Face aux grands plans d’infrastructures menaçant les écosystèmes et la récente augmentation des populations sauvages de tigres, le WWF appelle les gouvernements d’Asie à adopter une approche durable dans la planification et la construction des infrastructures sous peine de conduire l’espèce à l’extinction.
C’est ce qui ressort d’une nouvelle analyse du WWF « The Road Ahead: Protecting Tigers From Asia’s Infrastructure Development Boom » (Chemin à suivre : protéger les tigres du développement incontrôlé d’infrastructures).
Publiée à mi-parcours de l’ambitieux plan mondial de doublement des populations de tigres sauvages, le Tx2 (2010 – 2022), cette étude, réalisée par Dalberg Global Development Advisors pour le compte du WWF, met en lumière la menace sans précédent que représente un vaste réseau d’infrastructures planifiées à travers le continent.
Près de 11 000 kilomètres de routes, de chemins de fer, de nouveaux canaux, d’oléoducs, de gazoducs et de lignes électriques sont ainsi prévus. Partie d’un programme d’investissement de 8 000 milliards d’US dollars dans les infrastructures en Asie de 2012 à 2020, ce projet va malheureusement contribuer à l’accroissement de la fragmentation des habitats des tigres sauvages existants, du braconnage et des conflits homme/animal.
« La coopération internationale pour atteindre l’objectif d’un doublement des populations de tigres sauvages a positivement bouleversé leur protection et donné à l’espèce une vraie chance de survie. Mais l’échelle des plans d’infrastructures actuels dans la région pourrait anéantir toutes les avancées récentes ainsi que tout espoir d’avenir pour les tigres sauvages », explique Mike Baltzer, à la tête de l’initiative Tiger’s Alive du WWF. « Ces infrastructures sont essentielles au développement de l’Asie mais nous devons veiller à ce qu’elles soient construites de la manière la plus soutenable et qu’elles ne soient pas déployées au dépens des écosystèmes et des espèces sauvages ».
Publiée à l’occasion du 6eme anniversaire du Sommet du Tigre de St Pétersbourg – au cours duquel les dirigeants du monde entier et les représentants des 13 gouvernements des pays de l’aire de répartition de l’espèce s’engageaient à travers l’objectif Tx2 à doubler les populations de tigres sauvages d’ici 2022 -, cette nouvelle analyse souligne les nouveaux défis à relever pour la protection de l’espèce et de la richesse du patrimoine naturel d’Asie, essentielles à la survie des millions de personnes à travers le continent.
Les gouvernements doivent agir dès à présent pour ne pas risquer de voir tous leurs efforts réduits à néant. En 2010, il n’y avait que 3 200 tigres à l’état sauvage alors qu’ils étaient environ 100 000 un siècle plus tôt seulement. Au cours des 6 dernières années, des populations de tigres ont montré des signes de rétablissement dans plusieurs pays importants grâce à une meilleure gestion des aires protégées, à une approche régionale « zéro braconnage », à de meilleures capacités de surveillance et à des efforts plus soutenus en matière de lutte contre le trafic de tigres.
« Aujourd’hui ces populations sauvages sont estimées à 3 890 individus et connaissent notamment une augmentation en Inde, en Russie, au Népal ou au Bhutan. La situation reste toutefois précaire. Ainsi, cette année, l’Inde a déjà perdu 76 tigres victimes du braconnage. La Chine, le Myanmar, la Thaïlande et la Malaisie regroupent ensemble moins de 500 tigres et pourraient les perdre à jamais au cours de la prochaine décennie, notamment si le feu vert est donné à des projets de construction mal conçus », souligne Isabelle Autissier, présidente du WWF France.
Ce rapport démontre qu’à travers la protection des habitats naturels, les gouvernements protègent également leur capital économique et environnemental bénéficiant aux communautés locales sur le continent, notamment aux peuples indigènes.
« Les pays concernés doivent placer la protection des écosystèmes comme une priorité de leur plan de développement. Des solutions existent et il n’est pas trop tard. Elles doivent cependant être mises en œuvre dès aujourd’hui sous peine de devoir faire face à des dommages irréversibles », ajoute Mike Baltzer.
Aussi, le WWF appelle-t-il les Etats de l’aire de répartition des tigres à prendre en compte leur protection et celle de leurs habitats dès la phase d’élaboration de plans d’infrastructures. Les Etats doivent identifier ces habitats essentiels et les placer hors d’atteinte de ces futures constructions tout en préservant des corridors indispensables aux déplacements de l’espèce.
Les gouvernements doivent par ailleurs renforcer et appliquer les mesures de protection de l’environnement mais aussi intégrer la restauration des habitats naturels, les lignes directrices « zéro braconnage » et la surveillance des espèces sauvages à leurs plans d’infrastructure et de construction.
Au lendemain de la clôture de la 20ème réunion spéciale de la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l’Atlantique (CICTA) à Vilamoura, au Portugal, le WWF salue les efforts des parties contractantes pour convenir d’un plan de gestion de l’espadon méditerranéen sur les 15 prochaines années. Pour cette espèce, victime de la surpêche depuis plus de 30 ans, cette décision constitue une première étape essentielle, même s’il reste encore beaucoup à faire.
« La mise en place d’un plan de gestion incluant une réduction des captures de 15 % au cours des 5 prochaines années, des fermetures temporaires de pêche et d’autres mesures plus techniques sur les engins de pêche, afin de réduire l’impact sur les juvéniles, constitue un nouveau pas dans la bonne direction. À long terme, ce plan de gestion devrait contribuer à assurer l’avenir des pêcheries d’espadon et des communautés de la région méditerranéenne qui en dépendent », a déclaré Giuseppe Di Carlo, directeur de l’Initiative Marine de Méditerranéenne du WWF.
En accord avec une proposition de la Commission européenne, les parties contractantes de la CICTA ont convenu d’une limite de capture fixée à 10 500 tonnes en 2017 et d’une réduction progressive des captures de 15% sur 5 ans, le volume de pêche passera ainsi de 10 185 tonnes en 2018 à 8 925 tonnes en 2022. Il y a quelques mois, le comité scientifique de la CICTA (le SCRS) recommandait une réduction substantielle immédiate des captures d’espadon en Méditerranée, notamment une réduction de 70% des captures de juvéniles (moins de 3 ans).
« Nous restons cependant préoccupés quant à l’avenir de l’espadon méditerranéen puisque les quotas fixés par la CICTA pour 2017 sera supérieur aux captures rapportées en 2015, alors que l’espèce était déjà fortement surexploitée. Il est maintenant crucial que les parties contractantes de la CICTA appliquent pleinement les mesures de contrôle, de suivi et de traçabilité, coopèrent avec les scientifiques pour procéder à une évaluation rigoureuse des stocks et d’assurer de la nouvelle définition de la taille minimale de protection des juvéniles », ajoute Giuseppe Di Carlo.
La clôture de la réunion de la CICTA coïncidant avec la Journée mondiale des pêches, le WWF reconnaît également les progrès accomplis sur d’autres espèces critiques telles que le thon d’Atlantique Est et le thon rouge méditerranéen, dont les plans de rétablissement, en ligne avec les recommandations scientifiques, resteront quasiment inchangés jusqu’à l’évaluation complète l’an prochain.
Les nouveaux plans de gestion établis pour le thon albacore de l’Atlantique Nord, intégrant la définition des règles de contrôle des pêches, devraient parallèlement donner l’exemple pour le reste des pêcheries de la CICTA, notamment pour les thons tropicaux.
Les parties contractantes de la CICTA ont afin adopté pour la première fois une limite de capture pour les requins bleus de l’Atlantique Nord, fixée à 39 102 tonnes. Cette décision historique pourrait servir de base à un plan de gestion des pêches pluriannuel robuste afin d’assurer à long terme la pérennité de l’espèce.
À l’issue de la réunion, le WWF appelle les parties à faire preuve d’un engagement similaire pour parvenir à un accord sur les ailerons de requin et le stock des requins bleus de l’Atlantique Sud, qui a également besoin de protection.
La CICTA compte 51 parties contractantes, dont les États-Unis, le Japon et l’Union européenne.
La COP22 a fermé ses portes ce week-end à Marrakech. La première leçon à en tirer est que le monde y a réussi son premier test de résistance face à l’effet Trump. En effet, le nouveau président climato-sceptique a annoncé dans son programme vouloir retirer les Etats-Unis de l’accord de Paris. Même s’il n’a pas réitéré cette volonté depuis son élection, il fait peu de doute que la nouvelle administration américaine sera très nettement moins engagée que la précédente sur ces sujets. Dans ce contexte, les discours des chefs d’Etat et de gouvernement étaient très attendus.
Tous, sans exception, ont confirmé leur soutien à l’accord de Paris. Ce scénario n’était pas gagné d’avance. On aurait en effet pu imaginer que la Chine ou l’Inde, par exemple, annoncent que si les Etats-Unis se retiraient, ils ne joueraient plus le jeu de l’action collective. Mais cet « effet domino » ne s’est pas produit. C’est au contraire une forme de digue que les Etats du monde ont souhaité instaurer à Marrakech pour contenir l’énergie négative suscitée par l’élection d’un président climato-septique. La Chine a ainsi réaffirmé officiellement son engagement dans l’accord de Paris.
Les entreprises montent au créneau
Cette résistance est aussi venue des entreprises. 360 d’entre elles, américaines ou présentes sur le marché américain, ont signé un appel demandant que l’accord de Paris soit appliqué. C’est un signe important qui montre que de plus en plus d’entreprises considèrent qu’elles ont intérêt à une action plus ambitieuse contre le dérèglement climatique, qu’un monde à 4 ou 5 degrés de réchauffement n’est pas un monde où la prospérité est possible, y compris la leur.
La grammaire de l’action climatique s’aligne sur les objectifs de l’accord de Paris
Sur le plan de la bataille autour du climat, la COP 22 est donc un signal de plus vers l’irréversibilité de la mise en œuvre de l’accord de Paris. Mais, on le sait, les engagements actuels pris par les Etats, les villes ou les entreprises ne sont pas encore suffisants pour respecter l’objectif de ne pas dépasser les 1,5 à 2 degrés de réchauffement. C’est pour cela que de nouveaux engagements étaient attendus à Marrakech. Plusieurs pays ont annoncé leur plan vers la neutralité carbone en 2050 comme l’Allemagne ou le Mexique. Et 48 pays dont les plus vulnérables aux chocs climatiques ont annoncé se fixer un horizon de 100 % d’énergies renouvelables à atteindre le plus rapidement possible. Enfin, 200 entreprises ont annoncé qu’elles se fixaient une trajectoire d’émissions compatibles avec le respect des 2 degrés. Soit presque 100 de plus que lors de la COP21 il y a un an.
Autant d’engagements qui montrent que peu à peu la grammaire de l’action climatique s’aligne sur les objectifs de l’accord de Paris et sur notre « nouvelle frontière » collective, à savoir inventer un monde neutre en carbone dans la deuxième moitié du siècle. Un défi de civilisation que nous n’avons pas le droit de rater.
Pascal Canfin, directeur général du WWF France
Réaction de Manuel Pulgar-Vidal, Directeur international Energie & Climat au WWF
« Si les négociations onusiennes sur le climat font toujours l’objet de rebondissements, elles ont permis à la COP22 d’aboutir au résultat auquel on pouvait s’attendre : donner corps à la promesse de l’Accord de Paris afin qu’il soit pleinement mis en œuvre. Le travail mené à Marrakech ne restera pas dans les annales mais il représente une étape nécessaire pour dérouler l’Accord.
Cette semaine, après les résultats des élections américaines, l’adhésion des pays à l’Accord de Paris a passé son premier test de résistance. Les pays ont clairement rappelé à la COP qu’ils continueraient dans cette voie à long terme.
La réalité est que le monde avance sur le sujet. Cette dynamique irréversible va continuer à prendre de l’ampleur à mesure que les signaux des marchés et les engagements à travers tous les secteurs de la société foisonneront.
A la conclusion de la COP22, 111 pays ont ratifié l’Accord de Paris soulignant son importance historique. Certains d’entre eux ont aussi commencé à remettre leurs stratégies de décarbonation à long terme.
Pourtant, il reste du travail. L’écart entre ce que préconise la science pour éviter les pires impacts du changement climatique et les engagements pris par les pays vers la COP21 ne cesse de se creuser. Réduire au plus vite les émissions et se préparer aux impacts du changement climatique est essentiel pour l’avenir de l’Humanité, son bien-être et sa sécurité.
A Marrakech, les pays se sont engagés à faire le bilan de leurs efforts d’ici deux ans et à tout mettre en place pour présenter d’ici 2020 des objectifs et des plans d’actions plus ambitieux. L’objectif : réduire au plus vite cet écart grandissant des émissions. Ce résultat clef obtenu à la COP22 vient renforcer les progrès sur l’Accord de Paris.
Alors que les pays cherchent encore à préciser le fonctionnement de l’Accord de Paris d’ici 2018, prochain rendez-vous international politique majeur, il reste à clarifier la mise en cohérence du format des engagements des pays ces prochaines années. De plus, il reste des lacunes en ce qui concerne les financements et l’adaptation, malgré quelques annonces faites ici à Marrakech sur le financement de l’adaptation et le renforcement des capacités. Nous attendons des pays développés qu’ils redoublent d’efforts en terme de financements et autres soutiens, au-delà des projections réalisées. Nous accueillons favorablement les annonces de la Chine et des autres pays en matière de coopération Sud-Sud.
Ce travail a été conforté par le Climate Vulnerable Forum, groupe d’environ 50 pays qui se sont engagés à revoir et à améliorer leurs objectifs de réductions d’émissions en 2018 et à passer à 100% d’énergies renouvelables dès que possible.
Ici à Marrakech, COP dite « de l’action », les négociations étaient centrées sur les règles de mise en œuvre de l’accord et l’accélération de l’action. Nous avons besoin que les prochaines négociations aboutissent sur la finalisation de ces règles et la relève de l’ambition, ouvrant la voie à la revue à la hausse des engagements des pays, améliorant la résilience à domicile et apportant les soutiens financiers nécessaires en ligne avec la science et l’équité.
Ces prochaines années, nous espérons voir les tendances de réduction des coûts des renouvelables et l’intensification des efforts par tous les acteurs – secteur privé, villes, investisseurs, et par les gouvernements – accélérer la transition vers un développement bas-carbone et résilient. »
Réaction de Colman O’Criodain, Responsable des Politiques du Programme Vie Sauvage du WWF
« La Déclaration d’Hanoi sur le commerce illégal d’espèces sauvages marque une étape vers des engagements importants des pays donateurs en matière de contributions financières supplémentaires au Consortium international de lutte contre la criminalité liée aux espèces sauvages (ICCWC) – États-Unis, Royaume-Uni et Allemagne. Des engagements qui permettront à Interpol et des pays clés comme le Vietnam de renforcer leurs dispositifs de lutte contre le braconnage et le commerce illégal d’espèces sauvages. Cependant, le nombre de pays ayant annoncé des mesures concrètes et pris des engagements contraignants ainsi que le manque d’ambition de ces mesures sont assez décevants.
La décision du Vietnam d’accueillir la conférence est remarquable et a permis de mettre en lumière le commerce illégal des espèces sauvages dans la région du Grand Mékong, un commerce qui vide les forêts des espèces qu’elles abritent, et a un impact sur ces espèces parmi lesquelles les rhinocéros, les éléphants et les pangolins en Afrique.
Le Vietnam doit s’engager sur des plans d’actions plus concrets qui auront un impact sur le terrain
Mais, en tant que pays hôte et plaque tournante majeure du commerce illégal d’espèces sauvages, le Vietnam doit s’engager sur des plans d’actions plus concrets qui auront un impact sur le terrain.
Des promesses ont été faites pour une surveillance stricte des marchés domestiques et l’éradication des points névralgiques du commerce illégal, le renforcement de l’application de la loi ou encore l’amélioration de la coopération transfrontalière, mais nous avons besoin d’en savoir davantage notamment sur la réforme législative et la fermeture des fermes d’élevage de tigres.
Nous attendions des engagements fermes dans la région du Grand Mékong, pour stopper la partie la plus visible de la chaîne du commerce illégal d’espèces sauvages: les marchés, les restaurants et les magasins qui vendent ouvertement de l’ivoire, des peaux de tigres, des cornes de rhinocéros, des écailles de pangolins et des dizaines d’autres espèces menacées. Il est regrettable qu’autant de pays de cette région n’aient pas profité de cette Conférence d’Hanoï comme une occasion en or pour annoncer des mesures spécifiques assorties d’un calendrier précis pour fermer les marchés domestiques d’ivoire et les fermes de tigres ».
Réaction de Thinh Van Ngoc, directeur du WWF-Vietnam
« La Conférence d’Hanoi était une opportunité pour attirer l’attention sur la problématique de la criminalité liée aux espèces sauvages, et nous apprécions grandement le geste du gouvernement vietnamien d’avoir accueilli cet événement. Malheureusement, ce dont nous avions vraiment besoin, c’étaient des engagements de haut niveau de la part des gouvernements, ainsi que des plans d’action détaillés et un calendrier pour la mise en œuvre de ces engagements.
C’est maintenant ou jamais que nous pouvons sauver ces espèces menacées d’extinction
Nous avons perdu le rhinocéros de Java au Vietnam en 2010 – une perte catastrophique qui devrait nous servir de signal d’avertissement pour agir sérieusement et venir en aide aux espèces telles que les éléphants, les tigres et les pangolins, qui ne doivent pas connaître ce triste destin ».
Face à la recrudescence des saisies de tigres élevés en captivité, il devient urgent pour l’Asie de mettre fin aux fermes d’élevage d’ici 2019.
L’avenir des tigres sauvages est menacé par l’élevage à des fins commerciales en Asie. Lors de la conférence internationale sur le commerce illégal des espèces sauvages débutant demain à Hanoi, les gouvernements doivent annoncer leurs engagements à prendre des mesures concrètes pour mettre fin à toutes les fermes d’élevage de tigres sur le continent d’ici trois ans.
Un rapport de TRAFFIC publié en septembre dernier sur le commerce illégal de tigres révèle que 30% des tigres saisis entre 2012 et 2015 proviennent de fermes d’élevage, démontrant ainsi le rôle croissant de ces établissements dans le commerce illégal. Tout en compliquant l’application de la loi, les fermes d’élevage de tigres légitiment par ailleurs la vente de parties et produits de tigres, faisant par là même croître la demande.
L’avenir des tigres sauvages est menacé par l’élevage à des fins commerciales en Asie
« Nous ne doutons plus de la contribution des fermes d’élevage de tigres à la croissance du commerce illégal de cette espèce, ni de la nécessité de fermer ces structures » déclare Michael Baltzer, responsable de la Tigers Alive Initiative du WWF. « La Conférence d’Hanoi est le lieu idéal pour que des gouvernements s’engagent à mettre fin aux fermes d’élevage de tigres en Asie, ce qui contribuerait grandement à la survie et au rétablissement des tigres à l’état sauvage ».
Le tigre sera un des sujets prioritaires de la conférence internationale se tenant au Vietnam. Bien que les régions aient redoublé d’efforts pour mettre fin au braconnage et au trafic de tigres, le rapport Reduced to Skin and Bones Re-examined souligne que 109 tigres en moyenne sont tués et commercialisés chaque année depuis 2000. La réalité est certainement beaucoup plus alarmante puisque ces chiffres proviennent de saisies enregistrées et n’intègrent pas une grande partie du commerce non détecté.
Le Vietnam s’est progressivement transformé en une importante plaque tournante pour le trafic de tigres. Il héberge en effet un nombre croissant de fermes d’élevage – alors que 40% des saisies de tigres enregistrées dans ce pays provient de ces structures. Le rôle du Vietnam dans le commerce illégal de tigre a été mis en évidence lors d’une audience publique de la Wildlife Justice Commission à La Haye cette semaine. On estime au total que plus de 7 000 tigres sont détenus dans les fermes d’élevage en Asie, principalement en Chine, au Laos, en Thaïlande et au Vietnam.
« Le nombre croissant de tigres suspecté d’avoir été élevés en captivité montre que ces fermes sont des passoires. Et cela est particulièrement vrai au Laos, en Thaïlande et au Vietnam » note Kanitha Krishnasamy, auteure du rapport de TRAFFIC.
En octobre dernier, le Laos a annoncé la fermeture de ses fermes d’élevage de tigres. En juin, la Thaïlande lançait une procédure d’enquêtes dans tous ses établissements d’élevage en captivité suite aux révélations choquantes du Temple des tigres, notamment la découverte des corps de 40 bébés tigres conservés dans des bocaux.
« La Thaïlande et le Laos ont déjà annoncé une fin aux fermes de tigres ; le Vietnam doit les rejoindre et participer aux efforts pour interdire la reproduction du tigre à des fins commerciales en Asie » affirme Thinh Van Ngoc, directeur du WWF Vietnam. » Il n’y a plus d’excuses pour autoriser les fermes d’élevage de tigres. La preuve est claire, que bien qu’un soutien technique et financier est disponible – il ne manque plus que la volonté politique ».
Tx2, une campagne mondiale visant à doubler le nombre de tigres sauvages d’ici 2022
Le 23 novembre prochain marquera le 6ème anniversaire de l’important « Sommet du tigre » à Saint Pétersbourg et un point à mi-parcours de la campagne mondiale Tx2 visant à doubler le nombre de tigres sauvages d’ici 2022 – le plus ambitieux et visionnaire programme global de sauvegarde créé pour une seule espèce.
Pour la première fois depuis le début du siècle, le nombre de tigres sauvages à l’échelle mondiale a légèrement augmenté. Mais avec une estimation de seulement 3 890 tigres à l’état sauvage, cette espèce est encore en danger, notamment à cause d’un braconnage qui ne ralentit pas. L’Inde, à titre d’exemple, a signalé 76 tigres braconnés cette année – un record sur les 6 années passées.
« Des décennies de campagnes et d’actions sur le terrain pour lutter contre le braconnage du tigre ont donné des résultats significatifs, mais la menace est toujours aussi grande » ajoute Michael Baltzer. « Mettre fin à l’élevage de tigres serait un soulagement et aiderait les forces de l’ordre à se concentrer uniquement sur les braconniers et les trafiquants de tigres sauvages. »
Outre l’annonce de la fermeture des fermes d’élevage de tigres, les gouvernements asiatiques peuvent également prendre des mesures concrètes et immédiates pour s’assurer que les tigres élevés en captivité n’entrent pas dans la chaîne commerciale illégale avant que les fermetures soient effectivement réalisées.
Tous les gouvernements devraient soutenir une proposition gouvernementale de l’Inde destinée à créer une base de données régionale sur les motifs de rayures permettant de comparer des photos de peaux de tigres saisies avec des photos de tigres sauvages prises avec des caméras-pièges et des photos de tigres en captivité; faire une compilation de marqueurs ADN provenant des populations de tigres sauvages et en captivité au sein de leur pays; et lancer des programmes ciblés de changements des comportements, basés sur des études préalables, pour réduire la demande des parties et produits de tigres.
Le WWF appelle les 48 pays pêcheurs se regroupant lundi prochain dans la ville de Vilamoura au Portugal à mettre un terme à plus de 30 ans de surpêche de l’espadon méditerranéen et à établir en urgence un plan de rétablissement pour stopper le déclin de cette espèce.
Les pays participants à la Commission Internationale pour la Conservation des Thonidés de l’Atlantique (CICTA, ICCAT en anglais), comprenant les États-Unis, le Japon et l’Union européenne (UE), s’accorderont ensemble du 14 au 21 novembre sur des mesures de gestion pour des espèces clés telles que l’espadon méditerranéen, le thon rouge et les requins. L’état actuel des stocks d’espadon et leur épuisement rapide sont extrêmement préoccupants Le WWF appelle à prendre rapidement des mesures afin d’éviter un effondrement du stock similaire à celui qu’ont connu les thons rouges il y a quelques années.
« L’avenir de l’espadon méditerranéen est en péril »
« L’avenir de l’espadon méditerranéen est en péril » dit Giuseppe Di Carlo, directeur de l’Initiative Marine Méditerranéenne du WWF. « Les captures ont diminué de quasiment 50 pourcent au cours des 20 dernières années. Elles comprennent de plus en plus de juvéniles qui n’ont pas eu le temps de se reproduire, mettant en péril la survie de l’espèce.. Nous ne pouvons pas nous permettre d’attendre pour agir et de reproduire les erreurs qui ont conduit les populations de thon rouge au bord de l’effondrement dans le passé ».
Selon le comité scientifique de la CICTA, la biomasse du stock reproducteur d’espadons (SSB) – le poids cumulé de tous les individus capables de se reproduire – est 88% en-dessous des niveaux nécessaires pour maintenir le stock durablement. Les captures sont également deux fois plus élevées qu’elles ne devraient être et 70% des poissons capturés sont trop jeunes (moins de 3 ans).
« Il est urgent d’agir pour inverser cette tendance menant au déclin de l’espèce » ajoute Giuseppe Di Carlo. « La CICTA doit impérativement adopter un plan de rétablissement pour les populations d’espadon, ce qui assurera la survie des pêcheries méditerranéennes qui en dépendent ».
L’espadon méditerranéen est une espèce de grande valeur pour bon nombre de pays en Méditerranée, et les flottes de l’UE représentent 75% du total des captures, principalement l’Italie, l’Espagne et la Grèce. Le WWF demande à la Commission Européenne et aux grands pays pêcheurs de réduire significativement leur volume de captures afin de permettre au stock de se rétablir.
Concernant le thon rouge [2], le WWF reconnaît que la situation actuelle du stock s’améliore et préconise une approche préventive ainsi que le maintien du plan de rétablissement actuel pour 2017 (23,155 tonnes).
Le WWF s’inquiète également du sort des requins [3], notamment le requin bleu et le requin-taupe bleu, très vulnérables face à la surpêche. Le WWF demande aux gouvernements des pays membres de la CICTA d’établir des plans de gestion à long terme, incluant l’établissement de quota de captures, pour assurer la survie de ces espèces emblématiques. La CICTA doit également s’accorder sur une politique d’interdiction de pêche à l’aileron tout en améliorant la mise en œuvre des mesures déjà existantes, qui obligent les pêcheurs à débarquer au port les requins avec leurs ailerons intacts.
Sommaire des demandes du WWF pour la CICTA 2016
[1] Sur l’espadon
- Adopter un plan de rétablissement pour l’espadon méditerranéen
- Interdire l’utilisation des palangres dérivantes du 1er octobre jusqu’à fin février
- Établir une limite au Total Autorisé des Captures (TAC)
- Lutter contre la pêche illégale, non déclarée et non régulée (Illegal, Unreported and Unregulated fishing (IUU))
- Revoir à la hausse la Référence de Taille Minimum pour la Conservation
- Tester l’usage de l’hameçon circulaire sur les palangres dérivantes pour réduire les captures accidentelles
[2] Sur le thon rouge
- Maintenir le TAC au niveau requis par Rec. 14-04 (23,155t) pour 2017
- Assurer une traçabilité totale et l’éradication de la pêche illégale
- Soutenir le SCRS (comité scientifique) de l’ICCAT dans ses efforts pour développer une nouvelle méthodologie et récolter de nouvelles données menant à des analyses plus robustes et solides des stocks en 2017
- Attribuer des quotas aux pêcheries traditionnelles et artisanales
[3] Sur les requins
- Établir des quotas de captures pour les requins bleus et requins-taupe bleus
- S’accorder sur un schéma directeur pour créer des plans pluriannuels
- Améliorer les recherches scientifiques
- S’accorder sur l’interdiction de rejeter les requins à la mer après enlèvement de l’aileron
- Etendre et optimiser la présence d’observateurs embarqués sur les palangriers
« Si la présidence peut changer, les menaces exercées du dérèglement climatique et l’utilisation insoutenable des ressources persistent.
Nous exhortons le président élu à accélérer la transition vers les énergies renouvelables et à tenir les engagements pris pour résoudre la crise climatique et protéger les océans, les forêts et les espèces dans le monde. Les investissements réalisés pour la protection de l’environnement et le développement des énergies renouvelables ainsi que les avancées en matière de soutenabilité vont stimuler l’innovation, créer des milliers d’emplois et réduire les émissions à l’origine du dérèglement climatique.
Le président élu, Donald Trump, a promis de rendre l’Amérique plus sûre. Alors que le niveau des mers monte et les grosses tempêtes causées par le climat s’abattent sur nos villes avec une régularité croissante, une action ambitieuse en matière de lutte contre le changement climatique est nécessaire pour tenir cette promesse.
Nous savons que la sécurité mondiale et les moyens de subsistance dépendent de notre capacité à garder intactes nos ressources naturelles et à préserver notre climat. Le WWF continuera à mobiliser tous les pays dans le monde mais aussi les familles, les villes, les états, les entreprises aux Etats-Unis pour construire des ponts et se battre pour le véritable changement dont nous avons besoin et pour la planète sur laquelle nous vivons. »
Alors que l’attention du monde entier est concentrée sur les négociations climatiques en cours à Marrakech (Maroc) :
« La prospérité et la sécurité pour l’Amérique repose sur un socle de coopération internationale et de confiance. A l’automne dernier, près de 200 pays parmi lesquels les Etats-Unis se sont réunis et se sont engagés à s’attaquer ensemble aux enjeux auxquels seront confrontées les générations futures. Il est temps d’aller de l’avant. Dans l’histoire de notre pays, nous avons tenu nos engagements et nos promesses. Faire face au changement climatique renforcera la place de l’Amérique dans le monde, permettra de lutter contre la menace qu’il exerce sur nos modes de vie et de saisir l’opportunité de construire une économie basée sur les énergies renouvelables pour un avenir durable. » – Carter Roberts, directeur général du WWF aux Etats-Unis
L’Accord de Paris sur le climat qui vient aujourd’hui d’entrer en vigueur permet de poser un cadre universel pour lutter contre le changement climatique. La 22e Conférence des Parties (COP22) qui s’ouvre le 7 novembre à Marrakech (Maroc) doit être l’occasion de clarifier les règles de sa mise en œuvre et d’impulser une accélération de l’action dans son ensemble.
Les engagements pris par les pays pour cette prochaine décennie en matière de réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre ne permettent pas de tenir l’objectif inscrit dans l’Accord de Paris : maintenir la hausse de la température moyenne mondiale bien en-dessous de 2°C voire 1.5°C. Selon le dernier rapport du Programme des Nations Unies pour l’Environnement, ils conduiraient même à une hausse de 2,9°C à 3,4°C.
La COP22 doit relever un double défi
La COP22 devra donc permettre de relever un double défi : trouver les moyens nécessaires et définir le fonctionnement international pour honorer les engagements pris à Paris lors de la COP21. L’Accord de Paris constitue maintenant la feuille de route mondiale en matière de lutte contre le changement climatique.
« La COP22 doit clarifier les règles d’engagement de l’Accord de Paris, mettre l’ensemble des acteurs, États, entreprises, villes, et tous les acteurs concernés, face à leurs responsabilités pour que leurs engagements soient de plus en plus ambitieux. Nous devrons quitter cette nouvelle session de négociations après avoir défini un cadre plus solide tout en sachant que nous sommes déjà en mesure de créer le monde que nous voulons. » – Manuel Pulgar-Vidal, directeur du programme international Climat et Energie au WWF
« L’Afrique est l’une des régions qui subit le plus les impacts du changement climatique. C’est pourquoi, la mise en place de soutiens, financiers et technologiques notamment, est vitale pour permettre aux pays africains de pleinement mettre en œuvre leurs plans d’action en matière de climat. La COP22 doit veiller à ce que ces enjeux soient bien pris en compte et accompagnés de mécanismes de financements. » – Fred Kwame, directeur régional du bureau Afrique du WWF
« Pour la première fois de l’histoire, le charbon est dépassé par les énergies renouvelables dans le monde en termes de capacité cumulée installée. L’Union européenne et la France doivent intégrer cette nouvelle donne pour accélérer leur transition énergétique à domicile. La COP22, COP africaine, doit aussi être l’occasion pour les pays européens de soutenir le développement des énergies renouvelables en Afrique pour un avenir durable pour tous. » – Pierre Cannet, responsable du programme Energie et Climat au WWF France
Trois axes majeurs
Le WWF appelle les négociateurs présents à Marrakech à se concentrer sur trois axes de travail :
1 – Définir des règles claires pour mettre en œuvre l’Accord de Paris
L’Accord de Paris prévoit un plan d’action mais il reste encore à en définir les règles de gouvernance. Il est nécessaire de clarifier le fonctionnement et la manière permettant aux pays de remplir voire d’améliorer leurs contributions pour parvenir à l’objectif défini dans l’Accord en termes de transparence par exemple.
2 – Souligner le rôle de la collaboration entre acteurs étatiques et non-étatiques
De nombreux acteurs non-étatiques (villes, entreprises, société civile) mettent déjà en place des actions. Cela doit inciter les pays à prendre, eux-aussi, des actions solides et ambitieuses dès maintenant et avant 2020.
3 – Rappeler l’importance du rendez-vous de 2018 et la nécessité de revoir à la hausse les engagements des pays avant cette date
Le « dialogue de facilitation entre les pays Parties » prévu en 2018 constituera l’opportunité, au niveau international, de faire le point sur les progrès réalisés pour parvenir aux objectifs de l’Accord de Paris et pour revoir les engagements climatiques des pays sur la base des multiples potentiels encore inexploités.
La 35ème commission de protection des ressources marines de l’Antarctique qui se déroule actuellement à Hobart (CCAMLR) est parvenue à un accord pour protéger la mer de Ross.
« La mer de Ross est considérée comme étant une des rares zones sauvages sur Terre restées intactes », explique Chris Johnson, Chargé des Sciences Marines au WWF-Australie. « C’est le refuge d’un tiers de la population mondiale des pingouins d’Adélie, d’un quart de tous les manchots empereurs, d’un tiers de tous les pétrels d’Antarctique et de plus de la moitié de tous les phoques du Weddell Pacifique-Sud » ajoute Isabelle Autissier, présidente du WWF France.
« L’accord qui a été trouvé aujourd’hui est un moment décisif pour l’avenir et la protection de l’Antarctique et de l’océan Austral ». Plus de 1,5 million de km2 ont été délimités au statut de protection – une zone qui comprend la taille de la France, de l’Allemagne et de l’Espagne réunis – dont 70% qui représenteront des réserves marines entièrement protégées.
Cet accord est d’une importance cruciale, non seulement pour protéger l’abondante biodiversité, mais également pour contribuer à développer la résilience de l’océan face au changement climatique.
« Il s’agit ainsi d’une excellente nouvelle, mais cet accord sur la mer de Ross prendra fin dans 35 ans. Selon l’Union Mondiale de la Conservation (IUCN), les zones marines sous protection doivent être permanentes. Inquiet sur ce point de limtation dans le temps de ce statut de protection, le WWF poursuivra ses actions afin d’obtenir, à terme, que la mer de Ross devienne une zone marine protégée permanente», affirme Chris Johnson.
« Nous sommes toutefois optimistes car, après des années d’impasse lors des réunions annuelles de la CCAMLR, cette décision va donner un nouvel élan au sein de la Commission qui nous permettra, nous l’espérons, d’atteindre un statut de protection permanent pour la mer de Ross au cours des prochaines années et d’obtenir par ailleurs un statut d’Aire Marine Protégée en Antarctique Est et dans le mer de Weddell », conclut Isabelle Autissier, présidente du WWF France.