Après avoir honteusement signé pas moins de 8 arrêtés illégaux de destruction de renards dans son département, finalement retirés sous la pression de nos associations (lire ici), la Préfète de l’Oise revient à la charge avec un nouveau projet anti-renards encore plus destructeur !
Cette fois-ci, le texte n’a pas été publié en catimini puisque le projet est annoncé sur le site de la Préfecture. Par contre, aucune indication n’est donnée au public pour l’envoi des réponses à la consultation publique ! Un acte manqué ?
Au total, ce sont 3000 renards qui pourraient être abattus jusqu’au 31 mars 2021, par 15 lieutenants de louveterie (200 par chasseur !) à travers tout le département, « soit sous forme de chasses ou de battues administratives, soit individuellement, soit par des tirs à l’affût, soit par des tirs de nuit à l’affût avec utilisation de sources lumineuses ».
Au menu des motifs pour justifier une telle tuerie, toujours les mêmes arguments pro-chasse sans aucune teneur scientifique :
- La population de renards serait « importante » dans l’Oise ;
- Les renards s’attaqueraient au « petit gibier », empêchant ainsi les chasseurs de jouir pleinement de leur loisir sanguinaire (faisans, perdrix, cailles, lièvres, lapins …) ;
- Les renards seraient porteurs de maladies…
On trouve aussi deux nouvelles petites pépites :
- Puisque la chasse de « petit gibier » était interdite pendant le confinement du printemps 2020, cela aurait engendré « le développement du renard » ;
- Réguler les renards serait un moyen de lutter contre la maladie de Lyme (!)
Vous avez jusqu’au 23 août pour participer à la consultation publique ! Faute d’indication fournie par la Préfecture, vous pouvez tenter d’écrire à l’adresse ddt-seef-cf@oise.gouv.fr
Quelques réflexions pour vous aider à formuler vos réponses :
Si les chasseurs détestent à ce point les renards, c’est parce qu’ils les accusent de perturber leur funeste divertissement, celui qui consiste à prendre du plaisir à tirer sur des petits animaux (lapins, lièvres, faisans, perdrix…), souvent issus d’élevages. C’est en effet lorsqu’il y a des plans de « repeuplement de gibier » que les petits prédateurs ont le plus de soucis à se faire : les animaux élevés en captivité, habitués à être nourris par l’homme, ne sont pas adaptés à la vie sauvage lorsque les chasseurs les relâchent dans la nature… Pour optimiser leurs chances de survie, les chasseurs-piégeurs font ainsi un « nettoyage » de tout ce qui pourrait entraver leur divertissement.
Au nom de quel principe moral les chasseurs auraient-ils droit de vie et de mort sur la faune sauvage ? De plus, autoriser ces abattages c’est priver le reste de la population d’un droit à la contemplation. La contemplation d’une nature… vivante. Le plaisir du promeneur, ému de croiser la route de goupil en lisière d’un bois. Le plaisir d’un photographe, ravi de pouvoir assister à une séance de mulotage sur une prairie fraîchement fauchée.
Le renard est un animal territorial qui s’autorégule : un territoire libéré sera très vite occupé par un nouvel individu. A moins d’exterminer la totalité de la population, le renard trouvera toujours le moyen d’occuper de nouveau des espaces vacants. D’ailleurs, les chasseurs eux-mêmes commencent à comprendre que la pression de chasse ne fait pas diminuer les populations (lire à ce propos le Chasseur Français de juin 2021) !
Autoriser ces « destructions » supplémentaires de renards dans l’Oise est non seulement inutile, mais il s’agit aussi un non-sens écologique : si les chasseurs accusent les renards de voler « leur » petit gibier, les agriculteurs, eux, sont bien contents de bénéficier d’un dératiseur naturel ! On estime en effet qu’un seul renard peut chasser jusqu’à 6000 campagnols par an, des petits rongeurs susceptibles de détruire récoltes et herbages.
Le renard joue également un rôle sanitaire : volontiers charognard, il participe à l’élimination des animaux malades et des cadavres, évitant ainsi la propagation d’épidémies. De plus, une étude* a démontré que goupil freine l’expansion de la borréliose de Lyme en chassant les rongeurs qui transportent les tiques vectrices cette maladie.
* Levi et al., 2012
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