Accord de l'OCDE : une restriction insuffisante des soutiens publics au charbon


L'accord a été affaibli à la dernière minute par des pays pro-charbon.<br />© © WWF US / Julie Pudlowski

Hier, à deux semaines de la COP21, les pays de l’OCDE sont parvenus à un accord limitant les soutiens publics aux centrales à charbon à travers leurs agences de crédit à l’export. Cet accord  rend inéligible à ces types de soutiens une très grande partie des projets de centrales à charbon au niveau mondial. C’est un pas important, mais qui est insuffisant  pour contenir la hausse de la température moyenne mondiale en-dessous de 2°C.

 

Cet accord mettra donc fin aux crédits à l’export pour les centrales les moins « performantes » sur le plan technologique et prendra effet au 1er janvier 2017 avec une révision en 2019. Entre 2007 et 2014, les crédits à l’export des pays de l’OCDE pour le charbon ont représenté 34 milliards de dollars – 4,3 milliards de dollars par an – soit presque la moitié des soutiens publics à cette énergie fossile au niveau international. 

 

L’accord des pays de l’OCDE qui a été acté hier après presque deux ans de négociations n’est pas à la hauteur des enjeux puisqu’ il n’impose pas une interdiction totale des soutiens publics aux centrales à charbon et n’inclut pas les mines de charbon et les infrastructures qui y sont liées. Toute nouvelle centrale à charbon, quelle qu’elle soit, ne peut être compatible avec le scénario des 2°C de l’Agence internationale de l’énergie. 

 

L’accord a été affaibli à la dernière minute par des pays pro-charbon tels que l’Australie et la Corée du Sud. Il contient, d’une manière générale, une dérogation pour les soutiens aux centrales à charbon les plus « performantes » et, pour les pays les plus pauvres, la possibilité de soutiens pour les centrales les moins « performantes ».

 

Selon Sébastien Godinot, économiste au bureau des Politiques européennes du WWF, « A cause de divergences internes l’Europe a été incapable de prendre la tête de ces négociations. Nous déplorons notamment le rôle contreproductif joué par l’Allemagne, la République tchèque, la Slovaquie et la Pologne. Le cas de l’Allemagne, qui prétend être un « champion climatique », montre clairement comment les intérêts industriels ont pris le pas sur les engagements climatiques. Il est regrettable que la position de la France n’ait pas été suivie par d’autres pays : en mettant un terme à tout crédit à l’export pour les centrales à charbon, la France est le seul pays aligné sur l’objectif des 2°C. »

 

Selon Isabelle Laudon, responsable des Politiques publiques au WWF France, « Cet accord est un coup dur pour le lobby de l’industrie du charbon et force la main de plusieurs Etats comme l’Australie, la Corée, le Japon ou la Pologne. Il envoie un signal supplémentaire aux investisseurs sur la réduction des soutiens financiers au charbon dans le monde. Le WWF va suivre de près sa mise en œuvre pour obtenir encore quelques améliorations. ».

Sommet du G20 : les grandes puissances économiques appelées à agir plus vite pour le climat et le développement durable

La plupart des dirigeants du G20 se retrouveront à nouveau à Paris à la fin du mois pour finaliser un nouvel accord climatique.<br />© G20

 Les 15 et 16 novembre prochains, les dirigeants des 20 premières puissances économiques mondiales devront faire avancer les politiques clés pour soutenir le futur accord climatique et les nouveaux objectifs de développement durable à l’occasion du G20 à Antalya (Turquie). Représentant à eux seuls la grande majorité de la population, du PIB et des marchés du monde, les pays du G20 ne peuvent assurer la stabilité économique et financière qu’en misant sur la protection de l’environnement.
 
Ce rendez-vous de haut niveau offre la possibilité aux pays du G20, responsables de la majorité des émissions de gaz à effet de serre, d’agir sans attendre pour mettre fin aux subventions aux combustibles fossiles et ainsi s’employer à fournir l’accès de tous à une énergie propre et renouvelable. Les décideurs des pays développés du G20 doivent aussi donner suite à leur engagement de débloquer des fonds, rendre fonctionnel le Fonds vert pour le climat et mobiliser d’ici 2020, 100 milliards de dollars par an pour la lutte contre le changement climatique – soit six fois moins que les subventions aux énergies fossiles. 600 milliards de dollars de subventions sont effectivement mobilisées chaque année par les gouvernements dans ce secteur.
 
Selon Marco Lambertini, Directeur général international du WWF, « Suite à l’adoption historique des nouveaux Objectifs de développement durable, et dans la perspective des négociations climatiques qui vont être menées à Paris, il est essentiel que le G20 tienne ses promesses d’action sur le terrain du changement climatique et du développement durable. En mettant en œuvre ses annonces sur le financement pour le climat, la réforme des subventions aux combustibles fossiles et le développement de l’efficacité énergétique, le G20 peut donner un réel élan aux négociations climatiques à venir. »
 
« L’accord de Paris, ses décisions et les initiatives sectorielles lancées à cette occasion ne pourront se permettre de colmater les brèches d’une maison-monde qui prend l’eau. Ce sont les fondations mêmes qu’il s’agit de repenser à Paris. Les dirigeants du G20 qui se retrouveront pour la plupart à Paris dans deux semaines peuvent d’ores et déjà démontrer qu’ils sont prêts à le faire en annonçant leurs plans de sortie des subventions aux énergies fossiles d’ici 2020 » souligne Pierre Cannet, responsable du programme Energie et Climat au WWF France. « Pour éviter les pires impacts du changement climatique, les décisions prises à Paris devront permettre de réduire de manière équitable les émissions mondiales sans attendre l’entrée en vigueur de l’accord de Paris en 2020. Et l’accord de Paris devra prévoir un mécanisme par lequel les pays renforceront au fil du temps leurs promesses de réduction d’émissions après cette date. »
 
« Pour la Turquie, assurer la présidence du G20 est une opportunité unique d’établir son leadership dans la lutte contre le changement climatique », précise Tolga Baştak, Directeur général du WWF Turquie. « En abandonnant progressivement ses subventions aux combustibles fossiles et en initiant une transition qui s’appuierait sur son fort potentiel en énergies renouvelables et d’efficacité énergétique, la Turquie aurait les moyens de donner l’exemple dans l’atteinte d’une transition juste au sein des économies encore en développement. »
 
Au-delà de la poursuite de leurs efforts contre le changement climatique, le G20 doit clairement soutenir l’Agenda 2030 pour le développement durable adopté en septembre dernier aux Nations unies. Les objectifs de cet agenda visent à éliminer la pauvreté, à garantir la sécurité alimentaire, énergétique et hydrique, à établir des modes de production et de consommation durables, à protéger la biodiversité et à construire des villes vertes.