Cinq grandes tendances qui changeront radicalement le secteur de l'énergie

Ce rapport révèle que l'Allemagne, première économie européenne, n'est plus la seule pionnière sur le secteur des énergies renouvelables.<br />© Kevin Schafer / WWF

Les discussions en cours à la COP21 auront au moins permis de mettre en avant l’évolution croissante de la transition énergétique mondiale. Deux initiatives sur le sujet ont notamment été lancées à cette occasion : l’initiative indienne en matière d’énergie solaire et l’initiative africaine sur l’énergie renouvelable. 

 

Le WWF et LichtBlick, le plus gros distributeur d’énergie renouvelable en Allemagne, publient aujourd’hui le rapport Megatrends in the global energy transition qui identifie cinq grandes tendances qui pourraient radicalement changer le secteur de l’énergie. Ce rapport révèle que l’Allemagne, première économie européenne, n’est plus la seule pionnière sur le secteur des énergies renouvelables. Les bénéfices économiques, sociaux et environnementaux des énergies renouvelables sont autant d’arguments en faveur d’une transformation énergétique mondiale. 

 

Selon Stephan Singer, Directeur du programme global sur les politiques énergétiques du WWF International, « Le rythme et l’ampleur du changement sont surprenants et encourageants. Les citoyens veulent aller de l’avant en matière de transition énergétique. Nous avons donc besoin d’un accord ambitieux sur le climat à Paris et d’un véritable soutien politique pour avancer encore et toujours dans la transition énergétique mondiale. En donnant encore plus d’ampleur aux tendances actuelles, nous pourrons accélérer le déploiement des énergies solaires et éoliennes. Il faut également envoyer un message fort aux investisseurs afin d’encourager le désinvestissement massif et rapide des énergies fossiles ». 

 

Les cinq grandes tendances identifiées dans le rapport :

 

1. L’ère des énergies fossiles touche à sa fin

En prévision de la mise en place d’objectifs climatiques plus stricts et compte tenu des coûts liés aux impacts sociaux et environnementaux des énergies traditionnelles, les investisseurs retirent progressivement leur soutien aux énergies fossiles. L’exemple le plus récent concerne la compagnie d’assurance internationale Allianz qui s’est désinvesti du charbon.

 

2. Un nouveau futur énergétique est en marche

De plus en plus de pays se tournent vers les énergies renouvelables, abandonnant le nucléaire et les énergies fossiles. Pour la première fois en 2013 et de nouveau en 2014, on constate que l’on construit davantage de sites de production d’énergie renouvelable que de sites fossiles ou de centrales nucléaires. En 2014, les sommes investies dans l’électricité renouvelable étaient deux fois plus élevées que celles investies dans les combustibles fossiles. Depuis 2000, la puissance installée en photovoltaïque dans le monde a été multipliée par 50, tandis que l’énergie éolienne a augmenté d’un facteur de huit pendant la même période.

 

3. L’énergie de l’avenir est renouvelable

Les changements que l’on observe s’expliquent par les grandes avancées technologiques et la chute vertigineuse des prix. Le prix de revient d’un kilowatt/heure d’énergie solaire a diminué en quelques décennies et est passé d’un euro à moins de 10 centimes d’euro dans les pays les plus ensoleillés. A l’avenir, il pourrait chuter à deux centimes d’euro, selon l’Institut allemand Fraunhofer Institute.

 

4. L’énergie de l’avenir est décentralisée 

La production d’énergie est désormais assurée par des milliards de petites et grandes centrales d’énergie renouvelable. Grâce à des techniques toujours plus efficaces et décentralisées, la pauvreté énergétique pourrait être éradiquée.

 

5. L’énergie de l’avenir est numérique

Après la réduction des coûts de production des renouvelables, la mise en place de la législation et la mobilisation de ressources financières par le secteur privé, ce sont le passage au numérique et la décentralisation de la production qui caractériseront de nombreux aspects du futur système énergétique. 

 

Selon Heiko von Tschischwitz, Directeur général de LichtBlick, « Nous sommes au cœur d’une révolution industrielle qui va complètement bouleverser le secteur de l’énergie. L’énergie renouvelable n’est plus un luxe : elle est accessible par tous à des prix compétitifs. Ce ne sont pas les entreprises mais les consommateurs et leurs choix qui construisent le nouveau monde énergétique. Grâce aux nouvelles technologies, nous pouvons relier des millions de petits sites de stockage et de production d’énergie renouvelable décentralisés pour construire un système énergétique largement aussi rentable et fiable que le charbon, le pétrole, le gaz naturel et l’uranium. »

 

Sur le contexte français, Pierre Cannet, responsable du programme Energie et Climat au WWF France, souligne qu’avec « 14,2 % de part d’énergies renouvelables dans sa consommation finale brute d’énergie en 2013, la France sur le rythme actuel accusera d’un retard qui ne lui permettra pas d’honorer son objectif de 23% d’ici 2020. Si la loi pour la transition énergétique a su fixer des jalons encourageants pour le déploiement des renouvelables, l’application, la programmation pluriannuelle et les moyens alloués seront déterminants. La France doit ainsi traduire par des actes le choix des renouvelables si elle ne souhaite pas rester sur la touche aux niveaux européen et mondial. »

 

Réaction de Tasneem Essop suite à l'adoption par les pays du projet d'accord à quelques jours du segment ministériel

Après avoir fait preuve de discipline, les négociateurs doivent donc maintenant faire preuve de responsabilité.<br />© WWF

« Les ministres sont dans une course contre la montre puisqu’ils devront s’assurer qu’un accord solide sera adopté d’ici vendredi. La présidence française de la COP a maintenant la responsabilité de nous conduire jusqu’à la ligne d’arrivée. Même s’il clarifie des options, le projet d’accord de négociations reflète toujours la plupart des divergences qui persistent entre les pays. La présidence française va devoir faire preuve d’un grand talent et les gouvernements d’un esprit de coopération à toute épreuve pour concilier ces différences.

Dans ce sprint final, nous espérons que les ministres ne vont pas faire l’impasse sur l’ambition au profit de tractations hâtives et bien rester fidèles à la science du climat. »

 

 

Agenda de l'action Lima-Paris et énergies fossiles :
 déclaration de Isabelle Autissier présidente du WWF France

Si l'on veut rester sous la barre des 2°C ou des 1,5°C, il est impossible d'intégrer par cohérence des initiatives portant sur les énergies fossiles.<br />© © Carlos G. VALLECILLO / WWF-International

L’Agenda de l’Action Lima-Paris (LPPA), lancé il y a plus d’un an par la France, le Pérou, le secrétariat de la Convention-cadre des Nations Unies sur le Changement Climatique et le Secrétariat général des Nations Unies, peut concrètement faire avancer l’action et la mobilisation mondiale contre le dérèglement climatique.

A la COP21, celui-ci intègre des initiatives capables d’aller plus vite et plus loin dans la mise en œuvre de la transition énergétique au niveau mondial. Si l’on veut rester sous la barre des 2°C ou des 1,5°C, il est impossible d’intégrer par cohérence des initiatives portant sur les énergies fossiles, qui doivent devenir les énergies du passé. Cette semaine a démontré une accélération significative du déploiement des énergies renouvelables. Mais cet agenda lance aujourd’hui une initiative ayant pour objectif de limiter les émissions de méthane des pétroliers et des gaziers.

Selon Isabelle Autissier, présidente du WWF France, « Il est impératif de pas brouiller le message. Toute initiative qui associerait de près ou de loin les acteurs ou activités en contradiction avec ce principe doit être écartée de l’agenda. Dans le cas contraire, cela risquerait de freiner la transformation en marche et enverrait un mauvais signal à la COP21. L’exclusion de cette initiative sur le méthane demandée par 17 ONGs a été partagée par le gouvernement français, notamment par la ministre de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie, lors d’une rencontre samedi dernier avec le Président de la République François Hollande et le Ministre des Affaires étrangères. Ségolène Royal a renouvelé cette annonce  aujourd’hui encore à l’occasion d’une conférence de presse sur les polluants de courte durée, l’un des thèmes de l’Agenda de l’Action. »

Par une lettre adressée à la France, au Pérou, au secrétariat de la CCNUCC et au secrétariat des Nations Unies, le WWF rappelle cette demande essentielle de l’exclusion de telles initiatives carbonées de l’Agenda de l’Action Lima-Paris (lettre disponible en pièce jointe).

COP21 : les co-présidents remettent un projet de texte compilant les derniers résultats des négociations

Après avoir fait preuve de discipline, les négociateurs doivent donc maintenant faire preuve de responsabilité.<br />© WWF

Selon Tasneem Essop, cheffe de la délégation du WWF pour la COP21, « Bien sûr, trouver toutes les solutions pour protéger le monde des ravages du changement climatique va demander d’âpres négociations et de multiples versions du texte. Ce travail est en cours mais les négociateurs ont beaucoup à faire s’ils souhaitent faire de ce projet un accord ambitieux et juste. Globalement, le texte reste celui sur lequel ils travaillaient depuis mardi à Paris.

 

Les avancées inégales faites dans les discussions thématiques ont été compilées dans un texte présentant les éléments clés d’un accord dont les grandes lignes ont été données par les chefs d’Etats lors de leurs discours en début de semaine.

Il est clair que les négociations progressent trop lentement. Pour certaines thématiques, les options sont plus claires et mieux structurées, mais dans l’ensemble nous sommes toujours face à des options très divergentes dans cette nouvelle version du texte. C’est une bonne chose de voir que malgré les craintes le texte n’a pas été trop allongé.

 

Selon Pierre Cannet, responsable du programme Energie et Climat au WWF France, « Les négociateurs ont su faire preuve de discipline cette fois-ci puisque le texte de discussion n’a pas gonflé. Le texte de compilation remis ce matin montre que des sujets comme les objectifs de long terme sur l’adaptation, les réductions d’émissions ou encore le pre-2020, ont fait l’objet, à la marge, de quelques avancées ces deux derniers jours.

 

Mais des points durs touchant aux financements ou aux efforts de réductions et à leur vérification restent à être creusés si les négociateurs souhaitent aboutir samedi midi à des options claires et utiles pour leurs ministres. En ce sens, les désaccords qui persistent sur ces points durs ne sauront être levés tant que les pays ne chercheront ni à résoudre collectivement la question de la différentiation ni à en sortir par le haut.

 

Après avoir fait preuve de discipline, les négociateurs doivent donc maintenant faire preuve de responsabilité. »

La Chine peut tenir ses principaux engagements en faveur du climat : rapport du WWF

La Chine a le potentiel technique pour produire 84 pourcent de ses besoins en électricité par le biais de sources renouvelables en 2050.<br />© WWF / Elma Okic

Selon un nouveau rapport du WWF, les engagements de la Chine en faveur de la réduction de ses émissions des gaz à effet de serre et de l’augmentation de la part des combustibles non fossiles dans sa consommation d’énergie primaire peuvent non seulement être tenus, mais ils sont également réalisables d’un point de vue économique et technique. D’après ce rapport, la Chine a le potentiel technique pour produire 84 pourcent de ses besoins en électricité par le biais de sources renouvelables en 2050 – et à un coût bien moindre que si elle continue de se reposer sur le charbon.
 
China’s Future Generation 2.0 du WWF utilise une analyse de l’Institut de recherche sur la transition énergétique (Entri), en modélisant l’offre et la demande énergétique heure par heure d’aujourd’hui à 2050. En incorporant des hypothèses avec des innovations technologiques modérées, le rapport estime que la Chine pourrait tenir les principaux engagements internationaux qu’elle a pris avant les pourparlers de Paris sur le climat, lesquels visent à commencer à diminuer les émissions globales de carbone et à produire 20 pourcent de son énergie primaire à partir de sources de combustibles non fossiles d’ici à 2030. Le rapport illustre également que le charbon pourrait être éliminé du bouquet énergétique de la Chine d’ici à 2050 voire avant cette date.
 
« La Chine à une merveilleuse occasion, ici, dans le cadre des négociations sur le climat des Nations unies, de faire un pas de plus vers un accord fort. Nos données montrent que les objectifs définis par la Chine sont non seulement ambitieux, mais entièrement réalistes », déclare Samantha Smith, Directrice de l’Initiative globale en faveur de l’énergie et du climat. « Cette année, nous nous attendons à ce que les émissions de CO2 de la Chine liées aux énergies stagnent voire diminuent, la poursuite et l’accélération de ces tendances encourageantes étant cruciales pour le futur de la planète. Le rapport rendu public ce jour indique que ce futur est à notre portée, et à un coût moindre par rapport à l’approche actuellement adoptée par le pays. »
 
En plus d’accentuer le développement de sources d’énergie renouvelables, la nation la plus peuplée et la plus énergivore au monde peut dans le même temps poursuivre des stratégies agressives destinées à améliorer le rendement énergétique afin de réduire la demande en électricité. Ces rendements, qui impliquent la mise en place de normes audacieuses pour les appareils et les équipements électriques, peuvent permettre de réduire la consommation d’énergie annuelle quasiment de moitié en 2050.
 
« Ce rapport nous montre ce qu’il est possible d’accomplir. Pour façonner ce futur caractérisé par des rendements énergétiques élevés et fondé sur les énergies renouvelables, la volonté politique est l’ingrédient essentiel », estime Lo Sze Ping, Président-directeur général de WWF-Chine. « Plus tôt le gouvernement chinois enverra des signaux clairs en faveur de la transition énergétique, et plus nous pourrons garantir le développement durable de l’économie chinoise. »
Mettant à jour un rapport datant de 2014, la nouvelle analyse du WWF et de l’Entri aboutit à la conclusion suivante : parvenir à la production de 80 pourcent d’électricité renouvelable est plus que jamais réalisable et bénéfique pour les intérêts économiques chinois. Future Generation 2.0émet des recommandations supplémentaires, qui invitent les dirigeants chinois à :
  • Adopter des nouvelles normes rigoureuses pour les climatiseurs, les chauffe-eau, les moteurs et l’éclairage ;
  • Abandonner les projets de gazéification du charbon ; et
  • Accélérer les réformes du secteur de l’énergie pour optimiser la distribution d’électricité et fixer les prix de l’électricité pour la gestion de la charge de pointe.