Les ministres de l’Agriculture et de la Transition écologique vous demandent votre avis sur deux projets d’arrêtés : l’un fixant les règles d’autorisation des tirs des loups, l’autre fixant le nombre maximum d’individus pouvant être ainsi abattus.
Ce projet facilite encore la réalisation des tirs alors que leur efficacité n’est pas démontrée, et augmente le nombre de loups pouvant être abattus, mettant en péril la viabilité à long terme de la population lupine sur notre territoire ! Il est important de vous exprimer en envoyant vos avis !
Pour participer à cette consultation cliquez ICI (cliquez sur « Déposer votre commentaire » en bas de la page).
La consultation est ouverte jusqu’au 13 septembre 2020.
Conseils pour votre participation :
- Les synthèses des observations du public des consultations précédentes montrent que le ministère tente d’opposer le monde urbain au monde rural. Les opposants au loup seraient des ruraux, tandis que ses défenseurs seraient des urbains… Si vous êtes éleveur ou agriculteur, ou issu du monde rural, précisez-le ! De même, si vous résidez dans une zone de présence du loup, ou simplement en zone rurale, n’hésitez pas à le mentionner !
- Notre opinion ne semble guère importer au gouvernement, mais notre poids électoral oui… Vous pouvez également mettre ceci en avant !
- Les injures ou les grossièretés ne faisant pas avancer les choses, nous recommandons vivement à tous de mettre le point fort sur des arguments solides.
- Vous pouvez exprimer votre opinion en vous inspirant des éléments succinctement évoqués par l’ASPAS, mais un point de vue personnalisé aura plus de poids que plusieurs avis reprenant le même modèle, au mot près.
La position de l’ASPAS
L’ASPAS rejoint l’avis négatif à l’unanimité rendu par le Conseil National de Protection de la Nature (CNPN) sur ces projets d’arrêtés : favoriser et augmenter les abattages de loups met en péril la conservation de l’espèce, sans faire baisser la prédation sur le bétail.
– Depuis que les tirs sont autorisés, les données montrent qu’il n’y a pas de corrélation entre le nombre d’abattage de loups et le volume des dommages aux troupeaux. Autrement dit, les tirs de loups ne font pas baisser la prédation. Ainsi, une étude de 2020 (Bruns et collaborateurs, publiée dans le journal scientifique « Global Ecology and Conservation ») conclut de manière très claire qu’en matière de méthodes pour diminuer les dommages aux troupeaux, les tirs létaux de loups constituent la méthode la moins efficace.
– L’État continue d’indemniser les éleveurs en cas de prédation sans vérifier s’ils protègent leurs brebis, alors que ces moyens de protection sont financés avec nos impôts. Or, une étude scientifique de 2020 (Gervasi et collaborateurs), à paraître, souligne que le nombre de dommages n’est pas corrélé au nombre de loups mais au nombre et à la qualité des mesures de protection mises en œuvre. Cette même étude montre que le nombre de nombre de moutons indemnisés par an en France est plus de 10 fois supérieur à ce qui pourrait être attendu au vu de la population lupine.
Pour résoudre ce problème il conviendrait comme recommandé par le CNPN d’imposer la conditionnalité de l’indemnisation à la mise en œuvre effective et vérifiée de mesures de protection des troupeaux adaptées aux caractéristiques du troupeau.
– l’État continue à mettre en œuvre une véritable « régulation » de la population de loups, ce qui est à la fois aberrant sur le plan de la biologie de la conservation, s’agissant d’une espèce dont les effectifs sont encore faibles en France (580 individus estimés), et contraire aux obligations européennes de la France ; le loup est en effet « strictement protégé » en Europe, ce qui signifie que les abattages ne sont autorisés qu’à titre dérogatoire et exceptionnel. Ainsi, le projet prévoit que 17 à 21% de la population pourra être abattue chaque année, et notamment pendant la période de reproduction. Ce alors que le taux de croissance de l’espèce est descendu de 22% à 9% cette année ! La France doit garantir une viabilité à long terme de l’espèce,cette baisse de croissance est très inquiétante pour l’avenir de l’espèce en France. Augmenter encore le taux d’abattage une aberration.
– Le projet organise par ailleurs de véritables zones de non droit où les tirs de loups seront encore facilités, notamment sur les fronts de colonisation des loups ou aucune mesure de protection n’est exigée pour que soient autorisés des tirs létaux.
– L’État continue d’autoriser des tirs de prélèvement, tirs qui n’assurent pas la défense des troupeaux mais consistent à tuer à tout prix un ou plusieurs loups dans un secteur, qu’ils soient ou non à l’origine des dommages allégués.
A moins d’éliminer tous les loups, ce que réclament régulièrement les éleveurs dès que l’espèce est identifiée dans une région nouvelle, la prédation sur les troupeaux domestiques continuera tant que les éleveurs ne seront pas responsabilisés à protéger leur brebis.
Par ces projets, l’État ne vise pas à faire baisser la prédation, mais à diminuer coute que coute la croissance et l’expansion de la population de loups, en contradiction avec nos engagements internationaux.