Le manque de volonté politique sape 
la préservation de la nature en Europe

Depuis 2011, aucun progrès notable n'a permis d'enrayer la dégradation de la nature en Europe.<br />© Wild Wonders of Europe /Cornelia Doerr / WWF

La Commission européenne communiquait aujourd’hui les résultats de l’évaluation à mi-parcours de la Stratégie européenne pour la Biodiversité d’ici 2020. Depuis 2011, aucun progrès notable n’a permis d’enrayer la dégradation de la nature en Europe. Les écosystèmes et les espèces européens poursuivent ainsi leur déclin. Le WWF pointe du doigt deux causes principales : une mise en oeuvre insuffisante des réglementations de protection de la nature par les Etats membres – notamment des directives ‘Oiseaux’ et ‘Habitats’ – et l’agriculture industrielle.
 

En 2011, les Etats membres approuvaient la Stratégie européenne pour la Biodiversité avec pour but de mettre un terme au déclin de la nature en Europe d’ici 2020. Six grands objectifs étaient fixés:
 

  • Mettre pleinement en  œuvre les directives « Oiseaux » et  « Habitat »
  • Préserver et rétablir les écosystèmes et leurs services
  • Renforcer la contribution de l’agriculture et de la foresterie au maintien et à l’amélioration de la biodiversité
  • Garantir l’utilisation durable des ressources de pêche
  • Lutter contre les espèces allogènes envahissantes
  • Contribuer à enrayer la perte de biodiversité à l’échelle mondiale
 

Pour cinq objectifs sur six, les progrès sont largement insuffisants et ne permettent d’espérer atteindre les objectifs fixés d’ici 2020. Isabelle Laudon, responsable des Politiques publiques du WWF France, souligne : « il y a un véritable manque de volonté politique de la plupart des Etats membres pour mettre en œuvre des solutions. Pourtant, lorsqu’elles ont bien été mises en place, les directives Oiseaux et Habitats ont permis des avancées en matière de conservation pour de nombreuses espèces et habitats. Il en est ainsi pour l’ours brun, le castor ou encore la loutre».
 

Outre ces apports notables pour la protection des richesses naturelles, le réseau Natura 2000 procure des bénéfices pour l’économie et les populations.
 

Isabelle Laudon ajoute : « Les pays de l’Union européenne doivent se mobiliser davantage pour arrêter la dégradation de notre environnement. La Commission européenne évalue actuellement les directives ‘Oiseaux’ et ‘Habitats’ ce qui pourrait conduire à leur révision. Pourtant, ces législations ont montré leur pertinence.  En revanche, c’est leur mise en œuvre qui devrait être améliorée en France afin de garantir leur efficacité. Lors de la consultation publique de la Commission européenne, plus de 520 000 personnes ont affirmées aux côtés de plus de 200 ONG européennes l’importance de ces règlementations et leur adéquation aux problématiques actuelles. Ne perdons pas de temps avec la remise en question d’un cadre législatif accepté par tous, il faut agir de manière urgente et s’attaquer aux sources du problème, notamment aux pratiques nuisibles à l’environnement telle que l’agriculture industrielle ».

 

Réaction du WWF suite à la présentation du plan climat de l'Inde vers la COP21

L'Inde s'est engagée à porter à 40% la part de puissance électrique en énergie non fossile d'ici 2030.<br />© Global Warming Images / WWF

Aujourd’hui, l’Inde, 4e plus grand émetteur de gaz à effet de serre, a présenté son plan climat visant à réduire l’intensité des émissions par rapport au PIB de 33 à 35% d’ici 2030 par rapport à 2005 et, dans le même temps, porter à 40% la part de puissance électrique en énergie non fossile d’ici 2030.

En réaction à cette annonce, Samantha Smith, directrice de l’Initiative globale Energie et Climat du WWF, souligne « l’objectif ambitieux et l’engagement stimulant pour une transition énergétique qui figurent dans le plan indien. Les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique, éléments clés pour un avenir bas-carbone durable, constituent un bon point du plan climat de l’Inde. L’objectif relatif aux énergies renouvelables, notamment, peut non seulement mener à une révolution sur le secteur-même mais aussi permettre à 300 millions de personnes d’avoir accès à l’énergie. Parvenir à des objectifs de cette ampleur devrait aussi permettre d’accélérer la transition énergétique dans d’autres pays. Il est maintenant temps, pour la communauté internationale de soutenir cette ambition à travers des moyens technologiques, financiers et de renforcement de capacité. »

 

Selon Pierre Cannet, responsable du programme climat au WWF France, « A l’instar de la contribution indienne, beaucoup de pays semblent maintenant prêts à aller vers davantage d’énergies renouvelables. L’AIE précise d’ailleurs, dans un nouveau rapport paru aujourd’hui, que la croissance d’approvisionnement en électricité mondial sera essentiellement portée par les énergies renouvelables d’ici 2020, du fait de la baisse des coûts de ces technologies – pour aller même 25% au-delà des plans actuels si les politiques sont renforcées. 
Pour enclencher la transition énergétique mondiale qui semble se profiler et lutter contre la pauvreté, la COP21 devra permettre de mobiliser des moyens et des mesures efficaces afin d’accélérer le déploiement des renouvelables au niveau mondial. La COP21 pourrait ainsi enclencher un cercle vertueux pour le déploiement des énergies renouvelables : un moyen d’améliorer l’ambition de ses copies pour le climat encore loin de répondre à l’urgence climatique. »

 

Ravi Singh, Secrétaire général et directeur général du WWF Inde, a déclaré que « l’objectif du pays de porter à 40% la part de puissance électrique en énergie non fossile d’ici 2030 fait écho à la vision du WWF concernant les énergies renouvelables. Il est maintenant crucial de formuler un plan d’action concret de mise en œuvre permettant d’atteindre ces objectifs. En ce qui concerne l’adaptation, la planification et la mise en œuvre d’actions visant à renforcer la résilience et réduire la vulnérabilité ont bien été identifiées comme prioritaires. C’est une annonce positive qui recouvre à la fois les enjeux liés à l’atténuation, la finance, le transfert technologique, le renforcement des capacités, la recherche et le développement et la création du savoir pouvant impliquer un effort au niveau national comme international des décideurs. »

 

L'exploration pétrolière, gazière et minière menace près d'un tiers des sites du Patrimoine mondial naturel

La réserve naturelle de Cobham en Afrique du Sud, site classé au Patrimoine mondial.<br />© Peter Chadwick / WWF

Près d’un tiers (31%) des sites du Patrimoine mondial naturel est menacé par l’exploration pétrolière, gazière ou minière, d’après les conclusions du rapport Safeguarding Outstanding Natural Value, réalisé par WWF, Aviva Investors et Investec Asset Management. Ce chiffre passe même à près de deux tiers (61 %) pour les sites africains.

 

Recouvrant moins de 1 % de la surface du globe mais renfermant une valeur naturelle exceptionnelle en termes de paysages et d’espèces emblématiques – gorilles de montagne, éléphants d’Afrique, léopards des neiges, baleines et tortues marines –  les sites du Patrimoine mondial naturel sont de plus en plus menacés par l’exploration et les dommages irréversibles qui en découlent et portent préjudice aux communautés dont la survie dépend.

 

S’il fait état d’un risque élevé pour des sites tels que le Grand Canyon, la Grande Barrière de corail ou encore de la Réserve de Selous en Tanzanie, le rapport met aussi en lumière le risque, financiers ou réputationnels, encourus par les investisseurs lorsqu’ils soutiennent des entreprises extractives travaillant, ou envisageant de le faire, à proximité ou au sein de ces endroits remarquables.

 

Le niveau de menace s’explique à la fois par les opérations actives menées par les entreprises extractives et l’octroi de concessions autorisant l’exploration des gisements miniers ou pétroliers et gaziers sur ces sites.

 

Le WWF appelle par conséquent les investisseurs à exploiter les données du rapport pour engager le dialogue avec l’ensemble des acteurs du secteur extractif et, ainsi, poursuivre un double objectif : les encourager à ne plus intervenir ni exercer de pression sur les sites naturels du Patrimoine mondial, et les amener à communiquer proactivement sur leurs opérations actives, existantes ou prévues au sein ou à proximité de ces sites. 

 

Face à ce constat alarmant, il est nécessaire de soutenir un développement alternatif et durable des sites du Patrimoine mondial naturel pour préserver les ressources naturelles et l’Humanité et procurer des bénéfices à long terme : 93 % des sites naturels du Patrimoine mondial représentent un intérêt touristique et 91 % ont permis ou permettent de créer des emplois.

 

 « Nous allons au bout du monde (pour ne pas dire de la Terre) pour prélever toujours plus de ressources minières, pétrolières et gazières, alors même qu’elles sont de plus en plus difficiles et onéreuses à extraire. Or, certains des plus beaux lieux du globe sont menacés par des activités industrielles destructives qui mettent en péril leur valeur naturelle exceptionnelle qui leur vaut le plus haut niveau de reconnaissance internationale. La protection de ces endroits n’est pas seulement importante sur le terrain environnemental : elle est aussi cruciale pour les moyens d’existence et pour l’avenir des individus qui en dépendent. De ce point de vue, le fait de travailler avec des entreprises comme Aviva et Investec, leaders dans leur industrie, nous donne les moyens de faire passer le message à l’industrie financière tout entière. Car les investisseurs ont l’occasion unique, pour ne pas dire la responsabilité, de gérer efficacement leur capital et de façonner notre avenir commun. » David Nussbaum, Directeur général du WWF Royaume-Uni.

 

« Alors que les experts affirment que 2/3 des réserves d’énergies fossiles prouvées doivent rester dans les sols si l’on souhaite éviter un dérèglement climatique hors de contrôle, les choix des compagnies extractives implantées sur les sites classés constituent une absurdité du point de vue environnemental mais aussi économique et social. Lorsque des joyaux du patrimoine mondial sont menacés, c’est l’humanité qui est visée en son cœur. Les investisseurs ont une responsabilité et un rôle clef à jouer pour éviter de tels errements. Dans la perspective de la COP21, le WWF les appelle à encourager les entreprises extractives à ne pas opérer sur ces sites et à faire transparence sur les données. » Pierre Cannet, responsable du programme Climat et Energie au WWF France.

 

« Nous nous réjouissons d’avoir collaboré avec le WWF et Investec pour ce rapport. Nous accordons beaucoup d’importance à ce que nos gestionnaires de portefeuille tiennent compte des enjeux environnementaux, sociaux et de gouvernance dans leurs investissements, qui, s’ils sont mal gérés, peuvent aboutir à une perte de valeur désastreuse pour les investisseurs à long terme. Ce rapport donne les informations dont nous avons besoin pour prendre de meilleures décisions et encourager les autres à faire de même. » Euan Monro, PDG d’Aviva Investors.

 

« Nous reconnaissons la nécessité d’une meilleure sensibilisation et d’une meilleure communication des entreprises extractives sur leur exposition aux risques concernés. Cela va en effet permettre de mieux éclairer les décisions d’investissement, mais aussi de faire en sorte que les investisseurs, dont nous faisons partie, s’engagent plus efficacement aux côtés des entreprises et soient mieux placés pour assumer nos responsabilités envers nos clients, qui se préoccupent de ce problème urgent. » Hendrik du Toit, PDG d’Investec Asset Management.