Le WWF appelle les 48 pays pêcheurs se regroupant lundi prochain dans la ville de Vilamoura au Portugal à mettre un terme à plus de 30 ans de surpêche de l’espadon méditerranéen et à établir en urgence un plan de rétablissement pour stopper le déclin de cette espèce.
Les pays participants à la Commission Internationale pour la Conservation des Thonidés de l’Atlantique (CICTA, ICCAT en anglais), comprenant les États-Unis, le Japon et l’Union européenne (UE), s’accorderont ensemble du 14 au 21 novembre sur des mesures de gestion pour des espèces clés telles que l’espadon méditerranéen, le thon rouge et les requins. L’état actuel des stocks d’espadon et leur épuisement rapide sont extrêmement préoccupants Le WWF appelle à prendre rapidement des mesures afin d’éviter un effondrement du stock similaire à celui qu’ont connu les thons rouges il y a quelques années.
« L’avenir de l’espadon méditerranéen est en péril »
« L’avenir de l’espadon méditerranéen est en péril » dit Giuseppe Di Carlo, directeur de l’Initiative Marine Méditerranéenne du WWF. « Les captures ont diminué de quasiment 50 pourcent au cours des 20 dernières années. Elles comprennent de plus en plus de juvéniles qui n’ont pas eu le temps de se reproduire, mettant en péril la survie de l’espèce.. Nous ne pouvons pas nous permettre d’attendre pour agir et de reproduire les erreurs qui ont conduit les populations de thon rouge au bord de l’effondrement dans le passé ».
Selon le comité scientifique de la CICTA, la biomasse du stock reproducteur d’espadons (SSB) – le poids cumulé de tous les individus capables de se reproduire – est 88% en-dessous des niveaux nécessaires pour maintenir le stock durablement. Les captures sont également deux fois plus élevées qu’elles ne devraient être et 70% des poissons capturés sont trop jeunes (moins de 3 ans).
« Il est urgent d’agir pour inverser cette tendance menant au déclin de l’espèce » ajoute Giuseppe Di Carlo. « La CICTA doit impérativement adopter un plan de rétablissement pour les populations d’espadon, ce qui assurera la survie des pêcheries méditerranéennes qui en dépendent ».
L’espadon méditerranéen est une espèce de grande valeur pour bon nombre de pays en Méditerranée, et les flottes de l’UE représentent 75% du total des captures, principalement l’Italie, l’Espagne et la Grèce. Le WWF demande à la Commission Européenne et aux grands pays pêcheurs de réduire significativement leur volume de captures afin de permettre au stock de se rétablir.
Concernant le thon rouge [2], le WWF reconnaît que la situation actuelle du stock s’améliore et préconise une approche préventive ainsi que le maintien du plan de rétablissement actuel pour 2017 (23,155 tonnes).
Le WWF s’inquiète également du sort des requins [3], notamment le requin bleu et le requin-taupe bleu, très vulnérables face à la surpêche. Le WWF demande aux gouvernements des pays membres de la CICTA d’établir des plans de gestion à long terme, incluant l’établissement de quota de captures, pour assurer la survie de ces espèces emblématiques. La CICTA doit également s’accorder sur une politique d’interdiction de pêche à l’aileron tout en améliorant la mise en œuvre des mesures déjà existantes, qui obligent les pêcheurs à débarquer au port les requins avec leurs ailerons intacts.
Sommaire des demandes du WWF pour la CICTA 2016
[1] Sur l’espadon
- Adopter un plan de rétablissement pour l’espadon méditerranéen
- Interdire l’utilisation des palangres dérivantes du 1er octobre jusqu’à fin février
- Établir une limite au Total Autorisé des Captures (TAC)
- Lutter contre la pêche illégale, non déclarée et non régulée (Illegal, Unreported and Unregulated fishing (IUU))
- Revoir à la hausse la Référence de Taille Minimum pour la Conservation
- Tester l’usage de l’hameçon circulaire sur les palangres dérivantes pour réduire les captures accidentelles
[2] Sur le thon rouge
- Maintenir le TAC au niveau requis par Rec. 14-04 (23,155t) pour 2017
- Assurer une traçabilité totale et l’éradication de la pêche illégale
- Soutenir le SCRS (comité scientifique) de l’ICCAT dans ses efforts pour développer une nouvelle méthodologie et récolter de nouvelles données menant à des analyses plus robustes et solides des stocks en 2017
- Attribuer des quotas aux pêcheries traditionnelles et artisanales
[3] Sur les requins
- Établir des quotas de captures pour les requins bleus et requins-taupe bleus
- S’accorder sur un schéma directeur pour créer des plans pluriannuels
- Améliorer les recherches scientifiques
- S’accorder sur l’interdiction de rejeter les requins à la mer après enlèvement de l’aileron
- Etendre et optimiser la présence d’observateurs embarqués sur les palangriers