Bouygues Telecom se mobilise pour le recyclage des téléphones portables

72% des Français gardent chez eux des téléphones mobiles trop vieux, cassés ou usagés.<br />© Isra Lopez / FreeImages

Accompagné par le WWF France, Bouygues Telecom se mobilise avec ses partenaires, SUEZ, Samsung et Recommerce pour sensibiliser les citoyens au recyclage et au réemploi des téléphones portables usagés, et organise du 9 au 21 octobre 2017 une grande collecte nationale dans ses boutiques. 

Un rapport parlementaire de 2016 estimait à 100 millions le nombre de téléphones portables conservés dans nos tiroirs et non utilisés et à seulement 15% le taux de téléphones portables collectés. L’étude commandée par Bouygues Telecom à Kantar TNS[1] confirme en effet que 72% des Français gardent chez eux des téléphones mobiles trop vieux, cassés ou usagés.
 
Pourtant, selon la même étude, 80% des Français pensent que les recycler permettrait de limiter leur impact négatif sur l’environnement et 73% que certains matériaux qui les composent peuvent encore avoir de la valeur.
Conscient du défi que constitue le recyclage des téléphones portables pour l’environnement, Bouygues Telecom a souhaité prendre l’initiative d’une grande opération de sensibilisation et de collecte auprès du grand public, qu’il soit client ou non de l’opérateur. Entouré de partenaires référents dans leur domaine, Bouygues Telecom, associé au WWF France avec qui il partage une volonté de faire évoluer les enjeux de responsabilité du numérique, souhaite agir, inspiré par le modèle de l’économie circulaire, en favorisant le réemploi et le recyclage des téléphones portables.
 
Les différents acteurs de l’opération couvrent, en effet, l’ensemble du cycle de vie du produit, de la fabrication avec Samsung, premier fabricant mondial de téléphones portables, à la mise sur le marché par Bouygues Telecom  usqu’au réemploi avec Recommerce, pionnier du reconditionnement de téléphones et au recyclage avec SUEZ, expert du recyclage des déchets électriques et électroniques.
 
Dès le 9 octobre et jusqu’au 21 octobre 2017, sensibilisés et mobilisés par une importante campagne de  communication dans la presse et sur les réseaux sociaux, les Français sont incités à rapporter leurs vieux mobiles inutilisés dans les boutiques Bouygues Telecom, réparties sur tout le territoire.
 
Tous les mobiles collectés pour le recyclage (qui n’ont donc plus de valeur d’usage) seront récupérés par SUEZ, qui s’engage à assurer toute la chaîne de recyclage en France. Plus de 80% d’un téléphone portable est recyclable. Les matériaux qu’il contient sont retraités et la matière valorisée peut être réutilisée dans la fabrication d’autres produits (des appareils électro-ménagers ou des voitures par exemple). Les autres matériaux, non valorisables, sont transformés en énergie. Afin d’encourager la participation du plus grand nombre, pour chaque téléphone déposé dans l’urne de collecte, un bon d’achat de 10€[2]  récompensera cet éco-geste.

Si le mobile rapporté a encore une valeur d’usage, il sera repris[3] par Recommerce, pionnier de la seconde vie des téléphones. Réparé et reconditionné, le mobile sera revendu sur le marché de l’occasion tout en bénéficiant de garanties, de certifications et du label RCube[4].
 
Les données personnelles conservées dans les téléphones usagés, qui représentent un sujet d’inquiétude pour les Français, peuvent être effacées par les détenteurs des téléphones eux-mêmes. Dans tous les cas, elles seront soit entièrement détruites par le broyage des appareils dans le cadre du recyclage par SUEZ, soit effacées par Recommerce selon un processus labellisé[5].
 
Les partenaires s’engagent à rendre public un bilan de l’opération incluant la traçabilité des mobiles collectés.
 
Cette opération a également pour objectif de susciter une réflexion commune des acteurs de l’écosystème sur la structuration de la filière française du recyclage des téléphones. En effet, l’amélioration de cette filière passe nécessairement par un accroissement important du volume de téléphones collectés et par une action de sensibilisation des citoyens aux enjeux environnementaux.

Un site dédié à l’opération précise le dispositif complet (notamment l’adresse des boutiques participant à l’opération) et retrace le parcours du téléphone mobile dans la filière du recyclage.

 


[1] Étude commandée par Bouygues Telecom auprès de Kantar TNS réalisée du 4 au 9 août 2017 auprès de 1505 personnes dont la totalité des résultats est disponible sur le site www.recyclezvotremobile.fr
[2] 15 000 bons d’achat disponibles pour l’opération, à valoir le jour même dans la boutique ayant collecté le mobile (2 bons /jour maximum non cumulables entre eux).
[3] Reprise aux conditions de l’argus établi par Recommerce et disponible en boutique.
[4] Tous les téléphones reconditionnés par Recommerce bénéficient d’une garantie de 12 mois et sont labellisés « Mobile Certifié Reconditionné »,
au niveau Or par RCube.org, la fédération du réemploi qui contrôle la qualité des process de reconditionnement des téléphones portables.
[5] Le label « Mobile Certifié Recyclé » géré par RCube.org, la fédération du réemploi évalue la qualité des process de collecte et garantit l’effacement des données par un audit sur 225 points.

7ème édition du baromètre PAP 50 : le WWF France incite les entreprises à améliorer leurs politiques papier

papier<br />© WWF-US / Zachary Bako

Chaque année depuis 2010, le PAP50 évalue les politiques papier des entreprises afin de les responsabiliser et de les engager vers des pratiques durables. Le groupe Paprec et Arjowiggins Graphic en sont les principaux partenaires.

Le baromètre PAP50 se concentre sur la consommation de papier pour les fonctionnements internes et externes de l’entreprise, la qualité environnementale des papiers utilisés, les actions mises en place pour optimiser la collecte des papiers usagés et l’écoconception.

Le WWF France et Riposte Verte ont évalué les politiques papier de plus de 100 entreprises issues de secteurs divers afin d’obtenir un classement des entreprises françaises les plus consommatrices de papier. En 2017, ont été interrogés des agences de communication, des laboratoires pharmaceutiques, des mutuelles, des entreprises de transport, de vente par correspondance, des industriels et des voyagistes. En 2016 figuraient sur la liste des entreprises sondées les secteurs de l’agro-alimentaire, beauté/luxe, conseil, distributeurs de fournitures de bureau, énergie/chimie, grande distribution, jeux et poste/télécom.
 

De nombreuses entreprises doivent revoir leur copie

Le baromètre PAP50 indique que certains secteurs n’ont pas encore développé de politique papier ou manquent de transparence sur celles-ci, tels que les laboratoires pharmaceutiques et le secteur agro-alimentaire. Le WWF France déplore par ailleurs des politiques papier trop peu ambitieuses : l’analyse des cahiers des charges destinés aux prestataires comportent encore peu de demandes d’écoconception ou de papiers responsables.
 

Des bons élèves engagés dans une meilleure politique papier

Des entreprises issues de secteurs très divers, telles qu’Essilor, BETC, Sidiese, ICOM, Apicil ou encore la MAIF arrivent en tête de classement. Les agences de communication sortent du lot avec de très bons résultats. L’agence BETC a été classée en tête des entreprises interrogées grâce à la mise en place d’une politique papier : « Si je ne devais retenir que deux actions emblématiques, ce serait le déploiement du système de badge individuel couplé à l’indication du coût de l’impression et le partenariat avec une structure qui récupère nos cartons plumes pour les offrir à des artistes ».
Romain Peton, Agence BETC
 

Une politique papier écoresponsable performante est possible pour toute organisation volontaire

Les bons élèves montrent qu’il est possible de mettre en place une politique papier efficace. Pour cela, la politique papier doit associer un approvisionnement en papier recyclé ou certifié FSC garantissant une meilleure durabilité des ressources ainsi que l’organisation d’un tri du papier. Essilor a mené une progression exemplaire et rapide, et ce sans difficulté : « La mise en oeuvre d’une politique papier respectueuse de l’environnement ne nous a pas demandé de changements importants dans le travail au quotidien et a donné très rapidement des résultats concrets et visibles auxquels chacun a le sentiment de contribuer ».
Pierre Thourel, Directeur HSE chez Essilor
 

Une politique papier durable est nécessaire pour limiter l’impact de l’exploitation des ressources forestières

Il est aujourd’hui urgent que ces politiques se généralisent et montent en puissance afin de minimiser l’impact sur l’environnement. « En tant que matériau renouvelable, le papier est un support qui présente de nombreux avantages. Toutefois, ses utilisations, son exploitation, sa production et son recyclage génèrent une empreinte réelle. Cette empreinte peut s’amplifier si la ressource bois n’est pas gérée durablement, ce qui pèserait négativement sur la qualité des forêts, de la biodiversité, des eaux et de l’air ».
Jean Bakouma, Responsable du programme Forêt au WWF France

Dans ce contexte, les grandes entreprises ont un poids et un rôle à jouer sur les écosystèmes, et les changements nécessaires ne pourront être menés qu’avec leur engagement.

Une étude sur la filière lait démontre que les exploitations durables sur le plan environnemental sont aussi plus performantes sur le plan économique et social

En 2016, plus de 50% des agriculteurs ont eu un revenu inférieur à 350€ par mois.<br />© Germund Sellgren / WWF-Sweden

A l’occasion des Etats généraux de l’alimentation, le WWF France et Réseau CIVAM (Centres d’Initiatives pour Valoriser l’Agriculture et le Milieu rural) publient  les conclusions d’une étude réalisée par Réseau CIVAM, sur les exploitations laitières, particulièrement touchées par la crise agricole en 2015.

L’étude du Réseau CIVAM, qui porte sur l’exercice comptable 2015, démontre que les exploitations en Agriculture Durable (AD) de l’ouest en bovin lait, caractérisées par un recours important au pâturage, sont globalement plus performantes sur le plan économique et social que les exploitations laitières conventionnelles.

Alors qu’elles produisent moins de lait, les fermes AD créent plus de richesse que les exploitations conventionnelles (+24% de valeur ajoutée par actif) et en consacrent une plus grande partie à la rémunération du travail (48% de la valeur ajoutée, contre 33% pour les exploitations conventionnelles). De plus, ces fermes AD contribuent à la création d’emplois dans les territoires (+10% d’actifs agricoles en plus par km2). En outre, ces fermes permettent de préserver les ressources naturelles, en divisant par 3 le recours aux pesticides et en stockant du carbone dans les prairies.

Après avoir formulé des demandes précises, dans le cadre de la « Plateforme citoyenne pour une transition agricole et alimentaire » mise en place pour les Etats généraux de l’alimentation, cette étude est l’occasion pour le WWF France et Réseau CIVAM de rappeler que la création de valeur économique, sociale et écologique vont de pairs.

Dépendance aux intrants chimiques, pollution, érosion de la biodiversité, appauvrissement et endettement des agriculteurs, sont autant de conséquences qui démontrent que l’agriculture industrielle n’est pas soutenable, tant sur le plan environnemental qu’économique. En 2016, plus de 50% des agriculteurs ont eu un revenu inférieur à 350€ par mois et, entre 2000 et 2013, le nombre d’exploitations agricoles a diminué de 32% (près de la moitié dans le cas des exploitations laitières), engendrant un impact négatif considérable sur la vie des territoires ruraux. Face à cette situation, un changement de modèle s’impose, à travers le développement de systèmes agricoles plus durables et plus rémunérateurs pour les agriculteurs.

« Cette étude est la preuve factuelle que, pour le secteur laitier, les exploitations durables permettent de couvrir nos besoins alimentaires et de protéger l’environnement, tout en générant plus de revenus et en favorisant la création d’emplois. Plus largement, cette étude démontre qu’il est possible de s’affranchir d’un modèle agricole à bout de souffle sur le plan social, environnemental et économique. Créer de la valeur environnementale c’est aussi créer de la valeur économique pour les agriculteurs, les territoires et une meilleure alimentation pour les consommateurs. La transition agricole doit s’engager maintenant.»
Pascal Canfin, directeur général du WWF France

« L’étude du Réseau CIVAM portant sur les résultats 2015 des producteurs de lait du Grand Ouest confirme la capacité de nos systèmes de production économes et autonomes à mieux rémunérer le travail tout en mobilisant moins de moyens de production. Depuis la suppression des quotas laitiers, la course à l’agrandissement des fermes laitières s’est accélérée sans réelle cohérence économique (les économies d’échelle ne sont pas infinies), au détriment du nombre d’actifs et générant de nombreux drames humains. Nos résultats démontrent une nouvelle fois qu’un autre modèle de développement, créateur de main d’œuvre et respectueux de l’environnement est possible. Nos groupes locaux permettent de susciter et de conforter par l’accompagnement collectif des changements de systèmes allant dans ce sens. C’est pourquoi il est nécessaire que ces démarches soient au cœur des différentes politiques publiques. »
Joël Restif, producteur laitier, référent évaluation du Réseau CIVAM

 

Annexes

Plus en détail, l’étude se concentre sur un panel d’indicateurs, parmi lesquels notamment :

  • Les résultats économiques : moins de production mais plus de résultats

Même si elles produisent moins de lait que les exploitations traditionnelles, les fermes durables parviennent à créer plus de richesse que les exploitations traditionnelles (+24% de valeur ajoutée par actif). Cela est possible grâce au recours à l’herbe pâturée, qui permet de réduire considérablement les coûts phytosanitaires et les coûts des aliments pour le bétail. Alors que le coût des pesticides et engrais minéraux représente 17% des charges opérationnelles dans les exploitations conventionnelles, il n’en représente que 3% dans les exploitations économes.
 

  • Les résultats sociaux : plus de richesse affectée à la rémunération du travail et à la création d’emplois

Les exploitations durables ont un résultat social  bien plus élevé (51%) que celui des fermes conventionnelles. Cela veut dire que la richesse crée par les fermes durables est consacrée en priorité à la rémunération du travail plutôt qu’aux investissements, comme le voudrait la logique productiviste, donnant ainsi une plus grande importance à l’humain.
 
Les exploitations durables sont aussi plus à même de développer et maintenir l’emploi dans les territoires : si l’on considère le nombre d’actif par km2 (100 ha), les fermes durables permettent de faire vivre 10% d’actifs agricoles en plus au kilomètre carré que les fermes conventionnelles.
 

  • Les résultats environnementaux : moins de pollution et plus de biodiversité

​Grace aux systèmes herbagers et à l’agroécologie, les exploitations AD parviennent à réduire considérablement leur impact environnemental. Le coût phytosanitaire par hectare est ainsi divisé par trois par rapport aux exploitations conventionnelles. Le recours accru pâturage permet aussi de stocker du carbone dans les sols, ce qui compense entre 30 et 40% des émissions de gaz à effet de serre (GES) des élevages.
 

  • Dépendance des aides de la PAC

L’indicateur de sensibilité mesure le degré de dépendance du revenu des agriculteurs par rapport aux aides. Or, il est de 93% pour les fermes durables contre 233% pour les exploitations conventionnelles. En d’autres termes, pour dégager un revenu de 100€, les exploitations conventionnelles perçoivent 233€ d’aides contre 93€ pour les exploitations durables.

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Projet de loi de finances 2018 : réaction du Réseau Action Climat France

Finance verte<br />© Shutterstock / isak55 / WWF

Le Réseau Action Climat salue l’augmentation de la fiscalité écologique prévue dans le projet de loi de finances présenté aujourd’hui par le gouvernement. Mais il regrette que certains secteurs continuent d’être les passagers clandestins de cette fiscalité en France et que les solutions alternatives aux pratiques les plus polluantes comme les transports en commun ou la rénovation massive des passoires énergétiques ne soient pas davantage soutenues.

 

Une fiscalité plus adaptée à la lutte contre le changement climatique et à la pollution de l’air…

Le Réseau Action Climat se félicite de la hausse de la fiscalité écologique (alignement de la fiscalité diesel sur celle de l’essence et augmentation de la composante carbone) qui va dans le sens d’une meilleure prise en compte de l’impératif climatique et de la lutte contre la pollution de l’air.

 

Mais qui omet certains secteurs polluants

Cependant, le projet de loi de finances reste muet sur la nécessaire suppression des niches fiscales qui, aujourd’hui, financent la pollution (exemption de taxation accordée au kérosène aérien, remboursement d’une partie de la TICPE aux transporteurs routiers, etc…). Ces niches (équivalentes à 7 milliards d’euros chaque année de manque à gagner dans le budget de l’Etat), créent un avantage concurrentiel pour des secteurs qui, aujourd’hui, participent à la hausse des émissions de gaz à effet de serre. Par ailleurs, la composante carbone devrait être élargie avec la taxation de la consommation d’électricité d’origine non renouvelable, notamment nucléaire, pour devenir une véritable contribution climat énergie. Enfin, concernant le secteur des déchets, les taux de TGAP ne sont pas modifiés, malgré l’engagement de campagne du Président de la République en ce sens, mettant ainsi à mal la progression du recyclage.
 

Une protection des ménages les plus modestes à renforcer

La hausse de la fiscalité écologique s’accompagne de mesures destinées à ne pas trop pénaliser les ménages les plus modestes. L’attribution d’une prime à la conversion pour les voitures diesel destinée aux ménages non imposables contribue à cet objectif. La généralisation du chèque énergie va également dans ce sens, mais l’augmentation de son montant moyen à 200 euros n’est annoncée que pour 2019 et cette hausse reste très en deçà du montant nécessaire pour sortir les ménages visés de la privation de chauffage. Par ailleurs, pour leur permettre de sortir durablement de la précarité énergétique, un financement est prévu pour la rénovation des passoires énergétiques des propriétaires précaires dans le grand plan d’investissement, mais il est largement inférieur aux engagements pris par le Président de la République (1,2 milliard d’euros au lieu des 4 milliards prévus) et inadapté aux objectifs que le gouvernement s’est fixés.
 

Une orientation plus claire à donner vers les alternatives

La hausse de la fiscalité écologique doit également s’accompagner d’un plus grand soutien aux alternatives. Si certaines décisions vont dans le bon sens en matière d’efficacité énergétique, comme la transformation du CITE en prime annoncée pour 2019, le gouvernement se contente d’amender des outils à l’efficacité discutable, au lieu de s’orienter vers les changements profonds indispensables à la tenue des objectifs de rénovation énergétique fixés par le président de la République. Sur le transport ferroviaire, il réitère dans son grand plan d’investissement les engagements existants (2,1 milliards d’euros dans le réseau ferré) alors qu’un milliard d’euros supplémentaire est nécessaire pour renforcer l’attractivité de ce mode de transports. De la même manière, les dotations annoncées pour les collectivités territoriales en faveur de la mobilité quotidienne (500 millions d’euros sur cinq ans) restent en deçà des sommes nécessaires pour engager un vrai report modal de la voiture individuelle vers d’autres solutions de déplacement, notamment le vélo et les transports en commun. Enfin, et de manière incohérente, le gouvernement fait marche arrière en supprimant le bonus aux vélos électriques alors qu’il s’agit d’une alternative qui a fait ses preuves pour une majorité des déplacements du quotidien effectué aujourd’hui en voiture.
 

La solidarité climatique en panne

La solidarité internationale est un enjeu majeur, renforcé par les changements climatiques. Pourtant, le projet de loi de finances acte une augmentation très timide de l’aide publique au développement (100 millions d’euros supplémentaires par rapport à 2017) et limite en parallèle la portée d’un des principaux outils permettant d’honorer cet engagement, la taxe sur les transactions financières. En effet, le PLF ne prévoit ni d’affecter 100% de ses recettes à la solidarité internationale et au climat comme le voudrait l’ambition européenne du Président, ni d’en élargir l’assiette comme cela était prévu en janvier 2018. Ces annonces sont décevantes, alors même que la France accueillera le 12 décembre prochain un sommet international sur le climat dédié à la question des financements.

Le Réseau Action Climat France attend désormais des parlementaires qu’ils renforcent ce projet de loi de finances pour le mettre en cohérence avec les objectifs climat énergie que s’est fixés la France.

La mer Méditerranée : une richesse unique en déclin rapide

Calculée de la même manière que le PIB national, la richesse de la mer Méditerranée la placerait  au cinquième rang des économies nationales de la région. <br />© Franck Paul

La mer Méditerranée représente seulement 1% de la surface océanique mondiale mais est à l’origine de 20% de la production marine du monde. Cependant cette richesse dépend d’un patrimoine qui se dégrade rapidement. C’est le constat alarmant que dresse le WWF à quelques jours de l’ouverture de la conférence « Our Ocean » organisée à Malte par l’Union Européenne.

Avec ses 46 000 km de littoral, la mer Méditerranée fait vivre 150 millions d’individus. Le rapport « Relancer l’économie de la mer Méditerranée : les actions pour un futur durable » publié aujourd’hui, montre que la mer Méditerranée joue un rôle fondamental dans l’économie de la région mais que le patrimoine naturel de la mer – qui soutient une grande partie de l’économie et contribue au bien-être de la communauté – s’érode.

 

Produit par le WWF en collaboration avec le Boston Consulting Group (BCG), ce rapport est l’analyse la plus pointue jamais réalisée sur le patrimoine naturel de la Méditerranée.

Il évalue la valeur globale du patrimoine de la Méditerranée à plus de 5,6 millions de millions de dollars US. Cette valeur correspond à l’exploitation d’actifs naturels incluant les littoraux productifs, les pêcheries et les herbiers marins. La production économique annuelle estimée de la mer est d’au moins 450 milliards de dollars US.

Calculée de la même manière que le PIB national, la richesse de la mer Méditerranée la placerait au cinquième rang des économies nationales de la région. A titre de comparaison, elle génère une production annuelle à peu près équivalente à celle de l’Algérie, de la Grèce et du Maroc réunis.

Cependant, le rapport révèle aussi que de nombreuses ressources de la mer Méditerranée sont en déclin à cause d’une exploitation non durable, ainsi que l’accélération de l’utilisation de ces ressources. Le rapport se concentre sur le secteur des pêches et l’industrie touristique en croissance rapide et montre que l’équilibre de la mer Méditerranée est à un tournant décisif.

Le tourisme est le secteur qui contribue le plus aux économies locales, représentant 11% du PIB cumulé des pays méditerranéens. Cependant, le modèle actuel de tourisme de masse – qui implique souvent un développement agressif du littoral, une consommation d’eau et d’énergie excessive et une gestion non durable des déchets et des eaux usées – a dégradé l’environnement côtier et marin. Selon le rapport, le tourisme représente plus de 90% de la production économique annuelle de la Méditerranée. L’utilisation des zones côtières pourrait générer des conflits compte tenu de la croissance prévisible du tourisme dans la région.

Le secteur de la pêche méditerranéenne, au troisième rang de l’économie de la région, traverse ces dernières années une crise qui va en s’aggravant. Ce secteur a toujours une valeur globale estimée à plus de 3 milliards de dollars et génère directement plus de 180 000 emplois.

Pour parvenir à un avenir durable pour la Méditerranée, le rapport fixe six priorités :

  • Mettre en œuvre une gestion et une planification maritime cohérentes et axées sur les écosystèmes
  • Mettre en place une économie bleue durable
  • Parvenir à une économie respectueuse du climat et neutre en carbone
  • Débloquer le potentiel productif du patrimoine naturel à travers des financements publics et privés
  • Réduire l’empreinte du tourisme de masse et rechercher des modèles de tourisme plus durables
  • Soutenir une pêche durable

« Cette nouvelle analyse montre que la protection de l’environnement doit être une priorité absolue pour les dirigeants de la Méditerranée. Nous avons constaté une bonne mobilisation par le passé mais une analyse objective montre que le temps presse et qu’il faut agir à une plus grande échelle et plus rapidement si nous voulons assurer un futur sain et florissant pour la Méditerranée ».
Demetres Karavellas, directeur du WWF Grèce

« Développer une économie bleue, solide et durable pour la région méditerranéenne dépendra fortement de notre capacité à conserver notre mer, nos littoraux et nos écosystème marins sains, et où cela est possible de réparer les écosystèmes dégradés. Nous ne pouvons pas continuer à éroder le patrimoine sur lequel les cultures et économies méditerranéennes reposent ».
Karmenu Vella, Commissaire européen pour l’Environnement, les Affaires maritimes et la Pêche

« Avec cette analyse, personne ne peut douter de l’importance d’une gestion attentive des ressources marines sur lesquelles s’appuie une grande partie de l’économie méditerranéenne. Une approche économique prudente devra veiller au déploiement de solides actions de préservation de l’environnement afin de sécuriser ses ressources naturelles, faute de quoi les bases économiques de la région pourraient sérieusement être menacées ».
Nicolas Kachaner, Associé et Directeur Général du BCG

« Nous voyons de nombreuses populations de poissons, des zones côtières et des écosystèmes océaniques exposés à d’immenses pressions partout dans le monde et dans des régions importantes telles que la Méditerranée. Mais nous constatons également que l’océan fait l’objet d’une attention sans précédent. C’est l’occasion pour les dirigeants en Méditerranée de s’engager à la réalisation des objectifs de développement durable des Nations Unies et l’Accord de Paris sur le climat de 2015. Il n’y a pas de temps à perdre ».
John Tanzer, directeur des programmes Océans au WWF