Alors que s’apprête à sortir au cinéma Marche avec les loups, de Jean-Michel Bertrand, un film-documentaire qui offre au spectateur une immersion onirique dans l’univers fascinant de ces grands canidés sauvages, l’Etat s’apprête quant à lui à sortir un nouveau « permis de tuer » des individus de cette espèce pourtant « strictement protégée » en Europe par la Convention de Berne de 1979.
L’arrêté ministériel n’en est qu’au stade de projet, puisqu’il doit d’abord – comme le prévoit la loi – être soumis à la consultation du public. Vous avez jusqu’à Noël (le 25 décembre précisément !) pour vous opposer à ce texte, qui n’est autre qu’une prolongation de l’arrêté déjà en vigueur en 2019, et qui autorise l’abattage de 17-19 % de la population totale estimée de loups en France (officiellement estimée à un peu plus de 500).
L’arrêté, s’il est adopté, continuera donc de faciliter les tirs de loups alors que leur efficacité n’est toujours pas démontrée, et ce faisant mettra en péril la viabilité à long terme de la population de loups sur notre territoire.
Pour vous aider à participer, voici quelques arguments déjà publiés le 28 mai dernier pour la précédente consultation publique lancée à l’occasion du précédent arrêté, toujours valides aujourd’hui :
- Depuis que les tirs sont autorisés, les données montrent qu’il n’y a pas de corrélation entre le nombre d’abattages de loups et le volume des dommages aux troupeaux. Autrement dit, les tirs de loups ne font pas baisser la prédation. Le Conseil National de Protection de la Nature (CNPN) précise donc que « vouloir agir sur la croissance globale de la population [de loups] ne constitue pas la solution pour contenir, voire réduire le volume des dommages ».
C’est précisément ce que répète l’ASPAS depuis des années : en mettant le paquet sur les tirs, l’État cherche à contenter politiquement les éleveurs à très court terme, sans efficacité pour la cohabitation avec les loups à long terme.
- Le CNPN pointe l’absence de remise en cause par l’État des « mauvaises pratiques pastorales pourtant connues » et « rappelle son inquiétude sur la capacité de l’Administration à vérifier sur le terrain la mise en place effective des dispositifs de protection : gardiennage, chiens de protection et regroupement nocturne. Le constat sur place de leur efficience devrait conditionner le déclenchement d’opérations d’effarouchement, puis éventuellement de tir ».
En clair : si l’État continue d’indemniser les éleveurs en cas de prédation sans vérifier s’ils protègent ou non leurs brebis malgré toutes les subventions qu’ils perçoivent pour le faire, les mauvaises pratiques perdureront et la prédation continuera, ce qui déclenchera toujours plus d’abattages de loups en retour.
- Le CNPN constate que l’État met en œuvre une véritable « régulation » de la population de loups, ce qui est à la fois aberrant sur le plan de la biologie de la conservation, s’agissant d’une espèce dont les effectifs sont encore faibles en France (500 individus estimés), et contraire aux obligations européennes de la France ; le loup est en effet « strictement protégé » en Europe, ce qui signifie que les abattages ne sont autorisés qu’à titre dérogatoire exceptionnel. Ainsi, le projet prévoit que 17 à 19 % de la population pourra être abattue chaque année, ce qui ne permettra pas de garantir une viabilité à long terme de l’espèce.
Le projet organise par ailleurs de véritables zones de non droit où les tirs de loups seront encore facilités, notamment sur les fronts de colonisation des loups.
Rajoutons aussi un nouvel argument, de poids, révélé par un récent rapport interministériel sur le loup et les activités d’élevage :
- La France est de loin le pays d’Europe le plus touché par les attaques de loups. Pourquoi ? Non pas parce qu’il y a plus de loups qu’ailleurs, mais parce que les troupeaux sont simplement moins bien protégés qu’ailleurs… Les troupeaux français sont aussi globalement beaucoup plus importants, en nombre d’ovins, que dans d’autres pays (des maximums de 3 000 à 5 000 animaux ne sont pas rares en France, alors que très peu de troupeaux dépassent les 1 000 têtes gardées par un seul berger dans d’autres pays européens).
Ce ne sont donc pas les loups français qui sont différents, mais le système d’élevage français qui refuse de s’adapter à leur présence, et l’Etat qui leur fait croire qu’en tirant dessus il y aura moins de dégâts.
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