Les médiatiques

BOUGRAIN-DUBOURG Allain

Allain BOUGRAIN DUBOURG est né à Paris. Il fonde, dès l’enfance, un Club des Jeunes Amis des Animaux. À dix-huit ans, il donne des conférences dans les écoles, puis crée une exposition itinérante baptisée « Pavillon de la Nature » afin de sensibiliser le public à la protection de la biodiversité.

Soutenu par Jean Rostand et Jean Dorst, il est lauréat de la Fondation de la Vocation en 1969. Après le décès de Jean Rostand, il le remplacera comme membre du Jury de la Fondation.

En 1973, TF1 lui propose de venir parler des animaux dans les émissions de la jeunesse. En 1974, chaque mercredi sur Antenne 2, il anime une chronique animalière dans « Un sur cinq ». Sur cette même chaîne, il poursuit en 1976 avec « Des Animaux et des Hommes », émission hebdomadaire. En 1978, il y crée et produit « Terre des Bêtes ».

En 1986, son émission devient « Entre Chien et Loup ». En 1988, il crée « Animalia », diffusée le samedi sur France 2. Suivra la série « A tire d’aile ». En 2000, il anime sur la Cinquième « Les Cinquièmes Rencontres », magazine consacré aux phénomènes naturels.

À la radio, il assure la chronique « Curieux de nature » sur France Bleu. Il est également producteur animateur de l’émission « Au nom de la faune », sur la chaîne Animaux, puis du « Journal de la faune » et de « Naturellement » pour la même chaîne.

Depuis 1996, il est producteur et réalisateur au sein de la société Nature Productions. Consacrée exclusivement à l’environnement et à l’animalier, cette société produit des programmes diffusés sur France 5 (co-production avec National Geographic), M6, France 2, Canal + etc … Par ailleurs, 2 longs-métrages (une fiction et un documentaire) sont engagés pour le cinéma.

Chargé de mission au Ministère de l’Agriculture, Allain BOUGRAIN DUBOURG multiplie ses actions sur le terrain. Il reçoit des mains du Commandant Cousteau, l’Ordre National du Mérite pour son engagement en faveur de la faune et devient Officier en 1999, puis Chevalier de la Légion d’Honneur en 2005.

En 2000, il est nommé vice-président de l’Observatoire des Marées Noires.

Il préside la Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO) depuis 1986 (45 000 membres et 130 employés).

Il est membre du Conseil National du Développement Durable, puis du Comité National du Développement Durable et du Grenelle de l’Environnement, membre du Conseil Economique, Social et Environnemental, membre du Conseil Scientifique du Parc Régional du Queyras, administrateur de l’Ecole de Chiens Guides d’Aveugles de Paris, conseiller auprès d’Océanopolis, co-président du Comité de Rénovation du Zoo de Vincennes et administrateur du Muséum National d’Histoire Naturelle.

Allain BOUGRAIN DUBOURG a été directeur de collection « Etat sauvage » chez Atlas et est également l’auteur de plusieurs livres : « L’agonie des bébés phoques » (Presse de la Cité), « Le tour de France des animaux sauvages » (éditions Bias), « Tendres tueurs » avec Yann ARTHUS BERTRAND (éditions Le Chêne), « Et Dieu créa les animaux » (Robert Laffont), « Animaux 89 » (compagnie 12), « Observer la nature, une passion » (Nathan), « Des animaux et des femmes » (Arthaud) et « Les animaux à la une », « Curieux de nature » (Flammarion), « Sales bêtes ? Respectons-les… » (Arthaud), « L’île de Ré » (Conservatoire du Littoral – Actes Sud), « Autopsie du monde animal » avec Guilhem Lesaffre (Rue de l’Echiquier), « Les héros de la biodiversité » (Ouest France) et  « Toiles de mer » avec Olivier Suire Verley (Editions PC).

Votre parcours en quelques étapes? J'ai eu la chance de naitre du bon côté du trottoir dans une famille qui « avait les moyens », mais imposait également des règles de vie très strictes. Envoyé en pension au lycée à la Rochelle, à l'âge de 10 ans, j'ai découvert le Muséum d'Histoire Naturelle voisin et ce fut le choc. La naissance d'une vocation. Initié par les préparateurs, je me suis plongé dans « le livre de la nature » au point d'abandonner mes études pour créer une exposition itinérante, le « Pavillon de la nature » qui me permettait d'exhiber des reptiles et des rapaces. Jean Rostand m'a encouragé et la télévision m'a invité à porter le message sur le petit écran. 30 ans d'émissions comme « Terre des bêtes », « Entre chien et loup », « Animalia », etc... ont suivi ces débuts. Cette épopée m'a amené à croiser la LPO.... voilà 26 ans que je la préside !

Vos maîtres à penser ? Jean Rostand fut incontestablement mon mentor. Cet académicien humaniste dont la réputation était considérable, avait pris le temps d'écouter le jeune homme plein de projets que j'étais. Il m'a non seulement accompagné, mais aussi guidé. Son engagement m'a servi de modèle.

url

 

Marcel Bleustein Blanchet, président de Publicis et créateur de la Fondation de la Vocation, m'a également mis le pied à l'étrier. Il voulait donner une chance aux jeunes qui sortaient des sentiers battus. Je fis partie des bénéficiaires !

J'aime la phrase de Saint Augustin : « on perd moins à se perdre dans sa passion qu'à perdre sa passion ».

Pourquoi l’animal sauvage ? L'animal sauvage m'a séduit en premier lieu car il incarne « l'exotisme », une sorte de capacité d'évasion qui ne demande pas forcément d'aller au bout du monde. Une araignée tissant sa toile me paraît tout aussi admirable que la migration des Gnous entre la Tanzanie et le Kenya !

Cela dit l'animal domestique ne me laisse pas indifférent. C'est notamment en constatant les mauvais traitements dont il pouvait être victime que je me suis impliqué dans une lutte en faveur du respect de tous les êtres vivants. Y compris l'homme, bien sûr !

Si vous en étiez un, lequel ? Je ne sais si j'aimerais être un animal, tant le sort des animaux est aujourd'hui peu enviable... Cela dit, je porte une admiration toute particulière pour le Martinet. Il mange en vol, il boit en vol, il fait l'amour en vol et surtout…, il dort dans le ciel! De plus, son retour bruyant au printemps indique que les beaux jours sont devant nous, son départ en juillet est toujours un déchirement pour moi ! Je pourrais vous parler des rapaces, des grands fauves et des grands primates, des manchots, des serpents.... tous me fascinent et méritent notre attention. De là à les incarner... Je ne suis pas sûr qu'ils aient davantage trouvé le bonheur que l'homme.

imgres

La ou les plus belles rencontres / émotions de rencontre de vie/faune sauvage ? Ayant eu le privilège de courir le monde à la rencontre de la faune sauvage, j'en suis revenu chargé d'émotions qu'il est difficile de hiérarchiser, tant elles m'ont procuré de bonheur. La naissance du corail lors de plongées sur la grande barrière australienne, figure parmi les grands souvenirs. Brutalement, la vie explose avec une intensité inimaginable. Un bouillon de vie qui obscurcit la vision. La promesse d'une résilience, tandis que l'arrivée des prédateurs en tous genres remet en cause cet espoir. Le mécanisme complexe, sublime et douloureux à la fois, du vivant s'affiche lors de cette naissance exceptionnelle. L'Antarctique m'a également marqué. Alors que j'y suis allé sans enthousiasme (je préfère l’exubérance de l'Afrique) j'ai découvert une autre planète. Ici pas de conflits d'intérêt entre les hommes. Seuls la science et la préservation font office de langage universel. Les Manchots l'ont-ils compris? Ils sont en tous cas venus à ma rencontre, comme si l'homme et la bête n’avaient jamais connu de conflit. Une bouffée d'oxygène. Parmi tant d'autres sites, je garde évidemment une place importante pour l'ile de Ré dans mon coeur. C'est là que j'ai grandi en découvrant le peuple de la mer et des airs. Je m'y ressource périodiquement avec bonheur.

Votre lieu de nature préféré ? Je ne vous étonnerai pas en donnant la préférence au Macareux désespéré après la disparition de nos amis dessinateurs de Charlie Hebdo. C'étaient mes potes, toujours dévoués à la cause et à la LPO. Le Macareux me conduit aussi à l'un des lieux que je fréquente fidèlement : la réserve des 7 Iles, dans les Côtes d'Armor. Là-bas, les colonies de Fous de Bassan explosent de vie, les Macareux, petits Pingouins et autres Guillemots se donnent en spectacle. La période de nidification est une invitation à l'espoir.

Vol macareux moine

(photo Christophe Doucet)

Le Marais Poitevin fait également partie de mes terres d'asiles. Je l'ai vraiment découvert lors d'un tournage qui m'a amené à le fréquenter durant une année. Depuis, nous ne nous sommes plus quittés ! A quelques encablures de là, l'île de Ré s'inscrit évidemment dans mes racines.

PS : à propos du choix des spots, je ne peux rester indifférent à ce loup qui, à travers son appel, semble nous implorer de baisser les armes à son égard. Oui, je l'avoue, c'est un peu anthropomorphique, mais on est dans le symbole....

Le lieu mythique où vous rêvez d’aller ? J'ai peut-être trop voyagé pour éprouver le besoin d'aller chercheur ailleurs. Je n'ai pas de lieu mythique en dehors de l'ile de Ré. Cependant, si j'en avais le pouvoir, j'irais bien faire un aller et retour au ciel pour voir si mes potes ont trouvé le bonheur qu'ils méritent et si tout ce que l'on nous raconte est vrai....

L’œuvre qui illustre le mieux votre parcours ? Il n'y a pas d'oeuvre qui me semble s’apparenter à mon parcours. Au mieux, je peux me retrouver « en creux » dans des créations exceptionnelles, au hasard d'une lecture. Mais l'un des ouvrages qui, enfant, m'a surement le plus manqué c'est Moby Dick. La puissance de l'animal face à la revanche d'un homme ne résume pas l'oeuvre de Melville. Au-delà, il y a toute la complexité du relationnel, la haine, l’admiration, la domination, l'affection, le respect, la vie en somme.

url

Comment travaillez-vous ? La caméra est mon premier outil de travail. Mais la démarche s'effectue avant tout collectivement. Le son est également capital, de même que le montage, les commentaires. Lors des nombreux tournages réalisés nous nous sommes toujours efforcés de ne pas déranger et dénaturer les animaux que nous filmions. Je suis assez fier de cette recherche d’éthique, car les tentations sont souvent grandes d'obtenir des images à n'importer quel prix....

Conseils au débutant ? Il faut commencer par favoriser la passion. Ensuite, apprendre. Et travailler, beaucoup travailler. Dans mon domaine, voilà plus de 10 ans que l'IFFCAM (Institut Francophone de Formation au Cinéma Animalier de Ménigoute) assure un enseignement via l'Université de Poitiers. Cet établissement est admirable et aborde la gestion tant sur le plan technique qu'étique. De nombreux jeunes sont sortis de cet Institut et font aujourd'hui référence.

Un animal disparu revient, lequel ? Très franchement, je préfère réfléchir sur les animaux qui sont en passe de disparaître ou dont on veut la peau. Trouver les moyens d'une heureuse cohabitation avec le Loup, le l'Ours, le Lynx, le Vautour et tant que d'autres me paraît plus constructif que d'imaginer le Mammouth dans les plaines aseptisées de la Beauce. Cela dit, j'aurais bien voulu connaitre le Pigeon migrateur américain. L'espèce fut probablement la plus nombreuse à peupler la planète et pourtant le dernier est mort en 1914 au zoo de Cincinnati.... Il incarne à mes yeux la violence de l'homme à l'égard de la vie sauvage.

0079191efd_Pigeon-070109a_02

Une initiative prise ou à prendre en faveur de la faune sauvage? La priorité ne vise pas directement les espèces mais les milieux dont ils dépendent. Or, en France, ces derniers se réduisent comme peau de chagrin. L'artificialisation, c'est à dire la manière dont le béton et l’asphalte gagent sur les terres naturelles et agricoles, est évaluée à environ 80 000 hectares par an, soit, en 7 ans, l'équivalent d'un département français ! Il y a urgence à agir.

Une association qui vous tient à cœur ? Evidemment, je plaide pour la LPO. Cette dame respectable, née en 1912, est devenue aujourd'hui la première association nationale, enrichie d'un vaste réseau régional, à agir pour la biodiversité. 46 000 membres, 5 000 bénévoles et 400 salariés oeuvrent quotidiennement pour que vive la vie. Il suffit d'aller sur le site ou de revisiter son histoire pour s'en convaincre.

Une urgence pour la faune sauvage, pour la vie sauvage ? Comprendre que sans la vie sauvage, l'homme n'existe pas !

Vous disparaissez ce soir, qu’aimeriez-vous laisser comme dernier message ?

Je n'ai pas du tout l'intention de disparaître ce soir, mais au cas où : « faites comme moi, tentez de faire ! »

 

EN LIEN AVEC LE SUJET

LIVRE(S) EN LIEN AVEC LE SUJET

En rapport avec :

Faune sauvage

SITE WEB

Article précédent

lien

Article suivant

HOFFMANN Luc