Le dernier round de négociations s'est ouvert aujourd'hui à Bonn (Allemagne) avant la COP21, rencontre historique qui s'ouvrira dans six semaines, et au cours de laquelle devra être adopté un nouvel accord international sur le climat.
Selon Tasneem Essop, cheffe de la délégation du WWF sur les négociations climatiques, « Paris devra réussir à construire un lien entre l'ambition climatique et les derniers résultats de la science pour limiter le dérèglement climatique. A Bonn, nous aurons ainsi besoin d'aboutir un projet d'accord qui permette de lever les blocages politiques sur cette question. »
Ce projet d'accord devra comprendre :
- Des engagements clairs pour que le financement climatique soit relevé autour de cycles réguliers à partir de l'objectif plancher de 100 milliards de dollars dès 2020 ;
- La bonne prise en compte des enjeux liés à l'équité dans l'ensemble du nouvel accord ;
- Un mécanisme robuste pour le suivi et la revue à la hausse des objectifs ;
- Une décision et un mécanisme international permanent dédiés aux enjeux liés aux pertes et dommages dus aux impacts du changement climatique ;
- L'adoption formelle d'un objectif international solide pour l'adaptation pour mener davantage d'actions dans ce domaine et soutenir les pays qui font déjà face aux impacts inéluctables du changement climatique.
Selon Pierre Cannet, responsable du programme Climat et Energie au WWF France, « Sous un format pourtant plus simple à l'emploi pour les négociateurs, le projet d'accord des co-présidents est aujourd'hui sous le feu de critiques car celui-ci manque cruellement d'ambition. Mais la tension peut être diminuée cette semaine si le projet est considérablement renforcé, notamment par l'intégration d'un véritable mécanisme de l'ambition autour de périodes de cinq ans. Cette mécanique pourrait être mise en mouvement par quatre rouages qui doivent, dès cette semaine, être poussés dans les discussions :
- renforcer l'expertise dans des secteurs clefs, comme les renouvelables, et la traduire par des programmes concrets de terrains ;
- obtenir davantage de leadership politique inspiré par plus d'initiatives sectorielles ;
- amplifier la collaboration notamment financière entre les différents niveaux d'acteurs ;
- accélérer la mise en œuvre des engagements avant 2020.
Ce mécanisme contribuerait à la revue à la hausse des engagements avant 2020 pour un accord de Paris ambitieux qui permette de limiter la hausse du thermomètre mondial bien en-dessous de la barre des 2°C voire 1,5°C. »
Selon les experts, pour parvenir à cet objectif de limitation de la hausse de la température mondiale, les émissions mondiales doivent atteindre un pic avant 2020. Les actions à mettre en place avant 2020 doivent constituer un socle solide à l'ambition, d'autant plus que les engagements des pays présentés à travers leurs intentions de contributions (iNDCs) ne sont pas à la hauteur pour l'après-2020.
« Le projet de texte dont nous disposons actuellement contient un grand nombre de bons éléments pour l'action avant 2020. « Si nous voulons rattraper le retard pris dans l'action, nous devons maintenant passer à la mise en œuvre en augmentant les efforts via le développement des énergies renouvelables, l'efficacité énergétique et la protection des forêts et des terres. » souligne Tasneem Essop.
« Alors que la mobilisation rejointe par la société civile, les entreprises ou encore les groupes religieux ne cesse de se renforcer à l'extérieur des négociations, les progrès au sein même des négociations sont encore trop lents et doivent maintenant passer à la vitesse supérieure. » ajoute Samantha Smith, directrice de l'initiative mondiale Energie et Climat au WWF.