Présente au Salon de l’agriculture cette année, l’Office National des Forêts (ONF) a généré un vif débat mardi 25 février sur les réseaux sociaux, suite à une publication Facebook qui met en avant le rôle « indispensable » de la chasse pour « l’équilibre et la bonne santé des écosystèmes forestiers » (lire ici).
Les actions de chasse représentent une part non négligeable des revenus de cet organisme public dont la Macronie voudrait accélérer la privatisation (comme l’a révélé une enquête de Reporterre, publiée le 23 janvier dernier). Il est donc aisé de comprendre pourquoi les chasseurs sont chéris par l’ONF, dont les difficultés financières ne sont un secret pour personne, et à l’égard duquel de plus en plus de forestiers dénoncent une gestion productiviste à court terme qui transforme les forêts publiques en « usines à bois ».
Le raisonnement de l’ONF pour justifier la chasse, part d’un principe immuable qui sonne comme la trompette du jugement premier : il y a une absence de grands prédateurs. Sans prédateurs, les cervidés sont moins mobiles et leur concentration sur un territoire peut générer piétinement et empêcher la régénération des jeunes arbres, ce qui, pour l’ONF, entraîne un manque à gagner.
Le bon sens voudrait, face à cette absence de grands prédateurs (qui n’en est pas vraiment une, puisque les loups sont de plus en plus nombreux en France), que l’on transforme cette absence… en une présence ! Comment ? Par des réintroductions artificielles, pourquoi pas, en s’inspirant de l’exemple du Yellowstone aux Etats-Unis. L’idéal cependant serait de favoriser le retour naturel des grands prédateurs (si tant est que les chasseurs, les éleveurs et l’Etat leur laissent cette chance…), en permettant des continuités écologiques entre les territoires.
Mais surtout, en effectuant une réforme majeure et en profondeur du monde de la chasse en France, dont la gestion de la faune sauvage est tout entière tournée, non pas vers la nature, mais vers les seuls intérêts des chasseurs qui, en se targuant d’être les « premiers écolos de France », sont en réalité davantage des ennemis de la biodiversité : millions d’animaux jugés « nuisibles » tués chaque année (y compris 600 000 renards…) ; abattages d’espèces en voie de disparition ; élevage et relâcher annuel de faisans, de perdrix, de lapins ; milliards de billes de plomb déversés dans la nature ; surdensités de populations d’animaux dans les parcs et enclos de chasse…
Quant aux sangliers, croisés par les chasseurs avec des cochons domestiques dans les années 70 et relâchés en masse dans la nature pour s’assurer un gibier plus prolifique, c’est toute la France qui en pâtit aujourd’hui avec les dégâts que l’on sait.
Loups, cerfs, humains : du conflit à la cohabitation
Publié le 26 février sur le site du CNRS, un article de Romain Hecquet rend compte d’une nouvelle étude scientifique qui invite à dépasser les clivages et à considérer le rôle globalement positif que peut apporter la présence des loups. L’objet de l’étude « n’est pas de crier haro sur les cerfs, mais d’avoir une vision plus équilibrée des impacts – positifs et négatifs – de la présence des loups. Car le grand public et les décideurs politiques envisagent rarement la façon dont ces animaux pourraient aider les humains et les écosystèmes naturels en atténuant les conséquences agricoles, sociales ou écologiques de la forte densité des populations de cerfs. »
Sommes-nous prêts à accepter le retour du sauvage et assumer cette cohabitation ?
> Retrouvez l’article en intégralité sur le site du CNRS
Cet article Nos forêts préfèrent les prédateurs aux chasseurs ! est apparu en premier sur ASPAS : Association pour la Protection des Animaux Sauvages.