Alors que la saison de déterrage vient de débuter, autorisant comme chaque année le massacre barbare et organisé de milliers de blaireaux directement au terrier, que les battues de « destruction » de corvidés battent leur plein dans plusieurs villes de France, que l’Etat prépare actuellement sa nouvelle liste trisannuelle des « mauvais animaux » contre lesquels les piégeurs vont pouvoir s’acharner en toute légalité, y compris le renard persécuté à longueur d’année, le président de la Fédération nationale des chasseurs Willy Schraen publie une lettre ouverte aux quelque 1.2 millions de soi-disant « premiers écologistes de France », leur annonçant la fausse bonne nouvelle pour la faune et la planète : le permis de chasser national à 200 euros au lieu de 400 euros en passe de devenir réalité.
Un rabais qui vise en particulier les jeunes chasseurs, moins fortunés, afin qu’ils puissent « exercer leur passion à plusieurs endroits en France », selon le lobbyiste en chef Thierry Coste. La passion de l’écologie ? Non, plutôt la passion de tirer des chevreuils ou des sangliers entre copains, dès le 1er juillet, dans les départements qui ont opté pour une ouverture anticipée de la chasse, ou des fuligules et autres oies cendrées sur les plages dans d’autres départements, dès le mois d’août.
Ce communiqué publié à quelques jours du scrutin européen est une invitation à peine masquée à voter pour le parti de celui qui, pour la plus grande satisfaction de Willy Schraen, a tenu jusque-là ses promesses en termes de paquets-cadeaux pour le monde de la chasse, qui sont autant de bombes empoisonnées pour la faune française. Un président qui ne remet pas en cause la barbarie des chasses traditionnelles ou les millions de cocottes d’élevage destinées à tomber sous les balles, un président qui se complait à caresser dans le sens du poil ce réservoir d’électeurs traditionnels qui s’érode pourtant d’année en année, c’est n’avoir pas compris les enjeux cruciaux de la protection de la biodiversité en France, incompatible avec une chasse-loisir qui autorise le massacre de plusieurs dizaines d’espèces dont certaines sont pourtant en déclin, sans parler de la pollution massive au plomb qui contamine chaque année un peu plus les sols partout dans l’Hexagone.
« Make our planet great again » ! Oui, bien sûr, mais pas avant d’avoir compris la nécessité de respecter cette planète et la vie qui peuple ses cieux, mers et forêts. Et favoriser le tourisme cynégétique, car c’est bien de cela qu’il s’agit en diminuant par deux le prix du permis de chasser national, n’apporte rien de bon à la planète et à sa faune, bien au contraire !
Si les Européennes sont une échéance importante pour les enjeux liés à la protection des écosystèmes et la cause animale dans son ensemble à l’échelle du continent*, il ne faut pas perdre de vue l’échéance plus décisive encore pour la nature française, avec le vote final prévu en juin sur la création de l’Office Français de la biodiversité (transformée en loi chasse par le Sénat) ; l’ASPAS appelle les décideurs politiques à ne pas subir la pression des chasseurs et à prendre très sérieusement en compte le rapport alarmant de l’IPBES, qui annonce la disparition potentielle d’un million d’espèces dans les prochaines décennies du fait des activités humaines destructrices – dont la chasse…
*Apolitique et 100 % indépendante, l’ASPAS n’appelle pas à voter pour tel ou tel candidat aux Européennes, mais pour vous aider dans votre choix, nous vous invitons à consulter le site mis en place par le collectif Animal Politique, qui liste tous les candidats engagés pour la cause animale : https://www.voteforanimals2019.eu/fr/accueil/
Pour une réforme en profondeur de la chasse !
Selon un sondage IFOP de janvier 2019 pour Animal Politique, 80% des Français désapprouvent les mesures pro-chasse du gouvernement ! Il est urgent que le président Macron écoute les citoyens et provoque une réforme ambitieuse et profonde de la chasse en France : découvrez les mesures proposées par l’ASPAS et signez notre pétition !
Cet article Le permis de chasse national deux fois moins cher : une calamité ! est apparu en premier sur ASPAS : Association pour la Protection des Animaux Sauvages.