Dans le milieu de l’agriculture et du pastoralisme, on découvre rapidement une forme d’Omerta. Très (trop) souvent les médias préfèrent donner la parole aux anti-loups, or tous les éleveurs et les bergers ne pensent pas pareil et c’est pour cette raison qu’il est intéressant de connaître le ressenti de ceux qui sont au cœur de la montagne, au cœur du problème « loup ».
Pendant la saison estivale, une adhérente ASPAS a pu s’entretenir avec Etienne, un jeune berger qui avait en charge un cheptel de 2500 brebis dans les Alpes. Nous publions ci-dessous le témoignage qu’elle a recueilli, plein d’humilité et de bon sens :
« C’est un problème plus haut que les bergers et il n’est pas bon dire que vous n’êtes pas contre la présence du loup. Moi je suis partisan des petites exploitations et du pastoralisme ancestral donc le loup en fait partie. Le problème du loup est un cache-misère et c’est toute l’agriculture et son développement qui est le véritable problème. Je comprends les anciens qui n’avaient pas cette contrainte avant la réapparition du loup mais c’est cette situation qui n’était pas normale. (…)
« Nous avons développé des élevages qui ne sont plus adaptés à la montagne et notre environnement en souffre. J’ai eu des attaques du loup mais lorsque vous faites votre travail les pertes ne sont pas très lourdes. Je dirai aussi que ce sont nos attitudes qui conduisent à des déviances du comportement du loup. Il faut que l’on comprenne que la montagne c’est le territoire du loup. Et c’est nous qui sommes chez lui. Il faut aussi qu’on laisse à cette espèce des proies sauvages à traquer et chasser mais là on entre sur le territoire des chasseurs… Je ne suis ni pour ni contre le loup. Il fait partie de mon environnement et je vis avec. »
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