40 organisations appellent le secteur privé à mettre fin à la destruction du Cerrado

Entre 2013 et 2015, tous les deux mois, une surface équivalente à la superficie de São Paulo ou de Londres a été perdue.<br />© Juan Pratginestos / WWF

Dans un manifeste publié aujourd’hui, 40 organisations appellent les entreprises et les investisseurs impliqués dans les chaînes d’approvisionnement en soja et en bœuf à s’engager pour empêcher la destruction du Cerrado. Ce biome, qui abrite un tiers de la biodiversité du Brésil, est notamment menacé par l’expansion agricole et la spéculation foncière.

Entre 2013 et 2015, 18 962 km2 de Cerrado ont été détruits au Brésil. Cela signifie qu’au cours de cette période, tous les deux mois, une surface équivalente à la superficie de São Paulo ou de Londres a été perdue. La vitesse de cette destruction fait de cette zone l’un des écosystèmes les plus menacés de la planète. Pour ces raisons, plusieurs organisations environnementales ont décidé de publier de manière conjointe le manifeste « The future of the Cerrado in the hands of the market: the conversion of native vegetation must be stopped » (« L’avenir du Cerrado est entre les mains du secteur privé : il faut mettre fin à la conversion de la végétation naturelle »).

La principale cause de la destruction du biome du Cerrado est l’expansion de l’agro-industrie dans des zones de végétation naturelle. Et la situation est préoccupante. En effet, depuis plus de 10 ans maintenant, le taux de conversion de végétation naturelle dans le Cerrado a été plus élevé qu’en Amazonie. C’est pourquoi, le manifeste demande aux entreprises qui achètent du soja et du bœuf provenant du Cerrado, ainsi qu’aux investisseurs qui travaillent dans le secteur, de commencer à défendre ce biome. Ainsi, il est nécessaire que tous ces acteurs prennent des engagements et adoptent des politiques efficaces pour mettre un terme à la conversion de la végétation naturelle, et qu’ils ne s’approvisionnent plus dans des zones récemment déboisées.

Les organisations signataires demandent également le respect des engagements internationaux pris par le gouvernement, ainsi que la mise en place d’instruments et de politiques pour encourager une production plus responsable dans le Cerrado. Elles alertent sur le fait que le simple respect de la loi n’est pas suffisant, car elle permet encore de convertir plus de 40 millions d’hectares du biome. Les organisations demandent aussi aux gouvernements et au secteur privé de développer des incitations et des instruments financiers afin de rétribuer les producteurs qui préservent la végétation naturelle.

Le manifeste présente 15 arguments justifiant ces demandes, parmi lesquels :

  • Le Cerrado abrite les sources d’eau qui alimentent 8 des 12 bassins hydrographiques du Brésil et un tiers de la biodiversité du pays, dont 44% d’espèces végétales endémiques. Il est toutefois menacé et a déjà perdu environ 50% de sa superficie originelle ;
  • Si les bénéfices issus de la production record de soja en 2017 sont réinvestis dans des activités de déforestation dans un but d’expansion agricole, le taux de conversion du biome du Cerrado pourrait être encore plus élevé que celui observé jusqu’à présent.
  • Si la destruction du Cerrado se poursuit au rythme observé entre 2003 et 2013, 480 plantes et espèces animales auront disparu d’ici 2050, et nous perdrons encore 31 à 34% du Cerrado ;
  • Les émissions de gaz à effet de serre résultant de ce processus empêcheront le Brésil de respecter ses engagements internationaux ;
  • La réduction de la taille du biome pourrait entraîner une modification des régimes de précipitations dans la région, et avoir ainsi un impact sur la productivité agricole ;
  • La conversion du Cerrado menace également les droits des communautés locales, qui ne possèdent pas de titres de propriété et sont donc menacées par l’accaparement des terres et la spéculation foncière ;
  • Les atteintes aux droits des populations vont au-delà de l’utilisation des terres. Celles-ci sont également touchées par la réduction du débit des rivières et leur contamination par des produits agrochimiques, par l’épuisement des ressources naturelles en raison de leur exploitation et par l’urbanisation croissante, qui a notamment des conséquences sur les services de santé publique, d’éducation et d’assainissement ;
  • Il est possible de développer les activités agricoles sans causer autant de destruction. Environ 40 millions d’hectares ont déjà été défrichés, et ils peuvent être utilisés pour la production de soja au Brésil. Cette surface est suffisante pour que la Brésil atteigne ses objectifs d’expansion de la production de soja pour les 50 prochaines années.
  • L’un des arguments du secteur privé justifiant l’absence de suivi des chaînes de production est l’absence d’un programme de suivi de la déforestation dans le Cerrado. Le Ministère brésilien des Sciences, des Technologies, de l’Innovation et de la Communication a déjà publié les données officielles jusqu’en 2015 et a déclaré que le suivi de cette zone se fera maintenant annuellement, comme c’est déjà le cas pour l’Amazonie.

Le tigre revient au Kazakhstan 70 ans apr&#232;s sa disparition

Le programme de réintroduction du tigre au Kazakhstan est unique et sans précédent<br />© naturepl.com / Edwin Giesbers / WWF

La république du Kazakhstan a annoncé aujourd’hui un projet de réintroduction du tigre dans son habitat historique d’Ili-Balkhash et a signé avec le WWF un accord pour mettre en œuvre un programme conjoint de réintroduction du tigre.

« Le Kazakhstan progresse sur la voie du développement vert. Nous sommes honorés d’être le premier pays d’Asie centrale à mettre en œuvre un projet d’aussi grande envergure, qui ne se contentera pas de réintroduire le tigre dans son habitat historique, mais protégera également l’écosystème unique de la région d’Ili-Balkhash », a relevé Askar Myrzakhmetov, ministre de l’agriculture de la République du Kazakhstan.

La cérémonie de signature a eu lieu dans le pavillon de l’ambassade néerlandaise du Kazakhstan, dans le cadre de l’EXPO 2017, avec la participation du ministre de l’agriculture de la République du Kazakhstan Askar Myrzakhmetov, du directeur général de WWF International, Marco Lambertini et du directeur de WWF Russie, Igor Chestin

« Je suis fier d’être le témoin de la signature de cet accord entre le ministère de l’agriculture de la République du Kazakhstan et le WWF, ici, dans le pavillon néerlandais de l’EXPO 2017. Les Pays-Bas ont été parmi les premiers soutiens et sponsors de ce projet novateur et de grande envergure, et nous sommes extrêmement heureux de participer à cette étape historique », a souligné Dirk Jan Kop, ambassadeur du Royaume des Pays-Bas en République du Kazakhstan, lors de l’ouverture de la cérémonie de signature

Le programme de réintroduction du tigre au Kazakhstan contribuera au Tx2, l’objectif mondial de doubler le nombre de tigres d’ici à 2020, un engagement pris les gouvernements de plusieurs pays abritant le tigre lors du Sommet du tigre de Saint-Pétersbourg, en 2010.

En cas de succès, le Kazakhstan sera le premier pays au monde à réintroduire le tigre dans une région entière d’où il a disparu pendant plus d’un demi-siècle. Jusqu’ici, des projets de déplacements du tigre ont uniquement été réalisés à l’intérieur de frontières nationales et dans des régions considérées comme des habitats actuels du tigre. Le programme de réintroduction du tigre au Kazakhstan est unique et sans précédent, et exige la restauration d’une vaste forêt ripicole faisant partie de l’habitat historique du tigre.

« Nous félicitons la République du Kazakhstan pour sa vision et le leadership dont elle fait preuve en s’impliquant dans un projet de préservation ambitieux et passionnant, destiné à réintroduire ce majestueux prédateur dans le pays. C’est là une contribution majeure pour l’avenir du tigre dans son milieu naturel et un pas décisif pour la protection de la région d’Illi-Balkhash pour sa biodiversité unique et les systèmes naturels qui assurent la subsistance des populations locales », a ajouté Marco Lambertini, directeur général de WWF International.

Afin de préparer le retour du tigre, le gouvernement du Kazakhstan délimitera une nouvelle réserve naturelle dans le sud-ouest d’Ili-Balkhash, de manière à restaurer l’habitat unique constitué par la forêt ripicole du lac Balkhash. Cela comprendra la protection de la faune existante et la réintroduction d’importantes espèces servant de proie au tigre comme le kulan (âne sauvage) et le cerf de Bactriane, deux espèces originaires d’Asie centrale, mais actuellement disparues du Kazakhstan en raison du braconnage et de la perte d’habitat.

La restauration du tigre contribuera également à protéger le lac Balkhash – l’un des plus grands lacs d’Asie et une importante réserve d’eau du bassin de la rivière Ili – et à lui éviter le destin de la mer d’Aral, autrefois le quatrième plus grand lac du monde, aujourd’hui réduit à 10 pour cent de sa superficie initiale.

« Grâce aux années d’étroite collaboration entre les spécialistes en conservation de la nature du Kazakhstan et de la Russie, nous avons identifié le meilleur territoire possible dans la région d’Ili-Balkhash pour la réintroduction d’une population sauvage prospère de tigres. La poursuite de notre coopération sera la clé du succès pour la création de cette nouvelle réserve naturelle, la repeuplement d’espèces indigènes rares et, dans quelques années, le déplacement transnational sans précédent du tigre en Asie centrale », a estimé Igor Chestin, directeur de WWF Russie

Depuis le début du XXe siècle, les tigres ont perdu plus de 90 pour cent de leur habitat ancestral, qui comprend l’Asie centrale (de la Turquie moderne et l’Iran au nord-ouest de la Chine). Le tigre a complètement disparu de la région depuis la fin des années 1940 en raison du braconnage et de la perte des plaines d’inondation et des habitats côtiers.

« Le plus gros travail reste à faire. Nous devons accroître nos efforts pour préparer cette région à accueillir le tigre et, pour cela, impliquer toutes les parties prenantes. Dans ce but, nous devons lutter contre le braconnage et les activités illégales, disposer de gardes formés et bien équipés, maintenir une population de proies dynamique et engager les communautés locales », a encore précisé Ekaterina Vorobyeva, directrice du programme de WWF Russie en Asie centrale.

Le tigre revient au Kazakhstan 70 ans après sa disparition

Le programme de réintroduction du tigre au Kazakhstan est unique et sans précédent<br />© naturepl.com / Edwin Giesbers / WWF

La république du Kazakhstan a annoncé aujourd’hui un projet de réintroduction du tigre dans son habitat historique d’Ili-Balkhash et a signé avec le WWF un accord pour mettre en œuvre un programme conjoint de réintroduction du tigre.

« Le Kazakhstan progresse sur la voie du développement vert. Nous sommes honorés d’être le premier pays d’Asie centrale à mettre en œuvre un projet d’aussi grande envergure, qui ne se contentera pas de réintroduire le tigre dans son habitat historique, mais protégera également l’écosystème unique de la région d’Ili-Balkhash », a relevé Askar Myrzakhmetov, ministre de l’agriculture de la République du Kazakhstan.

La cérémonie de signature a eu lieu dans le pavillon de l’ambassade néerlandaise du Kazakhstan, dans le cadre de l’EXPO 2017, avec la participation du ministre de l’agriculture de la République du Kazakhstan Askar Myrzakhmetov, du directeur général de WWF International, Marco Lambertini et du directeur de WWF Russie, Igor Chestin

« Je suis fier d’être le témoin de la signature de cet accord entre le ministère de l’agriculture de la République du Kazakhstan et le WWF, ici, dans le pavillon néerlandais de l’EXPO 2017. Les Pays-Bas ont été parmi les premiers soutiens et sponsors de ce projet novateur et de grande envergure, et nous sommes extrêmement heureux de participer à cette étape historique », a souligné Dirk Jan Kop, ambassadeur du Royaume des Pays-Bas en République du Kazakhstan, lors de l’ouverture de la cérémonie de signature

Le programme de réintroduction du tigre au Kazakhstan contribuera au Tx2, l’objectif mondial de doubler le nombre de tigres d’ici à 2020, un engagement pris les gouvernements de plusieurs pays abritant le tigre lors du Sommet du tigre de Saint-Pétersbourg, en 2010.

En cas de succès, le Kazakhstan sera le premier pays au monde à réintroduire le tigre dans une région entière d’où il a disparu pendant plus d’un demi-siècle. Jusqu’ici, des projets de déplacements du tigre ont uniquement été réalisés à l’intérieur de frontières nationales et dans des régions considérées comme des habitats actuels du tigre. Le programme de réintroduction du tigre au Kazakhstan est unique et sans précédent, et exige la restauration d’une vaste forêt ripicole faisant partie de l’habitat historique du tigre.

« Nous félicitons la République du Kazakhstan pour sa vision et le leadership dont elle fait preuve en s’impliquant dans un projet de préservation ambitieux et passionnant, destiné à réintroduire ce majestueux prédateur dans le pays. C’est là une contribution majeure pour l’avenir du tigre dans son milieu naturel et un pas décisif pour la protection de la région d’Illi-Balkhash pour sa biodiversité unique et les systèmes naturels qui assurent la subsistance des populations locales », a ajouté Marco Lambertini, directeur général de WWF International.

Afin de préparer le retour du tigre, le gouvernement du Kazakhstan délimitera une nouvelle réserve naturelle dans le sud-ouest d’Ili-Balkhash, de manière à restaurer l’habitat unique constitué par la forêt ripicole du lac Balkhash. Cela comprendra la protection de la faune existante et la réintroduction d’importantes espèces servant de proie au tigre comme le kulan (âne sauvage) et le cerf de Bactriane, deux espèces originaires d’Asie centrale, mais actuellement disparues du Kazakhstan en raison du braconnage et de la perte d’habitat.

La restauration du tigre contribuera également à protéger le lac Balkhash – l’un des plus grands lacs d’Asie et une importante réserve d’eau du bassin de la rivière Ili – et à lui éviter le destin de la mer d’Aral, autrefois le quatrième plus grand lac du monde, aujourd’hui réduit à 10 pour cent de sa superficie initiale.

« Grâce aux années d’étroite collaboration entre les spécialistes en conservation de la nature du Kazakhstan et de la Russie, nous avons identifié le meilleur territoire possible dans la région d’Ili-Balkhash pour la réintroduction d’une population sauvage prospère de tigres. La poursuite de notre coopération sera la clé du succès pour la création de cette nouvelle réserve naturelle, la repeuplement d’espèces indigènes rares et, dans quelques années, le déplacement transnational sans précédent du tigre en Asie centrale », a estimé Igor Chestin, directeur de WWF Russie

Depuis le début du XXe siècle, les tigres ont perdu plus de 90 pour cent de leur habitat ancestral, qui comprend l’Asie centrale (de la Turquie moderne et l’Iran au nord-ouest de la Chine). Le tigre a complètement disparu de la région depuis la fin des années 1940 en raison du braconnage et de la perte des plaines d’inondation et des habitats côtiers.

« Le plus gros travail reste à faire. Nous devons accroître nos efforts pour préparer cette région à accueillir le tigre et, pour cela, impliquer toutes les parties prenantes. Dans ce but, nous devons lutter contre le braconnage et les activités illégales, disposer de gardes formés et bien équipés, maintenir une population de proies dynamique et engager les communautés locales », a encore précisé Ekaterina Vorobyeva, directrice du programme de WWF Russie en Asie centrale.

La France, 1er pays &#224; interdire l’exploration et l’exploitation des hydrocarbures

Le projet de loi transforme le moratoire instauré en février 2017 par Ségolène Royal sur l'exploration dans les eaux françaises en Méditerranée et sur la façade atlantique en une interdiction définitive pour tout le territoire français.<br />© Michael Sutton / WWF

Le WWF France salue la présentation aujourd’hui en Conseil des Ministres du projet de loi qui marquera la fin de la production des hydrocarbures d’ici 2040 sur l’ensemble du territoire français, marin comme terrestre.

Annoncé par Nicolas Hulot, ministre de la Transition Ecologique et Solidaire dans le cadre du Plan climat de la France le 6 juillet 2017, ce projet de loi concerne les hydrocarbures conventionnels (comme le pétrole, le gaz, le charbon) comme non-conventionnels (comme le gaz de schiste).

Le projet de loi transforme le moratoire instauré en février 2017 par Ségolène Royal sur l’exploration dans les eaux françaises en Méditerranée et sur la façade atlantique en une interdiction définitive pour tout le territoire français. Il interdit tout nouveau permis d’exploration ; les nouvelles concessions* et renouvellement de concessions devront prendre fin au plus tard en 2040. En Guyane, là où les enjeux sont les plus forts, deux des trois permis devraient normalement être concernés.

La France est ainsi le premier pays au monde à prendre une telle décision dont l’enjeu est à la fois local et global. Elle vise à mettre en oeuvre la recommandation de l’Agence Internationale de l’Energie – laisser deux tiers des ressources fossiles connues dans le sol pour maintenir la hausse de la température moyenne mondiale en-dessous de 2°C – et à mettre fin aux autres pollutions engendrées par la production d’hydrocarbures. La production off-shore étant concernée par l’interdiction, il s’agit aussi de limiter les risques de marées noires.

Cette future loi, dont les premières lignes avaient été annoncées par Emmanuel Macron pendant la campagne présidentielle lors d’un PandaLive organisé par le WWF France le 9 février 2017, témoigne de la volonté du président de la République de mettre notre pays en cohérence avec les objectifs de l’Accord de Paris et de lancer une dynamique au niveau international.

« Le projet de loi que Nicolas Hulot présente aujourd’hui vise à interdire l’ensemble de la production d’hydrocarbures sur tout le territoire d’ici 2040. La France est ainsi le premier pays au monde à prendre cette décision et à donner un cap clair pour en finir avec la production d’énergies fossiles. Si cette décision est essentiellement symbolique – seulement 1% de la consommation pétrolière et gazière en France est couverte par cette production – elle n’en est pas moins importante puisqu’elle peut avoir un effet d’entrainement sur d’autres pays. Les jours des énergies fossiles sont désormais comptés, c’est une nouvelle page qui se tourne ! Nous attendons maintenant du gouvernement qu’il prenne, à l’occasion des prochaines échéances comme les Assises de la mobilité, des mesures pour réduire notre consommation d’hydrocarbures.»
Pascal Canfin, directeur général du WWF France

* Le projet de loi laisse la possibilité d’octroyer de nouvelles concessions : cet octroi à l’issue d’un permis d’exploration étant une obligation légale, son interdiction aurait entrainé de nombreuses indemnisations financées par le contribuable.

Un nouveau rapport l&#232;ve le voile sur les march&#233;s d’ivoire en Afrique centrale

Au cours des dernières années, l'Afrique centrale a été l'une des principales sources d'approvisionnement illégal en ivoire du commerce national d'ivoire non réglementé dans les pays de la sous-région, dans toute l'Afrique de l'Ouest et dans les destinations étrangères, en particulier en Asie.<br />© WWF / James Morgan

TRAFFIC publie aujourd’hui la première étude complète sur le commerce illégal d’ivoire dans cinq pays d’Afrique centrale depuis près de 20 ans. Selon ce rapport, trois facteurs compromettent gravement la lutte contre le trafic d’ivoire en Afrique centrale : la faible gouvernance, la corruption et de l’évolution changeante du commerce.

Le rapport présente les résultats des enquêtes de terrain réalisées sur les marchés d’ivoire dans les principales villes de cinq pays d’Afrique centrale (Cameroun, République centrafricaine, Congo, République démocratique du Congo et Gabon) en 2007, 2009 et 2014/2015.

Au cours des dernières années, l’Afrique centrale a été l’une des principales sources d’approvisionnement illégal en ivoire du commerce national d’ivoire non réglementé dans les pays de la sous-région, dans toute l’Afrique de l’Ouest et dans les destinations étrangères, en particulier en Asie.
Le rapport révèle qu’en Afrique centrale les marchés domestiques ouverts d’ivoire disparaissent principalement en raison des efforts d’application de la loi et de la concurrence avec les réseaux criminels souterrains. A leur place, un commerce international sophistiqué s’installe, favorisé par un haut niveau de corruption et une faible gouvernance.

Corruption, collusion et faible pression politique

Si la législation actuelle interdit le commerce domestique de l’ivoire dans tous les pays d’Afrique centrale, à l’exception du Cameroun, le rapport souligne cependant que l’interprétation de la loi dans chaque pays est vague et ambiguë, non seulement de la part des autorités chargées de l’application de la loi, mais aussi de nombreux autres acteurs. Son application est entravée par la corruption, impliquant souvent des responsables gouvernementaux, des ressources humaines et financières insuffisantes, une mauvaise gestion et un manque de volonté politique.

Les marchés ouverts à la vente d’ivoire deviennent souterrains

Tout au long de l’enquête, les recherches de terrain ont montré que les marchés ouverts à la vente illégale d’ivoire en Afrique centrale disparaissaient ou deviennent souterrains, souvent face à la pression croissante des autorités qui mènent des opérations fréquentes d’application de la loi. Les enquêteurs de TRAFFIC ont enregistré moins de 1 kg de produits en ivoire exposés publiquement en 2014/2015 en RCA, au Congo, au Gabon et au Cameroun, contre environ 400 kg en 2007 et plus de 900 kg en 1999 parmi les quatre pays.

Le marché de l’ivoire à Kinshasa, en RDC, reste la seule exception, avec plus de 400 kg de produits en ivoire enregistrés en 2015. Cependant, la RDC s’est récemment engagée à renforcer l’application de la loi contre le marché illégal de l’ivoire à Kinshasa, une étape importante soutenue par TRAFFIC et le WWF.

L’étude révèle également une évolution des groupes d’acheteurs d’ivoire travaillé : les acheteurs chinois ont remplacé les expatriés et les touristes européens, qui étaient auparavant les principaux acheteurs. Les commerçants de l’Afrique de l’Ouest ont également été mentionnés comme des acheteurs secondaires, achetant de l’ivoire brut et travaillé pour approvisionner les marchés de l’Afrique de l’Ouest et internationaux.

Renforcement des réseaux criminels internationaux

L’étude souligne également le passage d’un commerce ouvert d’ivoire travaillé à un commerce souterrain alimentant l’exportation d’ivoire brut sur les marchés étrangers, en particulier la Chine.
L’étude révèle en effet que les réseaux criminels organisés, notamment de citoyens chinois, opèreraient dans la sous-région et deviendraient désormais des acteurs clés du commerce d’ivoire. Cette exportation d’ivoire brut, principalement vers l’Asie, a également contribué à réduire la disponibilité d’ivoire sur les marchés locaux, et pourrait donc expliquer la forte augmentation du prix de l’ivoire brut au niveau local au cours des dernières années.

Parmi les autres questions clés identifiées, l’étude souligne un manque de systèmes solides et transparents, nécessaires pour assurer une gestion efficace des stocks dans tous les pays cibles. À Kinshasa, en RDC, les chercheurs ont trouvé des défenses brutes et des pièces en ivoire travaillé dans des bureaux gouvernementaux non sécurisés – signalant un risque fort de fuite sur le marché local.

« De véritables efforts concertés sont nécessaires pour remédier au grave déclin des populations d’éléphants dans toute l’Afrique centrale : ce n’est plus seulement un problème de faune sauvage, mais une catastrophe écologique, fortement dictée par des organisations criminelles ultra-organisées. Les criminels impliqués dans le commerce international de l’ivoire exploitent régulièrement la faiblesse de la gouvernance de l’État ainsi que la collusion, la confusion et la corruption des autorités ».
Sone Nkoke, chargé de projet faune sauvage de TRAFFIC en Afrique centrale, et auteur principal du rapport

« Il est scandaleux que des personnes chargées de protéger ces pays en Afrique centrale – des responsables gouvernementaux, les armées et même des gardiens de la paix de l’ONU – soient complices de la destruction de leurs populations d’éléphants (par leur implication présumée dans le commerce de l’ivoire). L’ampleur de la crise du braconnage en Afrique est dévastatrice: on estime qu’environ 20 000 éléphants meurent chaque année en raison de leurs défenses en ivoire. L’Afrique centrale est l’une des plus grandes sources mondiales d’ivoire illégal et la corruption et la faiblesse de la gouvernance contribuent à faire sortir des grandes quantités d’ivoire par rapport à celles qui sont saisies dans les pays de la sous-région.
Des actions doivent donc être prises sur l’ensemble de la chaine commerciale, dans les pays sources d’Afrique centrale (lutte contre le braconnage, les marchés noirs et la corruption, renforcement de la gouvernance…), aux niveaux régional et international pour lutter contre les organisations criminelles liées à la faune sauvage, et dans les pays consommateurs en Asie pour réduire la demande. Tant que ces faiblesses et menaces seront bien en place, les éléphants seront menacés. Il est urgent que les pays d’Afrique centrale intensifient leurs efforts pour mettre effectivement en œuvre leurs engagements pris en la matière à l’occasion de nombreux forums internationaux».
Stéphane Ringuet, responsable du Programme Commerce des Espèces Sauvages au WWF France et co-auteur du rapport

Un nouveau rapport lève le voile sur les marchés d’ivoire en Afrique centrale

Au cours des dernières années, l'Afrique centrale a été l'une des principales sources d'approvisionnement illégal en ivoire du commerce national d'ivoire non réglementé dans les pays de la sous-région, dans toute l'Afrique de l'Ouest et dans les destinations étrangères, en particulier en Asie.<br />© WWF / James Morgan

TRAFFIC publie aujourd’hui la première étude complète sur le commerce illégal d’ivoire dans cinq pays d’Afrique centrale depuis près de 20 ans. Selon ce rapport, trois facteurs compromettent gravement la lutte contre le trafic d’ivoire en Afrique centrale : la faible gouvernance, la corruption et de l’évolution changeante du commerce.

Le rapport présente les résultats des enquêtes de terrain réalisées sur les marchés d’ivoire dans les principales villes de cinq pays d’Afrique centrale (Cameroun, République centrafricaine, Congo, République démocratique du Congo et Gabon) en 2007, 2009 et 2014/2015.

Au cours des dernières années, l’Afrique centrale a été l’une des principales sources d’approvisionnement illégal en ivoire du commerce national d’ivoire non réglementé dans les pays de la sous-région, dans toute l’Afrique de l’Ouest et dans les destinations étrangères, en particulier en Asie.
Le rapport révèle qu’en Afrique centrale les marchés domestiques ouverts d’ivoire disparaissent principalement en raison des efforts d’application de la loi et de la concurrence avec les réseaux criminels souterrains. A leur place, un commerce international sophistiqué s’installe, favorisé par un haut niveau de corruption et une faible gouvernance.

Corruption, collusion et faible pression politique

Si la législation actuelle interdit le commerce domestique de l’ivoire dans tous les pays d’Afrique centrale, à l’exception du Cameroun, le rapport souligne cependant que l’interprétation de la loi dans chaque pays est vague et ambiguë, non seulement de la part des autorités chargées de l’application de la loi, mais aussi de nombreux autres acteurs. Son application est entravée par la corruption, impliquant souvent des responsables gouvernementaux, des ressources humaines et financières insuffisantes, une mauvaise gestion et un manque de volonté politique.

Les marchés ouverts à la vente d’ivoire deviennent souterrains

Tout au long de l’enquête, les recherches de terrain ont montré que les marchés ouverts à la vente illégale d’ivoire en Afrique centrale disparaissaient ou deviennent souterrains, souvent face à la pression croissante des autorités qui mènent des opérations fréquentes d’application de la loi. Les enquêteurs de TRAFFIC ont enregistré moins de 1 kg de produits en ivoire exposés publiquement en 2014/2015 en RCA, au Congo, au Gabon et au Cameroun, contre environ 400 kg en 2007 et plus de 900 kg en 1999 parmi les quatre pays.

Le marché de l’ivoire à Kinshasa, en RDC, reste la seule exception, avec plus de 400 kg de produits en ivoire enregistrés en 2015. Cependant, la RDC s’est récemment engagée à renforcer l’application de la loi contre le marché illégal de l’ivoire à Kinshasa, une étape importante soutenue par TRAFFIC et le WWF.

L’étude révèle également une évolution des groupes d’acheteurs d’ivoire travaillé : les acheteurs chinois ont remplacé les expatriés et les touristes européens, qui étaient auparavant les principaux acheteurs. Les commerçants de l’Afrique de l’Ouest ont également été mentionnés comme des acheteurs secondaires, achetant de l’ivoire brut et travaillé pour approvisionner les marchés de l’Afrique de l’Ouest et internationaux.

Renforcement des réseaux criminels internationaux

L’étude souligne également le passage d’un commerce ouvert d’ivoire travaillé à un commerce souterrain alimentant l’exportation d’ivoire brut sur les marchés étrangers, en particulier la Chine.
L’étude révèle en effet que les réseaux criminels organisés, notamment de citoyens chinois, opèreraient dans la sous-région et deviendraient désormais des acteurs clés du commerce d’ivoire. Cette exportation d’ivoire brut, principalement vers l’Asie, a également contribué à réduire la disponibilité d’ivoire sur les marchés locaux, et pourrait donc expliquer la forte augmentation du prix de l’ivoire brut au niveau local au cours des dernières années.

Parmi les autres questions clés identifiées, l’étude souligne un manque de systèmes solides et transparents, nécessaires pour assurer une gestion efficace des stocks dans tous les pays cibles. À Kinshasa, en RDC, les chercheurs ont trouvé des défenses brutes et des pièces en ivoire travaillé dans des bureaux gouvernementaux non sécurisés – signalant un risque fort de fuite sur le marché local.

« De véritables efforts concertés sont nécessaires pour remédier au grave déclin des populations d’éléphants dans toute l’Afrique centrale : ce n’est plus seulement un problème de faune sauvage, mais une catastrophe écologique, fortement dictée par des organisations criminelles ultra-organisées. Les criminels impliqués dans le commerce international de l’ivoire exploitent régulièrement la faiblesse de la gouvernance de l’État ainsi que la collusion, la confusion et la corruption des autorités ».
Sone Nkoke, chargé de projet faune sauvage de TRAFFIC en Afrique centrale, et auteur principal du rapport

« Il est scandaleux que des personnes chargées de protéger ces pays en Afrique centrale – des responsables gouvernementaux, les armées et même des gardiens de la paix de l’ONU – soient complices de la destruction de leurs populations d’éléphants (par leur implication présumée dans le commerce de l’ivoire). L’ampleur de la crise du braconnage en Afrique est dévastatrice: on estime qu’environ 20 000 éléphants meurent chaque année en raison de leurs défenses en ivoire. L’Afrique centrale est l’une des plus grandes sources mondiales d’ivoire illégal et la corruption et la faiblesse de la gouvernance contribuent à faire sortir des grandes quantités d’ivoire par rapport à celles qui sont saisies dans les pays de la sous-région.
Des actions doivent donc être prises sur l’ensemble de la chaine commerciale, dans les pays sources d’Afrique centrale (lutte contre le braconnage, les marchés noirs et la corruption, renforcement de la gouvernance…), aux niveaux régional et international pour lutter contre les organisations criminelles liées à la faune sauvage, et dans les pays consommateurs en Asie pour réduire la demande. Tant que ces faiblesses et menaces seront bien en place, les éléphants seront menacés. Il est urgent que les pays d’Afrique centrale intensifient leurs efforts pour mettre effectivement en œuvre leurs engagements pris en la matière à l’occasion de nombreux forums internationaux».
Stéphane Ringuet, responsable du Programme Commerce des Espèces Sauvages au WWF France et co-auteur du rapport

La France, 1er pays à interdire l’exploration et l’exploitation des hydrocarbures

Le projet de loi transforme le moratoire instauré en février 2017 par Ségolène Royal sur l'exploration dans les eaux françaises en Méditerranée et sur la façade atlantique en une interdiction définitive pour tout le territoire français.<br />© Michael Sutton / WWF

Le WWF France salue la présentation aujourd’hui en Conseil des Ministres du projet de loi qui marquera la fin de la production des hydrocarbures d’ici 2040 sur l’ensemble du territoire français, marin comme terrestre.

Annoncé par Nicolas Hulot, ministre de la Transition Ecologique et Solidaire dans le cadre du Plan climat de la France le 6 juillet 2017, ce projet de loi concerne les hydrocarbures conventionnels (comme le pétrole, le gaz, le charbon) comme non-conventionnels (comme le gaz de schiste).

Le projet de loi transforme le moratoire instauré en février 2017 par Ségolène Royal sur l’exploration dans les eaux françaises en Méditerranée et sur la façade atlantique en une interdiction définitive pour tout le territoire français. Il interdit tout nouveau permis d’exploration ; les nouvelles concessions* et renouvellement de concessions devront prendre fin au plus tard en 2040. En Guyane, là où les enjeux sont les plus forts, deux des trois permis devraient normalement être concernés.

La France est ainsi le premier pays au monde à prendre une telle décision dont l’enjeu est à la fois local et global. Elle vise à mettre en oeuvre la recommandation de l’Agence Internationale de l’Energie – laisser deux tiers des ressources fossiles connues dans le sol pour maintenir la hausse de la température moyenne mondiale en-dessous de 2°C – et à mettre fin aux autres pollutions engendrées par la production d’hydrocarbures. La production off-shore étant concernée par l’interdiction, il s’agit aussi de limiter les risques de marées noires.

Cette future loi, dont les premières lignes avaient été annoncées par Emmanuel Macron pendant la campagne présidentielle lors d’un PandaLive organisé par le WWF France le 9 février 2017, témoigne de la volonté du président de la République de mettre notre pays en cohérence avec les objectifs de l’Accord de Paris et de lancer une dynamique au niveau international.

« Le projet de loi que Nicolas Hulot présente aujourd’hui vise à interdire l’ensemble de la production d’hydrocarbures sur tout le territoire d’ici 2040. La France est ainsi le premier pays au monde à prendre cette décision et à donner un cap clair pour en finir avec la production d’énergies fossiles. Si cette décision est essentiellement symbolique – seulement 1% de la consommation pétrolière et gazière en France est couverte par cette production – elle n’en est pas moins importante puisqu’elle peut avoir un effet d’entrainement sur d’autres pays. Les jours des énergies fossiles sont désormais comptés, c’est une nouvelle page qui se tourne ! Nous attendons maintenant du gouvernement qu’il prenne, à l’occasion des prochaines échéances comme les Assises de la mobilité, des mesures pour réduire notre consommation d’hydrocarbures.»
Pascal Canfin, directeur général du WWF France

* Le projet de loi laisse la possibilité d’octroyer de nouvelles concessions : cet octroi à l’issue d’un permis d’exploration étant une obligation légale, son interdiction aurait entrainé de nombreuses indemnisations financées par le contribuable.