Des avancées à Genève, mais le plus dur reste à venir.

 <br />©  Peter Jelinek / WWF GermanyAlors qu’une bonne ambiance de travail l’a emporté cette semaine dans les négociations sur le climat aux Nations unies à Genève – avec l’adoption d’un projet de texte de négociation pour l’accord mondial sur le climat à Paris en décembre 2015 – le plus dur du travail reste encore à venir. 

Pour Tasneem Essop, chef de la délégation du WWF sur les négociations, le sens commun et la bonne volonté ont permis d’aboutir à un projet de texte pour Paris, deux jours avant la fin de la session. « Les co-présidents méritent d’être reconnus pour leur approche à cette session et l’obtention d’un projet de texte approprié par toutes les Parties », a-t-elle dit. « Mais la discussion sur les sujets difficiles est encore à venir et les lignes de divisions traditionnelles n’ont pas encore été brisées. Les négociateurs font maintenant face à une immense tache pour réussir à parvenir à un accord sur les points durs et aboutir à un accord qui soit ambitieux, juste et basé sur la science dans les sessions de négociations avant Paris Climat 2015 », a-t-elle dit.
 
Tous les regards doivent maintenant se tourner sur les décideurs politiques, eux-seuls capables de fortement influencer le résultat final pour un nouvel accord mondial à Paris à la fin de l’année.
 
« En dehors de l’enceinte des négociations sur le climat onusiennes, des réunions importantes sont aussi prévues cette année – à la fois aux niveaux des ministres et des chefs d’Etat – sur la route de Paris où ils pourront faire preuve de leur intentions, comme le G7, le G20 et le Sommet sur les objectifs de développement durable », affirme Tasneem Essop. « Le premier test de volonté politique et d’influence dans le processus de négociations aura lieu de mars à juin prochain où les pays devront annoncer leurs plans de réductions d’émissions et, nous l’espérons, des ressources financières pour la période après-2020 ».
 
Pour Pierre Cannet, responsable du programe Climat, Energies et Infrastructures durables au WWF-France, « Sur cette base, la France, future présidente de la conférence climat, devra œuvrer à faire avancer la dynamique politique internationale, à la fois sur l’ambition du texte et sur les annonces attendues de réductions de gaz à effet de serre des pays vers Paris. La France aura d’autant plus de poids en montrant qu’un réel agenda positif et responsable est maintenant possible, notamment avec l’abandon immédiat des soutiens publics au charbon et les moyens donnés au déploiement des énergies renouvelables en France ».
 
Parmi les sujets clefs qui devront être traités cette année, celui de l’amplification de l’action par les gouvernements à court terme, l’application des principes de la convention relatifs à la différenciation, la garantie des ressources financières pour l’avant et l’après 2020, et la conclusion d’un nouveau régime climatique mondial qui puisse assurer la sécurité des plus vulnérables aux impacts du dérèglement climatique

Négociations sur le climat : le WWF présente des mesures d'atténuation à mettre en œuvre d'ici à 2020

 <br />© wwfAlors que les négociations des Nations unies sur le climat se poursuivent à Genève, le WWF présente le rapport Closing the divide: how to reduce the emissions abyss proposant les mesures d’atténuation à mettre en œuvre d’ici à 2020 dans 10 pays clés : Inde, Chine, Mexique, Brésil, Afrique du Sud, Japon, France, États-Unis, Australien et Union européenne.
 
« Il existe de nombreuses manières pour les gouvernements du monde entier de limiter leur émissions d’ici à 2020 : de la fermeture des centrales au charbon à l’amélioration de l’efficacité énergétiques, en passant par le développement des énergies renouvelables, le rehaussement des objectifs de réduction d’émissions ou la lutte contre la déforestation. » a déclaré Tasneem Essop, chef de la délégation du WWF sur les négociations climatiques.
 
S’appuyant sur les conclusions du dernier rapport d’évaluation du GIEC qui indique clairement que les émissions de gaz à effet de serre doivent atteindre un pic avant la fin de la décennie, et diminuer ensuite, pour avoir une chance de respecter le seuil limite des 2°C de hausse, ce rapport du WWF met en exergue l’importance de la période avant 2020 pour parvenir à un accord climatique ambitieux.
 
«Tous les regards sont tournés vers les négociations qui auront lieu lors de la COP21 en décembre prochain, négociations qui devraient se concentrer sur la période après-2020. Pourtant, repousser la mise en oeuvre de mesures 2020 serait une vraie erreur. », a indiqué Tasneem Essop.
 
La France qui accueillera la COP21 a aussi la possibilité de participer à cet effort collectif de relèvement de l’ambition à court terme, par exemple sur les énergies renouvelables. En 2013, celles-ci comptaient pour 14% de la consommation finale d’énergie ; pour respecter les objectifs de l’UE et du Grenelle de l’environnement, elles devront atteindre 23% en 2020. La France doit donc revoir à la hausse leur mise en œuvre, à travers notamment, de son projet de loi sur la transition énergétique pour la croissance verte actuellement en discussion au Sénat.
 
Pour élever l’ambition internationale, la France doit également participer activement à la réforme du prix du carbone au niveau européen et avancer sur la fin annoncée de ses soutiens publics au charbon. Nous attendons ainsi une mise en œuvre immédiate de l’annonce faite sur la fin des crédits d’exports au charbon. Cet engagement lui donnera une meilleure crédibilité pour mobiliser avec d’autres acteurs la communauté internationale vers la transition écologique, au cœur d’un véritable agenda des solutions.

La Grande Barrière de corail, un futur dépotoir ?

La lumière du soleil illuminant les coraux de la Grande Barrière de Corail<br />© Troy MayneThe Great Barrier Reef Under Threat, rapport commandé par le WWF, indique que l’industrialisation sauvage le long de la Grande Barrière de corail pourrait gravement endommager cet écosystème, qui compte parmi les plus importants de notre planète. Le rapport met ainsi en évidence que les déchets générés par le développement portuaire dans le périmètre du récif, site classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, auront des « effets dévastateurs ».
 
Afin d’empêcher que de nouvelles pressions inacceptables s’exercent sur cet écosystème déjà très vulnérable, le WWF demande au gouvernement australien d’interdire tout dépôt de boues de dragage sur le site de la Grande Barrière de corail, classé au patrimoine de l’humanité.
 
«La Grande Barrière de corail est un des habitats naturels océaniques les plus riches : il abrite de nombreuses espèces protégées, et représente un atout économique pour l’Australie et un trésor naturel pour le monde entier. Faire du récif un dépotoir n’a aucun sens, non seulement du point de vue environnemental, mais aussi du point de vue économique puisqu’il s’agit ici de construire des ports inutiles.» a déclaré le Directeur général du WWF International, Marco Lambertini.
 
La croissance portuaire exige le dragage d’environ 51 millions de mètres cube de fond océanique, soit assez de sable pour remplir 49 fois l’Empire State Building. Une grande partie pourrait finir dans les eaux protégées de la Grande Barrière de corail – inscrite au patrimoine de l’humanité – où elle risque de former des bancs de sédiments qui pourront dériver sur près de 80 km et causer de lourds dégâts. Le dragage ainsi que les boues qu’il génère peuvent étouffer les coraux et compromettre la survie d’espèces menacées comme les tortues marines.
 
L’Australie souhaite doubler la capacité d’exportation de charbon de l’Etat du Queensland, alors même que les ports existants sont inutilisés près d’un tiers du temps, comme l’a confirmé le cabinet de conseil Dalberg Global Development Advisors. Les projets actuels tablent sur une capacité d’exportation qui devrait atteindre les 637 millions de tonnes annuelles de charbon pour le Queensland, tandis que les prévisions à court terme envisagent, elles, des quantités moindres pour la totalité de l’Australie.
 
Le même rapport mentionne que la structure même de l’industrie mondiale du charbon semble être sur le déclin alors que les énergies renouvelables gagnent du terrain. «Face à ce constat, il est peu probable que l’on ait besoin de la totalité des ports charbonniers qu’on envisage de construire. Le récif, lui, aura par contre subi de lourds dégâts. »
 
« Afin de protéger le récif et les 69 000 emplois qu’il génère, le gouvernement australien doit légiférer et interdire le dépôt des boues de dragage sur la totalité du site de la Grande Barrière de corail, classé au patrimoine mondial » explique Dermot O’Gorman, le directeur du WWF Australie. «Il faudra également limiter le dragage au maximum et faire des efforts plus importants pour améliorer la qualité de l’eau. »
 
Si l’on ne prend pas rapidement les mesures qui s’imposent pour enrayer le déclin du récif, l’UNESCO risque de le considérer comme « en péril ». L’avancée de la croissance portuaire et la santé globale de la Grande Barrière de corail pourraient susciter la polémique en juin, à l’occasion de la réunion du Comité du patrimoine mondial qui se tiendra en Allemagne, à Bonn.
 
Selon le rapport du WWF, l’impact environnemental des ports charbonniers dans la zone du récif a poussé nombre de banques importantes à se retirer de leur financement. Le WWF appelle les entreprises à ne pas investir ni à participer à des projets susceptibles de menacer la Grande Barrière de corail ou tout autre site classé au patrimoine mondial.
 
« Comme nous l’avons constaté avec la Grande Barrière de corail, les habitats naturels océaniques en bonne santé peuvent être les moteurs d’une croissance économique raisonnée qui génère des emplois et apporte plus de bien-être, » a déclaré Marco Lambertini. « La gestion responsable des océans est essentielle au maintien du rôle crucial que les écosystèmes marins jouent en matière d’alimentation et d’emploi pour des millions de personnes, et devrait tenir une place de choix dans tout projet de développement durable.