L'industrie du thon se joint au WWF pour appeler à diminuer de 20% les prises de thon albacore de l'Océan Indien dont les stocks sont menacés d'épuisement

Banc de thons jaunes ou thons albacores dans un filet de pêche<br />© naturepl.com / Doc White / WWF

Trente-huit acteurs majeurs du secteur, des entreprises thonières aux distributeurs, appellent à une meilleure réglementation de la pêche au thon dans l’Océan Indien avant la réunion annuelle de la 20e CTOI (Commission des thons de l’océan Indien) en mai.

Dans une lettre collective, sous l’impulsion du WWF, plusieurs entreprises nationales et internationales demandent à la Commission de réduire les captures de thon albacore de 20% et d’introduire des règles de contrôle de l’effort de pêche afin d’assurer la durabilité de tous les stocks de thons de l’Océan Indien, notamment du thon listao.

Selon la dernière évaluation des stocks menée par la CTOI, le stock de thon albacore est surexploité depuis 2013 dans l’Océan Indien. La commission, responsable de la conservation et de la gestion du thon et des autres ressources marines de l’Océan Indien, a également déclaré que si des mesures immédiates ne sont pas prises pour mettre fin à la surpêche et reconstituer les stocks déjà très appauvris, il existe un risque élevé d’effondrement de ce stock en seulement cinq ans.

Malgré les avertissements répétés du comité scientifique de la commission  auprès des gestionnaires de pêches, les captures de thon albacore continuent d’augmenter bien au-delà des limites recommandées. Après 20 ans de négociations, la commission doit maintenant adopter des mesures efficaces pour réguler l’exploitation des stocks de thon. 

« Nous sommes préoccupés par l’état des stocks de thons dans la région de l’Océan Indien, en particulier pour les stocks de thon albacore, actuellement sur liste rouge. Il est grand temps que nous, membres de la CTOI, mettions en place des mesures urgentes de conservation et de gestion pour aider à la reconstitution des stocks en vue de garantir les bénéfices socio-économiques  de tous les pays concernés et communautés de pêche locales », a déclaré le Dr Harrison Charo, directeur des pêches au Kenya .

« L’industrie et les communautés qui dépendent de cette pêche sont à juste titre préoccupés par les déclarations de la CTOI qui prédit un effondrement des stocks dans un avenir proche, ce qui menacerait leurs moyens de subsistance », a déclaré Wetjens Dimmlich, Responsable du programme Thons de l’Océan Indien au WWF. 

« Des mesures doivent être prises immédiatement pour reconstituer ces stocks à des niveaux durables. Avec le soutien manifeste d’un large panel, très représentatif de la communauté de la pêche au thon, le WWF espère que les commissaires de la CTOI répondront à cet appel à l’action et prendront des mesures pour protéger l’industrie dont ils sont responsables ».

« Plus de 10 entreprises se sont mobilisées en France au côté du WWF à travers cette lettre : c’est un signe encourageant qui montre la prise de conscience du secteur sur cet enjeu. Le thon et en particulier le thon albacore est en outre une ressource alimentaire primordiale et une ressource pour le marché français. La France accueillera la commission en mai à la Réunion, c’est maintenant aux Etats membres de la CTOI de prendre leurs responsabilités et d’agir » explique Isabelle Autissier, présidente du WWF France.

En 2012, les captures mondiales de thon avaient atteint un niveau record de plus de 7 millions de tonnes (FAO, 2014). Le thon listao était le plus prisé sur le marché mondial du thon, contribuant à environ 58% du total des prises en 2011, suivi par le thon albacore qui représentait environ 27%. 

L’Europe est le premier importateur de produits de la mer au monde, consommant 24% de la production mondiale (EUMOFA, 2014). L’Union européenne est le principal marché d’exportation en ce qui concerne les produits issus du thon de l’Océan Indien soit 1,2 millions de tonnes.

Liste complète des signataires de la lettre à la commission : Asda, Bell, Carrefour, Casino, Chancerelle (Connetable), Club Med, Coop (Ch), Coop (UK), Davigel, Delhaize, Direct Seafoods, Fish4Ever, Frinsa, HOFER (ALDI), Iglo, Intermarché, John West, Leclerc, Lovering, Mareblu, Marks and Spencer, Migros, Mercadona, Morrisons, Moshi Moshi, New England Seafood, Palmera, Petit Navire, Picard, Princes, Rio Mare, Sainsburys, Saupiquet, Sodexo, SPAR Austria, Tesco, Thai Union, Waitrose.

Bien qu'il reste beaucoup à faire, la population mondiale de tigres sauvages augmente

Pour la première fois depuis des décennies, le nombre de tigres augmente<br />© Souvik Kundu

3 890 : c’est le nombre de tigres sauvages répertoriés par le WWF et le Global Tiger Forum (GTF) en préparation de la plus grande conférence pour la protection des tigres qui se tiendra le 12 avril à New Delhi et sera inaugurée par le Premier ministre d’Inde Narendra Modi.

Découlant de la compilation des données de l’IUCN et des dernières études nationales menées sur les tigres, ce décompte révèle un accroissement de leur population estimée à moins de 3 200 individus en 2010. Cette bonne nouvelle recouvre une augmentation des populations en Inde, en Russie, au Népal et au Bhutan, des enquêtes plus fines et une meilleure protection de l’espèce.

« Pour la première fois et après plusieurs décennies de déclin, le nombre de tigres augmente. Cela nous donne espoir et démontre que nous pouvons sauver des espèces et leurs habitats lorsque gouvernements, autorités locales et organismes de protection de l’environnement travaillent ensemble », commente Marco Lambertini, directeur général du WWF International.

La 3eme conférence ministérielle d’Asie sur la protection des tigres se tenant cette semaine est la dernière étape de l’Initiative globale pour les tigres lancée en 2010 lors du Sommet du Tigre  en Russie. Lors de ce sommet, les gouvernements s’étaient accordés sur un objectif de doublement de la population de ces félins d’ici 2022. Objectif connu sous le nom de Tx2.

« Ce rendez-vous à mi-parcours pour l’atteinte de l’objectif Tx2 est important », explique le Dr Rajesh Gopal, secrétaire général du GTF, « les gouvernements concernés vont décider des prochaines étapes pour assurer l’avenir des tigres en Asie au cours des prochaines années ».

Au cours de ces trois jours de réunion, les Etats feront chacun un état des lieux des progrès qu’ils ont pu enregistrés et s’engageront pour les prochaines actions à mettre en place pour atteindre l’objectif Tx2. Le Premier ministre d’Inde  interpellera ainsi les gouvernements sur le rôle essentiel que jouent les tigres en tant que symboles de l’état environnemental de chacun des pays réunis.

« Un plan d’actions fort pour les 6 prochaines années est vital », ajoute Michael Baltzer, leader de l’initiative Tx2 au WWF. « Un coup d’arrêt a été donné au déclin général des tigres mais ils ne disposent pas encore d’habitats sûrs à ce jour. L’Asie du Sud Est, en particulier, risque de perdre tous ses tigres à court terme si les gouvernement ne se mettent pas immédiatement en action ».

Les tigres sont classifiés en tant qu’espèce en voie d’extinction sur la liste rouge des espèces menacées de l’IUCN. Ils sont principalement menacés par le braconnage et la destruction de leur habitat. Les statistiques de TRAFFIC, réseau de surveillance du commerce de la vie sauvage, révèlent qu’un peu plus de 1 590 saisies de tigres ont été enregistrées par les autorités entre janvier 2000 et avril 2014.

Pour protéger leurs tigres, il est essentiel que les Etats connaissent précisément leurs populations et les menaces qui pèsent sur eux. En 2014, les gouvernements avaient annoncé une nouvelle estimation des populations d’ici 2016. Une estimation basée sur des décomptes nationaux complets et systématiques.

Tous les Etats n’ont cependant pas fourni ou publié d’étude complète. C’est la raison pour laquelle cette nouvelle estimation de près de 3 900 individus a été calculée sur la base des tigres comptabilisés par la liste rouge des espèces menacées de l’IUCN, actualisée par les données relevées par les Etats après le dernier recensement IUCN.

Le WWF et le GTF félicitent les pays ayant actualisé leurs données depuis 2010 et appellent tous les Etats ne l’ayant pas encore fait à compléter ou à rendre public leurs études sur les populations de tigres dès que possible.