Le WWF France appelle les entreprises françaises du Global 500 à aligner leurs émissions de gaz à effet de serre (GES) sur l'objectif de 2°C

Science Based Targets<br />© Science Based Targets

Une fois par an, la Climate Week de New York réunit les gouvernements, les entreprises et la société civile afin de construire des actions ambitieuses en matière de lutte contre le changement climatique. Cette année, à seulement neuf semaines de la Conférence Paris Climat 2015, ce rendez-vous revêt un intérêt tout particulier pour ces acteurs qui, tous, ont un rôle à jouer.

 

A cette occasion, le WWF France appelle les entreprises françaises du Global 500 à engager sans attendre leur transition vers une économie à faible empreinte carbone et durable en alignant leurs objectifs de réductions d’émissions de gaz à effet de serre sur les recommandations des scientifiques du GIEC, pour maintenir la température moyenne mondiale bien en-dessous de 2°C.

 

C’est l’objectif de l’initiative Science Based Targets, qui à travers sa méthodologie permet de définir des objectifs adaptés par entreprise sur la base des budgets carbones disponibles secteur par secteur – volume total d’émissions possible dans la limite des 2°C – et en prenant en compte d’autres critères comme le périmètre de ses émissions directes et indirectes, sa période d’engagement et son niveau d’ambition.

 

Même si 55 entreprises du Global 500 ont fait part de leur volonté de s’engager dans l’initiative Science Based Targets depuis l’appel lancé par le WWF, le Carbon Disclosure Project (CDP), le United Nations Global Compact et le World Resources Institute lors du Business & Climate Summit, nombre d’entre elles, parmi les plus émettrices et les plus consommatrices d’énergie, manquent encore à l’appel.

 

Selon Marie-Christine Korniloff, directrice déléguée au monde économique au WWF France, « Le monde de l’entreprise a bien conscience des enjeux liés au changement climatique. La preuve, 80% des 500 plus grandes entreprises du monde disposent d’objectifs de réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre ou de gestion de l’énergie. Mais elles sont encore trop peu nombreuses à prendre en compte le seuil des 2°C au-dessus duquel nous ne pourrons éviter les pires impacts du changement climatique. La mobilisation des entreprises, et notamment des entreprises françaises, doit encore prendre de l’ampleur. »

 

 

Les consommateurs et l'industrie 
pour des règles européennes plus strictes 
contre le bois illégal

3 européens sur 4 ne savent pas qu'il existe encore des produits à base de bois illégal en Europe.<br />© Brent Stirton / Getty Images / WWF-UK

Un sondage d’opinion commandité par le WWF dans neuf pays d’Europe indique que 85% des consommateurs sont pour une meilleure réglementation assurant la légalité de tous les produits en bois sur le marché européen.
 

Côté français, ils sont 96% à estimer qu’il est important que des mesures soient prises pour empêcher les consommateurs d’acheter à leur insu du bois ou des produits issus du bois d’origine illégale.
 

Le sondage réalisé en France, en Belgique, en Grande-Bretagne, en Allemagne, en Italie, en Suède, aux Pays-Bas, au Portugal et en Roumanie révèle en effet que trois européens sur quatre ne savent pas qu’il existe encore des produits à base de bois illégal en Europe.
 

82% des répondants souhaitent ainsi que l’Europe améliore la réglementation actuellement en vigueur grâce à une mise en œuvre plus cohérente sur tout son territoire et 78% d’entre eux pensent que la réglementation doit couvrir tous les produits à base de bois.
 

Le règlement bois de l’Union européenne [ RBUE] (« EU Timber Regulation » en anglais ou EUTR) actuellement en vigueur pour contrer la présence sur le marché de produits issus de forêts coupées illégalement ne couvre pas les chaises, jouets, livres, instruments de musique, charbon de bois, caisses de vins, porte-manteaux, et beaucoup d’autres. Ce règlement est actuellement en cours de révision par la Commission européenne.
 

Entreprises et fédérations soutiennent le message

De grandes entreprises et fédérations liées au bois – producteurs et distributeurs – ont également signé une déclaration adressée à la Commission européenne appelant l’Europe à améliorer son règlement bois.
 

Dans une « Déclaration des Industries » à destination de la Commission européenne, 63 entreprises et 7 fédérations signalent que non seulement la coupe de bois illégale « pose un problème majeurpour les ressources forestières mondiales, mais contribue aussi à la déforestation et engendre un déclin de la biodiversité ». Les signataires appellent à ce que des ressources suffisantes soient dédiées à la mise en oeuvre du RBUE cohérente dans tous les Etats membres. Parmi les entreprises françaises mobilisées sur le sujet figurent Carrefour, Castorama ou encore Rougier Sylvaco Panneaux.
 

Le WWF demande depuis un certain temps des mesures supplémentaires nécessaires et soutient ainsi cet appel commun des consommateurs et des entreprises pour une plus grande efficacité de mise en œuvre des réglementations du bois en Europe.  
 

 « Chaque année, ce sont près de 27 millions de m3 de bois illégal qui entrent sur le territoire européen. En France, il représente environ 40% du bois importé. Pour l’instant, seulement la moitié (sur base de la valeur financière) des produits en bois qui arrivent en Europe tombe sous le RBUE. La mobilisation de l’opinion publique et du secteur privé pour un appel à une réglementation plus efficace contre le bois illégal concernant l’ensemble des produits à base de bois est ainsi très positive et importante pour faire évoluer les pratiques et leurs cadres de manière plus rapide», explique Jean Bakouma, directeur adjoint Production & Consommation Durable du WWF France.

Un peu d'espoir, à la veille de l'adoption par les dirigeants du monde entier d'un plan de survie pour la Planète et l'Humanité

Ce weekend, les dirigeants du monde entier vont travailler ensemble pour éradiquer la pauvreté et protéger l'environnement<br />© Yoshi Shimizu / WWF

L’Agenda 2030 pour le développement durable, qui devrait être adopté à la fin de la semaine à New York, laisse espérer que les pays du monde entier seront capables de travailler ensemble pour éradiquer la pauvreté et protéger l’environnement. C’est à l’occasion de ce qui s’annonce comme le plus grand rassemblement de dirigeants du monde entier jamais organisé que les 193 Etats membres des Nations Unies adopteront formellement ce texte. 

 

Articulé autour de 17 Objectifs de développement durable (ODD), il vise à éradiquer la pauvreté, assurer la sécurité alimentaire, garantir l’accès à tous à l’eau et l’assainissement ainsi qu’à des services énergétiques fiables et durables, mettre en place des modes de production et de consommation durables, protéger la biodiversité et construire des villes respectueuses de l’environnement. 

 

A la différence des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) qui arrivent à terme en 2015, l’Agenda 2030 pour le développement durable accorde une place importante aux priorités environnementales et est universel. Il incombe à chaque pays la responsabilité de le mettre en œuvre, à travers l’adoption de plans de développement, de mesures fiscales, réglementaires, juridiques et institutionnelles, et l’apport de soutiens financiers et d’investissements adéquats.

 

« S’il s’agit du plus grand rendez-vous jamais organisé pour réunir les dirigeants du monde entier, c’est bien parce que nous faisons face aux plus grands défis jamais rencontrés. Les pays vont enfin reconnaître que la santé de l’économie, de l’environnement et des individus sont indissociables. », explique Yolanda Kakabadse, Présidente internationale du WWF. 

 

Sur la période 2015-2030, l’Agenda 2030 pour le développement durable devra aboutir à la mobilisation de plusieurs milliers de milliards de dollars de financement privés et publics. Tout l’enjeu sera ensuite d’allouer les financements à bon escient c’est-à-dire rediriger les soutiens aux pratiques néfastes – telle que l’exploitation des énergies fossiles – vers des politiques durables permettant à la fois de protéger l’environnement et d’assurer la subsistance de l’Homme.

 

« L’accord va au-delà de nos attentes : il est plus complet que ce que l’on aurait pu imaginer. Il nous laisse donc espérer que nous pourrons réaliser les changements significatifs qui s’imposent pour aider les populations et la Planète. Dans ce plan, il est question de survie et de prospérité. En consacrant le rôle central de la nature dans le maintien du bien-être humain, il va permettre aux individus de toute la planète de vivre plus heureux, en meilleure santé, et d’avoir de l’espoir pour l’avenir » se réjouit Yolanda Kakabadsé.

 

Les Nations Unies estiment que la population mondiale aura atteint les 8,5 milliards d’habitants d’ici 2030. Pour donner à l’Agenda 2030 pour le développement durable toutes les chances d’atteindre ses objectifs, le WWF appelle les pays à s’atteler au plus vite à sa mise en œuvre et à faire preuve du même engagement que celui manifesté pour parvenir à son adoption.

 

 « Une mission définie n’est pas une mission remplie ! En arrivant à New York, les dirigeants du monde entier doivent dire « oui » à ce plan pour sauver la Planète mais aussi prendre des engagements concrets permettant de donner corps à l’agenda chez eux », prévient Deon Nel, Directeur international des programmes de conservation au WWF.

 

Alors que l’économie des pays les plus pauvres dépend, pour l’essentiel, des ressources naturelles au travers d’activités telles que l’élevage et la pêche, l’environnement subit déjà les impacts du changement climatique et de la surexploitation des ressources. L’Agenda 2030 doit inverser cette tendance en intégrant des initiatives visant à protéger l’océan, les ressources en eau, les forêts, tout en assurant la durabilité des villes et en prenant en compte les enjeux économiques.

 

« Le WWF travaille depuis des années pour que ce plan comprenne les volets environnementaux lui garantissant les meilleures chances de réussite. Alors que dans quelques jours, les dirigeants vont s’engager autour de l’Agenda 2030, nous, WWF, nous engageons à continuer à faire équipe avec les gouvernements, le monde économique et les communautés pour qu’il soit bien mis en œuvre », souligne Deon Nel.

 

En raison du fort soutien dont il bénéficie et de sa solidité, l’Agenda 2030 pour le développement durable place haut la barre pour la Conférence Paris Climat 2015 (COP21). L’adoption, en décembre prochain, d’un accord suffisamment robuste pour maintenir le thermomètre mondial bien en-dessous de la barre des 2°C tout en protégeant les plus vulnérables, est une étape essentielle pour permettre à l’Agenda 2030 de lutter contre les menaces du dérèglement climatique sur les populations et la nature.