Lancement de la COP21 : le WWF appelle François Hollande à un « choc de mesures en faveur du climat »

Paris Climat 2015<br />© Shutterstock

A la veille du lancement officiel de la Conférence Paris Climat 2015 par la France, qui en assurera la présidence en décembre prochain, le WWF appelle le président de la République à impulser des mesures fortes pour faire face au péril climatique au niveau mondial.

Alors que 58 pays sur 195 ont à ce jour remis leurs copies en matière de lutte contre le changement climatique, les études démontrent que nous ne sommes pas dans les clous d’une limitation à 2°C de hausse de la température moyenne mondiale. A ce constat s’ajoute une zone d’ombre sur l’ambition des pays pour la mobilisation de contributions financières. Tout l’enjeu est donc de savoir comment la COP21 saura répondre à ce retard de l’action face à l’urgence climatique.

 

L’accord que les pays adopteront à Paris sera-t-il suffisamment robuste pour maintenir le thermomètre mondial bien en-dessous de la barre des 2°C tout en protégeant les plus vulnérables ? C’est bien cette question qui doit être au cœur des prochaines semaines de discussions, où la France a un vrai rôle à jouer.

 

Au titre de future présidente de la COP21, c’est une lourde responsabilité qui incombe à la France qui doit à la fois contribuer activement à la construction d’un agenda climatique mondial et démontrer son exemplarité en termes de transition énergétique et d’appuis financiers. Cela passe notamment par l’arrêt total de ses soutiens publics au charbon à l’étranger.

La France peut impulser au niveau mondial un choc de mesures articulé autour de trois priorités pour l’accord de Paris :

 

1.    Mettre à profit les cinq ans à venir pour répondre à l’urgence climatique sans attendre l’entrée en vigueur de l’accord à travers des mesures concrètes et un espace mondial de collaboration. Le WWF a identifié des leviers d’actions : l’accélération du déploiement des énergies renouvelables, le renforcement des mesures d’efficacité énergétique, la lutte contre la déforestation et la dégradation des terres.

 

2.    Construire un mécanisme régulier et équitable pour revoir à la hausse les efforts des pays dans la lutte contre le changement climatique. Articulé autour de périodes de cinq ans, celui-ci devra à la fois agréger et apprécier individuellement les contributions des pays, estimer le retard pris dans l’action au regard de la science, identifier les leviers et moyens supplémentaires.

 

3.    Fixer une trajectoire claire et précise pour atteindre 100 milliards de dollars de soutiens financiers sur le climat d’ici 2020. Au vu de l’ampleur des impacts du dérèglement climatique, c’est un montant plus important que les pays devront mettre sur la table au-delà de 2020 qu’il s’agira aussi de préciser à Paris.

La France doit mettre à profit ses réseaux et son leadership pour tirer le jeu diplomatique vers le haut plutôt que d’aller vers un consensus mou à la COP21.

Accord mondial sur le climat : les négociateurs doivent se retrousser les manches !

Accord mondial sur le climat : les négociateurs doivent se retrousser les manches !<br />© Global Warming Images / WWFLes négociations onusiennes qui ont eu lieu cette semaine à Bonn ont avancé lentement en laissant de côté des sujets clefs à résoudre. Les gouvernements sont donc sous pression pour parvenir, d’ici la Conférence Paris Climat 2015 en décembre, à un nouvel accord climatique permettant de contenir la hausse du thermomètre mondial à 1,5°C.

Il ne reste plus que cinq jours officiels de négociations avant l’arrivée des chefs d’Etats et de gouvernements à Paris. Peu de temps donc, alors que le chemin reste encore long pour parvenir à un accord juste, ambitieux et permettant une transition dont le monde a besoin.

Tasneem Essop, chef de la délégation du WWF sur les négociations, « L’idée qu’il est vraiment, vraiment, temps de se mettre au travail fait consensus. Pour la prochaine session, les négociateurs devront être prêts à se retrousser les manches et à s’attaquer aux vraies questions. Lors de cette session de Bonn, nous avons vu quelques progrès en ce qui concerne la simplification des options qui doit faciliter les prochaines négociations vers un compromis. »

Plusieurs sujets restent encore sur la table :

  • L’action avant-2020 – De nouvelles propositions reprenant les attentes des pays sur ce sujet ont été présentées ; de même, plus de flexibilité semble possible dans la discussion pour parvenir à un compromis sur les sujets tels que l’adaptation ou la manière de relever l’ambition ;
  • Mécanisme de l’ambition – Alors que plusieurs pays ont échangé sur les façons de relever leurs engagements et les périodes pour le faire, il reste encore des points de désaccord et beaucoup de travail à fournir ;
  • Finance climat – Des points durs demeurent mais les positions sont présentées de façon plus claire et ciblée, ce qui devrait permettre aux ministres et décideurs de mieux avancer vers un accord à Paris ;
  •  Forêts (mécanisme REDD+) – Les pays ne sont pas encore parvenus à un consensus sur la possibilité d’intégrer ce sujet dans le nouvel accord ;
  •  Pertes et dommages – Les pays se sont entendus sur deux ou trois options qui constitueront la base d’une négociation plus ciblée lors de la prochaine session ;  
  •  Différenciation – Les options qui différencient les engagements entre les pays ont été clairement définies et ont donné lieu à des discussions assez franches ; cela a permis d’avancer un peu la négociation sur ce sujet clef.

Pierre Cannet, responsable du programme climat au WWF France, « Au-delà du rythme des négociations, ce sont les questions de fond qui doivent être au cœur des prochaines semaines. Comment accélérer l’action à court et moyen terme pour tenir la barre des 2*C et protéger les plus vulnérables ? On note bien quelques avancées sur des options phares. Au tour des co-présidents de les capter dans leur nouveau texte, tout en donnant plus de hauteur au débat. Pertes et dommages, adaptation, financement, urgence climatique : comment mettre en relation ces sujets dans le futur texte autour de la science et de l’équité ? Le texte doit aussi intégrer un mécanisme régulier et équitable pour relever l’ambition de réduction des émissions. D’autant plus que les intentions de contributions (iNDCs) sont loin d’être au niveau. Le futur texte réussira-t-il à relever ces défis ? »