Comment penser qu’on éloigne les requins en leur offrant des appâts, et en poussant la population à manifester contre les océans et ceux qui les protègent ? Ce nouveau drame prouve l’irresponsabilité de cette gestion. En attendant le prochain…
Nous nous associons, avec émotion et tristesse, à la douleur de la famille et des proches d’Elio.
Sa jeune vie a été fauchée dans des conditions dramatiques, et la vie de ceux qui l’aimaient ne sera plus qu’une longue souffrance qu’aucune parole ne pourra apaiser. Nous sommes unis à eux par la pensée dans cette terrible épreuve.
Mais nous déplorons qu’une nouvelle fois, la préfecture lance une pêche de représaille aveugle après ce terrible accident, au prétexte de « sécuriser le périmètre » d’une zone qu’elle interdit pourtant de fréquentation. Nous déplorons que la préfecture préfère tuer des requins après un accident plutôt que de faire appliquer ses propres arrêtés dont le respect aurait épargné deux jeunes vies.
Comme à Étang-Salé, cet accident s’est produit en plein centre d’une zone où une pêche intensive aux requins a été pratiquée. Cette zone était la vitrine des programmes Cap requins et Valo requins. Une soixantaine de requins tigres et bouledogues ont été officiellement pêchés autour du lieu de l’accident. Combien d’autres l’ont été sans aucun contrôle ? En aucun endroit au monde autant de requins de ces espèces ont été «prélevés» sur une aussi petite zone. Cela n’a rien empêché.
Quelques jours avant, des drum lines ont été installés à quelque distance de part et d’autre du lieu de l’accident. Nous déplorons que la présence de ces engins, dont le prétendu rôle d’effarouchement et de protection a longtemps été évoqué, même dans les plus hautes sphères, puisse inciter des enfants et jeunes à transgresser l’interdit.
Il est temps que tous prennent conscience du danger que représente un appâtage et une pêche au requin à proximité des zones balnéaires.
Chaque appât, chaque prise accessoire, et elles sont nombreuses, chaque requin pris qui se débat attire d’autres requins vers les zones balnéaires.
Nous répétons une nouvelle fois, trop tard peut-être, qu’il est criminel d’installer des drum lines appâtées près des plages et qu’une prétendue pêche de régulation autour d’une île minuscule, ouverte sur le grand large, est un placebo démagogique et dangereux.
L’océan Indien est et restera un milieu dangereux qui ne s’apprivoise pas. Les marins, des pêcheurs, les Réunionnais le savent depuis toujours. Il faut d’abord enseigner par la prévention, le risque à nos enfants avant de prétendre, avec humilité, vouloir en repousser la limite.
Le collectif des associations :
ASPAS, fondation Brigitte Bardot, Longitude 181, Requin Integration, Sea Shepherd, Tendua, Vague.