Enfin, l’utilité du renard commence à être admise par l’administration : faute de preuves de ses supposés dégâts, l’animal n’est plus classé « nuisible » en Savoie. Une belle avancée saluée par l’ASPAS, qui se bat depuis 30 ans pour faire admettre la réalité. Seule ombre au tableau : l’obstination des chasseurs… et des chasseuses.
C’était déjà le cas en Corse et à Paris, ça l’est maintenant en Savoie : le renard devrait être retiré de la liste des animaux dits « nuisibles ». Ce concept de « nuisibilité » n’a aucune base scientifique, c’est un statut juridique contestable attribué au renard pour prévenir les atteintes à l’un de ces intérêts :
– La santé et la sécurité publiques : or, le renard véhicule moins de maladies que les chats et les chiens domestiques. Il évite la propagation d’épidémies en éliminant des charognes, ainsi que des parasitoses en chassant les rongeurs.
– Les activités agricoles : le renard en est l’un des auxiliaires les plus précieux, car il se nourrit de petits rongeurs qui peuvent abonder dans les cultures.
– La flore et la faune : l’impact des prédateurs, renard en tête, est positif. Il régule les populations d’herbivores, donc protège la végétation et participe à l’équilibre naturel.
– La propriété : les dommages que le renard peut causer dans les basses-cours peuvent être aisément évités en adoptant des mesures élémentaires de protection des poulaillers.
De plus en plus d’agriculteurs admettent l’impact positif des renards, comme l’indiquent les témoignages qui remontent désormais à l’ASPAS. En revanche, du côté chasseurs, le retrait du renard les prive d’une prolongation de leurs loisirs : ils peuvent détruire les animaux « nuisibles » aussi en dehors des périodes de chasse. D’où leurs prétextes alarmistes pour diaboliser la bête afin de le maintenir dans cette funeste catégorie. En Savoie, leurs arguments ont fait chou blanc : en l’absence de connaissances sur les populations locales de renards et en l’absence d’études fiables sur les atteintes alléguées pour justifier ce classement (prédation sur le gibier de montagne et risque sanitaire), cette espèce ne devrait plus être « nuisible » en Savoie, du 1er juillet 2015 au 30 juin 2018. Une association savoyarde de chasse au féminin, L’Chasse, s’est émue de ce nouveau statut du renard. Comme quoi, finalement, ce n’est pas la testostérone qui empêche d’évoluer, mais bien le fusil.