Lutte contre la criminalité sur les espèces sauvages : les experts de la CITES réunis à Genève

Rhinocéros noir (Diceros bicornis) et éléphant d'Afrique (Loxodonta africana)<br />© naturepl.com / John Downer / WWFLe Comité permanent responsable de la mise en œuvre de la CITES (Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction) se réunit du 11 au 15  janvier à Genève. Avec un nombre record de participants et de sujets à l’ordre du jour – éléphants, rhinocéros, bois illégal – cette 66ème réunion du Comité doit être l’occasion de redoubler d’efforts pour faire face à l’aggravation sans précédent de la criminalité liée aux espèces sauvages et mettre un coup d’arrêt au braconnage.
 
Alors que 30 000 éléphants d’Afrique sont braconnés chaque année, la lutte contre le commerce illégal d’ivoire sera à nouveau au cœur des discussions. A partir de mardi, le Comité se penchera notamment sur  l’état d’avancement de la mise en œuvre des Plans d’action nationaux CITES pour l’ivoire par les 19 pays et territoires[1] particulièrement impliqués dans ce commerce illégal.
 
Dans ses recommandations au Comité, le WWF demande à ce que la Tanzanie et le Mozambique précisent le calendrier de mise en œuvre de leur plan d’action et que le Nigéria, l’Angola et le Laos se mettent en conformité sous peine de sanctions.
 
Selon Carlos Drews, Directeur international du programme Espèces, « Les Plans d’action nationaux CITES pour l’ivoire sont une priorité pour le WWF parce que leur mise en œuvre aura un énorme impact sur le trafic d’ivoire et le braconnage de l’éléphant. Certains pays comme la Thaïlande ont fait des progrès, mais il est encore trop tôt pour affirmer que l’un d’entre eux en a fait assez. D’autres pays, à l’inverse, sont loin d’être à la hauteur. »
 
Le Comité doit également aborder la question du braconnage des rhinocéros. Pour rappel, la Namibie a annoncé que 80 rhinocéros ont été victimes du braconnage en 2015, soit 25 de plus que l’année précédente. Pendant ce temps, l’Afrique du Sud aurait perdu plus de 1000 rhinocéros pour la 3ème année consécutive.
 
« Il est temps pour la CITES d’adopter pour les rhinocéros la même approche que pour les éléphants c’est-à-dire mettre la pression sur les pays les plus impliqués. Le Vietnam et le Mozambique doivent maintenant se mettre d’accord sur des plans d’action pour prévenir et lutter contre le trafic de cornes de rhinocéros. » ajoute Carlos Drews.
  
Il sera également question du commerce illégal des essences de bois de rose, d’ébène, de palissandre de Madagascar, du rôle de la corruption dans le commerce illégal d’espèces sauvages, de la réglementation du commerce de spécimens élevés en captivité, du renforcement de la législation nationale pour les espèces protégées, ou encore du commerce d’autres d’espèces comme les pangolins ou le guépard.
 
« Cette réunion du Comité permanent doit être l’occasion pour la France de poursuivre son combat contre le braconnage et le commerce illégal d’espèces sauvages. Après avoir présenté, en décembre 2013, son plan national d’action de lutte contre le braconnage d’éléphants et contre le trafic d’ivoire, et soutenu différentes initiatives internationales telles que la Conférence de Londres (février 2014) ou la réunion de Kasane (mars 2015), la France a la capacité de peser dans les discussions. » rappelle Pascal Canfin, directeur général du WWF France.

 


[1] Pays de « préoccupation principale »  (Chine, Kenya, Malaisie, Ouganda, Philippines, Thaïlande, République-Unie de Tanzanie et Vietnam), pays de « préoccupation secondaire » (Cameroun, Congo, Égypte, Éthiopie, Gabon, Mozambique, Nigeria et République démocratique du Congo), pays « méritant d’être suivis » (Angola, Cambodge et République démocratique populaire lao).