaires menés par le WWF, il apparaît que la zone des îlets Dupont représente un site de fréquentation majeure pour cette espèce, avec une présence quasi-permanente de dauphins entre les mois de juillet et novembre.

Les îlets Dupont représentent aussi un site de découverte privilégié du littoral de Cayenne. A la faveur du déploiement de moyens nautiques légers (paddle, canoé, embarcations diverses…), un nombre croissant de visiteurs est observé sur ces sites.

Afin d’encourager cette fréquentation dans une perspective de valorisation écologique, et afin de renforcer les connaissances sur le dauphin de Guyane, la Mairie de Cayenne, le Conservatoire du littoral et le WWF France s’accordent pour la mise en place d’un partenariat visant à protéger et valoriser les îlets Dupont.

Dans cet objectif partagé, un protocole d’accord a été signé lundi 18 juillet 2016.

Ce protocole permet au Conservatoire, affectataire du site, d’en confier la cogestion à la Mairie de Cayenne et au WWF. Ensemble, les trois partenaires vont pouvoir élaborer un plan de gestion de cet archipel.

La Mairie de Cayenne sera le gestionnaire principal du site, et assurera notamment la garderie conformément aux futures orientations de gestion.

Le WWF France, gestionnaire associé, assurera, en collaboration avec les autres partenaires, la définition des axes de gestion durable, notamment sur les questions relatives à la préservation et à la valorisation du site, via une démarche ouverte aux parties prenantes intéressées.
 

Agissez avec l’ASPAS, Animal Cross, Mille traces et One Voice : protégez les loups en les observant !

Les loups de Savoie sont la cible du préfet depuis quelques jours, et ils ont besoin de vous, de votre présence pacifique sur les lieux qu’ils fréquentent, car ils sont […]

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Projet MedFish : 14 pêcheries méditerranéennes sélectionnées pour une évaluation de leur durabilité

Filets de pêche dans la Mer Méditerranée<br />© Brian J. Skerry / National Geographic Stock / WWFLancé en septembre 2015 dans l’objectif de comprendre et évaluer la durabilité des pêcheries méditerranéennes en France et en Espagne, le projet Medfish porté par le WWF et le MSC passe aujourd’hui à une nouvelle étape clé. 14 pêcheries  (7 françaises, 7 espagnoles) viennent d’être sélectionnées pour une première évaluation de leur durabilité selon le Référentiel de Pêche Durable du MSC.

Conformément aux règles du MSC, des organismes de certification indépendants accompagnés d’experts locaux seront ainsi en charge de pré-évaluer les performances de ces pêcheries sur la base du référentiel MSC. Des plans de progrès sur-mesure seront ensuite proposés aux pêcheries impliquées.
 

Comprendre la diversité de la pêche en Méditerranée

La première phase du projet MedFish a consisté à mieux connaître la structuration et le fonctionnement des pêcheries en Méditerranée. Réalisée par deux organismes de certification indépendants (SAI Global en France et Acoura Marine en Espagne), une première étape de recensement a tout d’abord permis de lister l’ensemble des pêcheries existantes dans les zones couvertes par le Projet Medfish : 337 pêcheries en France et 370 en Espagne.

Aujourd’hui, les 1400 bateaux de pêche français et les 3 646 bateaux espagnols enregistrés opèrent en Méditerranée via 11 types d’engins de pêche différents, avec une grande majorité de filets maillants dans les deux pays voisins.

Suite à ce recensement, une phase plus approfondie de cartographie a permis de répertorier les pratiques et l’environnement de 47 pêcheries en France et 50 en Espagne et de décrire respectivement les 41 et 42 espèces concernées par ces pêcheries : une cartographie représentative des caractéristiques de la pêche en Méditerranée, de sa gestion et de l’environnement marin méditerranéen dans son ensemble.

La petite pêche y est majoritaire, la flotte multi-spécifique et polyvalente : 90% des pêcheries françaises pratiquent une pêche artisanale en Méditerranée, utilisant principalement les métiers du filet en Languedoc-Roussillon et Provence-Alpes-Côte d’Azur et de l’hameçon en Corse. En Espagne, 65% des pêcheries  sont artisanales.

En France, 5 espèces sortent du lot puisque l’anchois, la sardine, le merlu, le thon rouge et le poulpe représentent plus de 60% des débarquements en volume. Des fiches analytiques pour les 41 espèces recensées dans les 47 pêcheries françaises sont disponibles sur notre site web.

Abri d’une grande biodiversité, la Méditerranée compte par ailleurs 677 aires marines protégées dont 100 situées dans les eaux françaises, auxquelles s’ajoutent 20 récifs artificiels favorisant une recolonisation par la faune et la flore des sols marins.

Lors de ce travail de cartographie, les organismes de certification ont dû faire face à un obstacle majeur: le manque et l’hétérogénéité des données et la disparité des sources.

Ainsi, pour la France, les auditeurs de SAI Global ont recoupé des informations provenant entre autres de l’IFREMER, des CRPMEMs, des DDTMs, des DMLs, de la FAO, de la CICTA ou de la CGPM. Contrairement à l’Espagne, l’accès aux données sur les débarquements des pêcheries françaises n’a pas été possible. En Espagne, des évaluations de stocks de poissons sont disponibles pour 10 espèces, tandis qu’en France elles sont disponibles pour 6 stocks : le merlu, le rouget barbet, la sardine, l’anchois, le thon rouge et l’espadon.  

Margaux Favret, Responsable Pêcheries chez MSC France commente : « Le manque et la fiabilité des données concernant la pêche ou le marché sont aujourd’hui un des freins à la durabilité des pêcheries en Méditerranée. Sans elles, on ne  peut analyser avec précision les impacts d’une pêcherie sur une population de poisson et sur les écosystèmes. Les pré-évaluations MSC des pêcheries du Projet Medfish nous permettront d’y voir plus clair sur les données à développer. »
 

Évaluer un échantillon de pêcheries représentatives du secteur en Méditerranée

A l’issue de ce travail de cartographie, 14 pêcheries représentatives ont été sélectionnées, en fonction des espèces, des métiers, de leur intérêt sur le marché, du volume des captures et de leur motivation, et feront l’objet d’une évaluation. Nous pourrons par exemple en savoir plus sur la durabilité de la pêcherie de poulpe, pêché au casier dans le golfe du Lion, une espèce emblématique de la Méditerranée qui se répartit sur toute la côte française et très valorisé sur le marché des produits de la mer.

Dans le golfe du Lion, ce sont également les impacts de la pêche à la sardine à la senne, du merlu au chalut, du bar et de la dorade royale au filet maillant qui seront analysés. Chaque espèce concernée par ces pêches a été sélectionnée en fonction de son importance environnementale et sociale à l’échelle locale mais aussi de leur intérêt commercial sur le marché national. D’autres espèces moins connues, mais tout aussi importantes comme le Denti à la palangre de Corse, la telline pêchée à la drague à la main dans le Golfe du Lion ou la nasse changeante, pêchée à la nasse au large du Languedoc-Roussillon seront également pré-évaluées.

Les 7 pêcheries françaises et les 7 pêcheries espagnoles ont été choisies par le WWF et le MSC, sur les conseils d’un groupe consultatif français et d’un groupe consultatif espagnol composé de représentants de pêcheurs, d’entreprises du marché, de scientifiques ou encore de fondations.

« Le projet MedFish a pour vocation de donner des clés d’amélioration aux pêcheries sélectionnées. Il prend en compte les spécificités méditerranéennes et une des clés de son succès futur est l’appropriation de l’outil par les pêcheurs concernés. Face à l’inquiétante situation des stocks méditerranéens, le projet Medfish doit développer en complète collaboration avec les professionnels des plans d’action pour aller vers plus de durabilité » explique Joséphine Labat, chargée de projet pêche durable au WWF France.

Pour que le projet tienne ses promesses, il est important que pêcheries, ONG, instituts scientifiques, administrations publiques, entreprises commerciales et distributeurs se mobilisent à nos côtés. C’est la raison pour laquelle nous invitons toute personne intéressée par la gestion des pêcheries en Méditerranée à s’investir dans ce projet.

Le Projet Medfish a été rendu possible grâce au généreux soutien de la Fondation Daniel & Nina Carasso, du Resources Legacy Fund et de la Fondation Adessium.