La mobilisation citoyenne conforte les directives pour la nature !

La Directive Oiseaux et Habitats, une nécessité pour la biodiversité<br />© Rob Webster / WWF

Le Président Juncker et la Commission européenne ont confirmé mercredi 7 décembre que les directives Oiseaux et Habitats ne seront ni réécrites ni affaiblies mettant fin à deux années d’incertitude. La Commission européenne a aussi annoncé qu’elle développerait un plan d’action pour permettre une meilleure mise en œuvre des directives. 
 

C’est une victoire pour les 500 000 citoyens européens qui se sont mobilisés dans le cadre de la campagne #NatureAlert en demandant le maintien et la mise en œuvre de ces directives.
 
Ces directives sont vitales pour la préservation de la nature en Europe. Elles contribuent à la préservation de plus de 1400 espèces et couvrent une surface d’espaces naturels supérieure à 1 million de km2. Leur rôle est largement reconnu par la communauté scientifique, le monde économique, les citoyens, le Parlement européen et les Etats membres de l’UE. 
Les associations environnementales ont accueilli très positivement cette décision. Mais avant de parler de grande victoire pour la nature, un travail important reste à réaliser. Il faut désormais des propositions fortes qui permettent d’une part une meilleure mise en œuvre des directives et d’autre part, qui s’attaquent aux menaces qui pèsent sur la biodiversité, notamment l’agriculture industrielle. 
 
 
« Cette décision montre qu’il n’y a pas de fatalité. Le WWF se réjouit du changement de décision de la Commission européenne. Elle est le résultat de la mobilisation citoyenne», conclut Pascal Canfin, directeur général du WWF France.

« Même s’il est inquiétant d’en être arrivé à devoir nous réjouir de la seule non régression des directives Oiseaux et Habitats, cette confirmation est un soulagement et un encouragement eu égard aux mobilisations environnementale et citoyenne records. Pour l’heure, la Commission européenne doit remédier aux insuffisances constatées, à commencer par développer un dispositif équivalent pour  protéger la biodiversité Outre mer » souligne Allain Bougrain Dubourg, président de la LPO.

« C’est une étape importante mais nous attendons un nouvel élan pour des politiques de protection de la biodiversité mieux insérées dans les territoires. La nature n’a pas besoin de nouveaux textes, elle a besoin d’actions concrètes et pertinentes sur le terrain, qui valoriseront aussi les pratiques en sa faveur et contribueront à la transition écologique de nos sociétés » ajoute Jean-David ABEL, vice-président de FNE. 

 

 

En savoir plus sur la campagne #NatureAlert

La campagne #NatureAlert a été lancée en 2015 en réponse à la décision de la Commission européenne d’évaluer les directives Oiseaux et Habitats. Ce travail d’évaluation qui s’inscrit dans le cadre de l’initiative européenne « Mieux légiférer » a été demandé par le Président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker au commissaire Karmenu Vella afin d’étudier l’intérêt de « les fusionner dans un cadre législatif plus moderne ».

Copyright Friends of the Earth Europe

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Une coalition sans précédent de plus de 200 ONG implantées dans l’ensemble des Etats membres a alors lancé un appel pour que les directives Oiseaux et Habitats soient préservées et mieux mises en œuvre. En France, FNE, la LPO et le WWF France ont relayé cette campagne. 

Dans le cadre de la plus grande consultation européenne de l’histoire, plus de 520 000 citoyens européens ont demandé à ce que ces directives soient conservées et mieux mises en œuvre, représentant plus de 94% des réponses obtenues lors de cette consultation. Avec précisément 520 325 participants, il s’agit du plus grand nombre de réponses obtenues à ce jour dans le cadre d’une consultation de la Commission européenne
 
En savoir plus sur la campagne #NatureAlert 

 

Les directives Oiseaux et Habitats

Les directives Oiseaux et Habitats contribuent à l’objectif européen de mettre un terme à la perte de biodiversité et d’inverser la tendance d’ici 2020. Piliers fondateurs de la politique européenne de préservation des espèces et des milieux naturels, ces directives ont abouti à la création de Natura 2000, le plus grand réseau de sites protégés au monde qui couvre aujourd’hui environ 1/5ème des terres européennes et 6% de son espace marin.
Elles garantissent la préservation d’espaces menacés et de plus de 1000 espèces rares tels que l’aigle impérial, le lynx ou le pélican frisé. 
 
Plus d’un milliards de personnes visitent chaque année des sites Natura 2000 qui contribuent au maintien de 4,5 à 8 millions d’emplois. 

 

Les étapes de l’évaluation des directives Oiseaux et Habitats

En décembre 2015, le Conseil Environnement a reconnu l’importance de la pleine mise en œuvre de ces législations pour garantir une sécurité juridique à toutes les parties prenantes. 
 
En février 2016 le Parlement européen s’est largement opposé à une éventuelle révision des directives Oiseaux et Habitats.
 
312 petites et moyennes entreprises ont demandé à la Commission européenne de maintenir un cadre législatif de protection de la nature stable, efficace et prévisible. 
 
Les ONG attendent maintenant que le commissaire Vella propose au printemps 2017 des actions à suivre dans le cadre d’une communication ou d’un plan d’action afin que l’UE atteigne son objectif de mettre un terme à la perte de biodiversité d’ici 2020.

 

 

Convention sur la Diversité Biologique : seuls 5% des pays en voie d’atteindre les objectifs d’Aïchi

Convention sur la Diversité Biologique<br />© Diego M. Garces / WWFRéunis du 4 au 17 décembre à Cancun, au Mexique, pour la Convention sur la Diversité Biologique (CBD), les gouvernements du monde entier devront mettre en œuvre de toute urgence le plan mondial d’actions pour le vivant décidé en 2010.

A moins de 4 ans de l’échéance du plan stratégique pour la biodiversité (2011-2020), cette treizième conférence des parties sera l’occasion de mesurer les efforts à accomplir pour parvenir aux objectifs d’Aïchi fixés en 2010. Et ces efforts devront être importants puisqu’à ce jour, seuls 5% des pays sont en voie d’atteindre ces objectifs !

 

« Les gouvernements doivent changer de trajectoire ! »

« En 2010, le monde avait convenu d’un accord et d’un plan collectif pour stopper la perte de biodiversité d’ici 2020. Cela ne s’est cependant pas traduit par des niveaux d’ambition et d’engagement nationaux suffisants » déclare Deon Nel, directeur des programmes de conservation du WWF International. Or des accords internationaux tels que ceux de la CBD sont indispensables pour sauvegarder la biodiversité et les écosystèmes dont les hommes dépendent.

« Comme le rappelait il y a un mois le dernier Rapport Planète Vivante du WWF, en moins d’une génération, nous aurons réduit la vie sauvage et dégradé les écosystèmes à des niveaux jusqu’ici inimaginables et, si nous ne faisons rien, près des deux tiers des populations de vertébrés pourraient avoir disparu d’ici 2020. Nous ne pourrons pas inverser cette tendance en 4 ans, mais les Etats devront absolument redresser la barre à Cancun » ajoute Deon Nel.

Lors de la conférence, les gouvernements doivent trouver les moyens de mettre en œuvre plus efficacement, et de manière plus ambitieuse, leurs plans d’actions. Des efforts importants sont ainsi nécessaires pour intégrer la biodiversité au sein de toutes les politiques (agriculture, pêche, forêt, tourisme, économique, budgétaire…).

« L’année dernière, le monde est parvenu à deux grands accords mondiaux, l’un sur le climat, l’autre sur le développement durable. Nous devons, sur la biodiversité, obtenir des Etats et des acteurs économique un niveau de mobilisation similaire à l’Accord de Paris », ajoute Pascal Canfin, directeur général du WWF France. A Cancun, les Etats devront démontrer qu’ils tiendront leurs promesses de réorientation des subventions néfastes à l’environnement et du doublement du financement international dédié à la protection de la biodiversité, un objectif qui aurait dû être atteint l’an dernier.

Le WWF soutient par ailleurs à Cancun le lancement d’une initiative mondiale en faveur des pollinisateurs, appelle tous les Etats à rejoindre cette initiative et compte notamment sur la mobilisation de la diplomatie française pour rallier un maximum de pays.
 

.@WWFFrance : Convention sur la Diversité Biologique
Seuls 5% des pays en voie d’atteindre les objectifs d’Aïchi!
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— Comité 21 (@Comite21) 2 décembre 2016

 

La France a une responsabilité toute particulière

Grâce à son espace maritime, le deuxième dans le monde, et à ses outre-mer, la France est le seul pays européen, parmi les Etats les plus riches au monde en biodiversité. Elle a ainsi une grande responsabilité et doit, plus que n’importe quel pays, être fer de lance en matière de protection de la biodiversité que ce soit à travers ses propres politiques publiques ou en portant une ambition environnementale au sein de l’Union européenne ou à l’international.

Côté acteurs économiques, les entreprises françaises figurent aujourd’hui parmi les premiers acheteurs d’huile de palme, de soja, de coton, de bois tropicaux, autant de produits qui impactent la biodiversité. Elles ont donc également une grande responsabilité.

 

 

Un bilan prévisionnel mitigé 

La France est en effet bon élève de la classe mondiale grâce à la création de plus de 20 % de surface d’aires marines protégées (objectif 11) sous réserve de mobiliser les moyens nécessaires pour leur bonne gestion et de les consolider par des zones de protection renforcées.

Elle se démarque également à travers une meilleure protection des cétacés dans les sanctuaires marins grâce à l’obligation pour les navires français d’être équipés d’un système anticollision (objectif 12), l’interdiction des néonicotinoïdes – les « insecticides tueurs d’abeilles » – en 2018 ainsi que par la fragilisation de l’autorisation du glyphosate au niveau européen (objectif 8), la mise en œuvre du protocole de Nagoya (objectif 16), le doublement de ses financements internationaux dédiés à la biodiversité (objectif 20) ou encore par son soutien au fonds visant à stopper et inverser la dégradation des terres dans le monde (objectif 15).

Mais le compte n’y est pas sur d’autres points cruciaux tels que l’établissement d’un plan de restauration de la population d’ours dans les Pyrénées qui passe par l’introduction d’animaux (objectif 12).

A quelques jours de l’ouverture de la CBD, le gouvernement vient de créer un précédent qu’aucun gouvernement n’avait osé créer : libéraliser les tirs de loups en France au mépris de toutes les procédures établies depuis plus de 20 ans pour respecter nos engagements internationaux et favoriser une coexistence avec les activités humaines.
En s’opposant à l’initiative européenne destinée à garantir 5% des surfaces agricoles utiles sans pesticide en Europe, le gouvernement montre qu’il n’est pas réellement engagé sur l’atteinte des objectifs 3 et 8. La France participe en outre à l’artificialisation des sols avec le projet de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes dont l’utilité est contestée (objectif 5).

Plus globalement, beaucoup reste à faire en matière d’intégration de la biodiversité dans les politiques sectorielles ou de suppression des subventions dommageables à la biodiversité, aussi bien au niveau français qu’européen (agriculture, pêche, etc.).

Nouvelle version de l’application MObI : participez au recensement des mammifères marins

Téléchargez l'application via les liens utiles<br />© wwf ncL’application gratuite MObI est aujourd’hui disponible dans une nouvelle version. Disponible sur Apple Store et Google Play, l’appli mise à jour propose des fonctionnalités améliorées et est disponible à présent sur les derniers systèmes iOS, Android pour smartphones et tablettes. MObI 2 permet aux utilisateurs de référencer à tout moment les mammifères marins (baleines, dauphins, dugongs) rencontrés en Nouvelle-Calédonie et en Polynésie Française.

Il n’est pas nécessaire d’être connecté pour enregistrer son observation, pour un maniement plus facile en mer dès qu’un animal est aperçu. Les rapports seront quant à eux envoyés lorsque le smartphone retrouvera une connexion Internet. Quelques clics suffisent pour entrer les informations essentielles telles que l’espèce, la position, le nombre, et même des photos des individus rencontrés. Pour cela, vous serez guidé par des descriptions et des illustrations graphiques qui au passage, vous en apprendront davantage sur ces animaux fréquentant nos eaux et dont la diversité est souvent méconnue (plus de 25 espèces différentes).

Financée par le WWF France et ses partenaires Crème de la Mer, Te Me Um et le PROE, le projet tient son nom d’une simplification de l’acronyme « Marine Mammal Observer of Oceania by Internet ». MObI fait également référence à l’aspect mobile de l’outil tout en rappelant le célèbre roman baleinier « Moby Dick » d’Herman Melville (1851).
 

Un projet de science participative

Ludique et pédagogique, MObI a pour but d’accroître les connaissances sur la diversité, la répartition et l’écologie des mammifères marins dans le Pacifique. En effet, les observateurs amateurs constituent une aide précieuse pour récolter des informations sur ces espèces emblématiques. « Si les scientifiques sollicitent depuis déjà longtemps l’aide du public et des professionnels de la mer pour recueillir des informations, leur transmission et leur intégration à une base de données restaient fastidieuses.
D’où l’idée de créer un outil de collecte de données à la fois simple et moderne s’appuyant sur les nouvelles technologies », explique Marc Oremus, coordinateur du programme marin au WWF France en Nouvelle-Calédonie.

En renseignant ses propres observations sur MObI, l’observateur contribue ainsi à un projet de science participative pour une meilleure gestion et conservation des populations de ces animaux emblématiques ! L’ensemble des données récoltées par MObI sont librement mise à disposition des gestionnaires et des scientifiques, afin que celles-ci soient valorisées au mieux.
 

Nouveau ! Un site web dédié au projet 

Par la même occasion, le WWF ouvre une page web dédiée au projet, mobi.nc. Celle-ci permettra à ceux qui ne sont pas encore équipés de smartphone d’enregistrer leurs observations sur un formulaire d’entrée. Elle permettra également à tous les utilisateurs de visualiser les données partagées sur un explorateur cartographique. Et que le public se rassure, la position des animaux ne sera pas disponible en direct.
Un embargo d’au moins 48h sera respecté avant de faire apparaître une position sur la carte, rendant la traque des animaux totalement impossible.