Doñana, connu comme l’un des sites protégés les plus remarquables en Europe, risque d’entrer sur la Liste du Patrimoine mondial en péril de l’Unesco à cause des activités agricoles et industrielles qui s’y exercent. Après des années de mauvaise gestion et notamment de surexploitation de son eau, le parc national pourrait être totalement asséché si aucune mesure n’est prise au plus vite. C’est ce que révèle la dernière étude du WWF Sauvons Doñana : du danger à la prospérité réalisé par Dalberg.
Situé dans le sud de l’Espagne, Doñana abrite plus de 4000 espèces, dont le lynx ibérique qui est en voie de disparition, et accueille six millions d’oiseaux migrateurs. Au-delà de sa richesse environnementale, le site est essentiel à l’économie régionale puisqu’il fournit des emplois aux 200 000 habitants de la région dans le secteur de la pêche, de l’agriculture, de la recherche et de l’écotourisme.
Ces trente dernières années, les activités industrielles et notamment l’agriculture intensive ont utilisé plus de 80% de l’eau qui devrait alimenter les marais de Doñana. Très polluées par les pesticides et engrais utilisés par le secteur agricole, les eaux qui continuent à alimenter le site portent également atteinte à sa biodiversité. C’est le cas de la production croissante de fraises qui a un impact important sur la quantité mais aussi la qualité de l’eau de Costa Doñana d’autant que 70% de la production d’Espagne est cultivée sur le site. A elle seule, l’industrie de la fraise représente 400 millions d’euros chaque année.
A l’agriculture intensive s’ajoute plus de 1000 puits illégaux, 3000 hectares de fermes illégales, un plan de dragage ainsi que des projets d’extraction et de stockage de gaz. Le gouvernement andalou soutient également la réouverture d’une mine jouxtant le parc, mine connue pour avoir déjà causé l’une des pires catastrophes environnementales qu’ait vécue l’Espagne.
Faites-vous entendre
Le WWF appelle les institutions internationales à mettre le gouvernement espagnol face ses responsabilités pour la mauvaise gestion de Doñana. L’Espagne doit au plus vite mettre un terme aux menaces exercées sur le site quelles qu’elles soient, notamment via un plan solide de gestion de l’eau.
« Costa Doñana est à un tournant : soit le gouvernement espagnol respecte au plus vite les engagements internationaux qu’il a adopté, soit il continue à permettre sa surexploitation quitte à ce que la situation devienne irréversible et conduise à son classement sur la liste du patrimoine mondial en péril en juin 2017. La protection de Doñana n’est pas seulement une question d’intérêt local ou national, elle est d’une importance internationale. »
Juan Carlos del Olmo, directeur général du WWF Espagne
« Le site de Doñana est protégé par presque tous les niveaux de protection : parc national, site Ramsar, site Natura 2000, réserve de la biosphère de l’Unesco, site classé au Patrimoine mondial de l’Unesco.
Si nous ne sommes pas en mesure de préserver ce site emblématique, comment pouvons-nous espérer préserver notre planète ? Nos actes doivent être à la hauteur de notre ambition ! »
Pascal Canfin, directeur général du WWF France
Vous aussi interpellez le Président du gouvernement d’Espagne et demandez au gouvernement espagnol d’intervenir concrètement sur le site wwf.fr/faitesvousentendre
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