Nous saurons (normalement) dans quelques jours si les Etats‑Unis se retirent ou non de l’Accord de Paris sur le climat. Certains voudront voir dans cette décision – si elle est finalement prise – la fin de l’Accord de Paris. Sera-ce vraiment le cas ? Non pour plusieurs raisons.
D’abord, l’Accord de Paris commence en 2020. Il a été décidé en décembre 2015 à Paris puis signé et ratifié tout au long de l’année 2016. Mais il entre formellement en vigueur en 2020. Dès lors, ce qu’une décision de Donald Trump peut faire, une autre peut le défaire. Et si l’actuel Président américain n’est pas réélu, son successeur pourra faire en sorte que les Etats‑Unis reviennent dans l’Accord l’année de son entrée en vigueur, en 2020/2021.
Donald #Trump peut-il avoir la peau de l’Accord de Paris ? Pas si sûr… https://t.co/7jJR0rXKjN pic.twitter.com/R4dcHp6j63
— Alter Éco (@AlterEco_) 31 mai 2017
Par ailleurs, si la décision américaine est si difficile à prendre pour le président Trump, c’est que son administration est divisée et que nombre de soutiens des Républicains ne sont pas favorables à ce que les Etats‑Unis sortent de Paris. C’est le cas d’un nombre important de parlementaires mais aussi et surtout de la communauté des affaires américaine. Si la décision de sortir n’a pas encore été annoncée, c’est en grande partie parce que 1 000 entreprises ont lancé un appel il y a quelques semaines pour appeler Donald Trump à rester dans l’Accord. Non par altruisme mais tout simplement parce que les entreprises considèrent de plus en plus qu’agir pour sauver notre climat est une condition de notre prospérité de demain, et parce que si les Etats‑Unis ne sont plus autour de la table pour co-fixer les règles du jeu, les entreprises américaines risquent de voir leur influence sur la fixation de ces règles diminuées d’autant… Or, le reste du monde a envoyé un signal clair depuis l’élection de Trump : l’Accord de Paris s’appliquera avec ou sans les Etats‑Unis.
Les Etats-Unis isolés
Près de 50 pays ont depuis lors ratifié l’Accord et une cinquantaine ont pris des engagements additionnels à ceux pris à Paris. Lors du G7 en Italie, il y a quelques jours, les Etats‑Unis se sont retrouvés isolés face à un G6 uni. Et les tentatives diplomatiques américaines pour faire céder ce front ont échoué. Aucun chef d’Etat n’a envie de faire ce plaisir à Donald Trump et le climat est en train au contraire de devenir l’un des piliers de la relation entre l’Europe et les émergents, au premier rang desquels la Chine.
Enfin, les Etats‑Unis sont un pays au moins aussi divers que l’Union européenne. Entre le Dakota du Nord qui vit grâce aux gaz de schiste, les vieux Etats charbonniers, le Texas pétrolier et les côtes progressistes où s’invente une partie de l’économie neutre en carbone de demain, les intérêts et les visions du monde sont différentes, pour ne pas dire concurrentes. Ainsi, si le gouvernement fédéral décide de sortir de l’Accord climat, il y a fort à parier qu’encore plus de villes et d’Etats fédérés prendront comme engagement politique de s’y conformer.
Donal Trump n’aura donc pas la peau de l’Accord de Paris et celui-ci restera encore longtemps en vigueur, bien après que l’actuel Président américain aura quitté la Maison blanche !