Traquer un loup solitaire pour le tuer : voilà ce que souhaite autoriser le préfet du Gard Didier Lauga, d’après une dépêche AFP reprise par de nombreux médias jeudi 23 mai 2019. Une décision qui serait motivée par une « inquiétude » de la population locale. Il reconnaît que « c’est un animal protégé » par la loi, mais comme « les défenseurs des loups ne se sont pas manifestés » (au moment de sa conférence de presse du 22 mai), il a jugé bon d’engager des « mesures d’urgence » visant « clairement à tuer » l’animal.
L’ASPAS répond au préfet qu’il n’a pas besoin d’attendre une réaction des associations pour savoir que le loup est en effet une espèce protégée et qu’il n’est possible de le tuer qu’en application de l’arrêté du 19 fevrier 2018, c’est-à-dire uniquement si les troupeaux sont correctement protégés et que ces troupeaux ont, malgré cela, subi des dommages importants. L’ASPAS examinera la légalité de l’arrêté préfectoral ordonnant cette « traque » et saisira la justice si les critères légaux ne sont pas strictement respectés.
Ce que l’ASPAS peut également expliquer à M. le Préfet, c’est que le loup est une espèce ayant une grande capacité de dispersion ; la présence d’un loup isolé en périphérie de la ville ne revêt aucun caractère anormal et se reproduira forcément à l’avenir. M. Lauga doit aussi savoir que la présence de loups à proximité des habitations ne signifie aucunement qu’ils représentent un danger pour les humains. Aucun accident de cette nature n’a d’ailleurs été constaté en France depuis le retour de l’espèce il y a 25 ans, ni en Italie où elle n’a jamais disparu et où elle est présente en périphérie des villes. C’est un animal reconnu comme farouche, fuyant l’Homme dont il n’est en aucun cas le prédateur.
Rappelons aussi à M. le Préfet que le loup est une espèce classée « vulnérable », c’est-à-dire confronté à un risque élevé d’extinction à l’état sauvage, qui figure sur la liste rouge des mammifères menacés en France établie par l’UICN (Union International pour la conservation de la Nature) et le MNHN (Muséum National d’Histoire Naturelle).
La solution ne viendra pas des fusils !
M. le Préfet, il faut aussi savoir que le fait de tuer des loups ne permet pas de faire baisser les dégâts. Un constat relevé notamment par l’expertise commandée au Muséum National d’Histoire Naturelle et à l’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage. La solution ne viendra pas des fusils !
Pour permettre une cohabitation plus harmonieuse entre la faune sauvage et le pastoralisme, un changement profond des pratiques d’élevage et du système de subventionnement français est nécessaire – il faut développer davantage les mesures de protection des troupeaux, au dépens des mesures d’indemnisation !
Le loup, symbole et richesse de la faune sauvage
Découvrez notre campagne de sensibilisation pour la connaissance et la protection du loup.
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