Commerce illégal d'ivoire et de cornes de rhinocéros : la CITES appelle à maintenir la pression

Saisie d'ivoire en Thaïlande<br />© WWF / James Morgan Le Comité permanent de la Convention sur le Commerce International des Espèces de faune et flore sauvages menacées d’extinction (CITES) réuni à Genève depuis lundi vient de conclure sa 66ème session. Pour mettre un terme au braconnage qui décime chaque année des milliers d’éléphants et de rhinocéros, il appelle le Mozambique, la Tanzanie, le Vietnam, à prendre des actions urgentes pour lutter contre le commerce illégal d’ivoire et de cornes de rhinocéros. Le Comité demande également à ce que des sanctions soient prises à l’encontre de l’Angola, du Laos et du Nigéria, trois pays particulièrement impliqués dans ce commerce.

Selon Carlos Drews, Directeur du Programme sur les Espèces au WWF, « Cette semaine, le Comité permanent de la CITES a pris des décisions difficiles mais nécessaires pour lutter contre le commerce illégal d’ivoire et de cornes de rhinocéros. Des progrès considérables ont été réalisés par de nombreux pays au cours de ces dernières années, mais le Mozambique, la Tanzanie et le Vietnam sont loin d’en faire assez ».

  • Mozambique et Tanzanie : ces deux pays ayant chacun perdu plus de la moitié de leurs éléphants depuis 2009 doivent prendre des mesures énergiques pour lutter contre le commerce illégal d’ivoire avant la prochaine réunion en septembre.
    Le Mozambique, en particulier, a été prié d’appliquer sa nouvelle loi sur la vie sauvage, en souffrance depuis 18 mois, permettant ainsi aux gros trafiquants de continuer à agir en toute impunité et remettant en cause les promesses présidentielles concernant la lutte contre la criminalité liée aux espèces sauvages. Le pays devra également faire part de ses progrès en matière de mise en œuvre de son plan d’actions pour sauver les rhinocéros. En l’absence d’améliorations suffisantes, le pays sera sanctionné.
     
  • Vietnam : le pays, plus grand consommateur de cornes de rhinocéros, est tenu de faire preuve de davantage d’engagement pour éradiquer le commerce illégal et faire rapport de ses progrès en la matière.
     
  • Angola, Laos et Nigéria : le Comité permanent a appelé à ce que ces pays fassent l’objet de sanctions relatives au commerce des espèces inscrites à la CITES pour ne pas avoir soumis leur rapport sur les progrès de la mise en œuvre du plan d’action national CITES sur l’ivoire.

 
Selon Colman O Criodain, Analyste du Commerce des Espèces Sauvages au WWF « Le WWF soutient la demande du Comité d’agir sur Zanzibar. Nous demandons depuis longtemps que le territoire soit couvert par les règles de la CITES comme le reste de la Tanzanie. Zanzibar est devenu une plaque tournante du trafic non seulement pour l’ivoire mais aussi pour les bois précieux – et cela continuera ainsi jusqu’à ce qu’il soit soumis à la règlementation CITES. »
 
D’autres sujets clés ont été au cœur des discussions. Le commerce illégal de bois, notamment dont la majeure partie passe par Zanzibar, provient de Madagascar : ce pays a été appelé à mener un inventaire de ses stocks d’ébène et de bois de rose – dont la plupart infiltre le commerce illégal. De nombreuses autres mesures ont été approuvées sur le poisson totoaba, les tigres, les grands singes et les pangolins. Enfin, la CITES a aussi pris des mesures pour s’attaquer au blanchiment des animaux prélevés dans la nature ou élevés en captivité. 

Lutte contre la criminalité sur les espèces sauvages : les experts de la CITES réunis à Genève

Rhinocéros noir (Diceros bicornis) et éléphant d'Afrique (Loxodonta africana)<br />© naturepl.com / John Downer / WWFLe Comité permanent responsable de la mise en œuvre de la CITES (Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction) se réunit du 11 au 15  janvier à Genève. Avec un nombre record de participants et de sujets à l’ordre du jour – éléphants, rhinocéros, bois illégal – cette 66ème réunion du Comité doit être l’occasion de redoubler d’efforts pour faire face à l’aggravation sans précédent de la criminalité liée aux espèces sauvages et mettre un coup d’arrêt au braconnage.
 
Alors que 30 000 éléphants d’Afrique sont braconnés chaque année, la lutte contre le commerce illégal d’ivoire sera à nouveau au cœur des discussions. A partir de mardi, le Comité se penchera notamment sur  l’état d’avancement de la mise en œuvre des Plans d’action nationaux CITES pour l’ivoire par les 19 pays et territoires[1] particulièrement impliqués dans ce commerce illégal.
 
Dans ses recommandations au Comité, le WWF demande à ce que la Tanzanie et le Mozambique précisent le calendrier de mise en œuvre de leur plan d’action et que le Nigéria, l’Angola et le Laos se mettent en conformité sous peine de sanctions.
 
Selon Carlos Drews, Directeur international du programme Espèces, « Les Plans d’action nationaux CITES pour l’ivoire sont une priorité pour le WWF parce que leur mise en œuvre aura un énorme impact sur le trafic d’ivoire et le braconnage de l’éléphant. Certains pays comme la Thaïlande ont fait des progrès, mais il est encore trop tôt pour affirmer que l’un d’entre eux en a fait assez. D’autres pays, à l’inverse, sont loin d’être à la hauteur. »
 
Le Comité doit également aborder la question du braconnage des rhinocéros. Pour rappel, la Namibie a annoncé que 80 rhinocéros ont été victimes du braconnage en 2015, soit 25 de plus que l’année précédente. Pendant ce temps, l’Afrique du Sud aurait perdu plus de 1000 rhinocéros pour la 3ème année consécutive.
 
« Il est temps pour la CITES d’adopter pour les rhinocéros la même approche que pour les éléphants c’est-à-dire mettre la pression sur les pays les plus impliqués. Le Vietnam et le Mozambique doivent maintenant se mettre d’accord sur des plans d’action pour prévenir et lutter contre le trafic de cornes de rhinocéros. » ajoute Carlos Drews.
  
Il sera également question du commerce illégal des essences de bois de rose, d’ébène, de palissandre de Madagascar, du rôle de la corruption dans le commerce illégal d’espèces sauvages, de la réglementation du commerce de spécimens élevés en captivité, du renforcement de la législation nationale pour les espèces protégées, ou encore du commerce d’autres d’espèces comme les pangolins ou le guépard.
 
« Cette réunion du Comité permanent doit être l’occasion pour la France de poursuivre son combat contre le braconnage et le commerce illégal d’espèces sauvages. Après avoir présenté, en décembre 2013, son plan national d’action de lutte contre le braconnage d’éléphants et contre le trafic d’ivoire, et soutenu différentes initiatives internationales telles que la Conférence de Londres (février 2014) ou la réunion de Kasane (mars 2015), la France a la capacité de peser dans les discussions. » rappelle Pascal Canfin, directeur général du WWF France.

 


[1] Pays de « préoccupation principale »  (Chine, Kenya, Malaisie, Ouganda, Philippines, Thaïlande, République-Unie de Tanzanie et Vietnam), pays de « préoccupation secondaire » (Cameroun, Congo, Égypte, Éthiopie, Gabon, Mozambique, Nigeria et République démocratique du Congo), pays « méritant d’être suivis » (Angola, Cambodge et République démocratique populaire lao).