Le gouvernement ouvrira ce 19 septembre les Assises nationales de la mobilité pour un travail qui devrait se dérouler jusqu’en décembre. Elles constituent pour le WWF France un moment charnière pour accélérer enfin la cadence de la transition écologique nécessaire en France dans les transports, avec les Français et l’ensemble des parties prenantes concernées.
Cinq priorités ont été identifiées par le WWF France :
- Faire passer à 30% les ventes de véhicules à faibles et très faibles émissions d’ici la fin du quinquennat
- Viser l’instauration progressive et concertée de zones à faibles émissions dans les territoires de plus de 100 000 habitants
- Imaginer de nouveaux partenariats réunissant les acteurs de la mobilité, de l’énergie et du numérique pour repenser les déplacements dans les zones rurales et périurbaines
- Déployer les solutions financières innovantes et ciblées aux différents enjeux de la mobilité durable
- Poser les bases d’un dialogue inclusif pour que l’ensemble des acteurs du secteur embraye la transition écologique et avance vers la loi d’orientation de la mobilité
Les priorités identifiées par le WWF France :
Première source d’émission de gaz à effet de serre en France, la mobilité pèse lourd dans notre bilan carbone avec près de 33% de notre consommation annuelle énergétique et 29% de nos émissions de gaz à effet de serre. Le secteur est aussi l’une des principales causes de dégradation de la qualité de l’air. En ce sens, le trafic routier constitue un fardeau pour la santé des citoyens en étant l’origine de la moitié des émissions d’oxydes d’azote et un tiers des particules, et, de fait responsable de près d’un tiers des 48 000 morts prématurées par an en France dues à la pollution atmosphérique.
Dans le même temps, la mobilité représente un enjeu fondamental de cohésion et d’intégration sociale de nos territoires, vecteur essentiel du développement social. Les Français parcourent au quotidien, en un peu moins d’une heure, 25 kilomètres en moyenne, en direction des bassins d’emplois, des services et des commerces. Enfin, le secteur est inscrit au cœur de l’économie avec près de 152 milliards d’euros dépensés par les Français par an pour se déplacer, soit 13% de leurs dépenses de consommation. Le secteur des transports emploie (hors intérim) 1,3 millions de personnes et pèse pour près de 9% du PIB.
Cinq objectifs majeurs doivent guider les Assises nationales de la mobilité :
1. Relever le défi de la transition vers une mobilité décarbonée
Dans son nouveau Plan Climat, le gouvernement a avancé d’ici 2040 la fin de la vente des véhicules thermiques. Le WWF appelle maintenant à ce que cette annonce puisse être concrétisée par un plan d’action dédié à court terme, pour accélérer la transition vers les véhicules à faibles et très faibles émissions, avec un point intermédiaire de rendez-vous national d’ici la fin du quinquennat pour faire le bilan et préparer la suite. Le WWF France estime que la part de ces véhicules devrait passer à 30% des ventes d’ici à 2022 pour honorer cet engagement. Pour ce faire, des synergies, aussi bien locales que nationales, doivent être renforcées entre les secteurs de l’énergie et des transports, et renvoient aux enjeux du développement des énergies renouvelables, de stockage et de gestion intelligente de l’électricité et de l’avènement du numérique.
Cet objectif appelle à une vraie transition industrielle en France, qui pourrait créer d’ici 2030 plus de 60 000 emplois, réduire la sortie de capitaux de l’économie française en allégeant la facture pétrolière du pays de quelques 6 milliards d’euros. Cette transition doit être accompagnée des deux autres leviers majeurs de la mobilité durable : la réduction de notre besoin de déplacement et le développement des autres modes et usages de déplacements à moindre impact environnemental.
2. Retrouver un air sain dans nos territoires
Il est impératif que la France rattrape son retard dans ce domaine, au regard des 200 villes en Europe qui ont déjà mis en place des zones de circulation restreintes, de Londres à Barcelone en passant par Berlin. Les Assises sont l’occasion pour les territoires de se saisir de l’enjeu crucial de la qualité de l’air en favorisant les collaboration multipartites autour des instruments de la loi sur la transition énergétique, mis à disposition des acteurs locaux (zones de circulation restreinte, élaboration des Plan Climat-Air-Energie Territoriaux, etc).
Face aux pics de pollution chroniques, le WWF invite le gouvernement à inscrire cet enjeu au cœur des Assises, en visant la généralisation progressive et concertée de zones à faibles émissions dans les territoires de plus de 100 000 habitants, pour trouver un second souffle en France sur cet enjeu qui, pour l’instant, reste trop marginal ou conflictuel dans son traitement.
3. Rendre compatible mobilité et transition énergétique dans les territoires périurbains et ruraux
4 français sur 10 vivent en dehors de grands pôles urbains, en milieu périurbain ou rural, où la voiture est rendue indispensable dans la mobilité quotidienne. La mobilité durable ne peut-être pensée sans une approche urbanistique des enjeux et des réponses adaptées à l’ensemble des Français. Les Assises sont pour le WWF l’opportunité de se consacrer aux mobilités dans les territoires ruraux, en imaginant de nouveaux partenariats entre les collectivités et les acteurs de la mobilité, de l’innovation numérique, de l’économie de plateforme et du développement des énergies renouvelables décentralisées. Les nombreuses initiatives locales qui ont vu le jour localement demandent à être amplifiées pour le bien-être des habitants et leurs besoins en mobilité.
4. Repenser les façons de financer et d’investir dans les infrastructures pour la mobilité durable
L’accompagnement des acteurs du secteur dans la transition écologique doit pouvoir être développé grâce à de nouveaux instruments financiers pour l’avènement de services et d’infrastructures durables de transports. Le WWF compte sur les Assises pour identifier les priorités à dégager pour le prochain plan d’investissement, les instruments innovants pour financer les nouveaux services de la mobilité durable quotidienne (mécanismes de financement participatif, outils de tiers-financement, obligations vertes, fiscalité environnementale…).
5. Poser les bases d’un dialogue inclusif, constructif et pérenne vers la mobilité durable
Après le traumatisme du Dieselgate, du fait de la fracture sociale observée dans les territoires liée aux mobilités, après la recrudescence des pics de pollution, les Assises doivent poser les bases saines d’un dialogue inter-acteurs pour avancer plus vite la transition du secteur. La France a les moyens et le potentiel de s’inscrire dans l’avenir pour devenir championne d’une mobilité à faible impact environnemental et accessible à tous, à condition qu’elle sache poser les jalons dans cette direction et avancer un dialogue inclusif, constructif et pérenne.