L’Etude sur la hiérarchie des usages du bois1, réalisée à la demande du WWF et du groupe d’emballages et papier Mondi, révèle de la manière dont la règlementation peut entraver ou promouvoir ce que l’on appelle « l’utilisation en cascade » du bois – en donnant la priorité à une utilisation à valeur ajoutée autre que combustible. Le bois n’est ainsi brûlé pour produire de l’énergie qu’une fois qu’il a été d’abord utilisé, réutilisé puis recyclé en tant que matériau chaque fois que c’est possible.
« La demande en énergie et matériaux à base de bois devrait tripler à l’échelle internationale entre 2010 et 2050. Il est urgent d’innover et de fabriquer plus de produits avec moins de ressources afin de contribuer à réduire la pression exercée sur nos forêts. » déclare Emmanuelle Neyroumande, manager Forest Product Consumption & Footprint au sein du WWF International.
« L’utilisation « en cascade » du bois est la façon la plus intelligente d’utiliser une ressource naturelle – mettre à profit le bois avant qu’il ne soit réutilisé, recyclé et finalement brûlé pour produire de l’énergie. Prélever du bois directement dans la forêt et le brûler n’a tout simplement aucun intérêt lorsqu’il peut être utilisé pour d’autres produits avant » , explique Peter Oswald, PDG de Mondi Europe et International.
Les résultats du rapport indiquent la nécessité d’une définition largement acceptée de la hiérarchie des usages parmi les décideurs politiques, les chercheurs et le secteur économique ainsi qu’une orientation politique de l’UE qui inciterait à une utilisation en cascade efficace et enfin une meilleure intégration et mise en œuvre des pratiques existantes concernant la bio énergie et les déchets.
Aux niveaux nationaux, l’analyse a démontré que des pays tels que la Finlande et l’Allemagne avaient des pratiques qui soutiennent l’utilisation en cascade du bois et le recyclage tandis que d’autres comme l’Espagne ont mis en place des règles contestées pour cause de mauvaise intégration avec des pratiques plus anciennes.
L’étude révèle également un besoin de pratiques en cascade d’autant plus fort dans les pays disposant de ressources relativement rares en bois tel que l’Allemagne, et plus faible dans les pays où cette ressource est abondante comme en Pologne. En Allemagne où 50% des ressources en bois (recyclé ou vierge) est utilisé pour la bio énergie, la demande croissante ne pourrait être satisfaite que par l’importation, plus d’utilisation en cascade ou encore l’expansion de la superficie forestière pouvant être exploitée.
Le cas de la France, non analysé dans ce rapport, illustre bien la nécessité d’une hiérarchie instituée des usages du bois. « Celle-ci est nécessaire aussi bien pour garantir l’efficacité des usages de la ressource et sa gestion durable que pour créer une valeur ajoutée optimale pour la France à travers d’autres filières de transformation du bois (panneaux, papier…) » explique Jean Bakouma, directeur adjoint Biodiversité et Empreinte écologique au WWF France. La croissance des pressions sur la ressource et des subventions des centrales à biomasse suscite des tensions sur les forêts et entre industries vivant de la même ressource en France depuis 2007.
Alors que leur valeur ajoutée pour l’économie nationale est supérieure et malgré leurs efforts pour un approvisionnement durable, ces acteurs sont en effet mis en difficulté alors que l’on ne demande aucune garantie environnementale aux énergéticiens sur l’exploitation de la biomasse qu’ils utilisent.
Le WWF demande ainsi à la Commission Européenne de prendre en compte les recommandations de ce rapport pour la réglementation sur la bioénergie durable jusqu’en 2030 ou concernant les futures activités liées à l’économie circulaire. La commission doit à présent fournir des orientations aux Etats membres sur la meilleure façon d’intégrer une hiérarchie des usages du bois dans le cadre de réglementations nationales et pertinentes.
La consultation de la Commission européenne sur une stratégie de bioénergie durable après 2020 est actuellement ouverte et ce jusqu’au 10 mai 2016.
Notes :
WWF a publié un document de prise de position qui stipule que « l’utilisation en cascade de la biomasse ainsi que la production combinée de chaleur et d’électricité doit être encouragée lorsque c’est approprié » (WWF Mondi partage une opinion similaire, alignée sur celle du CEPI qui est de « placer le principe d’utilisation en cascade au cœur de sa politique climatique et énergétique, en vue d’assurer l’utilisation la plus efficace possible de la biomasse disponible, notamment pour contribuer aux objectifs de croissance et d’emplois de l’UE ».
A propos du partenariat WWF Mondi
Le groupe Mondi et WWF travaillent ensemble dans le cadre d’un partenariat stratégique de trois ans (2014 à 2016) qui met l’accent sur la promotion de la gérance environnementale dans les secteurs de l’emballage et du papier. Le partenariat permet apprentissage et action en commun pour promouvoir l’écosystème, la fabrication et la gestion des produits.
En approfondissant son initiative, le partenariat vise à démontrer que la gestion environnementale peut et doit aller de pair avec des pratiques commerciales responsables. Elle espère aussi accélérer la propagation de changements positifs dans le secteur mondial de l’emballage et du papier et plus encore.
1Le rapport est basé sur la recherche de l’Institut Nova et l’Institute for European Environmental Policy (IEEP)