L’arrêté qui autorisait la « destruction » de renards dans plusieurs communes des Ardennes a été suspendu par la justice, mercredi 9 décembre. Après l’annulation des tirs de nuit, en septembre 2018, c’est une nouvelle victoire pour les renards dans ce département du Grand Est.
Tout est parti… d’une crotte. Un habitant de Sedan, ayant remarqué des déjections sur son potager qu’il a attribuées à un ou plusieurs renards, a sollicité de l’aide auprès de la Préfecture pour « procéder à l’élimination de ces nuisibles ». Ni une ni deux, sur recommandation d’un lieutenant de louveterie, un arrêté préfectoral est adopté 2 semaines plus tard autorisant l’abattage indéterminé de renards jusqu’au 31 décembre sur quatre communes des Ardennes : Sedan, Wadelincourt, Noyers Pont-Maugis et Cheveuges.
Pour « détruire » les renards, les chasseurs et piégeurs impliqués peuvent utiliser, au choix : le fusil, la carabine, des pièges à collet ou des cages-pièges.
Alertée par un adhérent local, l’ASPAS décide d’engager un recours en référé devant le Tribunal Administratif de Châlons-en-Champagne, accompagnée de l’Association Nature Grand Est, pour demander la suspension en urgence de l’arrêté.
C’est chose faite le 9 décembre !
Le juge de référés a retenu l’urgence dès lors que l’arrêté est en cours d’exécution et produit des effets irréversibles (l’abattage d’un nombre indéterminé de renards), mais il s’est également appuyé sur d’autres arguments, notamment l’inutilité de la chasse pour lutter contre l’échinococcose alvéolaire, et le rôle sanitaire des renards pour lutter contre la maladie de Lyme :
« Si le préfet établit par les pièces qu’il produit que la présence d’un couple de renards avec quatre renardeaux entraîne localement des nuisances à un habitant du secteur Sedan Frenois, les éléments produits ne suffisent pas à établir que le secteur des communes visées par l’arrêté contesté comprendrait une augmentation importante et récente de la population de renards par rapport à la dynamique départementale. »
« D’autre part, si l’arrêté attaqué est motivé par la nécessité de lutter contre les nuisances sanitaires, et notamment l’échinococcose alvéolaire, il n’est pas établi que la campagne de tirs et de piégeage autorisée sera de nature à freiner la dynamique de reproduction des renards et à limiter la prolifération de l’infection. En effet, il ressort des pièces du dossier, et notamment des documents produits par les associations requérantes, et dont le contenu n’est aucunement contesté par le préfet des Ardennes, que la réduction des populations de renards n’est pas un moyen d’éviter la prolifération de l’échinococcose alvéolaire et de prévenir la contamination vers l’homme. Au contraire, il ressort de ces mêmes documents que le renard est une espèce essentielle pour lutter contre la propagation d’autres infections, et notamment des maladies vectorielles telles que la maladie de Lyme, en tant que prédateur de rongeurs nuisibles. Enfin, l’arrêté contesté ne fixe aucune limitation quant au nombre de renards qu’il autorise à prélever. »
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