73 milliards de dollars d'argent public pour financer l'industrie du charbon

Les milliards de dollars cachés des gouvernements et des institutions internationales de soutien à l'industrie du charbon<br />© WWFA la veille de la réunion ministérielle annuelle des pays de l’OCDE (3-4 juin) et du G7 (7-8 juin), le WWF, le Natural Resources Defense Council et Oil Change International présentent une étude annonçant que plus de 73 milliards de dollars d’argent public ont été utilisés pour soutenir le charbon dans le monde entre 2007 et 2014.

Cette étude intitulée « Under the Rug: How Governments and International Institutions Are Hiding Billions in Support to the Coal Industry » – en français « Les milliards de dollars cachés des gouvernements et des institutions internationales de soutien à l’industrie du charbon » – indique que les émissions de gaz à effet de serre générées par ces projets charbon s’élèvent à près d’un demi-milliard de tonnes de CO2 par an, soit l’équivalent des émissions de l’Italie.

Avec plus de 20 milliards de dollars, le Japon est le pays qui a le plus contribué au financement du charbon dans le monde ; arrivent ensuite l’Allemagne et la Corée du Sud.

Parmi les pays de l’OCDE, les agences de crédit à l’export représentent la moitié des financements internationaux au charbon. S’agissant des pays non-membres de l’OCDE, la Chine et la Russie couvrent 23% de ces financements et les banques multilatérales de développement 22%.

Sur l’année 2014, un ralentissement de ces financements publics est observé. Il peut s’expliquer par les récentes annonces d’arrêt du soutien aux centrales à charbon de la part des Etats-Unis et de la France ainsi que des institutions financières de développement comme la Banque mondiale.

Alors que les négociateurs sont réunis cette semaine à Bonn pour travailler sur le texte de l’accord de Paris, le WWF appelle les pays à poursuivre cette dynamique et à retirer leurs soutiens au charbon pour faire preuve de crédibilité vers la conférence climat de Paris.

Selon Philippe Germa, Directeur général du WWF France, « La future présidence française de la COP21 doit immédiatement transformer en actions concrètes les annonces faites par le président de la République, François Hollande, lors la Conférence environnementale en novembre dernier. La France a donné le ton sur l’arrêt des soutiens publics à l’export aux centrales à charbon. Elle doit maintenant porter cette position au sein de l’OCDE et influencer ses partenaires au niveau du G7 sur ce sujet. »

Selon Samantha Smith, directrice de l’Initiative mondiale Climat et Énergie au WWF, « Beaucoup de gouvernements de pays développés, qui se disent engagés pour le climat, financent dans le même temps, l’industrie du charbon à l’étranger. Si ces pays veulent être crédibles à la conférence climat de Paris, ils doivent au plus vite soutenir les énergies renouvelables plutôt que d’utiliser l’argent des contribuables pour alimenter le changement climatique. »

Selon Sébastien Godinot, économiste au bureau des politiques européennes du WWF, « Les pays européens, la Commission et l’Union européenne n’ont plus de temps à perdre et doivent renouer avec leur leadership. Les engagements pour le climat de l’UE ainsi que sa volonté d’éliminer les subventions aux énergies fossiles doivent l’encourager à mettre fin aux crédits à l’export pour le charbon. »

L’idée selon laquelle le financement à l’export du charbon participe à la lutte contre la pauvreté est un mythe. En effet, le rapport souligne que ces financements ne bénéficient à aucun pays à faible revenu, là où les besoins d’accès à l’énergie sont les plus grands. Au contraire, un quart est dirigé vers les pays à haut revenu qui n’ont pas de problème d’accès à l’énergie.

L'UNESCO menace l'Australie de déclasser la Grande Barrière de Corail

L'interdiction de dépôt des boues de dragage pourrait convaincre l'Unesco de ne pas modifier le statut de la Grande Barrière de corail<br />© Troy MayneLe Comité du patrimoine mondial de l’UNESCO a publié aujourd’hui un projet de décision concernant la Grande Barrière de Corail. Celui-ci souligne les menaces qui pèsent encore sur ce site inscrit au patrimoine mondial et appelle l’Australie à lui faire, d’ici 18 mois, un rapport précis sur les progrès réalisés.

Même si ce projet de décision reconnait les engagements récents de l’Australie pour renforcer la protection de la Grande Barrière de Corail, il indique que le pays doit maintenant « mettre en place, rigoureusement, tous ses engagements ».

Selon Dermot O’Gorman, directeur général du WWF Australie, « L’UNESCO a pris la bonne décision : il est normal que le statut de la Grande Barrière de Corail soit déterminé par l’état réel de ses précieux coraux et de sa vie marine. Il faut rappeler que la Grande Barrière de corail constitue l’un des habitats naturels océaniques les plus riches. Elle génère environ 5,8 milliards de dollars et a permis la création de 69 000 emplois. L’annonce de l’Unesco va maintenir la pression sur le gouvernement australien pour que ses engagements se traduisent par des actes concrets. »

Les rapports officiels du gouvernement australien soulignent eux-aussi le mauvais état de santé général de la Grande Barrière de Corail. Ce site inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO a, en effet, perdu plus de la moitié de sa couverture corallienne depuis ces trente dernières années et a vu décliner ses populations de dauphins, de dugongs ou encore de requins.

Le développement portuaire dans le périmètre du récif a fait émerger de nouvelles menaces : dragage, rejet et augmentation du trafic maritime. L’an dernier, le Comité du patrimoine mondial de l’UNESCO avait déjà exprimé ses craintes concernant l’industrialisation du site et indiqué qu’à moins de constater des progrès significatifs, celui-ci serait retiré de la Liste du patrimoine mondial en péril.

Le mois prochain, les 21 pays membres du Comité du patrimoine mondial de l’UNESCO se réuniront à Bonn (Allemagne) pour débattre du statut de la Grande Barrière de Corail et d’autres sites naturels extraordinaires.

Plus de 350 000 personnes du monde entier ont répondu à l’appel de la campagne du WWF (The Great Barrier Reef Under Threat lancée en février dernier) pour demander aux décideurs de défendre le site des destructions liées à l’industrialisation sauvage.

#SOSreef
 

Conférence climat de Bonn : le WWF fixe les priorités de travail des négociateurs climat

UN Climate Change Conference<br />© Paris Climat 2015Du 1er au 11 juin prochains, les négociateurs de 196 pays vont se réunir à Bonn (Allemagne) pour travailler sur la préparation du texte de la COP21 qui se tiendra à Paris en décembre 2015. Le WWF les appelle à se concentrer sur trois priorités :

  • S’assurer que les engagements pour les 5 à 10 prochaines années soient en ligne avec les recommandations des scientifiques du GIEC pour limiter la hausse de la température moyenne mondiale bien en-dessous de 2°C ;
  • Intégrer à l’accord de Paris des décisions et objectifs ambitieux de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) pour la période pré-2020 ;
  • Soutenir davantage les communautés les plus pauvres et vulnérables pour qu’elles puissent faire face aux impacts du changement climatique.

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Selon Samantha Smith, directrice de l’Initiative mondiale Climat et Énergie au WWF, « Le futur accord climatique de Paris perdra de sa valeur si les émissions de GES continuent à augmenter d’ici son entrée en vigueur en 2020. Les tendances indiquent une augmentation importante des émissions sur cette période, à moins que nous ne prenions des mesures dès maintenant pour réduire les gaz à effet serre. La croissance des énergies renouvelables et l’efficacité énergétique, par exemple, dépasse les prévisions. Ce sont des secteurs sur lesquels les gouvernements peuvent agir sans attendre ! »

Pour Philippe Germa, directeur général du WWF France, « La route vers Paris Climat 2015 est longue et semée d’embûches pour la présidence française. Mais cette complexité ne doit pas être l’excuse d’un accord au rabais. Des investisseurs, des entreprises et des collectivités territoriales ont compris l’urgence et l’intérêt d’agir vite : sortie du charbon, déploiement des renouvelables et de l’efficacité énergétique…les exemples sont nombreux. Nous souhaitons que Paris ancre cet élan dans la durée pour une décarbonisation de nos sociétés et une transformation de nos modèles économiques qui dilapident notre capital naturel et la biodiversité. »

Agir avant 2020 pour un accord climat ambitieux

Le WWF a réalisé le rapport Closing the divide: how to reduce the emissions abyss qui propose les mesures d’atténuation à mettre en œuvre d’ici à 2020. Le premier volet, présenté à Genève en février, se concentre sur 10 pays clés : Inde, Chine, Mexique, Brésil, Afrique du Sud, Japon, France, États-Unis, Australien et Union européenne. Le deuxième volet sera présenté à Bonn et concernera plusieurs pays tels que la Russie, la Pologne, le Kenya, la Norvège, la  Turquie et les Émirats arabes unis.