1er mars, la chasse est finie ! En fait non.

Traditionnellement, la fermeture annuelle de la chasse est fixée au niveau national au dernier jour du mois de février. En cette année bissextile et un mois de février à 29 jours, les gilets orange ont même eu une journée de rab pour prolonger leur loisir sanglant.

Au moins 66 accidents dont 9 morts pour la saison 19-20…

Le bilan des accidents est particulièrement fourni cette année*. Selon nos chiffres, basés essentiellement sur une veille médiatique, la saison 19-20 a provoqué au moins 66 bavures cynégétiques : 9 morts (uniquement par arme à feu – nous n’avons pas compté les chutes ou les malaises), dont 2 non-chasseurs (1 collégien en Guyane française qui participait à une chasse en observateur, et un ramasseur de champignons en Charente-Maritime), et 49 blessés (dont 9 non-chasseurs).

Les accidents sur des animaux domestiques sont aussi très nombreux : cette année encore plusieurs chiens et chats ont été les victimes malheureuses de bavures ou d’actes volontaires, mais aussi des chevaux, des poules, des moutons ou encore une chèvre…

Quant aux incidents, il y a eu de nouveaux cas de balles tirées sur des maisons ou des voitures, de nombreux accidents de la route générés par la chasse à courre notamment, et des faits-divers comme seule la chasse sait en créer, comme ces sangliers affolés qui sont rentrés se réfugier dans la cuisine d’une maison dans le Doubs…

Si la chasse à tir se termine fin février, cette clôture ne concerne en fait que certaines espèces de la faune sauvage. La chasse à courre ne prend fin que le 31 mars, les animaux considérés comme « nuisibles » sont quant à eux persécutés toute l’année, les blaireaux déterrés dès le mois de mai, les renards ou les chevreuils tirés dès juin et les oiseaux d’eau dès août… Le climat d’insécurité et les nuisances liés à la chasse au tir ne se limitent donc pas à la période d’ouverture et de fermeture « générale ».

La chasse aux sangliers prolongée d’un mois !

Pire : cette annĂ©e, le ministère de la Transition Ă©cologique a adoptĂ© un dĂ©cret pour prolonger la chasse aux sangliers en mars ! L’ASPAS avait appelĂ© Ă  participer Ă  la consultation publique (merci Ă  vous !), mais malgrĂ© notre mobilisation, plus de 56% des contributions ont Ă©tĂ© favorables au dĂ©cret. Les prĂ©fectures ne sont pas toutes tenues de l’appliquer, mais on peut compter sur les chasseurs pour qu’elles aillent dans leur sens. C’est dĂ©jĂ  le cas de la Meurthe-et-Moselle, de la Corse, de l’Aude, de la Mayenne ou encore de la SaĂ´ne-et-Loire.

Pour savoir si votre dĂ©partement est concernĂ©, appelez directement votre prĂ©fecture ou la fĂ©dĂ©ration de chasse dĂ©partementale, ça sera plus simple. Car il faut savoir que bien qu’il ne soit pas du tout anodin que des gens armĂ©s investissent un mois supplĂ©mentaire nos campagnes, avec tous les problèmes d’insĂ©curitĂ© et de dĂ©rangement que cela gĂ©nère, ni les prĂ©fectures ni les chasseurs sont tenus d’en informer clairement les citoyens ! Pour avoir accès Ă  l’information, il faut faire la dĂ©marche de fouiller dans le site des prĂ©fectures jusqu’à trouver le RAA (Recueil des actes administratifs), puis de clic en clic sur des liens et des fichiers PDF nommĂ©s de façon tout sauf transparente, arriver pĂ©niblement – ou pas ! – au texte recherché…

La chasse recommence… dès le 1er juin !

Pire encore : un nouveau décret « dégâts grands gibier » (entendez sangliers, principalement), soumis à la consultation du public jusqu’au 3 mars, (pour participer, c’est ici), prévoit la simplification de la procédure administrative pour les chasseurs qui souhaitent ressortir le fusil… dès le 1er juin !! Les chasseurs s’étonnent de l’agitation médiatique faite autour de cette mesure puisque chasser dès le 1er juin était déjà possible (sous condition d’une demande d’autorisation individuelle effectuée auprès de la préfecture). Mais voilà, peu de gens le savaient, et maintenant que l’État propose de simplifier la démarche, la France entière est au courant et ne l’accepte pas ! Non seulement pour des raisons de sécurité, mais aussi vis-à-vis de l’impact négatif sur la biodiversité : davantage de chasseurs en été implique davantage de dérangement de toute la faune, et en cette période de grande fragilité (élevage des jeunes) – une potentielle catastrophe pour toute la nature !

Les bons chasseurs ne tuent pas le renard !

L’une des victimes collatérales de ce nouveau décret sera le renard : en effet, le renard est automatiquement chassable dès le 1er juin pour les chasseurs pratiquant le tir d’été de sangliers et de chevreuils. Plus de chasseurs signifie donc potentiellement plus d’abattages de renards… à moins que nos chers « premiers écolos de France » aient commencé à comprendre l’intérêt de protéger l’un des animaux sauvages les plus écolos de France ? Recul de la maladie de Lyme, prédation des rongeurs qui déciment les cultures, rôle de charognard pour nettoyer la nature des proies malades… La société contemporaine comprend désormais l’utilité de goupil pour la santé et les activités humaines : seuls les chasseurs et les politiques qui les soutiennent vivent encore dans les ténèbres d’un temps révolu !

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