Vers une fin imminente des déversements de déchets dans la Grande Barrière de Corail

Le Comité du patrimoine mondial de l'UNESCO a appelé l'Australie à s'engager à améliorer la santé de la Grande Barrière de Corail.<br />© WWFLe Comité du Patrimoine mondial de l’UNESCO maintient la pression sur le gouvernement australien pour transformer ses promesses de protection et de restauration de la Grande Barrière de Corail en actions concrètes et efficaces.
 
La décision du comité du Patrimoine mondial de l’UNESCO demande à l’Australie de mettre en œuvre les actions nécessaires à « une protection efficace et durable » de la barrière de corail contre les menaces d’une pollution et d’une industrialisation déraisonnée. L’Australie aura le devoir de fournir un premier rapport sur les actions mises en place et les progrès enregistrés dans 18 mois (décembre 2016) puis tous les 12 mois pendant les 3 années qui suivront.
 
Le comité a ainsi salué l’engagement de l’Australie à « interdire de manière permanente le dépôt de boues et résidus de dragage  en provenance de quelque projet que ce soit » et de restreindre les nouvelles expansions du mega-port sur et près de la barrière de corail.
 
Suite à cette décision, le WWF espère parvenir dans les prochains mois à une interdiction totale des déversements de dragages sur l’ensemble des eaux environnant la grande barrière de corail.
 
« L’Australie a ainsi promis de faire de l’intégrité de la barrière une priorité. L’UNESCO s’assurera que les conditions de protection de la grande barrière s’améliorent au cours des prochaines années, tout comme les 550 000 soutiens de la campagne WWF et les millions de personnes concernées par l’avenir du site qui demandent l’arrêt des activités industrielles provoquant la destruction de la Grande Barrière de Corail » explique Marco Lambertini, Directeur général du WWF International.
 
Dimanche dernier, le WWF a en effet pu remettre au comité de l’UNESCO, les signatures de la pétition SOS Reef provenant de 177 pays exigeant une protection ferme de ce patrimoine naturel commun menacé.
 
Dans sa décision finale, le comité exprime cependant ses inquiétudes quant au déclin des habitats et de la biodiversité et à l’avenir en général de la barrière. Il souligne en effet les menaces majeures que représentent notamment la pollution de l’eau et  le réchauffement climatique.  Des menaces nécessitant toute notre attention.
 
Le comité a expressément ainsi demandé à l’Australie de « rigoureusement mettre en place tous ses engagements… afin de stopper l’actuel déclin de la biodiversité observé ».
 
« La pollution de l’eau et le changement climatique demeurent les principales menaces pour la Grande Barrière de Corail. Le WWF reste mobilisé et travaillera sans relâche pour s’assurer que les actions nécessaires de préservation et de restauration de cet écosystème marin remarquable soient mise en œuvre », souligne Dermot O’Gorman,  Directeur général du WWF Australie. « La décision du Patrimoine mondial de l’UNESCO va maintenir la pression sur l’Australie  afin de transformer ses promesses en actions et résultats. Nous devons assurer le retour des coraux, tortues et dugongs, les merveilles naturelles de la barrière »

Le plan climat de la Chine envoie un signal positif en vue d'un accord mondial à Paris (COP21)

Beijing, Chine<br />© Michel Gunther / WWF

Après les États-Unis, l’UE ou encore le Mexique, la Chine vient de déposer sa contribution nationale pour lutter contre le changement climatique en vue de la Conférence Paris Climat 2015 (COP21).

Très attendue par la communauté internationale, cette contribution (iNDC) confirme que la Chine vise l’atteinte d’un pic d’émissions de ses gaz à effet de serre d’ici à 2030 – voire avant si possible.

A la fois premier émetteur de gaz à effet de serre et leader des énergies renouvelables, la Chine envoie ainsi un signal fort aux autres pays. Désormais, 41 pays sur 196 ont fait part de leur contribution en vue de l’adoption d’un accord sur le climat à Paris.

Selon Samantha Smith, directrice de l’initiative mondiale Climat et Energie du WWF, « Il s’agit du premier pays en développement fortement émetteur à se fixer un objectif en pic total d’émissions. Nous saluons la contribution de la Chine, l’un des principaux pays en voie de développement et gros émetteur de gaz à effet de serre qui fixe l’objectif d’atteindre un pic de ses émissions d’ici 2030. La Chine s’engage à la fois pour la sécurité climatique mondiale et la transformation de son modèle énergétique. Nous espérons que la Chine poursuivra ses efforts pour influencer et entrainer le marché mondial des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique. »

Pour rappel, les analyses du Energy Transition Research Institute (Etri) pour le WWF montraient en 2014 que la Chine pouvait sortir sa production d’électricité de sa dépendance au charbon en 2040 et la rendre zéro-charbon d’ici 2050 – avec en ligne de mire l’atteinte possible de 80% d’énergie renouvelable dans sa production d’électricité en 2050, sur la base de technologies connues, avec des politiques et des mesures fortes mises en place rapidement.

Selon Sze Ping Lo, directeur général du WWF Chine, « La Chine s’engage aujourd’hui à faire passer la part des énergies à faible empreinte carbone à 20% d’ici 2030. La contribution comprend également des objectifs de réduction de l’intensité carbone de 60 à 65% de son économie par rapport au niveau de 2005, et d’augmentation de ses forêts – comme la forêt stocke du CO2. Avec ce dernier objectif, en plus des politiques déjà passées, la Chine se donne les moyens d’assurer un plateau de ses émissions pour atteindre ensuite un pic dès que possible. Contrairement aux contributions déposées par les autres pays, la Chine présente à la fois ses objectifs et les moyens de leur mise en oeuvre à l’échelle nationale. Le gouvernement chinois détaille sa feuille de route, et notamment le cadre législatif qui rendra ces objectifs contraignants. »

La Chine, dans sa contribution, suggère que son fonds de coopération Sud-Sud pour le climat soit utilisé pour appuyer les plans climatiques des pays en voie de développement et vulnérables, ouvrant la porte à de nouvelles possibilités de financement climat.

« L’accord à adopter à Paris devra être juste et équitable : les pays développés devront apporter les moyens financiers et technologiques nécessaires aux pays en voie de développement. A cinq mois de la Conférence Paris Climat 2015, nous attendons des pays développés qu’ils précisent la manière dont ils parviendront à mobiliser 100 milliards de dollars par an d’ici 2020. La proposition de la Chine concernant son fonds Sud-Sud devrait encourager les pays développés à honorer leurs engagements de financement » estime Samantha Smith.

Grande mobilisation pour le Pandathlon 2015

Pandathlon 2015<br />© WWF FranceOrganisé par le WWF France à Saint-Gervais-les-Bains les 27 et 28 juin

Grande aventure humaine et solidaire pour le Pandathlon 2015 : 160 participants ont relevé le défi de parcourir 18 km sur 1 500m de dénivelés avec un seul objectif fédérateur, la préservation du massif du Mont-Blanc, autrement dit, du toit de l’Europe.

L’événement éco-conçu, organisé par le WWF France, a en outre reçu cette année le Haut Patronage du Ministère de la Ville, de la Jeunesse et des Sports, en tant qu’événement sportif exemplaire.

« Le WWF France est une association avec laquelle le Ministère des Sports travaille beaucoup et bien »,explique Stéphane Chassignol, conseiller au développement durable du Secrétaire d’Etat en charge des sports, « tous ensemble, nous avons le devoir de rendre le sport responsable et soutenable si nous voulons que la France entière le soit ».

Samedi 27 juin, c’est avec le sourire et la bonne humeur que tous les participants ont atteint le Nid d’Aigle à 2 407m. Le soleil, la convivialité et la motivation des pandathlètes ont fait de cette 6ème édition un réel succès.

« Les participants ont été une nouvelle fois à la hauteur de ce défi solidaire. Nous les remercions encore pour leur engagement et la collecte menée qui représente à ce jour près de 45 000 € et pourrait atteindre 50 000 € à l’issue de l’événement », explique Frédérique Chegaray, directrice de la générosité publique au WWF France.

« Grâce au Pandathlon, le WWF France et la Commune de Saint-Gervais ont pu initier un projet écologique novateur et ambitieux : la restauration du Mont-Lachat. Cette opération consiste à détruire des bâtiments militaires vétustes aujourd’hui inutilisés et restaurer l’équilibre écologique du site. Il s’agit de restituer le patrimoine naturel du Mont-Blanc, et, en d’autres termes, de redonner ses droits à la nature », complète Philippe Germa Directeur Général du WWF France.

Au-delà de la restauration du seul Mont-Lachat, ce projet s’inscrit dans une vaste réflexion visant à faire du massif du Mont-Blanc un espace mieux préservé. En effet, de tous les points culminants continentaux dans le monde, il est le seul à ne pas bénéficier d’un statut de protection environnementale.

WWF France propose cette aventure unique depuis 2010. Entre amis, en famille ou entre collègues, le Pandathlon est ainsi l’occasion de relever un beau challenge et de prendre part à un projet concret de protection de l’environnement au cours d’un week-end festif.

Toute l’équipe du Pandathlon remercie les partenaires associés à cette édition : la Commune de Saint-Gervais, le Tramway du Mont-Blanc, SVPlanète, Green Trek, la Communauté de Communes Pays du Mont-Blanc.

Comment participer en 2016 ?

Pour y prendre part l’année prochaine,les participants, qu’ils soient particuliers ou entreprises,peuvent d’ores et déjà constituer leurs équipes de 3 personnes. Ils devront collecter un minimum de 900€ auprès de leur entourage en amont de l’évènement pour pouvoir relever le défi sportif d’une randonnée écologique.

Les inscriptions sont accessibles sur http://www.pandathlon.fr/participer

Le secteur bancaire européen n'intègre pas suffisamment les risques environnementaux et sociaux dans ses opérations

Ready or not?<br />© KPGM / WWFSelon une étude réalisée par KPMG avec le soutien du WWF sur 12 grandes banques européennes, le secteur bancaire n’intègre pas suffisamment, dans ses activités commerciales et d’investissement, les risques qu’impliquent les facteurs environnementaux et sociaux tels que le changement climatique, la rareté de la ressource en eau, la production durable.

Intitulée Ready or not: An assessment of sustainability integration, cette étude indique que les banques ont du mal à évaluer les risques ou les opportunités que ces facteurs peuvent représenter pour leurs entreprises clientes. Ainsi, elles ont une approche étriquée des enjeux de durabilité en se concentrant sur leur volonté de financer certaines activités.

Selon Barend van Bergen, partenaire chez KPMG Sustainability, « Si les banques ont conscience des facteurs environnementaux et sociaux, leur attention porte surtout sur les conséquences potentielles sur leur réputation. De nombreuses banques manquent d’une vision d’ensemble sur les conséquences financières que ces facteurs peuvent avoir à la fois sur leurs opérations et leurs entreprises clientes. C’est un problème parce que, dans les prochaines années, les impacts sur les recettes bancaires risquent d’augmenter alors qu’en parallèle, les banques seront de plus en plus attendues sur leur responsabilité d’entreprise. »

Selon Maria Boulos, directrice Corporate engagement au WWF, « L’étude montre que le secteur bancaire dans son ensemble n’a pas de réponse stratégique pour gérer de manière significative les risques liés aux réalités environnementales et sociales. Cette approche empêche le secteur bancaire d’être proactif et de faire preuve du leadership nécessaire à la transition de la société vers un futur plus durable.»

Selon Philippe Germa, directeur général du WWF France, « Ancrées dans une vision stratégique à court terme, les banques ne sont pas à ce jour véritablement entrées dans la marche vers une économie décarbonée et socialement responsable. Or ce n’est que par la mobilisation massive des acteurs de l’industrie financière que nous pourrons trouver les solutions de financement de la transition énergétique. »

Le Living Planet report du WWF souligne que nous consommons plus de ressources naturelles que la planète ne peut en produire. Les possibles incertitudes économiques et les risques de pénuries que ce mode de consommation implique auront nécessairement un impact sur les portefeuilles d’investissement et le niveau de risques des prêts bancaires. Face à ce constat, les banques doivent saisir l’opportunité de créer de la valeur pour leurs clients mais plus largement pour la société et la planète. Le secteur bancaire peut notamment réduire son soutien aux énergies fossiles au profit des énergies renouvelables, aider les clients à faire des choix d’investissements durables et promouvoir des réglementations environnementales et sociales plus ambitieuses.

L’étude souligne que la manière dont les banques prennent en compte les enjeux environnementaux et sociaux, et font preuve de transparence à ce sujet, a un impact significatif sur leurs bénéfices. Les analystes et investisseurs, par exemple, veulent comprendre les risques auxquels les banques font face et les mesures prises pour les limiter afin de juger de manière avisée la stabilité de la viabilité à long-terme des banques.

La Réserve naturelle de Chérine fête ses 30 ans

Tortues cistudes sur un étang en Brenne<br />© RN ChérineSituée au cœur de la Brenne, la Réserve naturelle de Chérine compte parmi les zones humides françaises d’importance internationale.

Depuis 30 ans, avec le soutien du WWF France, elle abrite un patrimoine naturel remarquable comprenant landes, prairies humides, étangs et bois et des espèces emblématiques de la Brenne telles que la guifette moustac (une petite mouette d’eau douce) et la cistude d’Europe (une tortue aquatique).

Afin que la réserve joue pleinement son rôle de réservoir de biodiversité, le WWF France soutient financièrement le développement d’opérations concrètes de gestion avec les agriculteurs ou les pisciculteurs locaux mais également la réalisation d’inventaires et d’études qui constituent les préalables indispensables aux travaux de terrain. Ainsi, le WWF emploie un naturaliste pour sensibiliser les pisciculteurs et les inciter à modifier leurs pratiques et a participé, entre 2000 et 2010, à des recherches appliquées sur les canards, les guifettes, les butors et la cistude d’Europe.

Créée en 1985, Chérine fait figure d’exemple : elle est la seule réserve naturelle de France à s’être agrandie passant de 145 à 370 ha. Propriétaire de près d’un tiers des terrains de la réserve, le WWF France soutient également les actions mises en œuvre autour de celle-ci sur près de 500ha pour permettre une gestion compatible avec le maintien de la biodiversité. Une pisciculture « douce » y est pratiquée et les fauches et broyages de végétation sont soumis à un calendrier favorable à la faune.

Le Groupe Bel, dans le cadre de son partenariat avec le WWF, contribue également au fonctionnement de la Chérine par le financement d’actions avec les éleveurs (installation de clôtures, mise en pâturage des Terres de renard par des vaches Salers) et le co-financement de sentiers et d’observatoires.

Zoom sur la campagne #NatureAlert

Depuis le 12 mai, plus de 200 ONG environnementales mènent la campagne #NatureAlert pour appeler les citoyens à se mobiliser pour préserver la nature européenne et appeler les Etats membres à mieux mettre en œuvre les deux grands textes fondateurs de la protection de la nature en Europe : les Directives Oiseaux (1979) et Habitats (1992).
Traduite en 25 langues, cette campagne européenne a déjà mobilisé 231 000 personnes qui ont participé à la consultation publique lancée par la Commission européenne sur ce sujet.

Pour participer à la campagne #NatureAlert : wwf.fr/naturealert

Encyclique du Pape François : Déclaration de Yolanda Kakabadse, présidente du WWF

#PopeforPlanet<br />© European Union 2014 - European Parliament« Le message du Pape François offre au débat sur le changement climatique une portée morale dont nous avions besoin. Le changement climatique n’est plus uniquement un sujet scientifique mais relève de plus en plus de l’éthique et de la morale. Il affecte nos vies, nos droits, et en particulier les communautés les plus pauvres, marginalisées et vulnérables.

Face à ce défi pour la nature et l’humanité, nous devons respecter notre Terre et utiliser ses ressources de manière raisonnée et juste. Ce n’est qu’en redécouvrant notre solidarité les uns envers les autres, en arrêtant le gaspillage, et en adoptant de nouveaux modèles de consommation et de production durables, que nous pourrons sauver notre planète, sa diversité exceptionnelle et assurer un avenir prospère à tous.

En tant qu’organisation environnementale, le WWF est aussi animé par l’envie de construire un monde dans lequel les êtres humains vivent, ensemble, en harmonie avec la nature, selon des valeurs d’équité et de solidarité.

Nous espérons que l’attention croissante portée sur le changement climatique et le développement durable cette année pourra se traduire par des engagements réels de la part de tous les gouvernements. 2015 doit être l’année de décisions concrètes, justes et à fort impact, l’année où personne ne pourra rester sans agir. »

#PopeforPlanet

Plan d'urgence climat 2015-2020

PLAN D'URGENCE CLIMAT 2015-2020APPEL DU WWF VERS LA COP21<br />© Global Warming Images / WWF

Eviter les pires impacts du dérèglement climatique :
Le WWF appelle à la préparation d’un plan d’urgence pour 2015-2020 vers la COP21

Alors que l’Agence internationale de l’énergie (AIE) conclut aujourd’hui dans son rapport[1] que les contributions des pays vers la COP21 ne permettront pas de contenir l’augmentation de la température moyenne mondiale en-dessous du seuil des 2°C, le WWF appelle les gouvernements à préparer un plan d’urgence pour les cinq prochaines années.
 
Selon l’AIE, les contributions nationales de réductions des émissions de GES déposées à ce jour par 39 pays sur les 196 conduiraient à une augmentation de la température moyenne mondiale d’environ 2,6°C d’ici 2100 et 3,5°C après 2200 entrainant un dérèglement climatique majeur.
 
Pour tenir la « ligne de défense des 2°C  » qui permettra de limiter les impacts sur la planète et l’humanité, le WWF demande aux gouvernements de se mobiliser pour arrêter, d’ici la conférence climat de Paris, les modalités et les engagements d’un plan d’urgence pour la période 2015-2020.
 
Le WWF souhaite que ce plan intègre les axes suivants :

  1. L’accélération du déploiement des énergies renouvelables avec un objectif de 25% de la consommation énergétique mondiale ;
  2. Le renforcement des mesures d’efficacité énergétique avec un doublement du taux d’efficacité énergétique pour atteindre 2,4% par an ;
  3. La protection des forêts et de l’usage des terres ;
  4. Le financement de la lutte contre le changement climatique : une feuille de route claire vers les 100 milliards de dollars et un retrait des soutiens à l’industrie du charbon estimés à 73 milliards de dollars.

Parce qu’il a pour objectif de relever l’ambition climatique avant 2020, ce plan d’urgence pourrait aller dans le sens des récentes annonces du G7 concernant la décarbonation de l’économie et des propositions faites par les pays lors de la session de Bonn pour rattraper le retard pris dans l’action.
Alors que ces prochaines semaines seront clefs au niveau politique pour avancer sur l’intégration de l’ambition avant-2020 dans l’accord de Paris, le WWF appelle la future présidence française à porter cette urgence dans la préparation de la conférence.
Au-delà des acteurs gouvernementaux, le WWF appelle l’ensemble de la société à se mobiliser et à coopérer pour la mise en œuvre d’un tel plan d’urgence climatique. En ce sens, l’agenda de l’action Lima-Paris animé depuis la conférence de Lima par la France, le Pérou, le secrétariat de la CCNUCC et le Secrétariat général des Nations Unies, doit aboutir à des propositions clefs autour de 10 thématiques lors de la COP21.
#UrgentPlan

Eviter les pires impacts du dérèglement climatique

PLAN D'URGENCE CLIMAT 2015-2020APPEL DU WWF VERS LA COP21<br />© Global Warming Images / WWF

Le WWF appelle à la préparation d’un plan d’urgence pour 2015-2020 vers la COP21

Alors que l’Agence internationale de l’énergie (AIE) conclut aujourd’hui dans son rapport[1] que les contributions des pays vers la COP21 ne permettront pas de contenir l’augmentation de la température moyenne mondiale en-dessous du seuil des 2°C, le WWF appelle les gouvernements à préparer un plan d’urgence pour les cinq prochaines années.
 
Selon l’AIE, les contributions nationales de réductions des émissions de GES déposées à ce jour par 39 pays sur les 196 conduiraient à une augmentation de la température moyenne mondiale d’environ 2,6°C d’ici 2100 et 3,5°C après 2200 entrainant un dérèglement climatique majeur.
 
Pour tenir la « ligne de défense des 2°C  » qui permettra de limiter les impacts sur la planète et l’humanité, le WWF demande aux gouvernements de se mobiliser pour arrêter, d’ici la conférence climat de Paris, les modalités et les engagements d’un plan d’urgence pour la période 2015-2020.
 
Le WWF souhaite que ce plan intègre les axes suivants :

  1. L’accélération du déploiement des énergies renouvelables avec un objectif de 25% de la consommation énergétique mondiale ;
  2. Le renforcement des mesures d’efficacité énergétique avec un doublement du taux d’efficacité énergétique pour atteindre 2,4% par an ;
  3. La protection des forêts et de l’usage des terres ;
  4. Le financement de la lutte contre le changement climatique : une feuille de route claire vers les 100 milliards de dollars et un retrait des soutiens à l’industrie du charbon estimés à 73 milliards de dollars.

Parce qu’il a pour objectif de relever l’ambition climatique avant 2020, ce plan d’urgence pourrait aller dans le sens des récentes annonces du G7 concernant la décarbonation de l’économie et des propositions faites par les pays lors de la session de Bonn pour rattraper le retard pris dans l’action.
Alors que ces prochaines semaines seront clefs au niveau politique pour avancer sur l’intégration de l’ambition avant-2020 dans l’accord de Paris, le WWF appelle la future présidence française à porter cette urgence dans la préparation de la conférence.
Au-delà des acteurs gouvernementaux, le WWF appelle l’ensemble de la société à se mobiliser et à coopérer pour la mise en œuvre d’un tel plan d’urgence climatique. En ce sens, l’agenda de l’action Lima-Paris animé depuis la conférence de Lima par la France, le Pérou, le secrétariat de la CCNUCC et le Secrétariat général des Nations Unies, doit aboutir à des propositions clefs autour de 10 thématiques lors de la COP21.
#UrgentPlan

Conférence climat de Bonn : de timides avancées vers l'accord de Paris

UN Climate Change Conference<br />© Paris Climat 2015

Les négociations onusiennes qui viennent de prendre fin à Bonn ont permis de faire quelques progrès en vue de la conférence de Paris : pour la première fois, tous les pays se sont accordés sur la nécessité de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre dans les cinq prochaines années et les discussions techniques sur le programme REDD+ ont pris fin. Malgré ces progrès, il est clair que les négociations sur le climat ne sont pas encore sur la bonne voie pour contenir l’augmentation de la température moyenne sous le seuil des 2°C.

Selon Samantha Smith, directrice de l’initiative mondiale Climat et Énergie au WWF, « Après des négociations difficiles, tous les pays ont déclaré qu’il fallait relever le niveau d’ambition des réductions de gaz à effet de serre d’ici 2020. C’est un signal fort qui va dans le sens des scientifiques qui indiquent que le pic des émissions mondiales doit avoir lieu au plus vite pour limiter les pires impacts du changement climatique. C’est aussi significatif comme avancées, sachant que les engagements des pays en matière de financements et de réductions d’émissions restent encore bien en-deçà des niveaux requis. Aujourd’hui et d’ici la conférence de Paris qui réunira les décideurs du monde entier, les discussions doivent s’accélérer et les négociateurs se voir confier des mandats plus forts. Les pays doivent être prêts à rentrer dans le vif des négociations en août pour la prochaine session de négociations.»

Selon Pierre Cannet, responsable de programme Climat, Energie et Infrastructures durables au WWF France, « En tant que future présidence de la COP21, la France doit veiller à ce que les sujets épineux des négociations soient davantage portés aux niveaux politiques. Il n’y aura pas d’Alliance de Paris si les pays remettent à cinq ans plus tard leur ambition climatique. »
 

Retour sur les avancées de la session de Bonn de juin

Réduction des émissions de gaz à effet de serre avant 2020
Tous les groupes de pays (Union européenne, AOSIS, G77, Ombrelle, Groupe de l’intégrité environnementale) ont présenté des propositions sur la manière de réduire le retard pris dans l’action des pays ces cinq prochaines années et appelé à des décisions ambitieuses sur ce plan de court terme à la conférence climat de Paris. 

Travail sur le projet de texte de l’accord de Paris
A Bonn, les pays ont réorganisé et simplifié le long projet de texte. Ce travail rendra la tâche plus facile aux ministres qui devront, sur cette base, donner une orientation politique aux négociations. 

Lutte contre la déforestation et la dégradation des terres (REDD+)
REDD+ vise à réduire les émissions liées à la déforestation et la dégradation des terres. Le processus technique a pris fin cette semaine pour passer maintenant au niveau institutionnel. Les gouvernements doivent maintenant trouver les financements nécessaires à la mise en place de ces programmes.

Dialogue d’experts sur la revue scientifique sur l’objectif de long terme (SED)
Le processus SED a réalisé une revue de l’objectif de 2°C, encourageant un rapprochement vers un objectif plus ferme de 1,5°C. Cet objectif de 1,5°C constitue déjà un point de non retour pour les pays insulaires et vulnérables, seuil à partir duquel ils devront faire face à des pertes et dommages des impacts du dérèglement climatique.

Pêche illégale : enjeux et solutions

 <br />© Brian J. Skerry / National Geographic Stock / WWF

Tribune initialement publiée sur « Idées pour le développement », le blog de l’Agence Française de Développement

Evaluée à environ 20% des captures mondiales, soit entre 11 et 26 millions de tonnes, la pêche illégale ou pêche INN (Illicite, Non Déclarée et Non règlementée) représente une perte de 10 à 23 milliards d’euros chaque année au niveau mondial.

Outre ce constat économique, ces pratiques illégales mettent définitivement en péril les mesures de gestion et de conservation en place, la sécurité alimentaire et les conditions de vie des communautés. Lutter contre la pêche illégale, c’est donc promouvoir le développement environnemental, social et économique.

Un véritable facteur de déséquilibre

Si la pêche illégale constitue une véritable menace environnementale en épuisant les stocks halieutiques mondiaux et en menaçant les écosystèmes marins, en mettant à mal les mesures de protection et de reconstitution mises en place, elle crée en outre de graves déséquilibres économiques et sociaux.

Disposant de plus faibles coûts d’exploitation que les pêcheurs agissant dans le respect des lois, les opérateurs illégaux engendrent tout d’abord une forte distorsion de la concurrence, impliquant une baisse des captures, des revenus et des emplois au sein des groupements pratiquant une pêche légale. En surexploitant et en épuisant les ressources, ils menacent ensuite l’existence même du secteur.

Ces conséquences sont d’autant plus lourdes dans les régions du monde où la pêche constitue la principale source de revenus et source de protéines animales. Aujourd’hui, la pêche fournit des emplois à 60 millions d’individus dans le monde dont 84% en Asie et plus de 10% en Afrique.[1].

Dans certains pays en développement tels que le Bangladesh, le Cambodge ou le Ghana, le poisson peut représenter plus de 50% de l’apport en protéines animales  (25% en moyenne dans les pays les plus pauvres ; 90% dans les zones côtières et petits Etats insulaires).  Les acteurs pratiquant une pêche illégale menacent donc directement ces emplois, avec une perte de revenus pour les pêcheurs et leur famille qui en vivent et la sécurité alimentaire des populations qui en dépendent pour leur subsistance.  Autre conséquence sociale de ces pratiques : c’est aussi dans ces régions que ces acteurs se fournissent en main d’œuvre à bas coût qu’ils exploitent dans des conditions parfois proches de l’esclavage.

Des pratiques rentables

Pratiquée par tous les types de navires, quelle que soit leur immatriculation, leur origine, leur taille ou leur état, particulièrement présente en haute mer, loin des regards, la pêche illégale est malheureusement rentable et même favorisée par plusieurs facteurs :

  • La surcapacité de pêche tout d’abord. Il existe en effet un réel déséquilibre entre les capacités de pêches et les ressources disponibles dans le monde. Les quotas diminuent mais pas les capacités des navires.
  • L’absence de règlementation sur certaines zones maritimes, Au-delà de 200 miles nautiques des Etats côtiers, l’océan devient un patrimoine commun dont la gestion ne dépend d’aucune responsabilité spécifique.
  • Peu de surveillance, sanctions limitées, corruption des administrations, faible gouvernance de certains Etats… la mise en application insuffisante ou inefficace des réglementations nationales et internationales s’ajoute aux zones de non droit.
  • Certains mécanismes fiscaux (paradis fiscaux, joint-venture, pavillon de complaisance, investissements étrangers) favorisent en outre les opérateurs illégaux.
  • Une gouvernance locale faible avec des bas salaires qui attirent les opérateurs illégaux, l’absence ou la mise en œuvre limitée de normes relatives à la gestion de la capacité de pêche.
  • Les subventions à la pêche octroyées par exemple par l’Union européenne qui favorisent la surcapacité ainsi que la forte demande du marché pour certaines espèces à haute valeur ajoutée (légine, thon rouge) entretiennent enfin grandement les pratiques illégales de la pêche.

 

Des règlementations existantes nécessitant de véritables applications

Déclarations et engagements, règlementation européenne, accords internationaux de la FAO… de nombreuses mesures ont le mérite d’exister mais ne sont que partiellement mises en œuvre.

En 2013, l’ONU appelait à un nouveau partenariat mondial vers l’éradication de la pauvreté et la transformation des économies par le biais du développement durable afin de « mettre en œuvre des pratiques agricoles et de pêche en mer ou en eau douce durables, et reconstituer tous les stocks halieutiques désignés à des niveaux viables »[i]. La déclaration commune sur la pêche INN, signée en 2011 par la Commission européenne et le gouvernement des USA soulignait également la portée mondiale des conséquences environnementales et socioéconomiques dévastatrices de la pêche illégale.

Mais cette prise de conscience des enjeux et risques liés à la pêche INN n’est pas globale. La Chine, notamment, demeure la grande absente des négociations. La complicité des autorités chinoises est d’ailleurs reconnue que ce soit en matière de captures sous-déclarées par les administrations, de flotte répartie sur tous les océans sans contrôle réel, de recours réguliers aux pavillons de complaisance, de manque de sanctions ou de non-respect des droits de l’homme. Rappelons que la Chine est le plus gros exportateur et producteur mondial du secteur et fait partie des sources principales d’approvisionnement de l’Europe.

Les outils économiques, de contrôle des imports et de coopération de l’Union européenne sont quant à eux – et heureusement ! – relativement efficaces. Les sanctions économiques fortes poussent les pays tiers exportateurs à se mettre à niveau en termes de lutte contre la pêche illégale. Il subsiste cependant des lacunes dans ce système sur le contrôle des pavillons de complaisance et des flottes lointaines, l’opacité des processus d’évaluation des pays tiers et notamment sur la question d’équité entre pays évalués (les enjeux diplomatiques diffèrent d’un pays à l’autre). Nous pouvons y ajouter également les difficultés de certain
s Etats à atteindre le niveau d’exigence et les possibilités de fraudes autour du certificat de capture.

Enfin, les différents accords internationaux de la FAO dépendent du bon vouloir des Parties à ces accords. Le niveau et la qualité des informations transmises varient énormément d’un pays à l’autre et leur mise en place est complexe car elle demande un réel investissement financier et humain de tous les acteurs.
 

Quelles solutions pour une meilleure gestion des ressources ?

Aujourd’hui, 61,3 % des stocks halieutiques mondiaux sont exploités à leur seuil maximum de renouvellement et 28,8% des stocks sont quant à eux surexploités. Le WWF souligne ainsi l’état d’urgence et fixe l’objectif de la fin de la pêche illégale en 2025. Pour se faire, plusieurs axes d’actions sont souhaitables.

Il s’agit tout d’abord d’assurer la mise en œuvre et d’améliorer globalement les accords et mesures internationaux, notamment via la définition d’un véritable statut réglementaire de la pêche dans les zones situées au-delà des juridictions nationales. Le Tribunal International est d’ailleurs récemment allé en ce sens en confirmant que les Etats pourront désormais être poursuivis pour pêche illégale en eaux étrangères.

Il est également nécessaire de renforcer les mesures de gestion et de surveillance des activités de pêche au sein des Organisations régionales de gestion des pêches (ORGP) avec une réelle implication des Etats parties et la prise en compte des avis scientifiques, en particulier les ORGP qui opèrent dans des zones sensibles à la pêche INN telles que la CTOI (Commission des Thons de l’Océan Indien). Il va enfin sans dire qu’il est indispensable de mieux prendre en compte le rôle des pays asiatiques, en particulier de la Chine, au sein des différents politiques mises en œuvres au niveau international.

L’internationalisation du marché des produits de la mer impose aux entreprises importatrices une vigilance accrue sur leur système d’approvisionnement et une responsabilité vis-à-vis des produits qu’elles proposent sur le marché. Il est toutefois important d’améliorer la traçabilité des chaînes d’approvisionnement grâce à la collecte systématique des informations de la capture à l’achat, à la mise en œuvre d’indicateurs de suivi des origines et de politiques d’identification des produits à risques de pêche INN.

Enfin, la sensibilisation des consommateurs des pays du Nord constitue un levier important du changement car leurs choix influencent les modes de production et d’approvisionnement. Privilégier les produits pour lesquels nous disposons du plus haut niveau d’information, les marchés locaux, équitables et les produits labellisés impacte le marché. Il est en effet important de savoir qu’un Européen consomme actuellement davantage de produits de la mer issus de l’importation (70%) que de produits pêchés dans les eaux européennes. Les principaux pays d’importation pour l’Europe sont des pays en développement ou émergents, la Chine en tête.

Ces différentes recommandations à l’égard des pays du Nord doivent aussi aller de pair avec l’appui de la communauté internationale aux pays en développement pour des actions telles que la définition de politiques publiques dans le domaine des pêcheries, le renforcement des systèmes de gestion, de contrôle et de surveillance des ressources (MCS system) ou encore le soutien aux filières artisanales pourvoyeuses de ressources pour des millions de personnes.
Anéantir la pêche illégale passe par des actions tout au long de la filière, du Sud et au Nord.
 
Philippe Germa
Directeur général de WWF France

[1] FAO, Situation mondiale des pêches et de l’aquaculture, 2014[i] ONU, Rapport du groupe des personnalités de haut niveau chargé du programme de développement pour l’après 2015