Les pays du G7 ont dépensé 42 milliards de dollars d'argent public pour financer l'industrie du charbon

Stock de charbon à Gladstone <br />© WWF / James Morgan

Les pays du G7, qui se réuniront au Japon les 26 et 27 mai, ont soutenu l’industrie du charbon dans le monde à hauteur de 42 milliards de dollars d’aides publiques internationales entre 2007 et 2015 dont 2,5 milliards uniquement en 2015.

C’est le résultat d’une étude menée par le WWF, le Natural Resources Defense Council et Oil Change International qui appellent les pays du G7 qui ne l’ont pas encore fait, en particulier le Japon et l’Allemagne, à prendre, lors de ce sommet, l’engagement de cesser leur soutien public au charbon à l’étranger.

 

Alors que 175 pays ont signé le 22 avril l’Accord de Paris et réaffirmé leur volonté de maintenir le réchauffement climatique bien en-dessous de 2°C, cette étude révèle que les émissions de gaz à effet de serre générées par les projets charbon financés par les pays du G7 s’élèvent à 100 millions de tonnes de CO2 par an. Cela équivaut, pour une seule année, à 20% des émissions émises par la France en 2013. En termes de production électrique, ce sont plus de 85 GW qui ont été produits par les centrales à charbon ainsi financées soit l’équivalent de la production électrique du Royaume-Uni en 2014.

 

Avec plus de 22 milliards de dollars, le Japon est le pays qui a le plus contribué au financement du charbon à l’étranger entre 2007 et 2015 (des futurs projets sont en voie d’être financés à hauteur de 10 milliards de dollars supplémentaires). Arrivent ensuite l’Allemagne avec 9 milliards de dollars, les États-Unis avec environ 5 milliards de dollars, la France avec 2,5 milliards de dollars, l’Italie avec 2 milliards de dollars, le Royaume-Uni avec 1 milliard de dollars et le Canada avec moins de 1 milliard de dollars.

 

Selon Sébastien Godinot, économiste au bureau des politiques européennes du WWF,  « Il est scandaleux de v
oir que le Japon et l’Allemagne continuent de financer massivement avec l’argent public l’industrie du charbon et qu’ils
sont en train d’étudier des projets dont le financement public s’élèverait à environ 10 milliards de dollars, alors que les données scientifiques montrent que cette industrie est incompatible avec l’objectif de 2°C. Les pays du G7 doivent mettre en œuvre leurs engagements de l’Accord de Paris et mettre immédiatement fin à toutes les aides publiques pour le charbon. »

 

Selon Pascal Canfin, directeur général du WWF France, « Le modèle économique du charbon s’écroule sous nos yeux mais la construction de centrales continue. Le remplacement du charbon ne se fait pas assez vite pour gagner la course contre la montre face au changement climatique. Nos impôts ne doivent plus servir à financer une énergie incompatible avec l’Accord de Paris. Le charbon ou le climat, les gouvernements doivent choisir. »

 

Selon Jake Schmidt, directeur au programme international du Natural Resources Defense Council, « Financer l’industrie du charbon dans le contexte climatique actuel est clairement irresponsable. Cela met à mal la promesse de Paris et continue de lier les pays développés aux combustibles fossiles du passé, alors même qu’ils devraient se tourner vers les énergies d’avenir. »

 

Selon Alex Doukas, chargé de campagne pour Oil Change International, « Alors que la Chine a fermé des centaines de centrales à charbon et de mines, le Japon a accru ses financements dans le charbon aussi bien sur son marché intérieur qu’à l’étranger. Le fait que le Japon continue de financer le charbon met à mal  sa réputation d’un pays à la pointe de l’innovation technologique. »

 

Selon Kimiko Hirata, directeur international du Kiko Network, « Le Japon est une fois de plus classé premier financeur du charbon parmi les pays du G7. L’an dernier l’accord de l’OCDE et l’accord de Paris ont montré clairement que tout nouveau projet à base de charbon était incompatible avec les exigences climatiques. En maintenant sa position d’une promotion du « charbon propre », le Japon viole les accords qu’il a signés. Le Japon doit prendre ses responsabilités et s’engager, lors du sommet du G7 à Ise Shima, à arrêter ses soutiens financiers internationaux au charbon. »

 

La France a montré la voie sur l’arrêt total des soutiens publics à l’export aux centrales à charbon. Elle doit maintenant, avec les Etats-Unis et le Royaume-Uni, porter cette position et influencer ses partenaires au niveau du G7 sur ce sujet, notamment le Japon, l’Allemagne et l’Italie.