Un Européen consomme en moyenne 61 kg de soja par an, dont 57 kg de manière indirecte

Vue aérienne de la monoculture de soja et du Cerrado<br />© Adriano Gambarini / WWF-BrazilA l’occasion de la conférence annuelle de la Table Ronde pour le Soja Responsable (RTRS) organisée à Bruxelles les 19 et 20 mai, le WWF présente l’étude Mapping the Soy Supply Chain in Europe qui indique que la consommation moyenne indirecte de soja dans l’Union européenne est de 61kg par habitant et par an. Ce chiffre s’explique en grande partie par la consommation de produits dérivés d’animaux nourris au soja puisque 57 kg soit 93% du soja consommé est contenu dans la viande, les œufs, le poisson ou le lait.

Certains produits dérivés des animaux sont particulièrement riches en soja « caché » : le blanc de poulet (109g de soja pour 100g de viande), les œufs (35g de soja pour un œuf de 55g), le saumon d’élevage (59g de soja pour 100g), les côtes de porc (51g de soja pour 100g), la viande de bœuf hachée (46g de soja pour 100g) et le fromage (25g de soja pour 100g).

Au cœur de notre système alimentaire actuel, le soja représente une culture attractive et très riche en protéines. Toutefois, il est majoritairement importé d’Amérique du Sud (97% du soja consommé en Europe est importé) et sa production peut avoir des impacts sur les communautés locales et l’environnement. Sur les 50 dernières années, la production croissante de soja s’est faite au détriment de millions d’hectares de forêts, de prairies et de savanes, transformés pour un usage agricole, en particulier en Amérique du Sud.

« La majorité des consommateurs ignorent les quantités de soja nécessaires pour produire la viande, les œufs, les produits laitiers et les poissons d’élevage qu’ils mangent régulièrement » explique Sandra Mulder, responsable soja au WWF International. « Ce qui est encore moins connu, ce sont les conséquences dévastatrices que peut avoir la culture du soja sur les écosystèmes les plus riches tels que l’Amazonie, le Cerrado ou le Gran-Chaco au Brésil. »

  • Le WWF exhorte les entreprises qui achètent directement du soja ou des produits dérivés des animaux à s’approvisionner dès aujourd’hui en soja responsable. En s’inscrivant dans cette démarche, les entreprises peuvent envoyer un signal fort aux producteurs de soja, implantés notamment en Amérique du Sud, en  démontrant la volonté des acheteurs européens à se fournir en soja produit durablement.

 

  • Le WWF appelle les consommateurs européens à faire pression sur leurs distributeurs, le secteur de la restauration, ou leurs marques préférées en leur demandant de s’approvisionner en soja responsable, respectant par exemple les principes de la Table Ronde pour le Soja Responsable (RTRS) ou de recourir aux alternatives locales au soja d’importation.  A leur échelle, les consommateurs peuvent également limiter leur consommation de protéines animales.

« Il est grand temps que les consommateurs européens prennent conscience que leurs habitudes de consommation peuvent engendrer des impacts à l’autre bout du monde. Certaines entreprises de la distribution ou du secteur laitier ont déjà pris les devants, et démontrent qu’il est possible de s’approvisionner en soja produit de manière responsable. Il est maintenant du devoir des autres acteurs de participer à la généralisation de ces bonnes pratiques », souligne Arnaud Gauffier, responsable agriculture au WWF France.

L'initiative Science Based Targets appelle les entreprises à aligner leurs émissions de gaz à effet de serre sur l'objectif de 2°C

Science Based Targets<br />© Science Based TargetsAujourd’hui, les organisations fondatrices de l’initiative Science Based Targets – Carbon Disclosure Project (CDP), United Nations Global Compact, World Resources Institute et WWF – lancent une campagne visant à  mobiliser 100 entreprises d’ici fin 2015 souhaitant aligner leurs émissions de gaz à effet de serre sur les recommandations des scientifiques du GIEC pour limiter la hausse de la température moyenne mondiale en-dessous de 2°C.

En s’inscrivant dans cette démarche, les entreprises peuvent à la fois évoluer vers une économie sobre en carbone et démontrer aux politiques, qui participeront notamment à la Conférence Paris Climat 2015, leur niveau d’ambition dans la lutte contre le changement climatique.

80 % des 500 plus grandes entreprises du monde disposent d’objectifs de réduction de leurs émissions de GES ou de gestion de l’énergie, mais on estime que seule une douzaine des entreprises les plus proactives prennent en compte la nécessité de contenir la hausse de la température moyenne mondiale en-dessous de 2°C.

Rapport Mind the science : évaluation des objectifs de réduction des émissions de GES de 70 entreprises

Dans le cadre de l’initiative Science Based Targets, le CDP présente Mind the science, un rapport interactif évaluant et comparant les objectifs d’émissions de GES de 70 entreprises grandes consommatrices d’énergie qui, à elles seules, représentent 9% des émissions mondiales.
Parmi les entreprises évaluées, 28 disposent d’objectifs de réduction de leurs émissions de GES qui soient cohérents avec l’objectif de 2°C.

Le rapport Mind the science souligne que la mise en place d’objectifs « basés sur la science » est tout à fait compatible avec la croissance économique d’une entreprise. Ces objectifs peuvent même stimuler l’innovation, réduire les coûts et augmenter sa rentabilité en anticipant les menaces liées au changement climatique et enfin, créer de la valeur pour les actionnaires et la société dans son ensemble. D’autres bénéfices peuvent être soulignés : entrée sur de nouveaux marchés, conformité aux réglementations et politiques climatiques, incitations à transformer les produits, amélioration de l’image de marque.

La plupart des objectifs à court terme de réduction d’émissions de GES présentent la date butoir de 2014 ou de 2015 : les entreprises doivent profiter de cette fenêtre de tir pour établir de nouveaux objectifs ambitieux. Remettre à plus tard rendrait toute transition encore plus compliquée et plus coûteuse.

Méthodologie Sectoral Decarbonization Approach : aider les entreprises à établir leurs objectifs de réduction d’émissions de GES

Pour aider les entreprises à établir des objectifs cohérents avec les trajectoires de décarbonisation de l’économie recommandées par le GIEC, l’initiative Science Based Targets vise à développer une méthodologie sectorielle pouvant être largement appliquée en identifiant les approches novatrices des entreprises en matière de réduction d’émissions.

La méthodologie Sectoral Decarbonization Approach présentée aujourd’hui s’adresse aux entreprises issues des secteurs à forte intensité énergétique et croise les projections économiques de leur secteur d’activité et leur potentiel quant à la réduction d’émissions de GES.
 

WWF et le Groupe Michelin, partenaires pour un marché du caoutchouc naturel responsable

Didik, habitant de Long Pahangai, dans une plantation d'hévéas, Bornéo.<br />© WWF / Simon RawlesWWF et le Groupe Michelin s’engagent ensemble dans la transformation du marché de l’hévéa vers des pratiques durables. Il s’agira pour les deux partenaires de définir et développer une filière du caoutchouc naturel responsable au niveau international, en renforçant notamment la lutte contre la déforestation en Indonésie sur plusieurs zones de conservation prioritaires du WWF.

Une collaboration visant au développement d’un marché et d’une culture du caoutchouc naturel responsable

Le marché de l’hévéa est complexe. Ce matériau provient à la fois de grandes plantations, de l’exploitation des forêts et de petits producteurs. Ces derniers représentent 90 % de la production mondiale. Sumatra, Bornéo et le Grand Mékong, zones prioritaires de la politique de conservation du WWF, représentent à elles seules les trois quart de la production globale de la matière première.

En 2013, l’Indonésie assurait un quart de la production mondiale de caoutchouc naturel, avec un rendement à l’hectare parmi les plus faibles du monde du fait de l’inefficacité des pratiques actuelles. Représentant 70 % de la demande mondiale sur cette matière première, l’industrie du pneumatique dispose de leviers d’actions importants pour influencer ses fournisseurs et promouvoir une culture responsable de cette matière première.

Premier acheteur mondial de caoutchouc naturel, le Groupe Michelin est un acteur clé du marché. Il était ainsi important qu’il soutienne la démarche du WWF pour impulser la transformation de la culture et du marché de l’hévéa vers de meilleures pratiques. Sur cet axe du partenariat, le Groupe Michelin s’engage à plusieurs niveaux :

  • Le groupe collaborera tout d’abord avec le WWF dans la définition du caoutchouc naturel responsable
  • Il s’imposera l’évolution de ses propres pratiques d’approvisionnement en fonction de l’avancée de ce travail commun de définition du caoutchouc naturel durable.
  • Michelin sera, enfin, acteur à part entière de la promotion de meilleures pratiques auprès des instances internationales représentatives de la profession, des acheteurs de cette matière première et des producteurs, et ce, afin de faire évoluer les pratiques tout au long de la chaîne d’approvisionnement, depuis les plantations d’hévéa jusqu’à la consommation du caoutchouc naturel.

Un projet pilote opérationnel pour l’évolution du marché et la lutte contre la déforestation en Indonésie

Conscient des lourdes conséquences environnementales et sociales de la culture du caoutchouc naturel en Indonésie,  le Groupe Michelin a d’autre part souhaité s’impliquer auprès du WWF dans la préservation de la forêt primaire du pays à travers un programme « zéro déforestation »  auquel s’ajoute une politique de protection et de restauration forestière à Sumatra et à Bornéo.

Couvrant 88 000 hectares de concessions, soit l’équivalent de Paris intramuros et du Grand Paris réunis, ce projet pilote reposera sur :
 

  • le développement de plantations d’hévéa adoptant des pratiques responsables tout en respectant les écosystèmes subsistants et le droit des communautés locales
  • la restauration et la préservation d’un  environnement naturel dans l’objectif de protéger  de nombreuses espèces menacées par la disparition de leur habitat (éléphants, orangs outangs, tigres…), conséquence de la surexploitation des plaines et des forêts de la région.

 
Le WWF encourage cette initiative car elle engendrera des impacts positifs au niveau local sur les populations et l’écosystème forestier.
 
Depuis de nombreuses années, le WWF tire la sonnette d’alarme sur la déforestation toujours plus rapide de l’Indonésie et alerte la communauté internationale sur l’état d’urgence environnementale de l’ensemble de la région.

« L’Indonésie est l’une des zones les plus riches en biodiversité mais également l’une des régions les plus dégradées du monde. Elle détient le triste record du taux de déforestation le plus élevé de la planète » souligne Philippe Germa, Directeur général du WWF France.

 « La culture de l’hévéa manque de lignes directrices et induit des problèmes sociaux et environnementaux notoires. Dans un contexte économique et social de pauvreté et de précarité, de vastes zones y sont chaque jour déforestées, sans pour autant dispenser de plus-value économique » ajoute Philippe Germa.

Particulièrement active dans la protection des parcs naturels de Bukit Tigapuluh et Limau aujourd’hui menacés, l’ONG dirige depuis plus de 10 ans des opérations de protection en Indonésie. Depuis 2014, le WWF mène notamment un programme de restauration des écosystèmes sur une zone de conservation prioritaire dans la province de Jambi.

 « Nous nous réjouissons de l’implication d’un groupe tel que Michelin à nos côtés. Son investissement dans nos programmes aura sans aucun doute un impact notoire et très positif sur l’ensemble de la filière du caoutchouc naturel. Il s’agira en effet de répliquer ce projet et ces bonnes pratiques à plus grande échelle afin de transformer la culture de l’hévéa à un niveau global et de faire ainsi évoluer le marché mondial », ajoute Marie-Christine Korniloff, Directrice déléguée au Monde Economique du WWF France.