114 entreprises s'engagent à aligner leurs émissions de gaz à effet de serre (GES) 
sur l'objectif de 2°C

L'initiative Science Based Targets vise à mobiliser 100 entreprises d'ici fin 2015 souhaitant aligner leurs émissions de gaz à effet de serre sur les recommandations des scientifiques du GIEC.<br />© Edward Parker / WWF

Ikea, Coca-Cola Entreprises, Walmart ou encore Kellogg’s rejoignent l’initiative Science Based Targets

 

 

A ce jour, 114 entreprises se sont engagées, dans le cadre de l’initiative Science Based Targets, à aligner leurs objectifs de réductions d’émissions de gaz à effet de serre sur les recommandations des scientifiques du GIEC, pour maintenir la température moyenne mondiale bien en-dessous de 2°C. Cette annonce a été faite à l’occasion de l’événement organisé à la COP21 par Caring for Climate dans le cadre de la journée thématique « entreprises » de l’Agenda de l’Action Lima-Paris. 

 

Le total des émissions annuelles des entreprises ayant rejoint cette initiative représente au moins 476 millions de tonnes de CO2 – soit l’équivalent des émissions annuelles de l’Afrique du Sud ou de 125 centrales au charbon. Ces chiffres soulignent à quel point l’action des entreprises peut contribuer à l’effort mondial en matière de lutte contre le changement climatique. 

 

Science Based Targets est une initiative du Carbon Disclosure Project (CDP), du World Resources Institute (WRI), du WWF et du United Nations Global Compact. A travers sa méthodologie,  elle permet de définir des objectifs adaptés par entreprise sur la base des budgets carbones disponibles secteur par secteur – volume total d’émissions possible dans la limite des 2°C – et en prenant en  compte d’autres critères comme le périmètre de ses émissions directes et indirectes, sa période d’engagement et son niveau d’ambition. 

 

Dix entreprises telles que Coca-Cola Entreprises, Dell, Enel, General Mills, Kellogg’s, NRG Energy, Procter&Gamble, Sony et Thalys ont déjà vu leurs objectifs de réduction d’émissions approuvés. Au total, ces 10 entreprises devraient réduire leurs émissions de 799 millions de tonnes de CO2 jusqu’à ce que leurs objectifs arrivent à échéance, ce qui équivaut environ à 1,86 milliards de barils de pétrole non brûlé. Ces entreprises ont également pris des engagements ambitieux en faveur de la réduction de leurs émissions indirectes à travers leurs chaînes de valeur. 

 

Lorsque l’initiative Science Based Targets a été lancée, son but était de mobiliser 100 entreprises d’ici fin 2015 souhaitant aligner leurs émissions de gaz à effet de serre sur les recommandations des scientifiques du GIEC. Avec 114 entreprises, cet objectif est désormais dépassé. Cela signifie que les plus grandes entreprises ont compris et intégré qu’il était de leur intérêt de se fixer des objectifs ambitieux de réduction de leurs émissions.

 

Ces 114 entreprises représentent au moins 932 milliards d’USD en termes de bénéfices totaux combinés (2014) – ce qui s’avère supérieur au PIB de l’Indonésie. Presque un quart des sociétés engagées sont basées aux États-Unis, au Royaume-Uni, en France et au Canada.

 

Quels sont les engagements de Kellogg’s, NRG Energy et Enel ?

 

●   Kellogg’s Company s’engage à réduire de 15 % l’intensité de ses émissions (tonne de CO2par tonne de nourriture produite) d’ici à 2020, en prenant 2015 comme année de référence. Le groupe s’engage également à réduire les émissions globales de l’ensemble de sa chaîne de valeur de 20 % sur la période 2015-2030. 

 

●   NRG Energy s’est fixé l’objectif de réduire de 50 % ses émissions totales d’ici à 2030, en prenant 2014 comme année de référence. La société a également un objectif à long terme : diminuer de 90 % les émissions totales d’ici à 2050 par rapport aux niveaux de 2014. 

 

●   Enel s’engage quant à lui à réduire ses émissions de CO2 de 25 % par kWh d’ici à 2020, sur la base de l’année de référence 2007. L’objectif inclut la mise hors service de 13 GW de centrales électriques à combustibles fossiles en Italie. Une étape importante dans le cadre de son objectif à long terme visant à atteindre un bilan neutre en carbone d’ici à 2050. 

 

« En tant que société alimentaire présente dans le monde entier, nous sommes conscients des conséquences importantes que le changement climatique peut avoir sur notre activité si l’on ne s’attaque pas à ce problème. C’est la raison pour laquelle nous agissons sur notre chaîne de valeur » a déclaré Ken Powell, Président-Directeur général de Mills. « Nous savons toutefois qu’aucune entreprise, aucun secteur ni aucun gouvernement ne parviendra à atténuer le changement climatique seul. Il s’agit d’un défi commun et immédiat pour le monde entier. Des progrès réels vers des niveaux d’émission plus durables passeront par une collaboration sans précédent et une innovation collective »

 

« En qualité de société d’énergie mondiale, Enel est prête à défier les pratiques commerciales courantes et à prendre les devants en ce qui concerne la transformation de l’infrastructure énergétique. Nous nous engageons à parvenir à un bilan neutre en carbone d’ici à 2050. Cela s’avère conforme au niveau de décarbonisation requis pour limiter le réchauffement mondial à 2 degrés » déclare Francesco Starace, Président-Directeur général et Directeur général d’Enel, la société d’énergie la plus importante au monde en clientèle. « Afin de soutenir cette transition énergétique, le groupe encourage des politiques environnementales ambitieuses et rentables, accélérant ainsi la transition vers une économie plus intelligente, efficace, et basée sur les énergies renouvelables ». 

 

« Nous souhaitons avoir un impact positif sur les populations et la planète. Cela signifie que nous devons tout miser dans la lutte contre le changement climatique. Nous avons réalisé de grands progrès en termes de réduction d’émissions et nous avons investi 1,5 milliard d’euros dans les énergies renouvelables depuis 2009. Nous mettons dorénavant en place un objectif basé sur une approche scientifique pour rester sur la
bonne voie dans le cadre de la mise en œuvre d’actions à faible émission de carbone »,
a indiqué Steve Howard, Responsable du développement durable pour le Groupe IKEA.

 

Aujourd’hui, le WRI a également mis en place la nouvelle plateforme commerciale CAIT Climate Data Explorer, une base de données interactive destinée aux objectifs de réductions d’émissions des entreprises. Ce nouvel outil fournit des données très fiables et permet de mettre en place des projections climatiques internationales. Les données des sociétés sont fournies par le CDP et par l’initiative Science Based Targets. 

 

« Nous estimons que le changement climatique constitue un défi majeur. Il est clair que nous devons tous agir pour réduire, éviter et atténuer l’impact de la hausse des niveaux de gaz à effet de serre » a déclaré Kathleen McLaughlin, Responsable du développement durable pour WalMart Stores, Inc. « Aussi nous soutenons l’appel des Nations Unies et voulons contribuer à ce que les entreprises américaines s’engagent vers des objectifs basés sur une approche scientifique afin de réduire les émissions. En outre, nous avons pour notre part d’ores et déjà découplé avec succès notre croissance de nos émissions, et nous avons récemment annoncé avoir dépassé notre objectif de réduction de 20 millions de tonnes métriques pour les émissions de GES en provenance de notre chaîne d’approvisionnement ».

 

La société de technologie Dell, basée aux États-Unis, s’est engagée à réduire les émissions provenant de ses usines et de ses opérations logistiques de 50 % d’ici à 2020 par rapport à 2011, et à réduire l’intensité énergétique de son portefeuille de produits de 80 % d’ici à 2020. « Nous sommes également très sensibles au rôle que joue la technologie dans des stratégies efficaces visant à aborder les causes et les conséquences du changement climatique. Nous attendons avec intérêt de pouvoir collaborer avec des clients, des fournisseurs et des partenaires qui ont suivi la même voie. Nous avons établi leurs propres objectifs sur lesquels nous agirons ainsi à l’avenir», a indiqué David Lear, Directeur général du développement durable de Dell.

 

Cinq grandes tendances qui changeront radicalement le secteur de l'énergie

Ce rapport révèle que l'Allemagne, première économie européenne, n'est plus la seule pionnière sur le secteur des énergies renouvelables.<br />© Kevin Schafer / WWF

Les discussions en cours à la COP21 auront au moins permis de mettre en avant l’évolution croissante de la transition énergétique mondiale. Deux initiatives sur le sujet ont notamment été lancées à cette occasion : l’initiative indienne en matière d’énergie solaire et l’initiative africaine sur l’énergie renouvelable. 

 

Le WWF et LichtBlick, le plus gros distributeur d’énergie renouvelable en Allemagne, publient aujourd’hui le rapport Megatrends in the global energy transition qui identifie cinq grandes tendances qui pourraient radicalement changer le secteur de l’énergie. Ce rapport révèle que l’Allemagne, première économie européenne, n’est plus la seule pionnière sur le secteur des énergies renouvelables. Les bénéfices économiques, sociaux et environnementaux des énergies renouvelables sont autant d’arguments en faveur d’une transformation énergétique mondiale. 

 

Selon Stephan Singer, Directeur du programme global sur les politiques énergétiques du WWF International, « Le rythme et l’ampleur du changement sont surprenants et encourageants. Les citoyens veulent aller de l’avant en matière de transition énergétique. Nous avons donc besoin d’un accord ambitieux sur le climat à Paris et d’un véritable soutien politique pour avancer encore et toujours dans la transition énergétique mondiale. En donnant encore plus d’ampleur aux tendances actuelles, nous pourrons accélérer le déploiement des énergies solaires et éoliennes. Il faut également envoyer un message fort aux investisseurs afin d’encourager le désinvestissement massif et rapide des énergies fossiles ». 

 

Les cinq grandes tendances identifiées dans le rapport :

 

1. L’ère des énergies fossiles touche à sa fin

En prévision de la mise en place d’objectifs climatiques plus stricts et compte tenu des coûts liés aux impacts sociaux et environnementaux des énergies traditionnelles, les investisseurs retirent progressivement leur soutien aux énergies fossiles. L’exemple le plus récent concerne la compagnie d’assurance internationale Allianz qui s’est désinvesti du charbon.

 

2. Un nouveau futur énergétique est en marche

De plus en plus de pays se tournent vers les énergies renouvelables, abandonnant le nucléaire et les énergies fossiles. Pour la première fois en 2013 et de nouveau en 2014, on constate que l’on construit davantage de sites de production d’énergie renouvelable que de sites fossiles ou de centrales nucléaires. En 2014, les sommes investies dans l’électricité renouvelable étaient deux fois plus élevées que celles investies dans les combustibles fossiles. Depuis 2000, la puissance installée en photovoltaïque dans le monde a été multipliée par 50, tandis que l’énergie éolienne a augmenté d’un facteur de huit pendant la même période.

 

3. L’énergie de l’avenir est renouvelable

Les changements que l’on observe s’expliquent par les grandes avancées technologiques et la chute vertigineuse des prix. Le prix de revient d’un kilowatt/heure d’énergie solaire a diminué en quelques décennies et est passé d’un euro à moins de 10 centimes d’euro dans les pays les plus ensoleillés. A l’avenir, il pourrait chuter à deux centimes d’euro, selon l’Institut allemand Fraunhofer Institute.

 

4. L’énergie de l’avenir est décentralisée 

La production d’énergie est désormais assurée par des milliards de petites et grandes centrales d’énergie renouvelable. Grâce à des techniques toujours plus efficaces et décentralisées, la pauvreté énergétique pourrait être éradiquée.

 

5. L’énergie de l’avenir est numérique

Après la réduction des coûts de production des renouvelables, la mise en place de la législation et la mobilisation de ressources financières par le secteur privé, ce sont le passage au numérique et la décentralisation de la production qui caractériseront de nombreux aspects du futur système énergétique. 

 

Selon Heiko von Tschischwitz, Directeur général de LichtBlick, « Nous sommes au cœur d’une révolution industrielle qui va complètement bouleverser le secteur de l’énergie. L’énergie renouvelable n’est plus un luxe : elle est accessible par tous à des prix compétitifs. Ce ne sont pas les entreprises mais les consommateurs et leurs choix qui construisent le nouveau monde énergétique. Grâce aux nouvelles technologies, nous pouvons relier des millions de petits sites de stockage et de production d’énergie renouvelable décentralisés pour construire un système énergétique largement aussi rentable et fiable que le charbon, le pétrole, le gaz naturel et l’uranium. »

 

Sur le contexte français, Pierre Cannet, responsable du programme Energie et Climat au WWF France, souligne qu’avec « 14,2 % de part d’énergies renouvelables dans sa consommation finale brute d’énergie en 2013, la France sur le rythme actuel accusera d’un retard qui ne lui permettra pas d’honorer son objectif de 23% d’ici 2020. Si la loi pour la transition énergétique a su fixer des jalons encourageants pour le déploiement des renouvelables, l’application, la programmation pluriannuelle et les moyens alloués seront déterminants. La France doit ainsi traduire par des actes le choix des renouvelables si elle ne souhaite pas rester sur la touche aux niveaux européen et mondial. »

 

Réaction de Tasneem Essop suite à l'adoption par les pays du projet d'accord à quelques jours du segment ministériel

Après avoir fait preuve de discipline, les négociateurs doivent donc maintenant faire preuve de responsabilité.<br />© WWF

« Les ministres sont dans une course contre la montre puisqu’ils devront s’assurer qu’un accord solide sera adopté d’ici vendredi. La présidence française de la COP a maintenant la responsabilité de nous conduire jusqu’à la ligne d’arrivée. Même s’il clarifie des options, le projet d’accord de négociations reflète toujours la plupart des divergences qui persistent entre les pays. La présidence française va devoir faire preuve d’un grand talent et les gouvernements d’un esprit de coopération à toute épreuve pour concilier ces différences.

Dans ce sprint final, nous espérons que les ministres ne vont pas faire l’impasse sur l’ambition au profit de tractations hâtives et bien rester fidèles à la science du climat. »