Attendu avec trépidation chaque année par de nombreux passionnés, le brame des cerfs est l’un des plus beaux spectacles offerts par la nature. Malheureusement, cette période ô combien sensible pour ces magnifiques Rois des forêts attire aussi des chasseurs de trophées… Or aucune loi nationale n’interdit la chasse en période de brame, et l’Office National des Forêts (ONF) encourage même cette pratique scandaleuse dans certaines forêts domaniales, car elle leur rapporte de l’argent !
L’ASPAS, qui a déjà alerté sur le « drame de l’ONF » en 2012 puis en 2016, soutien la nouvelle pétition lancée par le Comité Ecologique Ariégois, adressée aux ministres Barbara Pompili et Julien Denormandie, ainsi qu’au directeur général de l’ONF.
Texte de la pétition :
Lorsque la période du brame commence chez les cervidés (de mi septembre jusqu’à mi-octobre ou plus), le mâle (le cerf) en rut a toutes ses énergies concentrées sur l’accouplement et le combat contre d’autres mâles et il fait alors entendre un cri rauque et sonore qui s’entend à des km à la ronde le rendant facile à localiser.
Le « chasseur », en quête de trophée (la tête du cerf découpée sur la bête abattue est emportée pour être empaillée afin d’orner un mur de salon…) a légalement le droit de tirer sur les plus beaux spécimens de cerfs bramant en s’acquittant d’une taxe de prélèvement alimentant soit les caisses de l’ONF, organisateur de cette pratique éhontée dans les forêts domaniales, soit les caisses des Associations de chasse, qui sous-traitent cette chasse au trophée à de riches étrangers, sur des terrains privés.
Sans oublier certaines organisations privées qui exploitent la filière touristique pour une clientèle en recherche de sensations.Malgré l’engagement de plusieurs associations de protection de la nature qui contestent cette pratique, il est très difficile de faire bouger les choses localement ou nationalement.
Pourtant, d’un point de vue éthique, il est inacceptable que le chasseur puisse s’approcher du cerf très vulnérable pendant cette période du brame, affaibli du fait qu’il mange peu et épuisé par les combats avec ses adversaires, les accouplements et la surveillance de la harde.
Surtout, cette pratique va à l’encontre d’une gestion raisonnable des cervidés. En effet celle-ci devrait porter autant que possible sur des animaux déficients. Or elle « prélève » les plus beaux spécimens et désorganise totalement les groupes sociaux. Elle sévit dans la période de reproduction, particulièrement délicate chez les cervidés : une femelle n’est en chaleur que quelques heures et la perturbation de leur rassemblement compromet gravement les chances de perpétuation de l’espèce. Cette chasse aux trophées agit exactement à l’inverse de la sélection naturelle car elle élimine les spécimens en meilleure santé, les meilleurs reproducteurs, appauvrissant ainsi le potentiel génétique de l’espèce et mettant à mal la santé de leur population.
Enfin, la chasse durant le brame fait prendre des risques injustifiés aux autres usagers de la nature désireux d’écouter les cerfs ; elle a pour conséquence de les priver de ce plaisir et elle nuit à leur intérêt pour l’observation naturaliste.Ainsi, grâce à votre signature, nous souhaitons :
– Dénoncer le rôle ambigu de l’ONF (décidant du quota de cerfs à tirer) à la fois « gardien » de la forêt domaniale, tout en étant initiateur de ces « tour-opérateurs » de la chasse aux trophées ; ne serait-il pas envisageable de prévoir une nouvelle réglementation sur le ramassage des mues des cerfs dont les bénéfices reviendraient à l’Office, autre moyen de remplir leurs caisses, et cette fois de manière honorable ?– Convaincre les ministres concernés et l’ONF, afin de modifier les dates d’ouverture et de fermeture de la chasse pour le cerf, décidées sous la pression constante du lobby forestier privé et de l’ONF lui-même, et ainsi de reporter la date d’ouverture de la chasse au cerf sur le domanial et sur les terrains privés gérés par les associations et fédérations de chasse, au-delà de la période du brame.
– Permettre ainsi aux agents de l’office français de la biodiversité OFB, « police de l’environnement », de verbaliser ces chasses aux trophées. Avec la réglementation actuelle, ils ne peuvent qu’intervenir et interpeller un braconnier qui utilise une source lumineuse la nuit pour éblouir les cerfs bramant.
MERCI par avance de votre soutien pour relayer notre indignation relative à ce double scandale, mettant en lumière une pratique de chasse à l’encontre d’une gestion durable ainsi que le -mauvais- rôle de l’ONF dans cette mission qui ne devrait pas être la sienne.
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