La découverte d’une femelle de dauphin de l’Irrawaddy morte sur l’île de Cheutal Touch au Cambodge – à deux pas de la frontière laotienne – rappelle une nouvelle fois la situation de ce cétacé, inscrit par l’UICN sur la liste des espèces en danger critique d’extinction. Il ne reste plus que 5 individus de ces grands dauphins au Laos. Aussi, WWF presse le Laos et le Cambodge de trouver ensemble des solutions pour sauver l’une des espèces les plus emblématiques et l’une des principales sources de revenus touristiques pour la région.
La population locale a repéré le dauphin sur la plage de l’île mercredi dernier et a immédiatement alerté les autorités référentes pour transférer l’animal à Kratie au Cambodge pour inspection. Bien que la cause du décès soit indéterminée, les cicatrices présentes sur le corps de la femelle indiquent qu’elle était âgée.
« C’est une terrible nouvelle pour la population décroissante de ces dauphins dans la région », explique Thomas Gray, Directeur du Programme des espèces du Grand Mékong au WWF. « Il n’existe plus aujourd’hui que 5 individus de ce type au Laos. Il s’agit d’un nouveau seuil d’alerte pour cette espèce en voie d’extinction dans le pays comme dans tout le Mékong ».
La survie des dauphins de la rivière de Wang Paa Khaa est menacée depuis quelques dizaines d’années par la pause de filets et l’utilisation de méthodes de pêche illégales comme les explosifs ou les poisons réduisant de manière drastique les populations des cétacés. Méthode de plus en plus courante chez les pêcheurs locaux, la pause de filets provoque de nombreux emprisonnements et constitue la première cause de mortalité des dauphins de la rivière au cours des dernières années.
Si le Cambodge a interdit cette méthode de pêche dans la totalité de ses eaux et aux alentours de son côté de la frontière, le Laos n’a, quant à lui, interdit l’utilisation de filets qu’en eaux profondes sur son territoire.
Une autre grande menace pesant sur la population de ces dauphins réside dans la construction du barrage hydroélectrique de Don Sahong à 3 km en amont du bassin. Cette construction nécessitera l’usage d’explosifs pour extraire des millions de tonnes de roche avec le risque d’altérer grièvement l’ouïe sensible des dauphins alentours.
« La faible population et le très fort taux de mortalité des plus jeunes de ces dauphins soulignent l’avenir incertain de l’espèce mais nous avons encore l’espoir d’une collaboration primordiale entre les deux pays concernés. » souligne Teak Seng, Directeur du Programme des espèces du Grand Mékong au WWF. « Il est désormais largement temps de stopper l’utilisation de tout matériel de pêche illégal et de légiférer sur l’usage des filets et la circulation des bateaux. Avancer sur ces dossiers est la seule solution à long terme pour la survie des dauphins au Laos et dans le Grand Mékong. »