Colloque WWF et Bouygues Construction : Réinventer les Villes

Nous n'avons pas d'autre choix que de repenser les villes, de les réinventer pour faire un pas de plus vers une sobriété énergétique et la réduction des GES.<br />© Lyon Confluences

Le WWF et son partenaire Bouygues Construction invitent les acteurs de la ville à expérimenter ensemble des solutions innovantes pour des villes durables 

 

Labellisé COP21, le colloque Réinventer les Villes se tiendra le 23 novembre à la Maison de la Chimie. Son objectif : faire un nouveau pas vers une ville de demain plus durable grâce à l’implication de l’ensemble des acteurs de la Ville. Collectivités, citoyens, experts et entreprises seront ainsi invités à questionner le rôle des villes dans l’action climatique, puis amenés à partager les expériences et expérimentations de quartiers durables ou de solutions innovantes en France et à l’international grâce à des ateliers thématiques.

 

Villes et climat : passer de la ville énergivore à la ville solutions

Selon les projections de l’ONU, l’effet combiné de l’urbanisation et de la croissance contribuera à une augmentation de 2,5 milliards de personnes dans les villes d’ici à 2050.  Or la population urbaine exerce une pression grandissante sur son environnement et les ressources dont elle dépend. La consommation, l’exploitation des ressources et la production de déchets dans les villes ne cessent d’alourdir l’empreinte écologique mondiale. 

 

Consommatrice d’espace, la ville (ou la vie en ville) est le premier consommateur d’énergie et représente  70%  des émissions carbonées énergétiques sur notre planète (source : UN-Habitat, 2011). Ce constat en fait un acteur et un levier primordial dans la lutte contre le changement climatique. John Wilmorth, directeur de la Division de la population de l’ONU, reconnaissait ainsi récemment que « la gestion des zones urbaines est devenue l’un des défis du développement les plus importants du XXIe siècle »

 

Avec 54 % de la population mondiale vivant dans les zones urbaines, une proportion qui devrait passer à 66 % d’ici 2050, la ville est maintenant l’espace naturel de l’homme. Nous n’avons pas d’autre choix que de repenser les villes, de les réinventer pour faire chaque année un pas de plus vers une sobriété énergétique et la réduction des émissions de gaz à effet de serre. De nombreuses solutions existent, l’objet de ce colloque sera de voir comment ensemble, les acteurs de la ville peuvent les mettre en œuvre ou même avancer vers de nouvelles innovations et vers de réelles dynamiques d’action pour le climat et le bien-être de chacun.

 

« Estimés à 250 000 milliards de dollar, les investissements prévus dans les régions urbaines pour les trois prochaines décennies détermineront la capacité des générations futures à se développer tout en réduisant leurs émissions de gaz à effet de serre. Ils représentent une opportunité de réorientation des flux financiers vers la création de villes saines et durables. En opérant des choix judicieux, nous pouvons prétendre améliorer la qualité de vie de centaines de millions de personnes et réduire massivement l’empreinte de notre mode de vie » souligne Isabelle Autissier, Présidente du WWF France.     

 

De nombreux terrains d’innovation pour des villes plus durables

Véritable écosystème, les villes regroupent de multiples leviers d’actions pour se réinventer. Accessible uniquement sur inscription, le colloque Réinventer les Villes abordera à travers ses ateliers thématiques nombre de ces leviers comme la (ré)intégration de la nature en ville, la réduction et valorisation des déchets, les initiatives citoyennes, les smart cities, l’évolution du mix énergétique, les services de mobilité, la résilience et l’agriculture urbaines….  En fonction de son expertise, chaque participant est invité à choisir le ou les groupe(s) de réflexion qu’il souhaite rejoindre. 

 

« Une gouvernance forte, l’engagement des citoyens et l’innovation sont à la base d’une transformation positive des villes. Chaque acteur a son rôle à jouer. Par son pouvoir d’entraînement et ses capacités de financement, l’entreprise se doit d’être un acteur à part entière du devenir des villes. Le but de ce colloque est d’initier une émulation entre les différents acteurs qui composent les territoires », explique Marie-Christine Korniloff, Directrice déléguée au monde économique au WWF France.

 

« En tant qu’acteur global de la construction et des services, nous sommes particulièrement concernés par le défi de l’énergie et du climat. La construction est un secteur économique qui peut d’ores et déjà apporter des réponses à la mesure des enjeux de la transition vers des villes plus durables en proposant des solutions pour diminuer les consommations et les émissions des bâtiments existants et des quartiers. L’innovation et la construction durable sont  au cœur de notre modèle depuis de nombreuses années. Nous  les mettons au service de nouveaux modes de vie responsables » déclare Marie-Luce Godinot, directrice Innovation et Développement durable de Bouygues Construction

 

Bien souvent présentée sur le registre unique de l’effort collectif, la transition vers des villes durables est au contraire un chantier formidable auquel chacun peut s’associer. Développement des services de transports, éco construction et éco rénovation des bâtiments, installation de réseaux de transport de l’énergie et déploiement des énergies renouvelables sont, à titre d’exemples, autant de sources d’emplois verts en France et dans le monde.


 

Méditerranée française : une zone sous pression

Porte-conteneur et rorqual commun<br />© F. Bassemayousse

La croissance bleue face au défi du bon état écologique

La Méditerranée fait aujourd’hui l’objet d’un développement économique sans précédent, sous l’effet conjugué du développement des échanges commerciaux entre l’Europe et l’Asie, de la croissance du tourisme international, du développement extrêmement rapide du nombre de contrats hydrocarbures offshore et de la stratégie « Croissance Bleue » de la Commission européenne. Dans le cadre du projet MedTrends, le WWF a exploré les scénarios les plus probables d’évolution de l’économie maritime en Méditerranée en Méditerranée française comme dans les autres pays européens de la Méditerranée. Ce projet a permis de cartographier pour la première fois les différentes activités économiques en Méditerranée et de mettre en perspective les tendances de croissance des activités en Méditerranée française face au défi des objectifs européens : atteindre le bon état écologique d’ici 2020.
 
Les antagonismes de la croissance économique méditerranéenne
 
En Méditerranée  française, tous les secteurs traditionnels de l’économie maritime tels que le tourisme, le transport maritime, l’aquaculture ou encore l’exploration voire l’exploitation d’hydrocarbures devraient poursuivre leur croissance au cours des 15 prochaines années, à l’exception de la pêche professionnelle. De nouveaux secteurs comme celui des énergies renouvelables émergent également dans la région. A plus long terme, l’exploitation minière des fonds marins et le développement des biotechnologies pourraient également se développer dans le bassin méditerranéen sous l’impulsion de l’Union européenne. La pollution marine d’origine terrestre reste également extrêmement importante en Méditerranée.
 
Les évolutions des activités les plus importantes et les pressions qui en résultent sont susceptibles de générer des antagonismes intersectoriels importants, notamment entre les secteurs qui dépendent fortement  des services rendus par les écosystèmes marins (tourisme, pêche, aquaculture…) et les industries extractives offshore ou le trafic maritime.
 
La croissance rapide prévue de l’économie maritime représente clairement une menace supplémentaire potentielle pour la santé des écosystèmes méditerranéens déjà dégradés. « Il est probable que les pressions et impacts cumulatifs générés par une exploitation croissante de la mer augmentent à un rythme plus rapide que les effets des avancées technologiques et la mise en œuvre des politiques de protection des écosystèmes marins», explique Denis Ody, Responsable du bureau de WWF France de Marseille. « Compte-tenu des courtes échéances, il est probable que le bon état écologique ne soit pas atteint en 2020. La prévention ou la réduction des impacts environnementaux et la mise en œuvre d’un usage durable de l’environnement marin reste un défi important pour la mer Méditerranée », souligne Isabelle Autissier, Présidente du WWF France.
 

 
 
Bâtir une gestion intégrée de la mer basée sur une économie bleue durable
 
Dans son rapport, le WWF appelle à une vision prospective partagée pour l’avenir de l’espace maritime méditerranéen prenant en compte la biodiversité et les écosystèmes au niveau national ainsi qu’à l’échelle du bassin méditerranéen, pour éviter une croissance sans pratiques durables encadrées, qui serait un danger pour la croissance.
 
« Il est aujourd’hui beaucoup question de « croissance bleue », mais des lignes directrices pour la mettre en œuvre dans la pratique manquent cruellement. La question est : où va avoir lieu cette « croissance bleue » ? Quelles sont ses impacts cumulés à moyen et long terme ? Est-elle compatible avec un bon état de santé du milieu marin ? Une gestion intégrée de la mer nécessite  un accord sur les principes d’une économie bleue durable  en donnant la priorité à la mise en place d’une économie circulaire au niveau européen, en favorisant la transition énergétique et en   titre d’exemple,  à tout nouveau développement pétrolier ou gazier. L’augmentation du trafic maritime et ses impacts doivent être anticipés.
 
Le WWF recommande en outre la mise en œuvre d’une pêche durable, y compris le soutien à la pêche artisanale. , Il appuie la réforme de la Politique Commune de Pêches allant dans le sens de plans de gestion des stocks à long terme et d’une approche écosystémique de cette gestion.
 
La création d’Aires Marines Protégées au-delà des eaux territoriales est également un enjeu éminemment prioritaire pour permettre de protéger les richesses encore intactes de la Méditerranée

Déplacement de François Hollande en Chine : un pas de plus pour l'ambition climatique

UN Climate Change Conference<br />© Paris Climat 2015Le déplacement de François Hollande en Chine est un geste symbolique à un mois de la COP21 dont la France assurera la présidence. Cette visite placée sous le thème du climat a permis de préciser, à très haut niveau politique, les attentes vers Paris dans une déclaration officielle alors que l’ambition générale n’est pas encore au rendez-vous.
 
D’après la synthèse des contributions climat présentée par la Convention-cadre des Nations Unies sur le climat le 30 octobre, les efforts des pays doivent être largement revus à la hausse pour tenir la hausse de la température moyenne mondiale bien en-dessous de la barre des 2°C. Au cours des deux prochaines décennies, 92% du budget carbone disponible devrait être totalement épuisé.
 
Pour éviter un dérèglement hors de contrôle, il est vital que les pays s’entendent dès Paris sur la manière de revoir rapidement à la hausse l’ambition de leurs plans climatiques. La déclaration France-Chine laisse entrevoir quelques pistes pour renforcer le travail de tous dès la COP21. C’est le cas, par exemple, des « mises à jour » des contributions, de l’état des lieux qui pourrait avoir lieu « tous les cinq ans », ainsi que des « point de rendez-vous » en 2017 et 2018.
 
Selon Pierre Cannet, responsable du programme climat et énergie au WWF France, « Les contributions ne sont qu’un point de départ vers l’accord et les décisions de la COP21. Pour qu’elles puissent dépasser le stade de promesses, les décideurs du monde doivent maintenant s’accorder sur un mécanisme robuste pour en assurer le suivi, autour de périodes de cinq ans et la revue à la hausse face à la science et l’équité. Il faut donc maintenant dépasser l’exercice de communication pour créer du lien au niveau mondial et rattraper le retard pris dans l’action climatique avec davantage de moyens mobilisés. La COP21 doit maintenant aboutir à une véritable architecture mondiale qui crée ce lien nécessaire et apporte de l’engagement entre ces contributions, pour y connecter les questions de soutiens financiers et technologiques, et celles de l’adaptation. »
 
Avec ce déplacement en Chine et le G20 à venir, le mois de novembre s’annonce comme un véritable marathon politique vers l’accord de Paris. Dans cette course, la France devra veiller à l’intégration des pays les plus pauvres et vulnérables afin qu’ils ne soient pas laissés pour compte et que des réponses concrètes leurs soient apportées en termes de financement, d’adaptation, et de pertes et dommages. La déclaration France-Chine n’apporte que timidement des réponses en précisant le rôle et la responsabilité des pays développés sur ces points mais en laissant de côté la question des pertes et dommages

Synthèse des contributions climat des pays : redoubler d'efforts pour éviter le pire

La synthèse témoigne d'une plus forte mobilisation mondiale contre le dérèglement climatique.<br />© UNFCCC

Le secrétariat de la Convention-cadre des Nations Unies sur le Changement Climatique (CCNUCC) vient de présenter la synthèse des 119 contributions climat annoncées par 147 pays – l’Union européenne représente 28 pays – en vue de la COP21. Ces contributions – Intended Nationally Determined Contributions (INDCs) – feront partie intégrante d’un nouvel accord climatique qui doit être adopté en décembre à Paris.
 

Sur la base de ces contributions annoncées, qui recouvrent 86% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, la synthèse témoigne d’une plus forte mobilisation mondiale contre le dérèglement climatique. Le document montre bien que ces promesses mises sur la table vers la COP21 permettraient d’enclencher – si elles sont mises en œuvre – un décrochage des émissions par rapport aux engagements pris lors de la Conférence climat de Cancún en 2010. En effet, elles donneraient lieu à un ralentissement mondial de la croissance des émissions d’ici 2025 et 2030 par rapport aux deux précédentes décennies.
 

Malheureusement, au vu des promesses actuelles, il ne sera pas possible d’atteindre un pic mondial des émissions dans des délais suffisants pour éviter un dérèglement climatique hors de contrôle, notamment d’ici 2020 comme le préconise le WWF sur la base des travaux scientifiques. 
 

Selon Samantha Smith, directrice de l’initiative mondiale Climat et Energie au WWF, « Ces engagements représentent une diminution large et notable de ce qui est requis pour lutter contre le changement climatique. Toutefois, les engagements remis à ce jour ne représentent que la moitié du chemin à faire pour éviter les pires impacts du dérèglement climatique, selon les scientifiques. 
 

Les pays doivent, sans attendre, faire plus d’efforts pour rattraper le retard et éviter une trajectoire qui nous mènerait vers une augmentation de la température moyenne mondiale de 3°C d’ici à la fin du siècle qui serait bien trop fort pour l’humanité, les peuples et les écosystèmes vulnérables. Les pays peuvent maintenant prendre leur juste part de responsabilité en agissant avec un sentiment d’urgence, de collaboration et d’équité. »
 

Selon Pierre Cannet, responsable du programme climat et énergie au WWF France, « Ces contributions ne sont qu’un point de départ vers l’accord et les décisions de la COP21. Pour qu’elles puissent dépasser le stade de promesses, les décideurs du monde doivent maintenant s’accorder sur un mécanisme robuste pour en assurer le suivi, autour de périodes de cinq ans et la revue à la hausse face à la science et l’équité. Il faut donc maintenant dépasser l’exercice de communication pour créer du lien au niveau mondial et rattraper le retard pris dans l’action climatique avec davantage de moyens mobilisés. 
 

La COP21 doit maintenant aboutir à une véritable architecture mondiale qui crée ce lien nécessaire et apporte de l’engagement entre ces contributions, pour y connecter les questions de soutiens financiers et technologiques, et celles de l’adaptation.
 

Malgré les avancées nous voyons clairement que nous ne sommes pas dans les clous : d’ici 2030, plus de 91% du budget carbone total devrait être épuisé.  Les décideurs ne pourront donc pas rester les bras croisés sur ces promesses climatiques. Ils doivent acter à Paris qu’ils sont prêts à se retrousser les manches pour travailler à plus d’ambition et de collaborations avant que la fenêtre d’action ne se referme définitivement et qu’il ne soit plus possible de limiter la hausse mondiale bien-dessous de 2°C. »
 

La synthèse offre aussi une perspective sur les moyens d’aller plus loin. Elle souligne qu’une grande part des efforts de réductions d’émissions annoncés par les pays pauvres dépend d’un appui de la part des pays plus riches. L’accord de Paris devra garantir ces soutiens financiers et technologiques afin d’assurer que tous les pays prennent part à l’effort général de manière équitable.
 

Enfin, il faut bien noter que ce rapport de synthèse ne traite que des questions de réductions d’émissions. Bien d’autres dimensions restent à prendre en compte dans les prochains états des lieux de l’action mondiale contre le dérèglement climatique : adaptation aux impacts du changement climatique, soutiens aux pays les plus vulnérables, financements et soutiens technologiques, partenariats.