Le 25 novembre dernier, le Groupe de travail sur le soja (GTS) qui rassemble des ONGs, le gouvernement brésilien ainsi que de nombreuses entreprises internationales, a annoncé que l’accord qui interdit l’achat, la commercialisation et le financement du soja issu du biome amazonien sur des zones déforestées après juillet 2008 sera prolongé jusqu’au 31 mai 2016. Sont ajoutées à cet accord les aires de conservation identifiées par l’institut brésilien de l’environnement et des ressources naturelles (IBAMA) ainsi que celles où du travail forcé est avéré.
On note un élément nouveau dans l’accord signé cette année : toutes les parties s’engagent désormais à appliquer le nouveau code forestier et à adopter de bonnes pratiques agricoles.
Le moratoire sur le soja amazonien est entré en vigueur en 2006. Depuis cette date, il joue en faveur du ralentissement de la déforestation amazonienne car il interdit le commerce du soja issu des zones déboisées. Ainsi, le Brésil est par exemple parvenu à réduire considérablement la déforestation qui dépassait les 27.000 km² par an en 2004 pour atteindre 4.571 km² en 2012, l’année où la déforestation a été la plus faible.
Si les années précédentes, le gouvernement fédéral brésilien s’était contenté de signer l’accord, il en est cette année devenu membre officiel et a pris des engagements en faveur de l’application du code forestier, principalement par le biais du Registre rural de l’environnement (CAR) et du programme de régularisation de l’environnement (PRA).
En plus de sensibiliser les producteurs de soja, le GTS espère que le nouveau code forestier brésilien sera en priorité appliqué aux propriétaires fonciers situés dans les communes qui produisent du soja dans le biome amazonien.
Jean-François Timmers, Directeur de la politique publique du WWF Brésil et membre du GTS, affirme que « le Groupe de travail vient d’entrer dans une nouvelle phase, où l’objectif est de parvenir à la mise en place concrète du code forestier et à la propagation des bonnes pratiques agricoles, sans pour autant renoncer au compromis zéro déforestation liée au soja en Amazonie« . Selon lui, les discussions politiques au sein du GTS ont permis de mettre en évidence des problèmes techniques et ont montré leur potentiel important à générer des résultats sur le terrain.
Diane Simiu, Directrice des programmes de conservation du WWF France, salue tout particulièrement le rôle de catalyseur joué par le groupe Carrefour. « En menant les négociations pour le compte du Consumer Goods Forum (qui rassemble 400 entreprises de la distribution et de fabrication de biens de consommations, totalisant 3000 milliards d’euros de CA), le groupe Carrefour a clairement montré que certains groupes internationaux ont à cœur d’honorer leurs engagements de lutte contre la déforestation en lien avec le climat, pris notamment à New York en Septembre. Ainsi, le renouvellement du moratoire sur le soja amazonien est un excellent signal sur le front de la déforestation ».