Le 31 mars était la date butoir, fixée lors de la Conférence climat de Varsovie, avant laquelle les pays étaient invités à remettre leurs contributions nationales de lutte contre les changements climatiques. Le WWF regrette, qu’à ce jour, seules 34 Parties, la Suisse, l’Union européenne, la Norvège, le Mexique, les Etats-Unis et la Russie, sur les 196 à la convention climat, soient au rendez-vous de Paris Climat 2015.
Le WWF déplore le retard pris par les pays qui n’ont pas respecté l’échéance du 31 mars 2015, notamment des pays industrialisés comme le Japon, le Canada et l’Australie. Plus les pays tardent à soumettre leurs contributions cette année, moins la dynamique vers Paris servira l’ambition d’un accord mondial sur le climat. Afin de répondre à l’objectif de maintenir les émissions bien en-dessous de la trajectoire des 2°C, le WWF appelait à une période d’évaluation puis à une revue à la hausse de ces contributions suffisamment en amont de la COP21.
A ce stade, les contributions nationales communiquées par les pays développés sur leurs niveaux d’équité et d’ambition sont insuffisantes. Seul pays en développement à avoir soumis sa contribution, le Mexique intègre les questions d’adaptation.
• Russie (31 mars 2015)
La Russie a annoncé une réduction de 25 à 30% pour 2030 de ses émissions par rapport à 1990. Un objectif qu’elle compte poursuivre en grande partie grâce à sa gestion des forêts. Comme précisé dans sa contribution, la Russie compte effectivement 70% des forêts boréales et 25% des ressources forestières mondiales.
• Etats-Unis (31 mars 2015)
Un des plus gros émetteurs mondiaux à mettre sa contribution sur la table, les Etats-Unis participent avec cette annonce avant l’échéance du 31 mars à créer un climat de transparence et de confiance dans les négociations vers la COP21. Cette contribution reprend l’objectif de 26 à 28% de réduction d’émissions d’ici à 2025 par rapport à 2005 déjà annoncé par le Président Obama en novembre dernier, et va au-delà en précisant que cet effort sera porté au niveau domestique.
Ces chiffres sont cependant encore bien en-dessous des niveaux requis par la science pour éviter les plus forts impacts des changements climatiques. Pour le WWF, la réduction de 28% pour 2030 doit ainsi devenir un objectif plancher plutôt qu’un plafond. Cet été, le passage d’une régulation pour réduire les pollutions et les émissions des nouvelles centrales, et de celles existantes, est indispensable pour avancer dans cette voie.
• Mexique (30 mars 2015)
Premier pays en développement à faire son annonce, le Mexique vise un pic d’émissions d’ici à 2026 et une réduction de 25% de ses gaz à effet de serre et de ses polluants climatiques de courte durée de vie pour 2030, par rapport au scénario de référence de 2013. Parallèlement, le pays devrait disposer d’un cadre législatif sur le climat, avec une loi de transition énergétique actuellement en discussion au Sénat.
• Norvège (27 mars 2015)
La Norvège affiche un objectif de réduction d’au moins 40% de ses émissions d’ici à 2030 sans préciser, contrairement à l’UE, quelle part de l’effort serait réalisée au niveau domestique. Cet objectif plancher devrait lui permettre de revoir à la hausse son objectif, notamment dans le cas d’une mise en place de compensations. La contribution n’intègre pas encore d’information sur le rôle du secteur forestier et de l’usage des terres.
• Union européenne (6 mars 2015)
La contribution de l’UE repose sur les objectifs climat-énergie pour 2030 adoptés en Conseil européen en octobre dernier : elle s’engage donc au niveau domestique à une réduction d’émissions d’au moins 40% d’ici à 2030 par rapport à 1990. L’intégration des forêts et de l’usage des terres est renvoyée à plus tard. L’UE ne fait pas non plus référence aux questions d’adaptation et d’appuis internationaux (financement et technologie).
• Suisse (27 février 2015)
La contribution suisse présente une réduction de 50% de ses émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 par rapport à 1990, avec une plus grande partie des efforts réalisés au niveau domestique – sans précision. Une autre partie serait assurée par des compensations et des crédits internationaux. Cet objectif engagerait un ralentissement de l’effort de la Suisse, passant de 2% actuellement à 1% de réduction annuelle. Encore une fois, ni l’adaptation ni les soutiens financiers et technologiques ne sont couverts dans sa contribution.
Le WWF annoncera prochainement une évaluation de ces contributions sur la base des indicateurs suivants : la clarté générale de la contribution, les efforts domestiques de réductions d’émissions, les efforts domestiques d’adaptation, la clarté de l’appui exprimé par rapport à l’appui nécessaire (financements, technologie), le niveau d’équité, et d’autres comme les efforts de court-terme (ambition avant 2020).