Le WWF appelle l'Union européenne à jouer le jeu du climat à domicile

UN Climate Change Conference<br />© Paris Climat 2015

Aujourd’hui, les Etats membres de l’Union européenne se sont accordés sur une position commune pour la Conférence Paris Climat 2015, étape décisive dans les négociations sur le climat. Même si les ministres européens de l’Environnement envoient à la communauté internationale un signal positif sur le besoin de faire face à la crise climatique mondiale, le WWF regrette que cette position ne précise pas clairement la manière dont l’Union compte s’y attaquer concrètement à domicile.

 

En tant que 3ème émetteur mondial de GES, et à travers la France, future hôte de la COP21, l’Union européenne est très attendue sur son niveau d’ambition. Son intention de réduire d’au moins 40% ses émissions d’ici 2030 reste insuffisante au regard de la science et de l’équité. Malheureusement, la position européenne présentée ce jour ne précise pas comment l’UE compte revoir à la hausse cet objectif.

 

« Alors que le dérèglement climatique s’accélère et s’accentue, nous regrettons que les ministres de l’environnement échouent à préciser comment l’UE entend relever ses propres objectifs pour le climat et l’énergie d’ici la COP21. L’UE est aussi attendue sur sa contribution en termes de financement contre le dérèglement climatique. Paris sera jugé sur les actes et pas sur les mots. » déclare Geneviève Pons-Deladrière, directrice du bureau des politiques européennes du WWF.

 

Une partie des conclusions porte sur l’urgence d’agir avant 2020 pour rattraper le retard pris dans l’action climatique. « Alors que des options ont été avancées dans les négociations vers la COP21 pour traiter l’urgence climatique, il semble que l’UE avance ses pions en mettant l’accent sur les énergies renouvelables, l’efficacité énergétique, sur la réforme des subventions aux énergies fossiles et crédits d’export, sur la coopération avec les acteurs non étatiques et enfin sur la tenue de rendez-vous de haut niveau. L’UE doit jouer le jeu à domicile sur tous ces fronts. » indique Pierre Cannet, responsable du programme climat au WWF France.

 

Le Conseil environnement s’est aussi consacré aux moyens à trouver pour atteindre les objectifs climatiques ; il a ainsi adopté la mise en place d’une réserve de stabilité de marché du système d’échange de quotas européen (ETS – Emission Trading Scheme) malgré l’opposition d’un groupe de six Etats membres de l’UE qui n’appuyaient pas le compromis final du texte.

 

Selon Geneviève Pons-Deladrière, directrice du bureau des politiques européennes du WWF, « L’accord sur la réserve de stabilité de marché ETS montre que les Etats membres européens peuvent progresser pour adopter les politiques climatiques sans avoir besoin d’un consensus total entre tous les pays. Cela doit donner de la confiance et inspirer plus de réformes au niveau européen dans le contexte d’une revue après 2020 de la directive ETS afin de prouver que mettre un prix sur le carbone peut fonctionner dans la lutte contre le dérèglement climatique. »
 

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Rapport Planète Vivante Océans 2015 : le déclin des océans met en péril la sécurité alimentaire de l'humanité

Pêcheurs en mer dans les Îles Kai, Indonésie<br />© Juergen Freund / WWF

Il est urgent d’agir ! Publié ce jour, le Rapport Planète Vivante Océans du WWF tire la sonnette d’alarme. Tenant un rôle critique en matière de sécurité alimentaire, les populations de poissons connaissent un tel déclin à l’échelle mondiale que certaines risquent de s’effondrer. Le rapport du WWF estime cependant qu’il est encore temps d’agir contre les menaces pesant sur les océans pour inverser la tendance : des solutions existent et nous les connaissons !
 

Des stocks de poissons en déclin

Les populations d’animaux marins (mammifères, oiseaux, reptiles et poissons) se sont contractées en moyenne de moitié sur la planète au cours des quatre dernières décennies. Certaines ont même vu leur effectif fondre de près de 75 % et les espèces les plus prisées comme le thon, le maquereau et la bonite subissent le déclin le plus marqué. Si ces conclusions constituent une mauvaise nouvelle pour toutes les nations, elles le sont plus encore pour les plus exposées, notamment les populations côtières dépendant entièrement des produits de la mer.

 

« Face à nos constats et à la mesure de l’urgence d’un changement de trajectoire, nous avons avancé la date de publication de notre rapport dressant le portait le plus fidèle possible de la santé de nos océans », explique Marco Lambertini, Directeur général du WWF International. « En l’espace d’une seule génération, les activités humaines ont gravement dégradé les océans en capturant les poissons à un rythme supérieur à celui de leur reproduction et en en détruisant les nourriceries. De profonds changements sont indispensables si l’on veut rétablir l’abondance de la vie océanique pour les générations futures », ajoute Isabelle Autissier, Présidente du WWF France.

 

« Ce à quoi nous assistons, est une course au poisson qui pourrait bien se terminer par l’épuisement d’une source alimentaire vitale pour les individus et par la disparition d’un moteur économique majeur. L’effondrement des écosystèmes océaniques est en mesure de déclencher une grave crise économique et de compromettre les résultats de la lutte que nous menons pour éradiquer la pauvreté et la malnutrition », prévient Marco Lambertini.

 

Le rapport révèle un déclin de 49 % des populations marines entre 1970 et 2012. Effectuée sur une base d’observation de 5 829 populations appartenant à 1 234 espèces, l’analyse s’appuie sur une série de données près de deux fois plus riche que celle des analyses passées et dresse ainsi un tableau plus clair, mais aussi plus inquiétant de l’état des océans.

 

Outre la chute libre des stocks de poissons, le rapport met aussi en évidence le déclin prononcé des récifs coralliens, des mangroves et des herbiers marins qui accueillent nombre d’espèces de poissons et rendent de précieux services aux populations. Les récifs coralliens et prairies sous-marines pourraient ainsi disparaître du globe d’ici 2050 sous l’effet du changement climatique. Sachant que plus de 25 % de toutes les espèces marines en sont les hôtes et que près de 850 millions de personnes bénéficient directement de leurs services économiques, sociaux et culturels, la perte des récifs coralliens représenterait une extinction catastrophique, aux conséquences dramatiques sur les communautés.

 

Si la surexploitation apparaît comme la première menace pour la biodiversité océanique, l’étude estime que le changement climatique est également à l’origine de mutations océaniques plus rapides qu’à n’importe quelle autre époque depuis des millions d’années. L’élévation des températures et de l’acidité des océans, attribuable au dioxyde de carbone, aggrave les impacts négatifs de la surpêche et des autres grandes menaces, telles la dégradation des habitats et la pollution.

 

« Bonne nouvelle tout de même : des solutions existent et nous les connaissons. L’océan est une ressource renouvelable capable de répondre aux besoins de toutes les générations futures si les pressions auxquelles il est exposé sont efficacement atténuées », précise Isabelle Autissier. « Si nous respectons des limites, l’océan contribuera pleinement à la sécurité alimentaire, aux moyens d’existence, aux économies et à nos systèmes naturels».

 

Que pouvons-nous faire ?

Les principales mesures visant à préserver les ressources océaniques consistent à sauvegarder et à reconstituer le capital naturel marin, à consommer plus raisonnablement et à donner la priorité au développement durable.

 

Pour inverser cette triste tendance, les dirigeants du monde entier doivent se mobiliser et faire en sorte que la santé des océans et la préservation des habitats côtiers tiennent une place de premier plan dans la mise en œuvre des Objectifs de développement durable de l’ONU, officiellement approuvés à la fin du mois (Agenda 2030 pour le développement durable) et dont l’objectif réside dans la lutte contre la pauvreté et le renforcement de la sécurité alimentaire. Il est essentiel que l’application politique et financière de l’agenda remédie à la destruction des habitats, à la surpêche, à la pêche illégale et à la pollution marine.

 

En début d’année, le rapport du WWF: Aires marines protégées, un bon investissement pour la santé des océans, montrait ainsi tout l’intérêt environnemental mais également économique d’un accroissement des AMP à l’échelle internationale pour protéger les actifs océaniques. L’étude démontrait  ainsi que  chaque dollar investi dans la création d’aires marines protégées peut tripler les bénéfices qui en sont retirés, notamment en matière d’emploi, de protection côtière et de pêches. L’analyse révélait enfin que la protection accrue des habitats critiques, si elle devenait effective, se traduirait par des bénéfices nets compris entre 490 et 920 milli
ards d’US$ au cours de la période 2015-2050.

 

Les décisions prises lors de la conférence mondiale pour le climat se tenant à Paris dans quelques semaines auront un impact décisif sur l’avenir des océans. Or les engagements internationaux existants sont très loin de suffire à éviter des niveaux de réchauffement et d’acidification jugés désastreux pour les systèmes océaniques dont, en fin de compte, nous dépendons tous.