Alors que des citoyens se font verbaliser pour avoir porté une assistance vitale à des animaux, des chasseurs bénéficient de dérogations injustifiables scientifiquement pour nourrir ou tuer des sangliers, détruire des oiseaux ou d’autres espèces jugées indésirables. L’ASPAS, AVES et Crow life demandent l’arrêt immédiat de cette justice à deux vitesses.
Les mesures de confinement et de limitation des déplacements décidées le 17 mars et visant à freiner la propagation du virus doivent être respectées. Par tous. Même si elles exigent des efforts et des renoncements sans précédent.
L’interdiction de tout acte de chasse, collective ou individuelle, fait partie de ces mesures en vigueur et, en principe, elle s’étend à la destruction des ESOD (espèces susceptibles d’occasionner des dégâts, ex-nuisibles). Sur le terrain pourtant, dans les départements, nous constatons que la trêve n’est pas de mise partout.
Dans les Landes par exemple, si toute chasse collective est proscrite, la chasse individuelle par tir et par piégeage est possible, en particulier celle aux sangliers pour prévenir les dégâts aux cultures. L’arrêté préfectoral (AP n°2020/429 du 20.03.20) permet aux agriculteurs et aux chasseurs landais de déroger, la fédération départementale de chasse précisant même les gestes barrières à respecter lors du dépeçage d’un animal à deux ! Ailleurs, dans le Jura par exemple, c’est la chasse collective aux corvidés qui est prévue par arrêté préfectoral (AP n°39-2020-03-20-001), une chasse d’autant plus abjecte et cruelle que les oiseaux sont en pleine période de reproduction : les adultes tués ne retournant pas au nid, les petits agoniseront lentement et sûrement.
D’un département à l’autre, les modalités d’instruction de la demande et les pratiques susceptibles d’être autorisées ou interdites varient. Ici, jusqu’à 100m des cultures, le tir peut être admis sous réserve d’être seul sur le site ; ailleurs encore, le déplacement doit s’effectuer seul, sans précision de l’obligation ou non d’être seul sur le site. Dans la Somme, on peut obtenir l’autorisation de nourrir les appelants de chasse, alors que ces oiseaux enfermés devraient simplement être libérés ; en Côte d’Or, celle d’agrainer… et donc d’entretenir des sangliers pourtant accusés d’être les plus gros destructeurs de cultures !
Ici et là, invoquer un risque sanitaire ou des dégâts particuliers aux cultures permet donc de déroger à l’interdiction nationale de la chasse. Les déplacements dérogatoires, quand ils ne sont pas professionnels mais individuels, entrent dans la case « participation à des missions d’intérêt général sur demande de l’autorité administrative ». Cette option, apparue lors de la dernière actualisation de la feuille des déplacements dérogatoires, apporte la souplesse nécessaire à la planification d’opérations de destruction.
Sauf mobilisation massive, la mort va continuer à être donnée et, ce, d’autant plus tranquillement que dans les médias et sur les réseaux sociaux, beaucoup se sont réjouis de la trêve imprévue pour la vie sauvage que promettait l’interdiction de la chasse. C’était sans compter sur les opérations de « nettoyage » … et la puissance du lobby des chasseurs, qui se croit au-dessus de tout.
En tout état de cause, nos associations considèrent que la destruction d’animaux sauvages ne revêt aucun caractère de nécessité, ni d’urgence, et que le risque sanitaire ne saurait être invoqué pour justifier de telles opérations. Au contraire, nous soulignons que les opérations de destruction sont susceptibles de contribuer à la propagation du coronavirus lequel représente un risque sanitaire majeur et avéré, justifiant que nous demandions l’interdiction totale de la chasse et des opérations de destruction, sans dérogation possible.
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