Glyphosate : le Président Macron a cinq bonnes raisons de respecter ses engagements

Abeille<br />© Luca Scudiero / WWF-Italy

« Placer la France en tête du combat contre les perturbateurs endocriniens et les pesticides » était l’une des promesses de campagne d’Emmanuel Macron. Trente-quatre organisations lui rappellent aujourd’hui dans une lettre ouverte qu’il dispose de cinq très bons arguments pour interdire le glyphosate sans attendre. Le renouvellement du glyphosate doit être soumis au vote très prochainement au sein de l’Union européenne.

Si la France a déjà annoncé qu’elle voterait non à son autorisation pour dix nouvelles années, l’ombre d’une autorisation de cinq ou sept ans pour l’herbicide chimique le plus vendu au monde plane dangereusement audessus de millions de citoyens européens qui n’en veulent plus. Pour la société civile, il serait inacceptable que le gouvernement fasse passer les intérêts de l’industrie chimique avant la santé des consommateurs mais aussi celle des agriculteurs. Elle demande donc au Président de ne plus attendre pour porter dans les négociations européennes en cours l’interdiction de l’usage de cette molécule dangereuse et polluante.

Le glyphosate est l’herbicide chimique le plus vendu au monde. En France, pas moins de 8.500 tonnes sont vendues chaque année. Alors que l’Union européenne s’apprête à décider du sort de cet herbicide pour les prochaines années, plusieurs organisations rappellent à Emmanuel Macron sa promesse de campagne et lui donnent cinq arguments de poids pour refuser la réhomologation du glyphosate sans attendre :

  1. Des raisons sanitaires : Le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), agence de l’Organisation mondiale de la santé, a classé en mars 2015 le glyphosate cancérogène probable pour l’homme. Ce classement, d’après le règlement 1107/2009 relatif à la mise sur le marché des pesticides, devrait suffire à le retirer du marché.
  2. Des raisons de crédibilité et d’éthique : Les agences européennes (Efsa, BfR) ont écarté et ignoré des résultats prouvant le caractère cancérogène du glyphosate alors que sept études menées à long terme sur des animaux ont mis en exergue l’incidence du glyphosate sur le développement de tumeurs. De même, le scandale des « Monsanto papers » a jeté le doute sur la crédibilité et le sérieux des évaluations de ces agences européennes qui ont copié-collé les évaluations fournies par l’industrie chimique. La France se doit d’être exemplaire en termes d’indépendance de l’expertise, comme l’a précisé le Président lors de son discours du 10 octobre à Rungis dans le cadre des Etats généraux de l’alimentation.
  3. Des raisons environnementales et agronomiques : Le glyphosate et son produit de dégradation l’AMPA sont les premiers polluants des eaux de surface. Le glyphosate est considéré comme toxique pour les organismes aquatiques. Par ailleurs, le glyphosate modifie la chimie des sols et réduit l’absorption des éléments nutritifs du sol.
  4. Les alternatives au glyphosate existent déjà : Les agriculteurs biologiques ou beaucoup de ceux qui ont choisi une agriculture à bas niveau d’intrants, n’utilisent pas d’herbicides de synthèse et donc de glyphosate. Ils ont recourt à des techniques mécaniques ou agronomiques qui sont d’ailleurs déjà mises à l’œuvre par des agriculteurs dits conventionnels. Il faudra bien sûr accompagner et conseiller ceux qui devront apprendre à se passer de glyphosate. Les Etats généraux de l’alimentation sont une opportunité pour décider de cet accompagnement et le programmer.
  5. Des millions de citoyen.ne.s européen.ne.s comptent sur la France : Plus d’un million trois cent mille signataires dans toute l’Union européenne se sont mobilisés en l’espace de quelques mois (entre février et juillet 2017) autour d’une Initiative Citoyenne Européenne (ICE) pour réclamer l’interdiction du glyphosate. Cet engouement montre à quel point les citoyens européens souhaitent aujourd’hui protéger leur santé et leur environnement des dangers des pesticides en général et de cet herbicide en particulier.

Ce sont toutes ces raisons majeures que les 34 organisations signataires de ce courrier ont voulu rappeler au président de la République avant le vote crucial prévu d’ici la fin de l’année. Le choix qui s’offre à la France et aux autres Etats membres marquera durablement l’avenir des générations futures. La société civile invite le Président à ne pas manquer ce rendez-vous.

Le WWF et ses partenaires alertent sur les impacts environnementaux de l’orpaillage sur le Plateau des Guyanes

Sur environ 157 000 ha de forêtsdétruits par l'extraction de l'or depuis 2001, il apparaît que 72% se sont produits aucours de la dernière période 2008-2015.<br />© WWF France

Malgré un territoire encore largement intact, le Plateau des Guyanes fait l’objet de convoitise pour sa richesse en or. Selon une étude de 2014 [1], plus de 40% de la déforestation amazonienne due à l’orpaillage se déroulait dans cette région. C’est à partir de ce constat que le WWF publie aux côtés de ses partenaires régionaux [2] une étude et une cartographie détaillée des impacts de l’orpaillage sur les forêts et les cours d’eau de quatre territoires du Plateau des Guyanes (Guyana, Suriname, Guyane française, Amapá), pour la période 2001-2015.

L’étude, coordonnée par le WWF et l’ONF International en collaboration avec les institutions forestières et environnementales de chaque territoire, montre une progression régionale conséquente de la déforestation de 2001 à 2015. Ainsi, sur environ 157 000 ha de forêts détruits par l’extraction de l’or depuis 2001, il apparaît que 72% se sont produits au cours de la dernière période 2008-2015.

Les résultats de l’étude illustrent aussi un déplacement des activités aurifères d’Est en Ouest au cours des dernières années, avec une concentration de 95% de la déforestation au Guyana et au Suriname au cours de la période 2008-2015. Néanmoins, le ralentissement de la déforestation observée en Guyane française n’indique pas forcément une amélioration de la situation ces dernières années. En effet, le parc Amazonien de Guyane a récemment indiqué une augmentation de 78% du nombre de sites illégaux sur son territoire par rapport à mars 2017 et l’activité illégale bat des records historiques depuis la création du Parc, il y a 10 ans. L’augmentation alarmante de ces activités illégales souligne la nécessité d’actions transfrontalières renforcées en termes de coopération judiciaire entre les autorités guyaniennes, surinamaises, françaises et brésiliennes.

Étant donné que l’orpaillage se déroule principalement dans le lit des rivières, il a également un impact considérable sur les cours d’eau et leur contamination.

L’étude révèle ainsi que la longueur totale des cours d’eau détruits par les activités aurifères jusqu’en 2015 a été évaluée à 5 840 km sur l’ensemble de la région, s’accompagnant d’une hausse probable de la turbidité et de la concentration en mercure des cours d’eau, en aval des sites orpaillés.

Le mercure, métal neurotoxique et reprotoxique interdit en Guyane, est encore couramment employé par une majorité d’orpailleurs au Guyana ainsi qu’au Suriname. Mais ce métal est aussi naturellement présent dans les sols, d’où il est relargué du fait de la déforestation et de l’érosion du sol par les activités minières. Il se trouve alors libéré dans les écosystèmes et contamine les chaînes alimentaires des régions orpaillées jusqu’aux populations locales et autochtones, avec des conséquences graves pour leur santé [3].

Face à l’accroissement non contrôlé des impacts des activités extractives soulignés dans cette étude, il est urgent que l’ensemble des Etats concernés poursuivent les efforts de coopération et puissent ratifier et appliquer la Convention internationale de Minamata [4], visant l’abandon de l’utilisation du mercure associé aux activités d’orpaillage.

[1] Nora L Alvarez-Berríos and T Mitchell Aide, « Global demand for gold is another threat to tropical forests« , Environ. Res. Lett. 10 (2015)[2] Les partenaires de l’étude sont : au Guyana, la Guyana Forestry Commission (GFC), au Suriname le Stichting voor Bosbeheer en Bostoezicht (SBB), en Amapá, le Secretaria de Estado do Meio Ambiente do Amapá (SEMA), en Guyane le Parc Amazonien de Guyane (PAG) et l’Office National des Forêts (ONF).[3] Pour plus d’information, visitez notre page web dédiée aux impacts de l’orpaillage illégal en Guyane française.[4] Entrée en vigueur le 16 août 2017, la Convention de Minamata dont la COP1 s’est déroulée entre les 24 et 29 septembre 2017, a pour objectif de réduire progressivement l’utilisation, l’émission et le rejet de mercure à l’échelle globale.

La barrière de corail du Belize : un joyau naturel qui génère 19 millions de dollars US par an

Récif corallien du Belize<br />© Anthony B. Rath / WWF

Abritant plus de 1 400 espèces, le récif de la barrière du Belize est l’un des écosystèmes les plus divers au monde, ce qui lui vaut d’être classé au Patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1996. Malheureusement, il est actuellement menacé par des dommages irréparables dus à une  destruction côtière et à l’absence d’un cadre régulatoire solide assurant sa protection.

 

Le rapport a mesuré les bénéfices du tourisme que génère la barrière de corail à travers l’évaluation de quatre de ses sept aires marines protégées : le Grand Trou bleu et le Monument naturel de Half Moon Caye, la réserve marine du Glover’s Reef Atoll et le Parc national de Laughing Caye. A elles seules, elles fournissent jusqu’à 19 millions de dollars US par an en bénéfices économiques tirés des activités de tourisme – une contribution socio-économique notable qui reflète seulement un fragment de la valeur socio-économique totale que la barrière de corail représente pour le Belize.

 

L’économie du Belize dépend en grande partie du tourisme depuis longtemps. En 2016, les Caraïbes ont attiré plus de 29 millions de touristes, en grande partie attirés par les plages et les récifs coralliens. Plus de la moitié de la population du Belize – soit près de 190 000 personnes- vit de revenus générés à travers le tourisme lié au récif et la pêche. Parmi les autres bénéfices apportés par le récif, il faut mentionner des systèmes écologiques très riches et variés, offrant une protection vitale contre les ouragans.

 

En juin 2017, le WWF a publié un tableau de bord évaluant les progrès du gouvernement du Belize dans la mise en œuvre des protections promises sur le site du récif de la barrière du Belize, site inscrit depuis 2009 sur la liste du patrimoine mondial en péril. A l’époque le bilan du tableau de bord était clair : le récif n’a pas reçu les protections nécessaires. En août 2017, le gouvernement du Belize a annoncé un moratoire d’une durée indéfinie sur l’exploration du pétrole en haute mer : une menace de moins pour la barrière du Belize.

 

Quelques grands chiffres :
  • Jusqu’à 19 millions de dollars US : c’est le bénéfice annuel tiré des activités liées au tourisme que génère le récif de la barrière du Belize
  • Depuis 1998, 40% du récif du Belize a été endommagé par la surpêche, le ruissellement des activités agricoles et la mauvaise gestion des constructions sur la côte.
  • 5000 hectares, soit plus de 6500 terrains de football : c’est la surface de mangroves qui a disparu.

 

« L’annonce du gouvernement du Belize, en août 2017, d’un moratoire sur l’extraction de pétrole est un progrès encourageant. Cependant le récif est toujours en danger. Il est urgent de mettre en place à la fois une loi interdisant la vente des terres publiques relevant du site classé au patrimoine mondial, ainsi qu’une réglementation pour protéger ses mangroves. Ce rapport fournit un argument économique puissant qui vient appuyer l’argument écologique. La santé de notre récif est essentielle à notre futur – nous devons agir maintenant pour le protéger, ou nous risquons de le perdre pour toujours. »
Nadia Bood, spécialiste des récifs d’Amérique centrale

 

« La protection du récif de la barrière du Belize face aux menaces industrielles est essentielle pour le développement durable du Belize. Cela permettra au récif de sortir de la liste UNESCO des sites en péril et apportera des bénéfices de long terme pour les Beliziens.
Sur le court terme, l’échec de la protection efficace des récifs met en péril le statut du site classé comme patrimoine mondial et a un impact négatif sur le tourisme. Sur le long terme, un endommagement irréversible du récif serait extrêmement préjudiciable à l’économie du Belize. »
Elena Khishchenko, Responsable des campagnes au WWF International

Via Lacta, le lait éco-responsable sans OGM, porté par Ingredia et le WWF France, est désormais collecté

Vache laitière<br />© Jack Caffrey / WWF-US

« Après 6 mois de conversion, notre lait Via Lacta est officiellement sans OGM depuis le 1er octobre. Un lait éco responsable puisqu’il inclut aussi les notions de pâturage et de bien-être animal », se félicite Sandrine Delory, directrice générale du groupe Prospérité Fermière-Ingredia. Son cahier des charges garantit une absence d’OGM dans l’alimentation. Il assure également une surface minimale de pâturage de 15 ares par vache pendant 170 jours par an et un bien-être des animaux, obligatoirement élevés sur paille en hiver.

Via Lacta est un exemple de création de valeur dans la filière laitière française. Il assure aux adhérents éleveurs un prix du lait garanti de 300 €/1000 L auquel s’ajoute une prime de 15 €/1000 L. Dans un contexte de crise, la construction d’un tel projet à forte valeur ajoutée pour les adhérents éleveurs est une mesure phare, s’inscrivant pleinement dans les objectifs des Etats Généraux de l’Alimentation. Elle sécurise le revenu des agriculteurs tout en proposant aux consommateurs un produit de qualité.

« Le WWF France salue cet engagement de la part d’Ingredia sur l’alimentation non-OGM. La substitution du soja importé par des alternatives locales et durables, comme le colza et la luzerne, est un moyen efficace de lutter contre la déforestation », déclare Marie Christine Korniloff, Directrice Déléguée au Monde Economique du WWF France.
« Grâce à notre collecte différenciée, nous pouvons garantir à 100 % à nos clients et aux consommateurs un lait sans OGM et majoritairement à l’herbe », ajoute Sandrine Delory. 100 adhérents éleveurs sont à ce jour engagés dans cette démarche Via Lacta, pour une collecte de 30 millions de litres de lait par an.

Sondage IFOP/WWF : les Français pour un changement de modèle agricole

93% des Français considèrent que la présence de pesticides dans leur aliments impacte leur santé.<br />© Nicolas Lefebvre / WWF-France

A la veille du discours d’Emmanuel Macron sur les Etats généraux de l’alimentation, le WWF France publie un sondage réalisé par l’Ifop sur les habitudes et les perceptions de consommation des Français [1].

Les résultats sont sans appel : ils révèlent que les Français sont prêts pour une réelle transition agricole et alimentaire.
Ils sont de plus en plus conscients des risques environnementaux et de santé publique auxquels nous expose le modèle d’agriculture industrielle (93% considèrent leur santé impactée par la présence de pesticides dans les aliments consommés) et ils ont déjà changé leurs habitudes de consommation (70% d’entre eux ont déjà adopté des habitudes de consommation plus durables et sont prêts à aller plus loin).

Les chiffres du sondage témoignent d’une défiance certaine des Français vis-à-vis du système agricole et agro-alimentaire conventionnel, ainsi que d’une profonde volonté de changement, que le gouvernement ne peut plus ignorer. Alors que vient de débuter la seconde phase des Etats généraux de l’alimentation, portant sur l’alimentation saine, sûre et durable, il est essentiel que ce changement de modèle agricole, plébiscité par les Français et soutenu par la société civile soit enfin placé au cœur des discussions.

« Le sondage IFOP/WWF souligne que les Français ont déjà changé leurs habitudes de consommation et sont conscients des risques environnementaux et de santé publique auxquels nous expose l’agriculture industrielle. Il y a donc en France une majorité culturelle qui ne cesse d’avancer, une majorité de Français qui appelle à une transition agricole et alimentaire et qui est prête à s’affranchir du modèle agricole actuel. Emmanuel Macron dit avoir le courage de réformer : avec les Etats généraux de l’alimentation, il a aujourd’hui l’occasion de le démontrer ! Dans le cas contraire, nous risquons fort d’assister au divorce entre le président de la République et les aspirations des Français sur le sujet. » Pascal Canfin, Directeur général du WWF France

 

Les résultats du sondage en chiffres

Une évolution vers des habitudes de consommation plus responsables :

  • 70% des Français ont changé d’habitudes de consommation vers des produits plus responsables, ou envisagent de le faire
  • 62% des Français consomment des aliments biologiques, soit 2 fois plus qu’il y a 20 ans
  • à budget équivalent, 72% des Français sont prêts à modifier leur alimentation en incluant plus de produits bio et moins de produits plus coûteux et à fort impact environnemental (viande, produits laitiers, etc)
  • 67% des Français sont prêts à réduire leur consommation de protéines animales pour privilégier des produits de meilleure qualité

Une perception accrue des enjeux sociaux et environnementaux liés au système agricole :

  • 93% des Français considèrent que la présence de pesticides dans leur aliments impacte leur santé
  • 89% des Français souhaitent être informés de la présence ou non de pesticides dans les produits alimentaires (à travers un étiquetage)
  • 90% des Français sont favorables à une transparence complète sur les prix des produits alimentaires : quelle part est allouée à la rémunération des agriculteurs, quelle part correspond aux marges des distributeurs et de l’industrie, etc.

Une volonté de changement vers un modèle agricole plus durable :

  • 69% des Français sont prêts à payer plus cher pour leurs produits alimentaires, pour permettre aux agriculteurs d’être mieux rémunérés
  • 87% des Français sont pour la réorientation des aides publiques vers des pratiques privilégiant l’agriculture écoresponsable (biologique, agro-écologie, permaculture, etc.)
  • 75% des Français sont favorables à ce que le ministère de l’Environnement ait un pouvoir de décision, aux côtés du ministère de l’Agriculture, sur l’ensemble des sujets agricoles
  • 78% des Français se disent favorables à la mise en place d’un moratoire sur l’artificialisation des terres agricoles dès 2020
[1] Le sondage « Les français, la consommation «écoresponsable et la transition écologique » a été mené par l’Ifop pour le WWF France, du 3 au 4 octobre 2017 sur un échantillon de 1002 personnes, représentatif de la population française.
 

Bouygues Telecom se mobilise pour le recyclage des téléphones portables

72% des Français gardent chez eux des téléphones mobiles trop vieux, cassés ou usagés.<br />© Isra Lopez / FreeImages

Accompagné par le WWF France, Bouygues Telecom se mobilise avec ses partenaires, SUEZ, Samsung et Recommerce pour sensibiliser les citoyens au recyclage et au réemploi des téléphones portables usagés, et organise du 9 au 21 octobre 2017 une grande collecte nationale dans ses boutiques. 

Un rapport parlementaire de 2016 estimait à 100 millions le nombre de téléphones portables conservés dans nos tiroirs et non utilisés et à seulement 15% le taux de téléphones portables collectés. L’étude commandée par Bouygues Telecom à Kantar TNS[1] confirme en effet que 72% des Français gardent chez eux des téléphones mobiles trop vieux, cassés ou usagés.
 
Pourtant, selon la même étude, 80% des Français pensent que les recycler permettrait de limiter leur impact négatif sur l’environnement et 73% que certains matériaux qui les composent peuvent encore avoir de la valeur.
Conscient du défi que constitue le recyclage des téléphones portables pour l’environnement, Bouygues Telecom a souhaité prendre l’initiative d’une grande opération de sensibilisation et de collecte auprès du grand public, qu’il soit client ou non de l’opérateur. Entouré de partenaires référents dans leur domaine, Bouygues Telecom, associé au WWF France avec qui il partage une volonté de faire évoluer les enjeux de responsabilité du numérique, souhaite agir, inspiré par le modèle de l’économie circulaire, en favorisant le réemploi et le recyclage des téléphones portables.
 
Les différents acteurs de l’opération couvrent, en effet, l’ensemble du cycle de vie du produit, de la fabrication avec Samsung, premier fabricant mondial de téléphones portables, à la mise sur le marché par Bouygues Telecom  usqu’au réemploi avec Recommerce, pionnier du reconditionnement de téléphones et au recyclage avec SUEZ, expert du recyclage des déchets électriques et électroniques.
 
Dès le 9 octobre et jusqu’au 21 octobre 2017, sensibilisés et mobilisés par une importante campagne de  communication dans la presse et sur les réseaux sociaux, les Français sont incités à rapporter leurs vieux mobiles inutilisés dans les boutiques Bouygues Telecom, réparties sur tout le territoire.
 
Tous les mobiles collectés pour le recyclage (qui n’ont donc plus de valeur d’usage) seront récupérés par SUEZ, qui s’engage à assurer toute la chaîne de recyclage en France. Plus de 80% d’un téléphone portable est recyclable. Les matériaux qu’il contient sont retraités et la matière valorisée peut être réutilisée dans la fabrication d’autres produits (des appareils électro-ménagers ou des voitures par exemple). Les autres matériaux, non valorisables, sont transformés en énergie. Afin d’encourager la participation du plus grand nombre, pour chaque téléphone déposé dans l’urne de collecte, un bon d’achat de 10€[2]  récompensera cet éco-geste.

Si le mobile rapporté a encore une valeur d’usage, il sera repris[3] par Recommerce, pionnier de la seconde vie des téléphones. Réparé et reconditionné, le mobile sera revendu sur le marché de l’occasion tout en bénéficiant de garanties, de certifications et du label RCube[4].
 
Les données personnelles conservées dans les téléphones usagés, qui représentent un sujet d’inquiétude pour les Français, peuvent être effacées par les détenteurs des téléphones eux-mêmes. Dans tous les cas, elles seront soit entièrement détruites par le broyage des appareils dans le cadre du recyclage par SUEZ, soit effacées par Recommerce selon un processus labellisé[5].
 
Les partenaires s’engagent à rendre public un bilan de l’opération incluant la traçabilité des mobiles collectés.
 
Cette opération a également pour objectif de susciter une réflexion commune des acteurs de l’écosystème sur la structuration de la filière française du recyclage des téléphones. En effet, l’amélioration de cette filière passe nécessairement par un accroissement important du volume de téléphones collectés et par une action de sensibilisation des citoyens aux enjeux environnementaux.

Un site dédié à l’opération précise le dispositif complet (notamment l’adresse des boutiques participant à l’opération) et retrace le parcours du téléphone mobile dans la filière du recyclage.

 


[1] Étude commandée par Bouygues Telecom auprès de Kantar TNS réalisée du 4 au 9 août 2017 auprès de 1505 personnes dont la totalité des résultats est disponible sur le site www.recyclezvotremobile.fr
[2] 15 000 bons d’achat disponibles pour l’opération, à valoir le jour même dans la boutique ayant collecté le mobile (2 bons /jour maximum non cumulables entre eux).
[3] Reprise aux conditions de l’argus établi par Recommerce et disponible en boutique.
[4] Tous les téléphones reconditionnés par Recommerce bénéficient d’une garantie de 12 mois et sont labellisés « Mobile Certifié Reconditionné »,
au niveau Or par RCube.org, la fédération du réemploi qui contrôle la qualité des process de reconditionnement des téléphones portables.
[5] Le label « Mobile Certifié Recyclé » géré par RCube.org, la fédération du réemploi évalue la qualité des process de collecte et garantit l’effacement des données par un audit sur 225 points.

7ème édition du baromètre PAP 50 : le WWF France incite les entreprises à améliorer leurs politiques papier

papier<br />© WWF-US / Zachary Bako

Chaque année depuis 2010, le PAP50 évalue les politiques papier des entreprises afin de les responsabiliser et de les engager vers des pratiques durables. Le groupe Paprec et Arjowiggins Graphic en sont les principaux partenaires.

Le baromètre PAP50 se concentre sur la consommation de papier pour les fonctionnements internes et externes de l’entreprise, la qualité environnementale des papiers utilisés, les actions mises en place pour optimiser la collecte des papiers usagés et l’écoconception.

Le WWF France et Riposte Verte ont évalué les politiques papier de plus de 100 entreprises issues de secteurs divers afin d’obtenir un classement des entreprises françaises les plus consommatrices de papier. En 2017, ont été interrogés des agences de communication, des laboratoires pharmaceutiques, des mutuelles, des entreprises de transport, de vente par correspondance, des industriels et des voyagistes. En 2016 figuraient sur la liste des entreprises sondées les secteurs de l’agro-alimentaire, beauté/luxe, conseil, distributeurs de fournitures de bureau, énergie/chimie, grande distribution, jeux et poste/télécom.
 

De nombreuses entreprises doivent revoir leur copie

Le baromètre PAP50 indique que certains secteurs n’ont pas encore développé de politique papier ou manquent de transparence sur celles-ci, tels que les laboratoires pharmaceutiques et le secteur agro-alimentaire. Le WWF France déplore par ailleurs des politiques papier trop peu ambitieuses : l’analyse des cahiers des charges destinés aux prestataires comportent encore peu de demandes d’écoconception ou de papiers responsables.
 

Des bons élèves engagés dans une meilleure politique papier

Des entreprises issues de secteurs très divers, telles qu’Essilor, BETC, Sidiese, ICOM, Apicil ou encore la MAIF arrivent en tête de classement. Les agences de communication sortent du lot avec de très bons résultats. L’agence BETC a été classée en tête des entreprises interrogées grâce à la mise en place d’une politique papier : « Si je ne devais retenir que deux actions emblématiques, ce serait le déploiement du système de badge individuel couplé à l’indication du coût de l’impression et le partenariat avec une structure qui récupère nos cartons plumes pour les offrir à des artistes ».
Romain Peton, Agence BETC
 

Une politique papier écoresponsable performante est possible pour toute organisation volontaire

Les bons élèves montrent qu’il est possible de mettre en place une politique papier efficace. Pour cela, la politique papier doit associer un approvisionnement en papier recyclé ou certifié FSC garantissant une meilleure durabilité des ressources ainsi que l’organisation d’un tri du papier. Essilor a mené une progression exemplaire et rapide, et ce sans difficulté : « La mise en oeuvre d’une politique papier respectueuse de l’environnement ne nous a pas demandé de changements importants dans le travail au quotidien et a donné très rapidement des résultats concrets et visibles auxquels chacun a le sentiment de contribuer ».
Pierre Thourel, Directeur HSE chez Essilor
 

Une politique papier durable est nécessaire pour limiter l’impact de l’exploitation des ressources forestières

Il est aujourd’hui urgent que ces politiques se généralisent et montent en puissance afin de minimiser l’impact sur l’environnement. « En tant que matériau renouvelable, le papier est un support qui présente de nombreux avantages. Toutefois, ses utilisations, son exploitation, sa production et son recyclage génèrent une empreinte réelle. Cette empreinte peut s’amplifier si la ressource bois n’est pas gérée durablement, ce qui pèserait négativement sur la qualité des forêts, de la biodiversité, des eaux et de l’air ».
Jean Bakouma, Responsable du programme Forêt au WWF France

Dans ce contexte, les grandes entreprises ont un poids et un rôle à jouer sur les écosystèmes, et les changements nécessaires ne pourront être menés qu’avec leur engagement.

Une étude sur la filière lait démontre que les exploitations durables sur le plan environnemental sont aussi plus performantes sur le plan économique et social

En 2016, plus de 50% des agriculteurs ont eu un revenu inférieur à 350€ par mois.<br />© Germund Sellgren / WWF-Sweden

A l’occasion des Etats généraux de l’alimentation, le WWF France et Réseau CIVAM (Centres d’Initiatives pour Valoriser l’Agriculture et le Milieu rural) publient  les conclusions d’une étude réalisée par Réseau CIVAM, sur les exploitations laitières, particulièrement touchées par la crise agricole en 2015.

L’étude du Réseau CIVAM, qui porte sur l’exercice comptable 2015, démontre que les exploitations en Agriculture Durable (AD) de l’ouest en bovin lait, caractérisées par un recours important au pâturage, sont globalement plus performantes sur le plan économique et social que les exploitations laitières conventionnelles.

Alors qu’elles produisent moins de lait, les fermes AD créent plus de richesse que les exploitations conventionnelles (+24% de valeur ajoutée par actif) et en consacrent une plus grande partie à la rémunération du travail (48% de la valeur ajoutée, contre 33% pour les exploitations conventionnelles). De plus, ces fermes AD contribuent à la création d’emplois dans les territoires (+10% d’actifs agricoles en plus par km2). En outre, ces fermes permettent de préserver les ressources naturelles, en divisant par 3 le recours aux pesticides et en stockant du carbone dans les prairies.

Après avoir formulé des demandes précises, dans le cadre de la « Plateforme citoyenne pour une transition agricole et alimentaire » mise en place pour les Etats généraux de l’alimentation, cette étude est l’occasion pour le WWF France et Réseau CIVAM de rappeler que la création de valeur économique, sociale et écologique vont de pairs.

Dépendance aux intrants chimiques, pollution, érosion de la biodiversité, appauvrissement et endettement des agriculteurs, sont autant de conséquences qui démontrent que l’agriculture industrielle n’est pas soutenable, tant sur le plan environnemental qu’économique. En 2016, plus de 50% des agriculteurs ont eu un revenu inférieur à 350€ par mois et, entre 2000 et 2013, le nombre d’exploitations agricoles a diminué de 32% (près de la moitié dans le cas des exploitations laitières), engendrant un impact négatif considérable sur la vie des territoires ruraux. Face à cette situation, un changement de modèle s’impose, à travers le développement de systèmes agricoles plus durables et plus rémunérateurs pour les agriculteurs.

« Cette étude est la preuve factuelle que, pour le secteur laitier, les exploitations durables permettent de couvrir nos besoins alimentaires et de protéger l’environnement, tout en générant plus de revenus et en favorisant la création d’emplois. Plus largement, cette étude démontre qu’il est possible de s’affranchir d’un modèle agricole à bout de souffle sur le plan social, environnemental et économique. Créer de la valeur environnementale c’est aussi créer de la valeur économique pour les agriculteurs, les territoires et une meilleure alimentation pour les consommateurs. La transition agricole doit s’engager maintenant.»
Pascal Canfin, directeur général du WWF France

« L’étude du Réseau CIVAM portant sur les résultats 2015 des producteurs de lait du Grand Ouest confirme la capacité de nos systèmes de production économes et autonomes à mieux rémunérer le travail tout en mobilisant moins de moyens de production. Depuis la suppression des quotas laitiers, la course à l’agrandissement des fermes laitières s’est accélérée sans réelle cohérence économique (les économies d’échelle ne sont pas infinies), au détriment du nombre d’actifs et générant de nombreux drames humains. Nos résultats démontrent une nouvelle fois qu’un autre modèle de développement, créateur de main d’œuvre et respectueux de l’environnement est possible. Nos groupes locaux permettent de susciter et de conforter par l’accompagnement collectif des changements de systèmes allant dans ce sens. C’est pourquoi il est nécessaire que ces démarches soient au cœur des différentes politiques publiques. »
Joël Restif, producteur laitier, référent évaluation du Réseau CIVAM

 

Annexes

Plus en détail, l’étude se concentre sur un panel d’indicateurs, parmi lesquels notamment :

  • Les résultats économiques : moins de production mais plus de résultats

Même si elles produisent moins de lait que les exploitations traditionnelles, les fermes durables parviennent à créer plus de richesse que les exploitations traditionnelles (+24% de valeur ajoutée par actif). Cela est possible grâce au recours à l’herbe pâturée, qui permet de réduire considérablement les coûts phytosanitaires et les coûts des aliments pour le bétail. Alors que le coût des pesticides et engrais minéraux représente 17% des charges opérationnelles dans les exploitations conventionnelles, il n’en représente que 3% dans les exploitations économes.
 

  • Les résultats sociaux : plus de richesse affectée à la rémunération du travail et à la création d’emplois

Les exploitations durables ont un résultat social  bien plus élevé (51%) que celui des fermes conventionnelles. Cela veut dire que la richesse crée par les fermes durables est consacrée en priorité à la rémunération du travail plutôt qu’aux investissements, comme le voudrait la logique productiviste, donnant ainsi une plus grande importance à l’humain.
 
Les exploitations durables sont aussi plus à même de développer et maintenir l’emploi dans les territoires : si l’on considère le nombre d’actif par km2 (100 ha), les fermes durables permettent de faire vivre 10% d’actifs agricoles en plus au kilomètre carré que les fermes conventionnelles.
 

  • Les résultats environnementaux : moins de pollution et plus de biodiversité

​Grace aux systèmes herbagers et à l’agroécologie, les exploitations AD parviennent à réduire considérablement leur impact environnemental. Le coût phytosanitaire par hectare est ainsi divisé par trois par rapport aux exploitations conventionnelles. Le recours accru pâturage permet aussi de stocker du carbone dans les sols, ce qui compense entre 30 et 40% des émissions de gaz à effet de serre (GES) des élevages.
 

  • Dépendance des aides de la PAC

L’indicateur de sensibilité mesure le degré de dépendance du revenu des agriculteurs par rapport aux aides. Or, il est de 93% pour les fermes durables contre 233% pour les exploitations conventionnelles. En d’autres termes, pour dégager un revenu de 100€, les exploitations conventionnelles perçoivent 233€ d’aides contre 93€ pour les exploitations durables.

Projet de loi de finances 2018 : réaction du Réseau Action Climat France

Finance verte<br />© Shutterstock / isak55 / WWF

Le Réseau Action Climat salue l’augmentation de la fiscalité écologique prévue dans le projet de loi de finances présenté aujourd’hui par le gouvernement. Mais il regrette que certains secteurs continuent d’être les passagers clandestins de cette fiscalité en France et que les solutions alternatives aux pratiques les plus polluantes comme les transports en commun ou la rénovation massive des passoires énergétiques ne soient pas davantage soutenues.

 

Une fiscalité plus adaptée à la lutte contre le changement climatique et à la pollution de l’air…

Le Réseau Action Climat se félicite de la hausse de la fiscalité écologique (alignement de la fiscalité diesel sur celle de l’essence et augmentation de la composante carbone) qui va dans le sens d’une meilleure prise en compte de l’impératif climatique et de la lutte contre la pollution de l’air.

 

Mais qui omet certains secteurs polluants

Cependant, le projet de loi de finances reste muet sur la nécessaire suppression des niches fiscales qui, aujourd’hui, financent la pollution (exemption de taxation accordée au kérosène aérien, remboursement d’une partie de la TICPE aux transporteurs routiers, etc…). Ces niches (équivalentes à 7 milliards d’euros chaque année de manque à gagner dans le budget de l’Etat), créent un avantage concurrentiel pour des secteurs qui, aujourd’hui, participent à la hausse des émissions de gaz à effet de serre. Par ailleurs, la composante carbone devrait être élargie avec la taxation de la consommation d’électricité d’origine non renouvelable, notamment nucléaire, pour devenir une véritable contribution climat énergie. Enfin, concernant le secteur des déchets, les taux de TGAP ne sont pas modifiés, malgré l’engagement de campagne du Président de la République en ce sens, mettant ainsi à mal la progression du recyclage.
 

Une protection des ménages les plus modestes à renforcer

La hausse de la fiscalité écologique s’accompagne de mesures destinées à ne pas trop pénaliser les ménages les plus modestes. L’attribution d’une prime à la conversion pour les voitures diesel destinée aux ménages non imposables contribue à cet objectif. La généralisation du chèque énergie va également dans ce sens, mais l’augmentation de son montant moyen à 200 euros n’est annoncée que pour 2019 et cette hausse reste très en deçà du montant nécessaire pour sortir les ménages visés de la privation de chauffage. Par ailleurs, pour leur permettre de sortir durablement de la précarité énergétique, un financement est prévu pour la rénovation des passoires énergétiques des propriétaires précaires dans le grand plan d’investissement, mais il est largement inférieur aux engagements pris par le Président de la République (1,2 milliard d’euros au lieu des 4 milliards prévus) et inadapté aux objectifs que le gouvernement s’est fixés.
 

Une orientation plus claire à donner vers les alternatives

La hausse de la fiscalité écologique doit également s’accompagner d’un plus grand soutien aux alternatives. Si certaines décisions vont dans le bon sens en matière d’efficacité énergétique, comme la transformation du CITE en prime annoncée pour 2019, le gouvernement se contente d’amender des outils à l’efficacité discutable, au lieu de s’orienter vers les changements profonds indispensables à la tenue des objectifs de rénovation énergétique fixés par le président de la République. Sur le transport ferroviaire, il réitère dans son grand plan d’investissement les engagements existants (2,1 milliards d’euros dans le réseau ferré) alors qu’un milliard d’euros supplémentaire est nécessaire pour renforcer l’attractivité de ce mode de transports. De la même manière, les dotations annoncées pour les collectivités territoriales en faveur de la mobilité quotidienne (500 millions d’euros sur cinq ans) restent en deçà des sommes nécessaires pour engager un vrai report modal de la voiture individuelle vers d’autres solutions de déplacement, notamment le vélo et les transports en commun. Enfin, et de manière incohérente, le gouvernement fait marche arrière en supprimant le bonus aux vélos électriques alors qu’il s’agit d’une alternative qui a fait ses preuves pour une majorité des déplacements du quotidien effectué aujourd’hui en voiture.
 

La solidarité climatique en panne

La solidarité internationale est un enjeu majeur, renforcé par les changements climatiques. Pourtant, le projet de loi de finances acte une augmentation très timide de l’aide publique au développement (100 millions d’euros supplémentaires par rapport à 2017) et limite en parallèle la portée d’un des principaux outils permettant d’honorer cet engagement, la taxe sur les transactions financières. En effet, le PLF ne prévoit ni d’affecter 100% de ses recettes à la solidarité internationale et au climat comme le voudrait l’ambition européenne du Président, ni d’en élargir l’assiette comme cela était prévu en janvier 2018. Ces annonces sont décevantes, alors même que la France accueillera le 12 décembre prochain un sommet international sur le climat dédié à la question des financements.

Le Réseau Action Climat France attend désormais des parlementaires qu’ils renforcent ce projet de loi de finances pour le mettre en cohérence avec les objectifs climat énergie que s’est fixés la France.

La mer Méditerranée : une richesse unique en déclin rapide

Calculée de la même manière que le PIB national, la richesse de la mer Méditerranée la placerait  au cinquième rang des économies nationales de la région. <br />© Franck Paul

La mer Méditerranée représente seulement 1% de la surface océanique mondiale mais est à l’origine de 20% de la production marine du monde. Cependant cette richesse dépend d’un patrimoine qui se dégrade rapidement. C’est le constat alarmant que dresse le WWF à quelques jours de l’ouverture de la conférence « Our Ocean » organisée à Malte par l’Union Européenne.

Avec ses 46 000 km de littoral, la mer Méditerranée fait vivre 150 millions d’individus. Le rapport « Relancer l’économie de la mer Méditerranée : les actions pour un futur durable » publié aujourd’hui, montre que la mer Méditerranée joue un rôle fondamental dans l’économie de la région mais que le patrimoine naturel de la mer – qui soutient une grande partie de l’économie et contribue au bien-être de la communauté – s’érode.

 

Produit par le WWF en collaboration avec le Boston Consulting Group (BCG), ce rapport est l’analyse la plus pointue jamais réalisée sur le patrimoine naturel de la Méditerranée.

Il évalue la valeur globale du patrimoine de la Méditerranée à plus de 5,6 millions de millions de dollars US. Cette valeur correspond à l’exploitation d’actifs naturels incluant les littoraux productifs, les pêcheries et les herbiers marins. La production économique annuelle estimée de la mer est d’au moins 450 milliards de dollars US.

Calculée de la même manière que le PIB national, la richesse de la mer Méditerranée la placerait au cinquième rang des économies nationales de la région. A titre de comparaison, elle génère une production annuelle à peu près équivalente à celle de l’Algérie, de la Grèce et du Maroc réunis.

Cependant, le rapport révèle aussi que de nombreuses ressources de la mer Méditerranée sont en déclin à cause d’une exploitation non durable, ainsi que l’accélération de l’utilisation de ces ressources. Le rapport se concentre sur le secteur des pêches et l’industrie touristique en croissance rapide et montre que l’équilibre de la mer Méditerranée est à un tournant décisif.

Le tourisme est le secteur qui contribue le plus aux économies locales, représentant 11% du PIB cumulé des pays méditerranéens. Cependant, le modèle actuel de tourisme de masse – qui implique souvent un développement agressif du littoral, une consommation d’eau et d’énergie excessive et une gestion non durable des déchets et des eaux usées – a dégradé l’environnement côtier et marin. Selon le rapport, le tourisme représente plus de 90% de la production économique annuelle de la Méditerranée. L’utilisation des zones côtières pourrait générer des conflits compte tenu de la croissance prévisible du tourisme dans la région.

Le secteur de la pêche méditerranéenne, au troisième rang de l’économie de la région, traverse ces dernières années une crise qui va en s’aggravant. Ce secteur a toujours une valeur globale estimée à plus de 3 milliards de dollars et génère directement plus de 180 000 emplois.

Pour parvenir à un avenir durable pour la Méditerranée, le rapport fixe six priorités :

  • Mettre en œuvre une gestion et une planification maritime cohérentes et axées sur les écosystèmes
  • Mettre en place une économie bleue durable
  • Parvenir à une économie respectueuse du climat et neutre en carbone
  • Débloquer le potentiel productif du patrimoine naturel à travers des financements publics et privés
  • Réduire l’empreinte du tourisme de masse et rechercher des modèles de tourisme plus durables
  • Soutenir une pêche durable

« Cette nouvelle analyse montre que la protection de l’environnement doit être une priorité absolue pour les dirigeants de la Méditerranée. Nous avons constaté une bonne mobilisation par le passé mais une analyse objective montre que le temps presse et qu’il faut agir à une plus grande échelle et plus rapidement si nous voulons assurer un futur sain et florissant pour la Méditerranée ».
Demetres Karavellas, directeur du WWF Grèce

« Développer une économie bleue, solide et durable pour la région méditerranéenne dépendra fortement de notre capacité à conserver notre mer, nos littoraux et nos écosystème marins sains, et où cela est possible de réparer les écosystèmes dégradés. Nous ne pouvons pas continuer à éroder le patrimoine sur lequel les cultures et économies méditerranéennes reposent ».
Karmenu Vella, Commissaire européen pour l’Environnement, les Affaires maritimes et la Pêche

« Avec cette analyse, personne ne peut douter de l’importance d’une gestion attentive des ressources marines sur lesquelles s’appuie une grande partie de l’économie méditerranéenne. Une approche économique prudente devra veiller au déploiement de solides actions de préservation de l’environnement afin de sécuriser ses ressources naturelles, faute de quoi les bases économiques de la région pourraient sérieusement être menacées ».
Nicolas Kachaner, Associé et Directeur Général du BCG

« Nous voyons de nombreuses populations de poissons, des zones côtières et des écosystèmes océaniques exposés à d’immenses pressions partout dans le monde et dans des régions importantes telles que la Méditerranée. Mais nous constatons également que l’océan fait l’objet d’une attention sans précédent. C’est l’occasion pour les dirigeants en Méditerranée de s’engager à la réalisation des objectifs de développement durable des Nations Unies et l’Accord de Paris sur le climat de 2015. Il n’y a pas de temps à perdre ».
John Tanzer, directeur des programmes Océans au WWF