Pacifique Sud-Ouest : l’océan mélanésien est sous pression !

Un pêcheur de Papouasie-Nouvelle-Guinée en paddle<br />© Jürgen Freund / WWFS’il était évalué comme une puissance mondiale, il vaudrait pourtant 500 milliards de dollars !

Dans la lignée de son précédent rapport Raviver l’Economie des Océans publié en 2015, le WWF s’arrêtera cette année dans plusieurs régions de la planète afin d’en souligner l’importance environnementale, sociétale et économique. Publié aujourd’hui, le rapport du WWF  Raviver l’économie des océans en Mélanésie : Plaidoyer pour l’action, révèle  qu’en Mélanésie (Pacifique sud-ouest), l’océan représente une part bien plus importante de l’économie et de la prospérité future des populations qu’on ne le pensait jusqu’à présent.

Ce rapport évalue la valeur globale des océans et des côtes dans la région à au moins 548 milliards de dollars. En Mélanésie, les océans jouent en effet un rôle majeur que ce soit sur le plan alimentaire et économique.  L’étude démontre ainsi que le rendement économique annuel des océans en Mélanésie est au moins de 5,4 milliards de dollars, ce qui rend « l’économie océanique » plus importante que la plupart des économies nationales de la région.

A titre de comparaison, les richesses générées par l’océan en Mélanésie le place au 3eme rang des économies de la région, produisant à peu près le même rendement économique annuel que les Fidji et les îles Salomon réunies. Ce rapport décrit également les pressions grandissantes que l’exploitation des ressources et le changement climatique exercent sur les actifs océaniques de la région ainsi que les graves conséquences de la dégradation de l’environnement, y compris les difficultés à fournir suffisamment de nourriture et de moyens de subsistance aux populations en croissance rapide.

« Cette nouvelle analyse souligne l’importance de la protection des océans. Protection à laquelle les dirigeants politiques mélanésiens doivent accorder une priorité encore plus grande. Par le passé, nous avons observé une certaine bonne volonté mais une analyse objective nous alarme sur la nécessité d’une action à plus grande échelle de manière urgente si la Mélanésie veut assurer son avenir : un avenir sain et prospère », explique Kesaia Tabunakawai, représentante du Pacifique pour le WWF.

Elle montre que les pêcheries maritimes représentent plus de la moitié du rendement économique océanique annuel de la Mélanésie et que 70 % de la production de toutes les pêcheries côtières des îles du Pacifique est destiné à la consommation locale. Compte-tenu des projections actuelles de croissance démographique, il faudra 60 % de poissons supplémentaires pour nourrir les populations locales d’ici 2030.

Le professeur Ove Hoegh-Guldberg du Global Change Institute, Université du Queensland (Australie), et principal auteur du rapport, précise ainsi : « Nous constatons aujourd’hui sans aucune ambiguïté combien le peuple mélanésien dépend de l’océan. Il ne fait aucun doute que depuis très longtemps, l’océan a fourni la plupart de la nourriture, des moyens de subsistance et de l’activité économique de la Mélanésie. Au vu des données inquiétantes sur la santé des écosystèmes qui engendrent ces bienfaits, la question qui se pose désormais est : combien de temps cela va-t-il durer ? »

Le rapport présente enfin une série de mesures précises que les dirigeants du Pacifique et les partenaires internationaux peuvent adopter pour traduire un engagement dans un plan d’actions à grande échelle visant à protéger les actifs océaniques et côtiers naturels de la région, et par là-même sécuriser la nourriture, les moyens de subsistance et l’économie régionale.

Marty Smits, partenaire et directeur général du Boston Consulting Group (BCG) ajoute : « Grâce à cette analyse, personne ne peut douter de l’importance d’une gestion raisonnable des actifs océaniques qui sous-tendent tellement l’économie mélanésienne. Une approche économique prévoyante consisterait à mettre en œuvre des actions énergiques dans toute la Mélanésie en vue de sécuriser ses atouts naturels. Si cela n’est pas fait, les fondements économiques de la région pourraient être sérieusement menacés ».

« Tout en constatant que les écosystèmes des océans tels que les récifs coralliens, les mangroves et les pêcheries subissent de fortes pressions dans le monde entier et dans des régions importantes comme la Mélanésie, nous observons également qu’il existe un intérêt sans précédent à l’égard des océans. Les dirigeants de la Mélanésie et des environs doivent à présent respecter leurs engagements notamment les Objectifs de développement durable de l’ONU et l’Accord mondial sur le climat de 2015. Il n’y a pas de temps à perdre ! », exhorte John Tanzer, directeur des programmes Océans au WWF International.

Dans cette perspective, la France et la Nouvelle-Calédonie ont un rôle important à jouer en Mélanésie. « La puissance économique de notre collectivité par rapport à la majorité des pays de la région nous impose une responsabilité particulière vis à vis de la gestion des océans. Celle-ci doit à la fois être irréprochable mais également inspirer et appuyer les mesures prises chez nos voisins, particulièrement en ce qui concerne les ressources partagées telles que les thons, poissons sans frontière par excellence », conclut Isabelle Autissier, présidente du WWF France.
 
*La Mélanésie est une vaste sous-région du Pacifique qui s’étend de l’extrémité occidentale de l’océan Pacifique à la mer d’Arafura et aux Fidji à l’Est. Cette région comporte les Fidji, la Nouvelle-Calédonie, la Papouasie-Nouvelle-Guinée, les Îles Salomon et le Vanuatu.

Ce rapport a été réalisé par le WWF conjointement avec le Global Change Institute de l’Université du Queensland et le Boston Consulting Group.