Trois arbres du Grand-Est, d'Auvergne-Rhône-Alpes et du Centre-Val-de-Loire ont été récompensés par un jury dans lequel la LPO était représentée.
Organisé par le magazine Terre Sauvage et l’Office national des forêts (ONF), ce concours récompense des arbres de France présentés par des groupes et sélectionnés pour leurs caractéristiques naturalistes, esthétiques, historiques mais aussi pour le lien qui unit le groupe à l’arbre.
Découvrez l’histoire de chacun des lauréats !
Le prix du public
Son regard clair est aussi pénétrant que sa passion est communicative : Amandine Polet, qui a proposé cette candidature pourrait parler pendant des heures de cet arbre nommé par les riverains « La Pouplie » Il faut dire que l’arbre en impose. C’est même une géante : ici on en parle au féminin, et Amandine parle de ses « mensurations ». Elles sont pour le moins colossales : une circonférence qui dépasse les 11 mètres et une hauteur qui avoisinent les 40 mètres ! C’est l’un des peupliers noirs les plus remarquables d’Europe et c’est sans doute l’un des plus gros et grands arbres qu’il soit possible de voir en France métropolitaine. La jeune femme est indéniablement liée à l’arbre, elle est née ici et le voit tous les jours depuis sa fenêtre. Elle est intarissable sur son histoire et ses légendes. Elle veut avant tout attirer l’attention sur la valeur inestimable de ce patrimoine, qui se dresse tel un phare végétal dans la Champagne rase, où les arbres n’ont pas vraiment la faveur des hommes.
Le prix du jury
C’est un grand hêtre majestueux, au tronc court et épais, dont émergent des racines puissantes qui agrippent le sol et quelques rochers. Il est solidement ancré dans une pâture du petit village de Chavagnac connue sous le nom de « Lou Deime », la dîme. C’est à l’ombre de ce grand arbre que les paysans venaient jadis s’acquitter de leurs redevances (la dîme était un impôt sur les récoltes) auprès du seigneur du château, situé tout près. Le château date du XVe siècle et a été construit sur les ruines d’un édifice détruit pendant la guerre de Cent Ans. On pourrait croire que cet arbre porte les traces de ces réunions fiscales : c’est comme si les énormes racines ménageaient des places où l’on peut s’asseoir confortablement, à plusieurs. Josette Alliot, qui a gardé ici autrefois les troupeaux, les deux Michel et le chien Paco, membres de l’association Chavagnac Avenir, qui a proposé cette candidature, s’y installent tout naturellement le temps d’une image. Josette nous confie son souhait de faire perdurer ce rôle de rassembleur, elle voudrait que cet arbre continue à rassembler et fédérer les habitants.
Le prix coup de coeur
Un arbre magnifique dans un jardin magnifique : il est des situations moins avantageuses. Le ginkgo du jardin botanique de Tours a été planté en 1843. Particularité unique en France : c’est un sujet mâle sur lequel une branche femelle a été greffée en 1910. Il affiche aujourd’hui une confortable circonférence de plus de sept mètres et présente une étonnante forme tentaculaire, qui laisse deviner quelques accidents de jeunesse – dont il s’est bien remis au fil des années et de l’attention des jardiniers. Betsabée Haas, adjointe au maire de Tours et écologiste de conviction, a proposé cette candidature. Ce qu’elle aime tout particulièrement chez cet arbre, c’est qu’il est un symbole de résilience. Le ginkgo est le dernier représentant d’une famille botanique apparue il y a 300 millions d’années. Il est connu pour sa longévité et sa résistance aux virus et agents mutagènes. Après l’explosion de la bombe d’Hiroshima, au Japon, en 1945, un ginkgo renaquit de ses cendres, là où toute forme de vie avait été anéantie – cette résilience parle d’autant plus à Betsabée que son mari est japonais. Chanteuse soprano, cette femme aurait un timbre lumineux de beauté. Alors que notre ginkgo commence doucement à revêtir sa parure dorée d’automne, on se dit que ces deux-là se sont bien trouvés.