Changement climatique : le léopard des neiges au bord du précipice

Le changement climatique risque d'exacerber les menaces qui pèsent sur le léopard des neiges.<br />© Klein & Hubert / WWF

Inscrit sur la liste rouge de l’UICN, le léopard des neiges est en danger. On estime que l’espèce ne compte pas plus de 4 000 individus à l’état sauvage et leur nombre ne cesse de décroître. Cherchant à interpeller sur la nécessité d’une action urgente au niveau international pour le préserver, le WWF publie aujourd’hui un rapport inédit sur l’importance du félin et de son habitat naturel pour le monde entier. 

 

Évoluant avec aisance sur les pentes glaciales des massifs d’Asie centrale, le léopard des neiges est passé maître dans l’art du camouflage. Selon la saison et l’altitude, il chasse markhors et bouquetins, moutons et marmottes. Rares sont les humains à l’avoir vu, si bien qu’on le surnomme le fantôme des montagnes. Montagnes dont il est devenu l’icône, avec leur beauté à couper le souffle et qui, en plus d’héberger une multitude d’espèces endémiques, procurent d’immenses bénéfices aux populations,  à commencer par des services écologiques essentiels tel que l’approvisionnement en eau. Plus de 330 millions de personnes dépendent en effet directement des rivières de la région pour leur ration quotidienne en eau. 

 

La dégradation et le recul de son habitat, le braconnage et les conflits avec les populations ont contribué au déclin de la population de léopards des neiges de 20% depuis les 16 dernières années. Le changement climatique risque d’exacerber les menaces qui pèsent sur cette espèce et pousser vers un seuil fatidique d’individus.

 

Le WWF poursuit ses actions et notamment son travail d’observation réalisé grâce à des caméras pièges et colliers GPS. Mais le temps presse et la population des léopards des neiges poursuit son déclin.

 

Rapport WWF : Le charbon à bout de souffle et des énergies renouvelables en expansion

L'industrie du charbon est face à un déclin structurel inéluctable.<br />© WWF US / Julie Pudlowski

Dans son nouveau rapport Global coal : the acceleration of market decline, le WWF indique qu’au niveau international, les industries du charbon sont au bord de la crise financière et que les projets de centrales à charbon avortés sont plus nombreux que ceux qui voient le jour.

 

  • Les énergies renouvelables, toujours plus accessibles, attirent plus d’investisseurs que le charbon. En 2014, 59% des capacités de production supplémentaires venaient des énergies renouvelables – environ 80% en Europe.

 

  • Un peu partout dans le monde, le secteur financier est en train de retirer ses soutiens au charbon. Des investisseurs majeurs tels que AXA, Aviva, les fonds de pension de l’Etat de Californie ou de la ville d’Oslo ou encore le Norwegian Sovereign Wealth Fund s’en désinvestissent. Les banques telles que le Crédit agricole et la Bank of America sont également en train de réduire les soutiens au charbon.

 

  • Les inquiétudes quant à son impact sur le changement climatique, sur l’environnement et la santé incitent de plus en plus les gouvernements à mettre en place des mesures quant à son exploitation. Le rapport montre que le charbon est dans une impasse.

 

Pour résumer, l’industrie du charbon est face à un déclin structurel inéluctable. Pour contenir la hausse de la température moyenne mondiale bien en-dessous de la barre des 2°C, comme le recommande la science, ce déclin devra être le plus rapide possible.

Selon Samantha Smith, directrice de l’initiative mondiale Energie et Climat au WWF, « L’exploitation du charbon est largement responsable du changement climatique. Nous devons en sortir si nous souhaitons atteindre n’importe lequel des objectifs qui sont en discussion à Bonn cette semaine.  L’argent public des pays développés ne doit pas soutenir le charbon que ce soit par des credits à l’export ou la soi-disant finance climat. Les gouvernements et les institutions financières tournent de plus en plus le dos à cette industrie en déclin. Les gouvernements les plus riches doivent soutenir les solutions et mettre leurs efforts sur dans le financement d’une transition juste et rapide vers les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique.

 

Jan Vandermosten chargé des politiques au bureau des politiques européennes du WWF, « Nous sommes témoins de la transition énergétique. La compétitivité accrue des énergies renouvelables a largement ébranlé l’attractivité des soutiens au charbon jusqu’à un point de non-retour. En 2014, la consommation en charbon de la Chine a chuté pour la première fois, les Etats-Unis ferment leurs centrales à charbon et des géants de l’énergie tels que E.ON et RWE se tournent vers les renouvelables. Ces signaux insufflent une dynamique vers la COP21 qui aura lieu en décembre à Paris et l’adoption d’un nouveau régime climatique. »

 

Activités illégales d'Holzindustrie Schweighofer dans les forêts roumaines, le WWF porte plainte pour violation du Règlement Bois de l'Union européenne

Le WWF porte ainsi plainte auprès du Bureau Fédéral des Forêts à Vienne pour violations du Règlement Bois de l'Union européenne (RBUE).<br />© Chris Martin Bahr / WWF

L’ONG américaine EIA (Environmental Investigation Agency) apportait aujourd’hui une nouvelle preuve des pratiques illégales de la société autrichienne Holzindustrie Schweighofer en Roumanie. EIA démontre que l’entreprise autrichienne intègre dans ses exploitations industrielles de grandes quantités de bois illégal provenant de Roumanie qu’elle met ensuite sur le marché de l’Union européenne sous la forme de produits finis ou de bois-énergie. « Schweighofer est l’un des plus grands acteurs de l’industrie du bois en Europe et malheureusement un acteur majeur de l’abattage illégal de bois en Roumanie » souligne Alexander von Bismarck, directrice de l’EIA. 

 

Le WWF porte ainsi plainte auprès du Bureau Fédéral des Forêts à Vienne pour violations du Règlement Bois de l’Union européenne (RBUE) et appelle à une enquête approfondie sur les pratiques de l’entreprise.  

 

Une preuve de plus

Il y a quelques années, Agent Green fournissait également la preuve d’une série de pratiques illégales et non durables d’abattage sur la zone du Parc National de Roumanie. Cette année, deux nouvelles vidéos sont venues étayées ces soupçons. Ces vidéos montraient un camion sortant d’un parc national de Roumanie chargé de bois non référencé et à destination de l’entreprise Schweighofer. Malgré les dénégations de la société, son responsable achat acceptant en toute connaissance de cause ce bois d’origine douteuse.

 

Si le rapport actuel de l’EIA, réalisé sur la base de deux années d’enquête, ajoute une nouvelle pièce à charge contre Schweighofer, le document montre pour la première fois l’étendue des dégâts causés par les grands volumes de bois  illégaux approvisionnant les usines de Schweighofer en Roumanie. « Il faut savoir que 50% du bois abattu en Roumanie est illégal : bois provenant de parcs nationaux, de coupes rases, de sur-exploitation, usage de faux permis ou encore abattage sur des propriétés volées » explique Jean Bakouma, directeur adjoint Production & Consommation Durable du WWF France.

 

Gabriel Paun, Directeur d’Agent Green, ajoute « Les organisations du crime organisé facilitent le transit de bois illégal de Roumanie vers l’Europe. Jusqu’à présent, la législation nationale et européenne n’a pas été capable d’endiguer les activités illégales du secteur. Il existe ainsi de grands risques pour les consommateurs de l’Union. Notons également que les deux tiers de la forêt dont nous parlons abritent de grandes populations d’ours, de loups ou de lynx »

 

Des actions menaçant les efforts de protection de la forêt roumaine 

Le dépôt de plainte du WWF s’inscrit dans une démarche continue de protection des dernières forêts vierges de la région des Carpates. La Roumanie abrite en effet environ 218 000 hectares de forêts anciennes à haute valeur écologique. « Nous aimerions dans l’absolu que 25000 hectares de la forêt vierge de la région soit inscrits au Patrimoine mondial de l’UNESCO. Mais aujourd’hui nous appelons tout d’abord à une enquête approfondie basée sur toutes les preuves fournies par le rapport de l’EIA. Nous ne voulons pas laisser les dernières forêts sauvages d’Europe se transformer en pellets ou en bois de chauffage au bénéfice des grandes multinationales » alerte Andrea Johanides, Directrice générale du WWF Autriche. « Le RBUE n’est malheureusement pas efficacement transposé aux niveaux nationaux, contient  quelques faiblesses et prévoit par exemple des pénalités trop faibles pour toute violation du dispositif » ajoute Jean Bakouma. 

 

Chantage aux emplois contre impunité

Un récent rapport du gouvernement roumain estimait à 80 millions de m3 le volume de bois illégalement abattu sur les 20 dernières années. Un phénomène représentant un manque à gagner de plus de 5 milliards d’euros pour l’économie nationale. Le rapport de l’EIA souligne notamment les dégâts causés par Schweighofer, à travers ses pratiques, sur l’industrie du meuble en Roumanie. En tirant les prix vers le bas et en rachetant les stocks de bois, l’entreprise serait responsable de la perte de 50 000 emplois selon Doina Pana, ancienne Ministre de l’Environnement en Roumanie.

 

Afin de protéger ses activités, Schweighofer est également intervenu dans le but d’empêcher la mise en place d’une nouvelle loi Forêt destinée à limiter les monopoles d’exploitation sur la région. Dans une lettre adressée au Premier Ministre, Gérald Schweighofer menaçait ainsi de poursuivre la Roumanie auprès de la Cour Internationale et de licencier ses salariés roumains si la loi n’était pas retirée.
 

Quel mécanisme de l'ambition pour rattraper le retard pris dans l'action climatique ?

Le dernier round des négociations avant la COP21 s'achève demain à Bonn.<br />© UNFCCC

Alors que s’achève demain à Bonn le dernier round de négociations avant la COP21 et que les pays s’entendent à dire que le texte sur la table manque d’ambition, le WWF présente les bases d’un mécanisme de l’ambition capable de rattraper le retard pris dans l’action climatique sans attendre l’entrée en vigueur en 2020 de l’accord de Paris.

Pour avoir une chance de maintenir la hausse de la température mondiale bien en-dessous de 2°C, le pic des émissions de gaz à effet de serre doit être atteint d’ici à 2020 (5ème rapport d’évaluation du GIEC – 2014). Malheureusement, sur la base des intentions de contribution déposées par environ 150 pays avant la COP21, l’Agence Internationale de l’Energie affirme qu’aucun pic ne pourra être atteint avant 2030. Ce retard pris dans l’action, estimé à 8-10 milliards de tonnes d’émissions de CO2 par an d’ici 2020 (Emissions Gap Report, PNUE 2014), doit être rattrapé sans attendre pour éviter les pires impacts du changement climatique.

 

Articulé autour de périodes de 5 ans, ce mécanisme devrait permettre à la fois d’examiner et de revoir à la hausse les engagements des pays et de limiter le risque de les voir se fixer des objectifs nationaux de lutte contre le changement climatique de leur côté, en dehors d’un cadre international prenant en compte les enjeux liés à l’équité et la science.

 

Le texte actuellement sur la table avance des options qui pourraient être renforcées pour construire les rouages d’un véritable mécanisme de l’ambition tout au long de ces périodes de 5 ans (cf. infographie ci-dessous).
 

Le WWF a identifié trois leviers pour accélérer et rattraper le retard pris dans l’action :

  • un renforcement de la coopération entre les pays : les pays développés, qui portent au niveau mondial une forte responsabilité dans le dérèglement climatique en cours, doivent démontrer qu’ils accélèrent la mise en œuvre et l’amplification de leurs objectifs. Il s’agit aussi d’identifier des opportunités de collaboration entre les pays pour aider les pays en voie de développement, financièrement et technologiquement, à atteindre les objectifs les plus ambitieux.
 
  • une consolidation du processus d’examen technique pour évaluer les potentiels d’atténuation et d’adaptation des pays et les traduire par une mise en œuvre d’initiatives et d’actions concrètes sur le terrain, notamment dans les secteurs des énergies renouvelables, des économies d’énergie ou de la lutte contre la déforestation.
 
  • un agenda de l’action pérenne et de haut niveau : le Lima Paris Action Agenda a mis en évidence l’importance des actions de court terme et encourage la coopération entre les acteurs non-étatiques et les gouvernements. Sur ce modèle, deux « champions », figures politiques de haut-niveau nommées par les Présidences de la COP, pourraient animer la mobilisation au plus haut niveau de tous les acteurs et la mise en œuvre des initiatives.