Face à l'émergence au niveau mondial de nouveaux champions des énergies renouvelables, l'Union européenne et ses Etats membres perdent du terrain et doivent clarifier la place qu'ils entendent occuper dans ce domaine. En premier lieu la France, qui au lendemain de la COP21, doit encore démontrer comment elle compte rattraper son retard et jouer un rôle moteur au niveau européen dans ce domaine.
Le WWF rappelle que la France est le plus mauvais élève européen dans l'atteinte de ses objectifs en renouvelables fixés pour 2020[1] et avance ses propositions pour que l'Europe reprenne le flambeau mondial des renouvelables.
Pour cela, la France doit se mobiliser à plusieurs niveaux ces prochaines semaines :
- Une programmation pluriannuelle de l'énergie cohérente pour la mise en œuvre de la transition énergétique
Si des objectifs satisfaisants ont bien été arrêtés dans le cadre de la loi sur transition énergétique en France, les choix d'application restent à clarifier. Le projet de programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE) attendu d'ici la fin du mois en France est un passage décisif pour atteindre ces objectifs. Le WWF souhaite que ce projet constitue une feuille de route précise de l'énergie, en fonction des montants de consommation et de production par filière. - Une identification précise des coûts et des moyens alloués pour mettre en œuvre la transition énergétique
Le rapport de la Cour des comptes du 10 février[2] sur les centrales nucléaires pointe du doigt le manque d'information et de chiffrage de la transition énergétique. L'Etat doit au plus vite identifier les moyens d'accélérer le déploiement des énergies renouvelables pour honorer ses engagements. - Un soutien clair pour les énergies renouvelables au niveau européen
La France doit soutenir au sein de l'UE une stratégie axée sur les énergies renouvelables face aux autres technologies pour :- porter l'objectif de l'UE pour 2030[3] à 40% au lieu de 27%,
- développer une feuille de route pour un leadership de l'UE au niveau mondial, y compris sur l'efficacité énergétique et la réduction des énergies fossiles,
- investir 1% du PIB chaque année dans les renouvelables d'ici 2017 (actuellement, entre 0,2 et 0,4% du PIB est investi dans ce domaine) ,
- doubler ses investissements publics dans la R&D des technologies propres
Selon Pierre Cannet, responsable du programme Energie et Climat « Nous avons vu à la COP21 de nouveaux champions gagner du terrain sur les énergies renouvelables au niveau mondial. Alors que l'Europe était précurseur dans ce domaine, elle semble en perte de vitesse. Le WWF appelle l'Union européenne à se positionner clairement en faveur des énergies renouvelables aux prochaines échéances avec à la clef des opportunités d'emploi et économiques majeures. »
[1] http://ec.europa.eu/eurostat/documents/2995521/7155587/8-10022016-AP-FR.pdf/6b3c491f-b98f-4285-9228-1e5636a8fac3
[3] En octobre 2014, le Conseil européen a fixé pour 2030 un objectif de "au moins 27%" d'énergie renouvelable. Dans la préparation de cet objectif, le Parlement européen avait choisi en février 2014 "au moins 30%". Pour être en phase avec le scénario 100% d'énergie renouvelable en 2050 pour l'UE, l'étude du WWF réalisée par Ecofys parvenait au besoin d'atteindre 41% de renouvelables d'ici 2030 : http://awsassets.panda.org/downloads/report_eu_2030_re_target.pdf.