Nous découvrons ce jour, dans la presse, que l’ASPAS aurait appelé à perturber une battue aux renards dimanche 24 mai 2020 à La Sauvetat-du-Dropt, dans le Lot-et-Garonne.
Nos détracteurs (les chasseurs) ne cachent bien entendu pas leur joie, sachant que cette battue s’est terminée dans la mort d’au moins un renard, et que le cortège annoncé d’opposants munis de tambours et de casseroles s’est finalement résumé, selon le journal Sud Ouest, à une seule personne. Des contrôles renforcés de police ont, visiblement, empêché d’autres manifestants de se rendre sur place.
Non, l’ASPAS n’a pas appelé à perturber cette battue. Il s’agit d’une initiative d’un ou de plusieurs internautes sensibles à la cause des animaux sauvages, suite à la publication d’une photo de la pancarte sur Facebook.
A l’ASPAS, nous privilégions le combat légaliste et l’éveil des consciences pour sortir de l’obscurantisme cynégétique. C’est en ce sens que notre déléguée locale, Françoise, a rédigé une lettre pleine de bon sens et de courtoisie au maire de la commune, pour lui demander s’il était possible de faire annuler cette battue, compte-tenu des nombreux arguments scientifiques, éthiques et sanitaires qui plaident en faveur d’une protection des renards. A fortiori en période d’élevage des jeunes… C’est visiblement cette lettre qui, par le mystère du buzz sur les réseaux sociaux, a semé la confusion. Nous regrettons que certains journalistes n’aient pas vérifié leurs sources (ce qui est pourtant la base du journalisme) et contribué à relayer de fausses informations à l’égard de l’ASPAS.
Ces erreurs sont du pain béni pour les communicants cynégétiques qui ne ratent pas une occasion de tenter de décrédibiliser notre mouvement (nous serions des « groupuscules animalistes extrémistes » !). Un mouvement qui est pourtant celui incarné par une majorité grandissante de citoyens, conscients de l’inutilité de la chasse aux renards dans notre pays. C’est ainsi que plus de 324 000 personnes ont déjà signé la pétition « Renards, nuisibles vraiment ? », lancée à l’initiative des associations ASPAS, Anymal et One Voice.
Pour terminer, pour celles et ceux qui lisent ce communiqué et qui voudraient comprendre en quoi il est absurde de continuer à s’acharner sur des renards en 2020, voici la lettre adressée au maire de La Sauvetat-du-Dropt. Peut-être recevra-t-elle un écho différent auprès d’autres élus ?
Monsieur le Maire,
Déléguée départementale de l’ASPAS, j’ai l’honneur de vous interroger sur un fait qui vient d’être porté à ma connaissance : la battue organisée sur le territoire de votre commune dimanche (après-demain).
Je me permets de faire valoir auprès de vous divers arguments à l’encontre de l’autorisation que vous avez dû octroyer à la fédération des chasseurs. Indépendamment du fait que le Conseil d’Etat a, à de nombreuses reprises et en tous cas chaque fois qu’il en était saisi (pas sur l’arrêté du préfet de Lot et Garonne dont la teneur n’a pas été connue en temps utiles), annulé les arrêtés autorisant cette chasse que nous jugeons indigne, voici nos arguments :
Il est maintenant reconnu que les renards, loin d’être des animaux susceptibles d’occasionner des dégâts, sont bien au contraire un indispensable contributeur à la préservation non seulement de notre biodiversité, mais de nos cultures.
Le renard voit sa réhabilitation à l’œuvre… Beaucoup de communes ont maintenant interdit sa chasse en reconnaissance de son aide précieuse à nos agriculteurs.
Il ne s’agit plus d’épouser les thèses dépassées des chasseurs qui voient bien leur propre intérêt : continuer à tirer, blesser, tuer !
Les animaux ont une conscience, les scientifiques l’ont bien démontré et ils ont démontré également que c’est seulement la prédation naturelle qui peut maintenir un niveau acceptable d’équilibre écologique, mais qu’elle ne peut véritablement produire ses effets qu’à la condition que l’Homme n’intervienne pas.
Prenons l’exemple de certains pays comme le Luxembourg où la chasse est interdite depuis 2015 et où il n’a nullement été constaté une augmentation de la population des renards, tant il est vrai que les animaux s’autorégulent et adaptent leurs portées à leur territoire et à leur aire de nourrissage.
Les volailles ? On sait maintenant que les poules ne sont pas le mets favori des renards, mais bien sûr si un volatile passe sous son nez il est évident qu’il en profitera, surtout s’il est en période d’éducation de ses renardeaux. Les élevages ? Mais je suppose, j’espère, que ces volatiles sont rentrés le soir dans un enclos bien hermétique. On sait que les poules et les coqs dorment perchés, pas le renard qui n’est pas équipé pour grimper (Cf. « Le corbeau et le renard » !)
Je vis à la campagne dans un village très rural et nous avons sur ma propriété une vingtaine de poules et coqs qui se promènent toute la journée en liberté sur des terrains non clos, mais cependant nous les maintenons le soir dans un poulailler bien fermé. Je peux vous assurer que nous n’avons jamais subi de prédation du renard dont la présence a pourtant été avérée par le biais de pièges photographiques.
Je ne connais pas les arguments des chasseurs (je n’ose imaginer qu’ils mettent en avant les maladies telles que la gale ou l’échinococcose dont les études scientifiques ont bien démontré qu’elles ne justifiaient en rien de tels agissement), mais je ne doute pas que vous aurez à cœur d’interdire la battue de dimanche, d’autant que nous sommes en pleine période de printemps et donc de reproduction !! On ne tue pas des bébés…
Je compte sur vous pour interdire la battue envisagée dimanche.
Je vous remercie de prendre la présente en considération et vous remercie bien vivement de me tenir informée de la suite que vous serez en mesure d’apporter à ces agissements.
Je vous prie d’agréer, Monsieur le Maire, l’expression de mes sentiments distingués.
Françoise Roulliès
Déléguée départementale ASPAS
Prenez la défense de Goupil !
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- Téléchargez et diffusez les actes du « colloque Renard » organisé par l’ASPAS en mai 2017
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